mardi 28 février 2023

edito

 Le 7, le 8, le 9 et tant qu’il faudra : grève générale pour nos retraites !

Paris, manifestation du 31 janvier 2023

La réforme des retraites arrive au Sénat ce mardi. Un sénat qui avait l’habitude, depuis quelques années, de voter chaque automne le principe du recul de deux ans de l’âge de la retraite, mais sans que cela se concrétise jusqu’ici. Autant dire qu’il n’y a rien à en attendre, pas plus que des séances théâtralisées à l’Assemblée nationale. Le mardi qui compte, c’est celui de la semaine prochaine, le 7 mars. Car pour faire reculer ce gouvernement, c’est sur notre mobilisation, celle du monde du travail et de la jeunesse, qu’il faut compter.

Les unes après les autres, les grandes entreprises annoncent leurs profits historiques de 2022 : 2,2 milliards à la SNCF, 17 milliards chez Stellantis et même 36 milliards pour TotalEnergies. Mais il n’y a pas d’argent magique : ces profits record sont le pendant de nos fins de mois difficiles. Ils viennent des prix qui s’envolent pendant que nos salaires restent au sol.

Travailler moins pour vivre plus

Ces richesses, produites par notre travail, pourraient servir à bien des choses utiles, plutôt que s’accumuler dans les caisses des actionnaires. À commencer par augmenter les salaires, comme l’exigent de nombreux travailleurs, à l’image de ceux de Safran Electrical & Power, à Mérignac, en grève depuis trois semaines pour 200 euros d’augmentation. Mais aussi à réduire le temps de travail, pour ne pas y laisser notre santé pendant que quatre millions de personnes restent au chômage. Et également à nous assurer une retraite digne de ce nom, en partant à 60 ans ou après 37,5 années de cotisation.

À l’heure où les grandes fortunes explosent, la retraite à 64 ans est une véritable provocation. Mais ce sont aussi tous les reculs passés qui posent problème, en particulier ces 43 années de cotisation imposées par le gouvernement Hollande, dont Macron avance le calendrier. Une telle durée revient de fait à repousser l’âge de la retraite, ou à amputer les pensions pour ceux qui n’arrivent pas au bout.

« À l’hôpital, vous voulez une infirmière de 64 ans ? »

Après cinq journées massives de mobilisation depuis janvier, la grève du 7 mars s’annonce très suivie. L’opposition à cette réforme est générale dans la population. Macron l’a encore constaté lors de sa déambulation au salon de l’agriculture, interpelé à de multiples reprises par des salariés en colère, dont une infirmière.

Nous pouvons faire reculer Macron

L’intersyndicale appelle à « mettre la France à l’arrêt » le 7 mars. Cela veut dire la grève partout, la plus massive possible, et aussi montrer notre force en manifestant par millions dans les rues. Cela nous convaincra qu’il est possible de continuer le lendemain, comme dans les secteurs où les travailleuses et travailleurs se préparent à une « vraie grève », qui dure. C’est maintenant cela qu’il faut construire, en nous organisant à la base, en faisant des piquets de grève et des assemblées sur les lieux de travail, comme à l’échelle interprofessionnelle.

Beaucoup discutent d’un « blocage du pays », c’est notre grève à toutes et tous qui peut l’imposer. Pas seulement dans les secteurs les plus visibles, ceux qui perturbent les usagers, mais partout : une vraie grève générale, qui attaque les patrons au portefeuille par tous les côtés. Combien ceux-ci sont-ils prêts à perdre de journées de travail, qui leur rapportent bien plus qu’à nous ?

Alors le 7 mars, il faut en être, mais aussi le lendemain, pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, une lutte qui nous concerne toutes… et tous ! Les femmes sont les premières victimes du recul de l’âge de la retraite, elles qui ont déjà les pensions les plus basses. Alors oui, ces luttes sont liées. Et le 9 mars, les organisations de jeunesse appellent à leur tour à la mobilisation. Plusieurs fédérations syndicales appellent déjà à reconduire la grève.

Alors pour le retrait de la réforme Macron et le retour à la retraite à 60 ans, et pour l’augmentation générale des salaires, préparons-nous à faire plier Macron et le patronat par la grève… jusqu’au retrait !


