jeudi 31 décembre 2020

mercredi 30 décembre 2020

GGP

 LE TELEGRAMME

Après 42 ans de baisse, la population de Guingamp repart de l’avant

En 2018, Guingamp compte 7 022 habitants. C’est 127 Guingampais de plus qu’en 2017. 

Après quarante-deux ans de baisse ininterrompue, la commune voit sa population repartir de l’avant. Enfin !

 https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/guingamp/apres-42-ans-de-baisse-la-population-de-guing

 

Une sacré nouvelle... mais nous on aimerait savoir si les nombres de pauvres, de très pauvres a augmenté dans les mêmes proportions... Ou si la gentrification souhaitée par la municipalité dite de gauche s'accélère...Mais soyons patients avec 60 % des ménages non imposables Guingamp n'est pas près de rentrer dans le top des communes riches de Bretagne, (avec nos excuses pour l'amputation de la Loire Atlantique).

 

 

edito

EDITO


anticap

Ni monde d’avant ni monde d’après

Pour notre émancipation, vive la révolution !

2020 c’est d’abord une grève massive pour ne pas trimer plus en vivant moins

Commencée le 5 décembre 2019 par une grève reconductible majoritaire à la RATP contre le projet Delevoye d’allongement du départ à la retraite et sa généralisation à tous les régimes.

L’année 2020 c’est avant tout la (re)découverte pour une part des salarié.e.s du combat par la grève reconductible, du rôle essentiel des liens interprofessionnels tant comme force face au patronat et au gouvernement.

Un moyen pour abattre les divisions sectorielles, de genre, de couleur, d’orientation sexuelle, de croyances religieuse ou philosophique, pour avoir comme préoccupation centrale de se sentir uni.e.s dans une lutte d’ampleur pour l’émancipation de celles et ceux qui travaillent jour après jour sans jamais recevoir les fruits de leur labeur autrement que par des miettes.

La compréhension que le meilleur de nos vies a été arraché avec les dents par des luttes et encore des luttes, fut un moment essentiel.

Couvre-feu, confinement, état d’urgence sanitaire, rôle central du conseil de défense et…. tête dans le sable du mouvement ouvrier

La brutalité de la propagation du coronavirus, sa gravité et la précipitation avec laquelle nous avons dû intégrer ces informations ont, d’une certaine manière, coupé momentanément l’herbe sous le pied de la mobilisation.

Le confinement de mars nous aura laissé le goût amer d’une mesure sécuritaire inédite et relevant d’un autre temps. Mais ce qui est vraiment moyen-âgeux c’est la pénurie organisée de tout ce qui aurait pu contribuer à ne pas se retrouver dans une telle situation.

Sans masque, sans gel, sans test, sans condition matérielle de distanciation physique sur les lieux de production, sans hôpitaux en conditions optimum d’accueillir et de soigner correctement, il était bien plus simple pour Macron de justifier le confinement.

Et les travailleurs et la jeunesse n’étaient pas en mesure, en termes de rapport de force, de contrer cela tout en assurant des garanties sanitaires pour toutes et tous.

Mais plus encore, quel silence abrutissant des organisations syndicales et politiques du mouvement ouvrier face aux prises de parole incessantes du gouvernement.

En plusieurs mois de pandémie, la seule chose qu’elles auront réussi à produire c’est un texte de plusieurs dizaines de mesures pour sortir de la crise. Comme si les exploité.e.s et les opprimé.e.s ne voyaient pas, ne vivaient pas déjà le problème, n’avaient pas compris quels seraient les moyens de s’en sortir tant est qu’ils aient assez de confiance dans leurs propres forces pour s’engager dans ce bras de fer !

En 2021, toutes celles et tous ceux se réclamant de l’anticapitalisme ne pourront se payer le luxe de regarder passer les trains et d’en commenter la vitesse

Marche des solidarités, manifestations contre les violences policières, lors du déconfinement, les organisations politiques, syndicales, associatives ont été collectivement dépassées par l’ampleur de la mobilisation pour l’égalité des droits et pour la justice.

Et cette reprise de la rue et de la lutte allait s’observer aux quatre coins du monde : pour le droit à l’avortement, pour l’égalité, pour sauver les emplois, pour manger, pour vivre !

Depuis le mois de juin, sur tous les continents, des feux s’allument d’abord en réaction, pour sauver sa peau, pour faire vivre ses proches, pour être dignes.

Second confinement, nouveau couvre-feu, nouvelles lois sécuritaires dans les cartons, rien ne devra plus être comme en mars 2020.

Aux braises qui chauffent, nous devons apporter les moyens de tenir et de s’épanouir.

La vision du capitalisme qui nous mène à la douleur et à la mort est largement répandue.

Pour que se répande désormais le projet d’une société émancipatrice, sans classe, sans oppression ni exploitation, pour que vive le communisme, nous avons l’immense et indispensable tâche d’unir et de regrouper celles et ceux qui maintenant déjà se battent et prévoient de continuer dès les premiers jours de 2021.

150 ans après "la Commune", montons à l'assaut du ciel!...

lundi 28 décembre 2020

vincent

 Le feuilleton de notre camarade Vincent continue avec sa lecture du livre d'Yves Marie Le Lay, article paru dans "l'Anticapitaliste".

 

algues-vertes-2

Essai : Algues vertes, un scandale d’État, d’Yves-Marie Le Lay

On y apprend ce qu’il faut savoir sur les algues vertes. 

