jeudi 28 août 2025

catarina

 

Théâtre. Catarina et la beauté de tuer des fascistes, pièce de Tiago Rodrigues

« Cette famille tue des fascistes. C’est une vieille tradition que chaque membre de la famille a toujours suivie. Aujourd’hui, ils se réunissent dans une maison à la campagne, au sud du Portugal, près du village de Baleizão. L’une des plus jeunes de la famille, Catarina, va tuer son premier fasciste, kidnappé exprès à cet effet. C’est un jour de fête, de beauté et de mort. » (Tiago Rodrigues)

Mais l’héroïne doute et ses hésitations vont faire voler en éclat ce rituel maintenu depuis 70 ans. Son nom, Catarina, reprend celui d’une figure antifasciste bien connue au Portugal.

Catarina Eufémia, paysanne de 26 ans et mère de trois enfants, dans les plaines agricoles du sud de Lisbonne, s’était révoltée avec ses compagnes d’infortune devant les salaires de misère que le propriétaire terrien leur donnait. Le 19 mai 1954, elle participait à une manifestation. Le propriétaire a appelé la GNR (corps de gendarmerie qui existe toujours), et un officier a abattu Catarina à bout portant. Sa mort devint vite un symbole de résistance, propagé autour des compagnons de route du Parti communiste portugais. Après la révolution des Œillets, la statue de la « femme fasciste éternelle » est déboulonnée et remplacée par une statue de Catarina Eufémia et tous les ans un cortège fleurit sa tombe dans l’Alentejo. Des graffitis antifascistes, des chansons et des poèmes reprennent son histoire.

Et Tiago Rodrigues, un des plus grands auteurs et metteurs en scène de théâtre contemporain, écrit une pièce passionnante sur le poison de l’extrême droite, qui pose d’une manière non-manichéenne les problèmes de la lutte contre le fascisme et du terrorisme individuel. Beaucoup de questions et de discussions pour celles et ceux qui auront la chance d’assister à ce spectacle à voir absolument s’il tourne dans leur ville.

Léa Vesca

La pièce est publiée aux éditions Les Solitaires intempestifs, 2020, 112 p., 15 €