Éditorial du NPA du 27 février 2023

sncf

 SNCF : profits record sur le dos des cheminots et des usagers

Copyright : Photothèque Rouge /Martin Noda / Hans Lucas.

La SNCF a officialisé, vendredi 23 février, ses résultats financiers, affichant un bénéfice net record de 2,4 milliards d’euros pour l’année 2022, en hausse par rapport aux résultats d’avant la crise provoquée par le Covid-19.

Une part importante de ces bénéfices a été réalisée par Geodis, sa filiale de transport de marchandises par la route. Depuis des années, l’État et la SNCF ont fait le choix de délaisser le fret ferroviaire au profit du développement du routier. Geodis, filiale tentaculaire présente dans 168 pays et employant 44 000 personnes (près d’un tiers de l’effectif total du groupe SNCF) a ainsi été propulsée parmi les leaders européens du secteur. La SNCF se présente comme une entreprise vertueuse en matière d’impact écologique, avec ses économies de CO2 réalisées à chaque voyage en train. Elle prétend même, dans son bilan de l’année, que ses émissions de CO2 sont restées stables (en France) malgré une forte croissance (dans le monde)… Astuce qui masque certainement une belle augmentation des émissions, au moins proportionnelle à l’évolution du chiffre d’affaires de Geodis depuis 2019 : + 68 % !

Les bénéfices record viennent aussi de l’excellent résultat du ferroviaire voyageurs, SNCF Voyages. La hausse de fréquentation des trains en 2022 a largement dépassé les anticipations de la direction du groupe – au point que de nombreux trains ont été supprimés à l’automne 2022 faute de conducteurs.

Mais l’augmentation de la fréquentation n’explique pas tout. Les bénéfices ont augmenté dans une proportion bien plus forte, ils ont explosé de 55 % en un an. Cela repose sur l’augmentation de l’exploitation du travail des cheminots, dans tous les services. Le sous-effectif chronique et organisé depuis des années est devenu une méthode de management. La pénurie de main-d’œuvre renforce encore ce cercle vicieux d’augmentation de la charge de travail, des arrêts maladie et des démissions. Ces bénéfices, c’est aussi le fruit des efforts des cheminots, parfois au détriment de leur santé.

100 milliards pour rénover le réseau ferroviaire ?

La SNCF prévoit de consacrer une partie de ses bénéfices pour compenser partiellement les hausses des prix des matières premières, dont l’électricité. L’autre partie irait à la rénovation du réseau, qui peine pourtant à se rénover et à se moderniser. En avril dernier, le contrat de performance signé par l’État et SNCF Réseau prévoyait que l’État investisse 2,8 milliards d’euros par an dans cette rénovation. L’ancien PDG de SNCF Réseau, Luc Lallemand, avait jugé ce plan insuffisant, avant d’être débarqué quelques mois plus tard, pour cause de « divergence avec l’État ».

Ce qui n’a pas empêché la Première ministre, Élisabeth Borne, de lancer un nouveau coup de com’ : un plan d’investissement de 100 milliards d’euros d’ici à 2040, soit exactement le budget que réclamait le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, destiné « à moderniser le réseau ferroviaire national et à développer le RER dans dix métropoles ». Les collectivités, mais aussi l’Europe, devraient être mises à contribution, mais elles n’ont pas encore été sollicitées. Autre piste de financement : les sociétés d’autoroutes. On attend de voir ! Elles ont plutôt été habituées à être gavées que mises à contribution par l’État. Ces financements bien hypothétiques, qui viennent s’ajouter à des dépenses déjà annoncées et prévues (notamment au contrat de performance signé en avril 2022) n’en sont pour l’instant qu’au stade de l’intention. Et comme pour toute bonne résolution de début d’année, celle-ci n’engage que ceux qui y croient.

Le timing de ce coup de com’ ne doit cependant rien au hasard. À une semaine du début d’une grève reconductible que les cheminots se préparent à investir massivement pour le retrait du projet de réforme des retraites et pour des augmentations de salaire, ces bénéfices records viennent apporter la preuve que l’argent existe pour financer les revendications. Si la vague promesse des 100 milliards pourrait exciter quelques convoitises chez les dirigeants syndicaux – c’est un de ses objectifs – elle ne détournera pas les travailleurs du bras de fer en cours. Tout au plus cette grosse ficelle attirera quelques sarcasmes dans les assemblées générales de grévistes cheminots le 7 mars au matin !