Un premier chapitre sous forme d’uchronie raconte comment l’histoire aurait pu être différente si, dès 1971, les autorités sanitaires, l’administration préfectorale et les élus avaient réagi autrement, s’ils avaient pris la mesure du problème et s’étaient entourés de personnes compétentes libres de tout lobby…

Puis il nous donne tous les éléments de compréhension du phénomène, de la littérature scientifique du début du 20e siècle (notamment le cas de Dublin à cette époque) aux rapports les plus récents, et aux précisions sur la nocivité du gaz H2S, bien connu pour avoir provoqué de nombreux accidents du travail mortels chez les égoutiers…

Une démonstration pédagogique, rigoureuse et implacable

Yves-Marie met en scène les acteurs du drame des algues vertes, ce fléau qui affecte les côtes bretonnes depuis près de cinquante ans : « le prédateur » – le système de l’industrie agroalimentaire et de l’élevage industriel – ; « le prescripteur » – l’administration de l’État et des collectivités territoriales, les élus et leurs partis – ; « le souffre-douleur » – vous, nous, le peuple – ; « les objecteurs » – André Ollivro, Yves-Marie Le Lay lui-même et la poignée de celles et ceux qui les soutiennent (vous, nous, aussi, parfois).

Il nous montre comment tout est fait par les seconds pour permettre aux premiers de continuer à faire des profits au détriment des troisièmes malgré la bataille menée par les derniers ! Il nous explique la construction sociale du déni qui vise à rendre invisible le problème et qui paralyse la société bretonne… jusqu’aux grandes associations écologistes.

Enfin, il rappelle que le problème, ce n’est pas seulement que ce n’est pas joli et que ça pue, mais que cela stérilise un écosystème, détruit la biodiversité et tue des animaux et des êtres humains alors que prédateurs et prescripteurs en acceptent tous les risques !

L’écrit d’un militant (expert !) de terrain

La démonstration est faite bottes aux pieds en marchant sur la grève, les pieds dans la vase, qui s’enfoncent – il faut alors sortir le masque à gaz ! – et le détecteur à sulfure d’hydrogène à la main, qui s’affole. Là, sur cette grève, nous avons manifesté avec les associations et pleuré de rage face à ce fléau. En lisant ces pages très impliquées de l’auteur, nous vient la nausée devant ce système puant, l’agro-capitalisme qui tue !

Un outil indispensable pour le combat qui vient !

Quand on referme ce livre, on brûle de se rendre à la prochaine manif contre les algues vertes et, surtout, on se sent armé pour convaincre les autres d’y venir ! Le travail acharné des objecteurEs montre bien que la lutte reste à gagner, mais qu’il sera certainement de plus en plus difficile pour les menteurs de continuer à mentir et, pour la population, de plus en plus inconcevable de continuer à les croire !

Vincent Gibelin Hebdo L’Anticapitaliste – 547 (10/12/2020)

Édition Libres et Solidaires, 273 pages, 18 euros.

samedi 26 décembre 2020

sous 2020

Souscription

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yves marie

Nous allons vous faire regretter de ne pas être abonné à L'ANTICAPITALISTE Hebdo
mais en compensation nous vous offrons l'interview réalisée par Vincent de Rennes de notre ami Yves Marie Le Lay, président de SAUVEGARDE DU TREGOR

et nous vous souhaitons à toutes et tous
MOINS D'ALGUES VERTES , moins de nitrate  dans l'eau de nos robinets , moins de pesticides dans notre alimentation.
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Algues vertes en Bretagne : « Vous n’allez pas, en plus, dire que c’est dangereux ! »

Nous avons rencontré Yves-Marie Le Lay, président de l'association « Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre »1 et auteur du livre Algues vertes, un scandale d’État.   

Nous en sommes en décembre 2020. Y a-t-il une actualité des algues vertes en hiver ?

Il y a quelques jours, il y a eu un très gros échouage d'algues vertes à Hillion, dans la baie de Saint-Brieuc. En cette saison, c'est un très mauvais signe qui prouve bien que le problème ne s'arrange pas. On veut nous faire croire que « ça va beaucoup mieux, grâce aux efforts des agriculteurs » (petite chanson du président du conseil régional à la presse), alors qu'ils continuent à autoriser des porcheries et des poulaillers industriels, des unités de méthanisation… À cet égard, le documentaire de France 5 [« Le monde en face - Bretagne, une terre sacrifiée »2] est excellent...

Peux-tu nous dire en quoi consiste l'effet de ces algues vertes ? C'est laid, ça pue, mais encore ?

Ça fait 50 ans qu'on a des algues vertes en Bretagne, et pendant très longtemps on en est resté à la surface des choses, à ce que l'on voit et ce que l'on sent. Un jour, en rentrant d'une réunion, je me suis posé des questions et je suis allé voir ça de plus près sur une plage de la Granville, à Hillion... J'ai failli crever, au bout de quelques minutes, j'étais sonné... Je me suis dit que c'était peut-être dangereux... À la suite de cela, nous avons systématiquement entrepris de mettre en évidence les différents effets des algues vertes, en prenant soin à chaque fois de réunir des preuves et des avis scientifiques. En résumé : fraîches, les algues vertes favorisent, en les protégeant, la prolifération de bactéries drainées par les cours d'eau et habituellement dégradées par le sel au contact de l'eau de mer ; en décomposition, les algues vertes dégagent des émanations d'hydrogène sulfuré, gaz très dangereux, voire mortel ; de ces amas ruisselle un jus toxique qui infeste la vase en profondeur, ce qui fait que, même quand il n'y a plus d'algues vertes en surface, le danger persiste... De tout cela la preuve est faite : les algues vertes peuvent tuer. La liste commence à être longue : le premier, en 1989, un joggeur, est mort dans la baie de Saint-Michel-en-Grève3. Ensuite, à Hillion, deux chiens, puis plusieurs dizaines de sangliers, des ragondins. Un cheval à Saint-Michel, dont le cavalier a réchappé de peu, un ramasseur d'algues, à Binic, Thierry Morfoisse, et le dernier en date, un joggeur de Hillion, Jean-René Auffray, sportif de haut niveau. Bien sûr, les autorités cultivent le déni : « Arrêtez, monsieur Le Lay », m'a dit un jour le sous préfet. « Il ne faut pas en rajouter... Vous n'allez pas, en plus, dire que c'est dangereux ! »

Peut-on parler d'écocide ?