Stella Monnot

dimanche 26 février 2023

carhaix

                    RASSEMBLEMENT A CARHAIX (29), 

                   CONTRE L'EXTREME DROITE.


    SAMEDI 25 FEVRIER MANIFESTATION EN SOUTIEN AUX JOURNALISTES MENACES DE MORT  PAR LES FACHOS.

    crédit npa

 

          Le  Centre Ouest Bretagne  est un secteur  qui recouvre une zone en limite 
des départements du Finistère, des Côtes d'Armor et du Morbihan. 
Plus précisément une région rurale relativement enclavée, à population vieillissante,
soumise à une désertification par effet de migration vers les zones côtières et 
les métropoles de Rennes, Brest, et à revenu faible. Économiquement encore très 
marquée comme zone rurale, structurée autour de  l'agro alimentaire et les 
exploitations agricoles encore assez nombreuses. Une région dont le nom a pour 
nous une résonance: les campagnes rouges de Bretagne! 

        Depuis quelques mois, l'extrême droite, dont Reconquête, le RN, et les 
groupes identitaires pseudos bretons, certains très proches de l'idéologie  nazie,
sont montés à l'assaut de cet ancien fief communiste, en tout cas "très  à gauche": 
Callac. (aux dernières cantonales de 2021 le NPA* y a recueilli 11% au premier tour 
sur le canton de Callac...). Commune de Callac dont le maire a été le dernier 
député communiste élu en Bretagne dans les années 1990*.

         La municipalité de Callac poussée par les services de l'Etat avait initié avec 
l'aide d'une fondation privée le projet d'accueil de quelques familles de réfugiés en 
situation "régulière". Concrétisation de la politique anti-travailleurs migrants de 
Macron : le prétendu accueil se fait au compte-gouttes, sans moyen, et avec une 
dispersion dans les secteurs ruraux, soi-disant pour les  "revitaliser" mais en réalité 
pour entretenir le préjugé raciste qu'il ne faudrait pas trop "concentrer" les réfugiés. 
Nos camarades migrants ne sont pourtant pas un poids sur la société !"


        Dès l'annonce du projet quelques habitants opposés lancent un collectif 
anti projet Horizon, ils sont très vite débordés par les agitateurs d'extrême droite 
récemment implantés dans notre secteur dont Catherine Blein, exclue du RN...
pour antisémitisme suite à une condamnation. Divers individus se réclamant de 
Zemmour dont d'anciens gilets jaunes lancent une violente campagne de 
dénigrements, de menaces...

        A partir de septembre deux manifestations  anti Horizon et deux contre 
manifestations antifas se font face. Notre comité ayant participé à la mobilisation 
du côté des antifas.

     crédit npa
 
        Début janvier  2023, le maire de Callac annonce le retrait du projet. 
Visiblement désarmé face à la violence des attaques, la municipalité a t-elle 
sous -estimé l'opposition et manqué de conviction politique pour mener au bout 
un projet insuffisamment mûri?

        La fin du projet d'accueil Horizon loin de calmer les fachos leur donnent des 
ailes et ils menacent depuis plusieurs semaines les journalistes de l'hebdo local 
LE POHER*  et particulièrement son rédacteur en chef  Erwann Chartier.
Dans les derniers jours, ils attaquent aussi une journaliste de FR3 Brest qui a 
couvert les événements de Callac.  Non content  de menacer  via les réseaux, 
les trublions de l'extrême droite font planer la menace d'un attentat à la bombe 
au siège du POHER. 

        Ce fut la goutte d'eau qui a fait bondir la profession et les clubs de la presse. 
Et au-delà les syndicats et un large front antifasciste.
Lancée en quelques jours, la manifestation a réuni dans un ambiance combative
600 personnes samedi 25 février devant la mairie de Carhaix.

       Un message de rejet envoyé à l'extrême droite dans une région où elle peine à
s'implanter, et n'hésite pas à pratiquer sa politique de division raciste des classes 
populaires, en recourant à la violence pour radicaliser ses partisans et terroriser 
ses opposants - heureusement, cela a eu l'effet inverse dans nos campagnes rouges ! espérant  en surfant sur les peurs s'installer dans l'espace local.

        Dans ce contexte et en analysant l'actuelle mobilisation sociale sur notre 
territoire: 
5 000 manifestants à Guingamp, 3 000 à Carhaix, près de 10 000 à Morlaix contre 
le projet de retraite à 64 ans, nous avons la capacité de faire à la fois reculer 
Macron et le capital mais aussi l'extrême droite.

 Comité Nathalie Le Mél du NPA


*  Le projet dénommé HORIZON
*  Félix Leyzour député du PCF
*  Liste NPA, liste PS / PC, liste RN
*  LE  POHER c'est l'hebdomadaire du pays de Carhaix.




vendredi 24 février 2023

hosto

 Communiqué du NPA, comité Natahlie le Mél

Une femme meurt toutes les deux minutes de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement

    • Selon un rapport des Nations unies, rédigé par l’Organisation mondiale de la santé, le taux mondial de mortalité maternelle a reculé de 34,3 % entre 2000 et 2020. Il n’empêche que, globalement, 287 000 femmes sont mortes pendant la grossesse ou l’accouchement en 2020, ce qui représente environ un décès toutes les deux minutes, contre 446 000 en 2000. Mais cela ne constitue qu’une légère baisse par rapport aux 309 000 décès enregistrés en 2016, lorsque les objectifs de développement durable de l’ONU sont entrés en vigueur. La mortalité maternelle est la plus forte dans les pays les plus pauvres et ceux touchés par des conflits. En 2020, environ 70 % de l’ensemble de ces décès ont été enregistrés en Afrique subsaharienne. Là, le nombre de décès est proportionnellement 136 fois plus élevé qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande qui enregistrent les chiffres les plus faibles. Les principales causes de ces morts sont les hémorragies graves, l’hypertension artérielle, les infections liées à la grossesse, aux avortements à risque et aux affections aggravées par la grossesse (comme le sida et le paludisme). Autant de complications qui seraient évitables et pourraient être traitées si les pays en voie de développement disposaient de structures médicales suffisantes. Là encore c’est d’abord la pauvreté qui tue.Voilà une nouvelle qui ne va pas nous rassurer si la maternité et la chirurgie H24 de l'hôpital de Guingamp sont sacrifiées sur l'autel du profit capitaliste. Car si l'on laisse faire l'ARS Bretagne, bientôt Guingamp pourrait devenir un territoire sous développé...


jeudi 23 février 2023

edito

 

La gauche et la réforme des retraites : une guerre en paroles

Minuit sonnait vendredi 17 février au palais Bourbon, quand le ministre du Travail, Olivier Dussopt, annonça la fin des débats sur la réforme des retraites. On n’en était encore qu’aux tout premiers articles mais pas question de jouer les prolongations. Ambiance quand même : « On est là, on est là, même si Macron ne veut pas… » monte des bancs de la FI. La Marseillaise, à l’unisson, est entonnée par la coalition gouvernementale, LR, le RN et quelques autres dont le petit groupe dit LIOT (Liberté, indépendant, Outre-mer et territoire, dont l’un des leaders avait eu son heure de gloire, le 6 février, en déposant, cosignée par tous les groupes de la Nupes, une dernière « motion référendaire »… rejetée).
C’était la dernière séquence,
C’était la dernière séance,
Et le rideau sur l’écran est tombé…

C’est pas à Matignon ni au palais Bourbon…

Mais la polémique à gauche continuait. Le surlendemain, dimanche 19 février, Philippe Martinez s’indignait contre Mélenchon, reprenant à son compte les critiques du PS, des écologistes et surtout celles de Laurent Berger, son homologue de la CFDT : « Ce qui a été fait à l’Assemblée nationale et le fait de ne pas aller à l’article 7 […] c’est un problème […] Quand il [Jean-Luc Mélenchon] fait les choses comme cela, non. Il ne favorise pas la clarté des débats, la clarté des positions, et cela perturbe effectivement un certain nombre de salariés que l’on croise qui se demandent ce qui se passe. »