Reprenons : c'est moche, ça pue, ça peut tuer... alors, comment la vie pourrait-elle continuer là ? L'estuaire du Gouessant fait partie d'une réserve naturelle... Pourtant, rien qu’en traversant le cours vaseux de la rivière, Jean-René Auffray est mort, au même endroit, on l'a vu, que des dizaines de mammifères. Quel organisme pourrait survivre là ? Il n'y a plus d'oiseaux sur les rives, et la vase affiche une couleur sombre. Il s'en dégage des émanations, quand on creuse, pouvant dépasser les 1000 ppm (particules par million) d'un gaz qui peut tuer à cette dose. Alors maintenant, nous allons entreprendre des relevés et des analyses des boues pour montrer de façon scientifique que les algues vertes détruisent la biodiversité, et nous déposons un recours contre le préfet du 22, pour écocide dans la réserve naturelle de la baie de Saint-Brieuc, appuyé par une pétition en ligne4

Techniquement, ça vient comment les algues vertes ?

C'est très simple. L'ulve est un végétal. Pour croître, elle a besoin de lumière et de chaleur, donc elle se développe dans de grandes baies sableuses peu profondes, plutôt en été et au printemps. Il lui faut également des nutriments, du phosphate et de l'azote. C'est une espèce très opportuniste, prête à exploiter tout déséquilibre. Un excédent d'azote peut entraîner sa prolifération. Tout est dit. L'azote, très soluble, vient à la mer par les cours d'eau, via le ruissellement provenant des champs. Ceux-ci sont saturés de déjections animales, en très large excédent, provenant de l'élevage industriel dont les animaux sont gavés de soja et de maïs importés des USA et du Brésil. Les pauvres bêtes chient tout ça, qui est déversé sur la terre par épandage. L'absence de talus accélère le processus car rien ne vient retenir le ruissellement... Il y a 3 millions d'habitants en Bretagne. Si l'on convertit l'ensemble des animaux des élevages de Bretagne en équivalent/humain, on passe à 50 millions... Pour les 3 millions, il y a les stations d'épuration. Pour les autres...  

On sait ce qu'il faut faire pour s'en défaire ?

Oui. Il faudrait « multiplier les Plancoët »5 ! En France, la potabilité de l'eau des cours d'eau suppose une teneur en azote limitée à 49 mg par litre (après une longue lutte des associations pour la reconquête de l'eau potable). La norme européenne est de 25 mg... Mais pour pouvoir vendre de l'eau de source, c'est zéro ! Le cas de Plancoët, à 40 km de Saint-Brieuc, montre que quand on veut (quand il y a de l'argent à gagner !) on sait faire ! Pour en finir avec la prolifération des algues vertes, il faudrait être sous les 10 mg, aux environ de 5 mg ce serait mieux... Pour cela, il faut, dans les bassins versants, préserver les zones humides, les zones boisées, et sur les terres limiter de façon drastique les épandages, en finir avec la culture du maïs. Il suffirait, dans un premier temps, d'imposer ces mesures au niveau des huit baies affectées par les algues vertes. Or les mesures préconisées pour l'agriculture dans les plans algues vertes le sont dans le cadre du volontariat. Ça ne peut donc pas marcher ! 

Pourquoi on ne le fait pas ?

Au nom de l'emploi, ils disent ! Avec ça, ils justifient tout ! Il faudrait, « au nom de l'emploi » dans l'agro industrie en Bretagne, sacrifier la région. C'est une logique stupide, qui fait qu'on ne discute pas de quels emplois on a besoin en Bretagne, que l'on en reste au fameux modèle agricole breton, mis en œuvre après guerre, soi-disant pour « nourrir le monde » ! Ce modèle enferme les paysans dans des prêts bancaires dont ils ne peuvent plus sortir. De tout l'argent qu'ils brassent ils n'en tirent qu'un maigre revenu une fois remboursées les banques et les coopératives. Sauf les plus gros, ils peinent à survivre dans ce système qui vise à faire du fric, avec des élus qui s’aplatissent devant les coopératives agricoles, devant la FNSEA, au service des capitaux de l'agro-industrie.

La solution est donc politique ?

Oui, il faudrait qu'une décision politique s'impose, fixant des obligations, proposant d'accompagner les agriculteurs des zones concernées dans la modification de leurs pratiques, encadrés par des experts indépendants de l'INRA (au lieu de ceux des chambres d'agriculture !). Expérimenter, mettre en place des pratiques différentes, sortir du hors sol. Faire participer les agriculteurs à l'élaboration, à la décision, au contrôle. Voir ce qui marche, le transposer ailleurs. Garantir le revenu des agriculteurs : si ça ne rapporte pas assez, on assure des compensations financières, si ça rapporte plus, les agriculteurs gardent le surplus. Cela permettrait de libérer les agriculteurs de la tutelle de l’agro-capitalisme. Cela pourrait être la première phase de la mise en place d'un autre système agricole, qui cesserait de considérer la Bretagne comme un territoire sacrifié !

Les « politiques » en sont capables ?

Si on parle du personnel politique en place, clairement, c'est non ! Ce petit monde de la politique entre soi et pour soi doit être congédié par les électrices et électeurs ! Celles et ceux qui gouvernent la région, les grandes villes et les départements bretons, la plupart sont au PS et à LR, ont fait la preuve de leur collusion avec ce système. Ils ne feront jamais les transformations nécessaires. On ne peut absolument plus leur faire confiance. Le problème, c'est que très peu d'élus, de partis, osent prendre position clairement sur ce dossier. Dans les associations, on n'est pas tous d'accord là-dessus, mais il me semble que le politique devrait venir en relais de l'action de terrain, alors, comme c'est bientôt les régionales, si une liste me proposait d'en être pour défendre ce programme, pourquoi pas ? 

Donc la lutte continue !

D'une part, nous continuons nos actions sur le plan juridique. D'autre part, la sortie de mon livre doit servir à cela : nous allons continuer à populariser notre mobilisation, à faire connaître le problème ailleurs que dans nos baies, à essayer d'ouvrir notre lutte à des générations nouvelles, car le milieu associatif environnemental n'échappe pas au vieillissement des équipes militantes.  

Propos recueillis par Vincent (Rennes)




 
 

 

dimanche 20 décembre 2020

1920


Revue L’Anticapitaliste n°121 (décembre 2020)

 

1920, le congrès de Tours et la naissance du PCF : scission entre réformistes ou moment révolutionnaire ?

Contrairement à la postérité symbolique de la date du Congrès de Tours de 1920 dans l’imaginaire des militants politiques et syndicaux, les débats politiques et stratégiques qui l’ont constitué restent relativement absents de notre formation historique et méconnus au sein de l’extrême gauche (en dehors du Parti communiste évidemment plus familier de cet héritage). C’est pourtant un moment capital où de nombreux débats ont lieu dans le contexte de la vague révolutionnaire qui a suivi la Première Guerre mondiale.

 

Sans doute aveuglés par la multiplication des expériences et des crises révolutionnaires en Europe, et particulièrement autour de la Révolution russe de 1917, le congrès de Tours a pu ainsi passer inaperçu dans cette période si riche. Il a pu même parfois être considéré comme se résumant simplement à la conséquence attendue d’une situation historique déjà tranchée par les évènements. L’enjeu a pu ainsi être balayé, selon divers courants du mouvement ouvrier, par l’idée que ce congrès n’était qu’une scission entre différents courants réformistes, sans leçons théoriques pour les révolutionnaires, ou bien encore qu’elle fut la première preuve d’une révolution russe autoritaire et bureaucratisée par essence. Ou bien encore, passé au filtre de l’optimisme volontaire de notre courant politique : se pourrait-il que ce congrès soit le dernier moment révolutionnaire de la jeune IIIe Internationale, dans la perspective de la construction d’un parti mondial pour la révolution ?

La Deuxième Internationale

La Deuxième Internationale s’était constituée en 1889, dans une phase de croissance sans précédent de la classe ouvrière. Une croissance à la fois numérique, dans le cadre du développement du capitalisme européen et occidental dans la période dite de révolution industrielle, avec le développement de concentrations ouvrières de plus en plus importantes, mais également une évolution qualitative de la conscience de classe autour d’un essor politique et organisationnel sans précédent. Le SPD (Parti social-démocrate) allemand, un parti de plusieurs centaines de milliers de membres, reste à cette époque le modèle de construction pour la Deuxième Internationale. Il jouit par ailleurs d’une aura importante car il apparait dans le reste du mouvement ouvrier international comme le parti de masse héritier direct de Marx et Engels. Il est déterminant dans la conception d’une Deuxième Internationale très marquée par la question des nations et le poids et l’autonomie respective des partis nationaux. Bref, elle est essentiellement à cette époque une fédération d’organisations assez peu structurée et centralisée. Elle va cependant être heurtée de plein fouet par deux évènements majeurs : 1914 et le début de la guerre, puis en 1917 par l’explosion de la révolution russe.

Août 1914 : la faillite de la Deuxième internationale et le vote des crédits de guerre

L’assassinat de Jaurès le 31 juillet 1914 marque symboliquement la défaite du courant du mouvement ouvrier opposé à la guerre impérialiste. Les résolutions socialistes, pourtant votées et discutés les années précédentes1, sont rapidement oubliées et balayées dans le vote des crédits de guerre.

Il y eu certes, à la veille de la guerre, de manifestations puissantes de travailleurs organisées pour s’y opposer dans les principales puissances mais qui furent, avec le renfort d’une partie importante des dirigeants du mouvement ouvrier socialiste et syndical, rapidement contenues. Dès juillet 1914, des socialistes entraient au gouvernement et participaient à envoyer des millions d’ouvriers à la mort dans la boucherie que fut la Première Guerre mondiale. Cette tendance menée entre autres par Léon Blum et Guesde aura jeté les masses ouvrières dans l’impasse mortifère de l’unité patriotique, de « l’Union sacrée ». La CGT également, même si elle ne rentre pas au gouvernement et à l’exception d’une petite minorité, finit également par se rallier à l’union sacrée.