La « clarté des débats » ? Au Parlement, on a rarement vu autre chose que des duels à fleurets mouchetés, des coups tordus, des jeux d’alliances sans principes ou des couardises selon les cas. Des coups de gueule aussi, dont le débat sur les retraites n’a pas manqué. Le fait de n’être pas allé jusqu’à ce fameux article 7, qui prévoit de porter l’âge légal de départ à 64 ans, arrangeait bien du monde : Macron qui n’était pas sûr de trouver une majorité (par un vote suffisant de députés LR) ; une bonne partie de la droite et du centre dont les députés n’avaient pas envie de compromettre leur popularité et leur réélection par un vote impopulaire. Et n’oublions pas que la procédure accélérée prévue par Macron et Borne, était précisément destinée à se passer de vote : discuté jusqu’au bout ou pas, voté ou pas au terme des vingt jours fixés pour le débat, le projet de loi passait du palais Bourbon au Sénat, où la droite est plus joufflue. Puis navette, avec de toute façon le 49.3 à disposition si ça ne marchait pas.

La France insoumise : tonitruante mais respectueuse des intérêts patronaux

Les cris d’orfraie d’un Darmanin accusant la FI de chercher à « bordéliser » l’Assemblée visaient à faire passer le gouvernement pour une victime du « gauchisme-paresse-bobo ». Si les socialistes, les écologistes, voire le PCF lui ont de fait emboité le pas, d’abord pour demander à la FI de retirer une bonne partie de ses amendements, ensuite pour l’accuser d’avoir fait échouer la bataille parlementaire, c’est surtout pour se poser comme opposants « responsables » face à Macron et à la bourgeoisie, et tenter de marquer quelques points contre une FI « obstructionniste » avec laquelle ils avaient bien dû s’allier pour sauver leurs postes de députés aux dernières législatives.

De son côté la FI a surtout fait de l’esbroufe. À quoi bon poser 20 000 amendements pour une loi ni acceptable ni amendable ? Le spectacle parlementaire a eu ses moments chauds : un député FI suspendu pendant 15 jours pour avoir shooté dans un ballon peint à l’effigie du ministre du Travail ; un autre obligé de s’excuser pour avoir traité d’assassin ce même ministre – qui certes veut faire crever les travailleurs au boulot. Nous n’allons pas nous offusquer de ces « obstructions » ralentissant les débats, ou de ces coups d’éclats mélenchonistes. Mais les décibels des interventions des Insoumis et Insoumises tenaient plus de la démagogie que de la subversion.

Le programme du groupe des parlementaires FI, intitulé Une autre réforme des retraites est possible, exprime un grand respect pour le fonctionnement capitaliste de la société et les intérêts patronaux. Mélenchon s’est excusé au début février sur BFM-TV d’en rester au retour à 40 annuités de cotisation et non aux 37,5 antérieurs pour une retraite complète : puisque la Nupes l’avait choisi comme Premier ministre potentiel, il se devait de défendre ce programme commun. Quant à faire payer les riches pour financer une réforme dite de gauche, ledit programme y va mollo : on pourrait prendre sur les « niches sociales » que sont les exonérations de charges patronales. Sans exagérer non plus : « Nous pourrions supprimer les plus inutiles d’entre elles comme l’allègement de cotisations sur les salaires supérieurs à 2,5 Smic », est-il précisé. Cela permettrait de récupérer 10 milliards sur un total de 90 milliards des cadeaux aux patrons que représentent ces niches sociales. Et pourquoi n’est-il pas proposé de supprimer les exonérations partielles ou totales dont bénéficient les patrons sur les plus bas salaires qui, sous prétexte de lutte contre le chômage, les incitent en réalité à ne payer qu’au Smic ? Question !

Plutôt un front syndical, mais pour aller où ? Un « mouvement maîtrisé, digne et respectueux » ?

Du côté du PCF, Fabien Roussel – pour lequel la mère des batailles contre Macron serait un référendum (« six mois de campagne » pour réunir les signatures, précisait-il, et quelques mois de procédures au succès bien hypothétique pour l’obtenir), a lui aussi fustigé la tactique parlementaire des insoumis. Fabien Roussel aurait sa recette : « Le sujet du moment c’est [dit-il] comment on s’inspire de cette intersyndicale composée de syndicats très différents et qui arrive à parler d’une même voix, à être unie, sans avoir à créer une Nupes des syndicats. […] Je pense que la gauche devrait s’en inspirer. »