Cette trahison a évidemment des conséquences durables et profondes sur le mouvement ouvrier européen et ses organisations. Déjà car une large partie du prolétariat est décimée dans ce massacre, mais également car le prolétariat ressort idéologiquement désarmé par les idées nationalistes de défense de son propre impérialisme et d’alliance au service de sa propre bourgeoisie. Pourtant, une minorité des militants socialistes (dite « minorité de guerre » dans la Section française de l’Internationale ouvrière) et même plusieurs tendances du mouvement ouvrier tentent de creuser une brèche dans le consensus chauvin. Les opposants à la guerre s’organisent ainsi à une échelle internationale, notamment autour de la conférence de Zimmerwald.2 Ils se retrouveront également au sein des débats du congrès de Tours autour des tendances dites « internationalistes ».

Fondation de la IIIe Internationale : la nécessité d’une internationale pour la révolution prolétarienne

L’année 1919 voit le congrès de fondation de la IIIe Internationale ou Internationale Communiste (IC). Celle-ci est fondée, à la différence des Première et Deuxième, sous l’impulsion de la révolution d’Octobre 1917, sur une base théorique très délimitée ; c’est-à-dire pour diriger les luttes révolutionnaires3. Elle tient ses quatre premiers congrès en mars 1919, juillet 1920, juin 1921 et novembre 1922, dans une période de vague révolutionnaire qui traverse l’Europe. Période qui commence avec la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917 et la mise en place d’un État ouvrier en Russie. L’Allemagne connait une première crise révolutionnaire en 1918, puis en 1919 autour du soulèvement spartakiste, l’Italie voit la mise en place du premier conseil ouvrier à Turin en septembre 1919, puis d’un mouvement d’occupation des usines dans le nord du pays à l’été 19204. Une révolution éclate également en Hongrie, cette même année… En France, une grève générale commence autour de la grève historique des cheminots de février-mars 1920 mais qui sera elle aussi mise en échec en mai (en partie à cause de la trahison d’une partie de la direction de la CGT).

La révolution de 1917, l’existence de l’IC et leurs conséquences dans le mouvement ouvrier international, sont ainsi évidemment au centre des débats du congrès de Tours qui s’ouvre en France en 1920. Même si toutes ses tendances saluent la révolution russe le débat se focalise autour de savoir si celle-ci peut être considérée comme un modèle reproductible, notamment quant à ma construction du parti révolutionnaire bolchevik d’un point de vue organisationnel et programmatique.

Début du congrès de Tours : du 25 au 30 décembre 1920

Au nom de la SFIO, Marcel Cachin et Louis-Oscar Frossard s’étaient rendus à Moscou en juin et juillet 1920 pour assister au congrès de l’IC. L’une des principales décisions du Congrès est la définition des « conditions d’admission des Partis dans l’Internationale communiste », un document passé à la postérité comme « les 21 conditions » : contrôle de la presse du parti, des élus, élimination des réformistes et des centristes des postes de responsabilité, propagande au sein de l’armée, soutien aux luttes des colonisés, création de fractions communistes dans les syndicats, épuration périodique du parti, caractère obligatoire des décisions de l’Internationale, etc. Les conditions vont au-delà de la définition d’un programme révolutionnaire mais avancent sur le type d’organisation à construire. Leur objectif est sans ambiguïté : provoquer la scission entre le courant réformiste – ou « centriste » – et révolutionnaire car, comme l’affirme le préambule des 21 conditions, « l’Internationale communiste est menacée de l’envahissement de groupes indécis et hésitants qui n’ont pas encore pu rompre avec l’idéologie de la 2e Internationale ». L’adhésion ou non à ces conditions et donc à l’IC sont ainsi ensuite au centre des débats du congrès de Tours.

Plusieurs tendances s’y affrontent autour de ces débats. Sont présents d’un côté les réformistes de gouvernement (autour de Marcel Sembat ou Blum) qu’on appelle « les majoritaires de guerre » mais qui sont également identifiés comme la « résistance à l’adhésion » à l’IC. La fraction « Cachin-Frossard », revenant de Moscou, défend « la résolution présentée par le Comité de la 3e Internationale et par la fraction Cachin-Frossard » qui propose l’adhésion aux « 21 conditions ». À côté de cela, existe également une fraction centriste appelée « centre reconstructeur » autour de Jean Longuet et Paul Faure, favorables en principe à l’adhésion mais plus que réservés sur « les conditions ». Enfin, la tendance dite de gauche est très peu présente dans les débats car nombre de ses dirigeants sont à ce moment en prison, suite à la défaite et la répression féroce de la grève des cheminots de 1920. Le spectre de Zinoviev et de l’Internationale Communiste flotte sur l’ensemble des débats, et Clara Zetkin (elle-même en fuite car recherchée par toutes les polices d’Europe) ouvre le congrès par un discours très chaleureusement applaudi.

L’issue du Congrès est connue dès le début. Elle est déjà scellée par les votes des militants dans les sections locales et ce congrès enregistre ainsi une large majorité pour l’adhésion, avec pour conséquence également déjà connue la scission, dont seule l’ampleur reste l’enjeu des débats du congrès.

Les conséquences du Congrès de Tours

Le congrès de Tours scelle la trahison et l’échec de la stratégie réformiste au sein du mouvement ouvrier. En effet, la question de la guerre concentrait tragiquement de nombreux problèmes politiques stratégiques autour du rapport de la classe ouvrière avec les autres classes, mais également du parti ouvrier avec l’État et le gouvernement. De l’autre côté, il entérine la fondation du Parti communiste (PC-SFIC, Parti communiste – section française de l’Internationale communiste, avant de devenir Parti communiste français en 1943) mais également sa subordination presque totale à la politique de l’Internationale communiste. Comme évoquée précédemment, de longs débats existent au sein du mouvement ouvrier actuel afin de déterminer si « le ver (du stalinisme) était déjà dans le fruit (de la 3e Internationale) » lors du congrès de Tours. De fait, les 21 conditions, qui sont les « conditions d’admission des Partis dans l’Internationale communiste » imposées par le parti russe relèvent d’une forme d’autoritarisme qui peut paraitre aujourd’hui choquant, particulièrement en ce qui concernent la démocratie interne du parti. Mais ces conditions sont à replacer dans le contexte politique des années 20.

Dans une période de crise révolutionnaire profonde, partout en Europe, et au lendemain de la prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie en 1917, les militants révolutionnaires se posent la question de construire un parti international qui soit un outil pour la révolution mondiale : ce sera l’Internationale Communiste. Pour sauver la jeune révolution russe, ils ont besoin que celle-ci s’étende, au-delà de leurs frontières, jusque dans le cœur du capitalisme (France, Allemagne…). Ils en ont besoin également afin d’inverser un processus de bureaucratisation initié par la situation de dénuement et d’isolement de la Russie face aux grandes puissances impérialistes frontalières.

Le Congrès de Tours et la fondation du PC incarnent la tentative par les révolutionnaires de se saisir à la fois de la responsabilité que fait peser sur la classe ouvrière cette crise majeure du capitalisme, mais également l’opportunité sans précédent que cette période ouvrait. Il est, en un sens, l’un de ces « courts moments révolutionnaires » (comme l’a nommé Julien Chuzeville) dont nous nous revendiquons encore aujourd’hui au NPA. Une voix et un projet aussi révolutionnaires que démocratiques, antistaliniens, comme continuèrent de le porter Léon Trotsky et « l’opposition de gauche » contre la bureaucratisation du tout jeune État ouvrier d’URSS. Un projet qui reste pour nous toujours autant d’actualité, sinon plus dans cette période de crise profonde du capitalisme ! Certes, un moment et une perspective révolutionnaire rapidement confisquée par la bureaucratie stalinienne qui eut vite fait de s’ériger en rempart contre les révoltes et révolutions populaires de ce siècle. Celle-ci précipita les égarements nationalistes qui avaient pourtant déjà mené à la scission du congrès de Tours. Cette fois encore « nous avons gagné le droit précieux de recommencer »5 mais non sans avoir pu essayer de tirer les bilans des échecs et des apports de cette période fondamentale du mouvement ouvrier. Ce dossier en est une tentative modeste

jeudi 17 décembre 2020

nokia

NOKIA : LE COUP DE POIGNARD DANS LE DOS DE TROP !
 
Hier encore, certaines organisations syndicales n’avaient pas de mots assez forts pour dénoncer la trahison des dirigeants de Nokia.
 
Mais aujourd’hui les mêmes, CFDT en tête, ont signé le 26 novembre dernier le livre 1 du plan de licenciement appelé par anti-phrase PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi).
 
Alors qui a trahi les salariés qui se battaient contre ce plan inacceptable aujourd’hui comme hier ?
 
Comme ces organisations sont majoritaires au CSE Central (les salariés devraient réfléchir à deux fois avant de choisir leurs représentants) la DIRECCTE validera sans problème les licenciements que la CFDT et les autres syndicats réformistes trouvaient il n’y a pas si longtemps « injustifiés économiquement ».
 
Si toutes les OS étaient restées unies sur les positions qu’elles avaient sues défendre ensemble, comme le souhaitait la CGT (qui elle n’a pas signé) la situation serait bien différente et la lutte pouvait s’amplifier. D’autant plus que la tribune signée par de nombreux politiques nationaux de tout bord dénonçant ce PSE synonyme de « vassalisation » des télécoms, par son impact médiatique, aurait permis de relancer la mobilisation.
 
La signature du PSE tue l’avenir, non seulement de Nokia mais de toute maitrise nationale des Télécoms du futur (en particulier la 5G). C’est à terme comme pour l’AOIP de Guingamp la disparition de Nokia à Lannion et donc encore un affaiblissement du pôle télecom de Lannion. Cette désindustrialisation est grave pour LTC alors que la crise frappe durement le tourisme et le commerce de la zone.
 
Le choix des organisations signataires et le peu d’engagement des élus locaux (il ne suffit pas de mettre sur le site de la ville « la ville soutient les salariés de Nokia ») auront des conséquences néfastes pour le bassin de l’emploi trégorois déjà fragilisé par la crise sanitaire.
 
Le Trégor va t’il se remettra-t-il de cette nouvelle saignée ? Comme notre pays sa désindustrialisation va-t-elle continuer sa marche vers un Trégor « sous-développé » réduit à un tourisme lui-même en crise.
 
Alors plus de solution ? Si cela est maintenant plus difficile, les salariés ne doivent cependant pas baisser les bras et doivent rejoindre les syndicats qui luttent et ne plient pas devant les injonctions du patronat.
 
Notre proposition de socialisation-nationalisation de NOKIA autour du pôle Télécoms public de Lannion n'en est que plus crédible.
L'interdiction des licenciements à Nokia est le seul vaccin contre le virus Capitaliste.
 
Lannion le 13/12/2020 18h00
 
ECAP-Lannion
 
Collectif composé de Ensemble-Trégor, CCCP-Trégor, ANC-Lannion et NPA Comité Nathalie Le Mel.

Comme son homologue en politique la CFDT se couche!

Merci à nos camarades de "l'Humanité Lannionaise" d'avoir mis en ligne les premiers le communiqué rédigé en commun au sein de LANNION ECAP.

 

mercredi 16 décembre 2020

    MOBILISATION DU 15 DECEMBRE 

    A  LANNION CONTRE LES LOIS 

                 SECURITAIRES.