Unité syndicale, le mariage Berger-Martinez, tel serait le secret. Pour le meilleur ou pour le pire ? On peut se poser la question quand on entend Laurent Berger, dont Martinez tient jusque-là à ne pas se démarquer, expliquer que les manifestations du 7 mars prochain ne doivent surtout pas être « la prolongation du bordel qui s’est passé à l’Assemblée nationale, dans les rues » mais « la poursuite du mouvement syndical, orchestré et maîtrisé par les organisations syndicales ». Et il précise : « On appelle à mettre le pays à l’arrêt, ce qui est différent d’un blocage. Le 7 mars il faut une mobilisation digne et respectueuse, mais qui monte d’un cran. » Juste monter d’un cran, mais quel cran ? Surtout ne pas bloquer le pays par une grève qui se prolongerait au-delà du 7 mars et se généraliserait ?

L’insistance des leaders de la Nupes, hors FI, à faire de l’article 7 le seul et l’unique qu’il faudrait combattre, est à vrai dire bien discutable. Bien sûr Macron fait du départ à 64 ans, c’est-à-dire des deux ans de plus qu’il veut infliger aux travailleurs (avec baisse des pensions correspondante), son cheval de bataille. Mais 64 ans ou pas, ce sera pour beaucoup et de toute façon l’âge minimum de départ, s’il faut 43 annuités pour avoir droit à une pension dite complète (déjà bien inférieure au salaire). Et pour beaucoup qui voudront éviter la décote, ce sera même 67 ans ! Qui, à la Nupes, alerte clairement sur cette embrouille ?

Les partisans d’une « vraie réforme à gauche »…

Quant aux socialistes « maintenus », qui ne se sont pas associés à la Nupes, ils claironnent dans une tribune du journal Le Monde du 20 février : « Une vraie réforme à gauche est possible » (signée du premier secrétaire délégué du PS, Nicolas Mayer-Rossignol, le concurrent du premier secrétaire en titre, Olivier Faure). Le projet de Borne et Macron est injuste, jurent-ils, mais… il va falloir « s’adapter parce que l’espérance de vie augmente, que notre rapport au travail évolue, que nos finances sont fragiles ». En clair, il va bien falloir bosser plus longtemps. Ils précisent : « Avec honnêteté : si nous accédions au pouvoir, ferions-nous vraiment les 60 ans, 40 annuités de cotisation pour tous ? Voilà moins un horizon qu’une illusion. Son coût exorbitant priverait l’État de moyens vitaux pour d’autres politiques publiques : santé, éducation. » Bref, leurs arguments sont les mensonges de Macron ! La socialiste Marisol Touraine, sous la présidence de Hollande, avait déjà décidé un allongement progressif de la durée de cotisation pour la porter à 43 ans d’ici 2035. Macron se contente de l’accélérer pour y arriver en 2027.

Salaires, retraite, chômage… oui, la colère va devoir bousculer les agendas

La colère qui s’exprime aujourd’hui dans tout le pays n’est pas seulement braquée contre l’attaque sur les retraites. Cette réforme de Macron est la cible parce qu’elle est le symbole d’une politique d’enrichissement des patrons et actionnaires sur le dos des travailleurs. Dans une situation où, face à l’inflation, beaucoup luttent pour survivre. Mais elle s’ajoute à la colère contre les prix en hausse et les salaires en baisse. Nombre de grèves se sont multipliées ces derniers mois pour des augmentations de salaire, dont aucun des leaders de la gauche ne parle vraiment, ni aucun des chefs syndicaux n’œuvre à leur convergence.

Alors il va falloir un mouvement qui ne soit pas « maitrisé », contrairement à ce que dit Laurent Berger, c’est-à-dire corseté par les directions syndicales. Il va falloir un peu de « bordel » mis par des millions de travailleurs qui ont la rage. Le 7 mars ne pourra pas en rester à une grève « carrée », un simple baroud d’honneur, il devra être un début de grève générale. N’en déplaise à Laurent Berger et à ses nombreux adeptes dans une gauche soumise – toutes tendances confondues – aux intérêts du patronat.


mardi 21 février 2023

edito

 

Faire reculer le gouvernement, oui, c’est possible !

Manifestation du 7 février à Paris. Copyright : Photothèque Rouge /Martin Noda / Hans Lucas

Les manifestations monstres de samedi dernier ont montré que le mouvement contre le projet gouvernemental sur les retraites ne faiblit pas, bien au contraire ! Chaque manifestation apporte de nouveaux manifestants remplaçant, et au-delà, ceux qui n’ont pas pu revenir.