Texte commun pour la manifestation du 15 décembre 2020 à Lannion

Oui à la sécurité sociale, non à la sécurité globale.

Depuis trois semaines, partout en France, des milliers de citoyennes et de citoyens ont exprimé leur attachement profond aux libertés de manifester, d’informer, d’être informé et plus globalement leur opposition aux politiques sécuritaires.

Ils ont massivement dénoncé les violences policières, dont les populations racisées et les mouvements sociaux sont les premières victimes.

la manifestation parisienne ce 12 décembre, bien que dûment déclarée par un collectif d'organisations et autorisée par la préfecture de police, s'est transformée en souricière.

Nombre d'observateurs ont constaté ce samedi 12 décembre dans la capitale des dérives inadmissibles liées à un déploiement policier et militaire brutalisant et attentatoire au droit de manifester : interpellations en masse, charges infondées faisant éclater le cortège, retenues sans motif légitime au-delà du délai légal, gardes à vue notifiées à la chaîne sur la base d'infractions pénales dévoyées, refus de contacter l'avocat désigné par les gardés à vue... Une fois encore, journalistes comme manifestantes et manifestants ont été pris pour cibles. Le pouvoir exécutif a donné à voir sa détermination à mater toute contestation.

A Lyon et à Caen, des pratiques semblables ont été relevées.

Ne nous y trompons pas : le total des interpellations mis à jour en direct sur le compte Twitter du ministre de l'Intérieur dissimule trop souvent des procédures arbitraires. Les témoignages affluent et concordent en ce sens. Le récit gouvernemental repose sur des chiffres artificiellement gonflés. Cette manipulation a déjà été employée le 1er mai 2018 ou pendant le mouvement des Gilets jaunes.

Confrontés à une opposition et une colère grandissante mises en évidence par le succès des mobilisations depuis le 21 novembre, le gouvernement et sa majorité tentent de se sortir du bourbier dans lequel ils se sont eux-mêmes enlisés. Au point d'inventer un dispositif ubuesque de « nouvelle écriture complète de l'article 24 », alors que la loi, examinée en procédure accélérée, a déjà été votée à l'Assemblée nationale. 

Les lois liberticides et sécuritaires votées depuis 2017 s'inscrivent dans un long processus de destruction des acquis de l'État de droit qui est aujourd’hui largement amplifié.

Cela fait longtemps que la France est pointée du doigt pour ses atteintes aux libertés individuelles et aux garanties fondamentales. Quel paradoxe de voir « le pays des droits de l’homme » condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme, pour ses « contrôles au faciès » ou son « traitement des violences policières » !

Le gouvernement utilise cet arsenal de lois, ses forces de l'ordre pour tenter de réduire la résistance que ses contre-réformes, ses régressions sociales dues à l'austérité et à ses politiques néo-libérales, ne manquent pas de susciter.



La conjonction de la précarisation, l'injustice sociale, les violences policières, les comportements racistes, les atteintes aux libertés deviennent insupportables pour une partie de plus en plus importante de la population. Et ceci dans un contexte de régression alarmante des droits sociaux (assurance chômage, retraites, diminution du budget de Ia sécurité sociale) alors que les plans de licenciement se multiplient et que la précarité s'aggrave, en particulier pour Ia jeunesse et pour les sans papiers. Loin de vouloir changer de politiques sociales, ce gouvernement choisit la voie de Ia répression et de Ia restriction des libertés.

Le bilan répressif d'Emmanuel Macron est déjà très lourd :

- une normalisation de l'état d'urgence dès 2017,

- une répression violente du mouvement des gilets jaunes et des contestations sociales et environnementale en général,

- la criminalisation de l’action syndicale,

- une attaque sans précédent de la liberté de manifestation des étudiants et de la recherche universitaire. Parmi les mesures controversées de cette loi adoptée ce 20 novembre, la pénalisation de l’occupation des facs qui devient un délit pénal qui pourra être puni de trois ans de prison et 45 000 euros d’amende, c’est, disons-le clairement, la fin pure et simple des contestations sur les campus et la porte ouverte à toutes les dérives autoritaires.

- une stigmatisation voire une criminalisation du culte musulman avec la dissolution d'organisations, dont le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), sans la moindre preuve que cette association ait porté atteinte à l’ordre public ni aux lois en vigueur,

- la possibilité de voir remise en cause la liberté d’association,

- les décrets du 2 décembre dérogent à loi informatique et libertés de 1978 en permettant de recueillir des données relatives aux opinions politiques, philosophiques, religieuses, syndicales et aux données de santé. Ce fichage doit permettre aux forces de l’ordre de « surveiller toute personne présentant une menace à l’ordre public – y compris évidemment les opposants politiques, les Gilets Jaunes, les écologistes, les syndicalistes, les militants associatifs … Peuvent accéder à ces données les agents des services, tout policier ou gendarme, et les procureurs, les agents pénitentiaires, les policiers municipaux, les sociétés privées de sécurité … le tout pour des finalités élargies qui dépassent largement la sécurité publique.

Comme dans tout régime totalitaire, ce fichage s’exerce non pas sur des actes mais sur des intentions. Il est écrit que cela concerne « toutes les personnes qui PEUVENT porter atteinte à la sécurité publique » ou « sont susceptibles de porter atteinte à aux institutions de la République ». Tout opposant potentiel donc.

Les dispositions contenues dans le projet de loi Sécurité sont au moins aussi inquiétantes :

- la surveillance de l’espace public par les drones est une menace explicite du respect de la vie privée

- l’armement des polices municipales 

- l’autorisation de port d’armes pour les policiers en dehors de leur service.