Les énormes cortèges dans toutes les villes, grandes, moyennes et petites, les grèves dans des entreprises privées comme dans les services publics, la mobilisation de la jeunesse avec les blocages de facs et de lycées, tout montre que nous sommes unanimes à rejeter le projet. Les questions que tout le monde se pose maintenant sont : comment faire reculer le gouvernement, comment gagner ? Mais aussi : quand est-ce que nous pourrons considérer avoir obtenu satisfaction sur nos revendications ?

Un gouvernement vomi par le monde du travail tout entier

Parmi les salariés, personne ne peut plus supporter les apparitions à la télé de ministres prétentieux qui ne connaissent rien de la vraie vie et osent venir nous donner des leçons, à nous, qui faisons tourner la société. On n’en peut plus de leur façon de venir nous dire : « Vous n’avez pas bien compris, je vais vous expliquer »… On a très bien compris que ce qui menace le système des retraites, c’est leur volonté de puiser dans la poche des plus pauvres pour arroser les plus riches.

Comment préparer les prochaines étapes ?

La prochaine grosse échéance annoncée par l’intersyndicale est le 7 mars, et sans doute le 8 dans la foulée comme dans les transports parisiens qui ont prévu une grève reconductible. L’intersyndicale nationale a dit être prête à « mettre le pays à l’arrêt » si le gouvernement ne retire pas son projet. Et, comme étape, elle a annoncé une nouvelle journée de mobilisation jeudi prochain, le 16 février.

Le retrait du projet, c’est le minimum. Mais cela fait plus de 30 ans que, sans autre raison qu’appauvrir les plus anciens, les gouvernements successifs ont dégradé le système des retraites. En 1982, alors que les richesses produites étaient bien moindres, pour tous les salariés, la retraite était à 60 ans avec 37,5 annuités. Ce qui était possible en 1982 l’est a fortiori 41 ans plus tard dans une société bien plus riche.

Aller vers la grève générale

L’intersyndicale a menacé de « mettre le pays à l’arrêt ». Oui, il faut aller vers une grève générale qui remette les pendules à l’heure. Sans les travailleurs, rien ne se produit. Si nous croisons les bras, la production ne sort pas et adieu les profits patronaux et les dividendes pour les actionnaires.
Nous le savons tous : quelques journées de paralysie de l’économie feraient vraiment basculer le rapport de force en notre faveur. La journée du 7 mars peut être une étape importante vers une grève générale.

Nous avons besoin de discuter entre nous

C’est par tous les bouts que ce gouvernement s’efforce de prendre dans la poche des plus pauvres pour arroser les plus riches. Il multiplie les attaques :
• l’inflation ronge un pouvoir d’achat déjà bien faible ;
• les conditions de travail se dégradent sans cesse avec, partout, le manque d’effectifs qui rend les journées harassantes ;
• la réforme de l’assurance chômage, entrée en vigueur le 1er février, diminue la durée des prestations de chômage et enfonce un peu plus dans la précarité ceux qui ont perdu leur emploi ;
• et, maintenant, ce projet sur les retraites qui transformerait les anciens en pauvres, comme c’était le cas jusqu’au milieu du siècle dernier.

Nous avons besoin d’échanger, entre nous, syndiqués ou non syndiqués, sur toutes ces questions et sur ce que nous devons faire pour gagner : quand et comment continuer la grève plusieurs jours de suite, sans attendre une prochaine date lointaine ? Comment élargir le mouvement, convaincre les collègues qui ne sont pas encore mobilisés et nous adresser aux autres entreprises et secteurs du monde du travail ?

La préparation des manifs et les cortèges eux-mêmes sont une première occasion d’avoir ces discussions. Mais nous avons besoin d’établir de véritables liens entre nous, de tenir des réunions, des assemblées générales de grévistes : avec des mouvements seulement chapeautés d’en haut, le risque existe que le lâchage d’un syndicat mette en danger la mobilisation de tous – nous savons que cela s’est déjà produit. C’est notre mouvement, il est normal que nous le contrôlions de bout en bout.

Tous ensemble, nous pouvons et nous allons gagner !