- étendre et optimiser l'usage des caméras-piétons portés par les policiers,

On vous laisse imaginer les conséquences d’un dérapage.

Quant au contrôle des images des journalistes, des directeurs de l’information des chaînes de télévision, des présentateurs, des producteurs, des rédacteurs en chef de magazines d’information, des sociétés de journalistes ont collectivement dit « stop » aux conventions de tournage proposées par le Ministère de l’intérieur. Dans une tribune du 28 novembre, ils s’alarment : « Les tentatives de contrôle de nos tournages par les pouvoirs publics (police, justice, administration pénitentiaire, gendarmerie notamment) n’ont jamais été aussi pressantes. En exigeant une validation de nos reportages, les pouvoirs publics veulent s’octroyer un droit à la censure. ».

La diversité des composantes unies dans le combat contre ces dérives sécuritaires : syndicats, associations, collectifs et comités de journalistes, de réalisatrices et réalisateurs, de défense des droits humains, de familles de victimes des violences policières ou simples citoyens indignés, le montre bien : ce combat dépasse de très loin l'article 24 de la proposition de loi et le monde des journalistes, dans lesquels certains voudraient l'enfermer.

Ce combat, c'est la défense de nos libertés fondamentales.

La diversité de la coordination dans la mobilisation est le symbole de la volonté collective de sortir de l’impasse liberticide dans laquelle nous nous trouvons.

Quand bien même l’article 24 de la proposition de loi Sécurité globale disparaîtrait de cette loi, le risque est grand de voir réintroduites ses dispositions dans l’article 25 de la loi sur le séparatisme présentée mercredi dernier devant le conseil des ministres. L’ensemble de ces dispositions liberticides, ainsi que celles du schéma national du maintien de l’ordre, représentent une menace pour le droit d’informer, d’être informé et manifester, et doivent disparaître.

L’adoption d’une autre logique de sécurité publique respectueuse des droits de chacune et chacun demandera un tout autre courage politique en concertation avec les forces démocratiques politiques, syndicales et associatives du pays.

Face à cette politique autoritaire et au basculement vers un État policier, le mouvement de résistance ne s’arrêtera pas tant que nous n'aurons pas obtenu une véritable sortie de la politique sécuritaire. Nous voilons pouvoir défendre et réclamer nos droits sociaux, féministes, antiracistes et environnementaux.

Le pouvoir cherche à nous décourager, mais il n'y parviendra pas !

Il appartient au président de la République, sensé être garant des libertés publiques et du contrat social, de sortir de cette logique sécuritaire et de retirer au plus vite ces projets de loi liberticides.

Ce n'est pas de lois liberticides dont notre société a besoin, ni d'un exécutif autoritaire avec ses citoyens, mais bien laxiste avec les "premiers de cordées". La démocratie et la république a besoin de normes d'autres natures, d'autres rapports pacifiés,

Nous appelons de nos vœux une société pacifiée, une démocratie renforcée....

RETRAIT, RETRAIT du projet de loi !

fete

http://npa29.p.n.f.unblog.fr/files/2020/12/macron-livre.jpg

dimanche 13 décembre 2020

A BAS

Une chanson d'actualité, que nous chantions déjà dans les années 1970 en défilant devant les CRS...Et elle m'a pas pris une ride...

 
 

paris

Manifestations contre les lois liberticides : liberté pour les interpelléEs !

Hier, des dizaines de milliers de personnes se sont de nouveau retrouvées dans les rues, aux quatre coins de la France, pour protester contre les lois liberticides « sécurité globale » et « séparatisme ». Une nouvelle démonstration du rejet de ces projets destructeurs des droits démocratiques, et le début de la construction de ponts entre l’opposition à la loi « sécurité globale » et l’opposition à la loi « séparatisme », qui sont les deux faces d’une même politique autoritaire.

À Paris, derrière une banderole « Stop lois liberticides, stop islamophobie », ce sont 10 000 personnes qui ont défilé de Châtelet à République. Elles ont été confrontées à un dispositif répressif de grande ampleur : 3000 policiers et gendarmes qui ont multiplié les provocations et les violentes incursions dans les cortèges, chargeant et matraquant brutalement les manifestantEs. Darmanin a osé déclaré hier soir que « force était restée à la loi », se réjouissant de l’attitude des forces de répression et des 142 interpellations opérées.

Les images qui circulent depuis hier montrent pourtant l’étendue des violences commises, avec des dizaines de blesséEs et d’arrestations arbitraires. Voilà en quoi a consisté le prétendu « changement de stratégie » de la préfecture : interpeller violemment et en masse pour faire du chiffre et prétendre avoir, de la sorte, « maintenu l’ordre ». Alors que ce sont précisément les interventions policières qui ont créé du désordre dans la manifestation, des mouvements de panique, des bousculades, etc. 

Le NPA, tout en se félicitant du succès de la mobilisation, condamne fermement cette violente stratégie de la tension, qui participe d’une volonté de terroriser toutes celles et tous ceux qui osent défier la politique autoritaire du gouvernement. Nous demandons la libération immédiate de toutes les personnes interpellées et l’abandon de toute poursuite à leur encontre. La journée d’hier montre en outre, une fois de plus, que Darmanin et Lallement doivent partir, sans délai.

Partout, dans nos villes, dans nos quartiers, en constituant des collectifs ou en renforçant ceux qui existent déjà, la mobilisation doit se poursuivre jusqu’au retrait !   

Montreuil, le 13 décembre 2020