mercredi 16 décembre 2020

    MOBILISATION DU 15 DECEMBRE 

    A  LANNION CONTRE LES LOIS 

                 SECURITAIRES.


Texte commun pour la manifestation du 15 décembre 2020 à Lannion

Oui à la sécurité sociale, non à la sécurité globale.

Depuis trois semaines, partout en France, des milliers de citoyennes et de citoyens ont exprimé leur attachement profond aux libertés de manifester, d’informer, d’être informé et plus globalement leur opposition aux politiques sécuritaires.

Ils ont massivement dénoncé les violences policières, dont les populations racisées et les mouvements sociaux sont les premières victimes.

la manifestation parisienne ce 12 décembre, bien que dûment déclarée par un collectif d'organisations et autorisée par la préfecture de police, s'est transformée en souricière.

Nombre d'observateurs ont constaté ce samedi 12 décembre dans la capitale des dérives inadmissibles liées à un déploiement policier et militaire brutalisant et attentatoire au droit de manifester : interpellations en masse, charges infondées faisant éclater le cortège, retenues sans motif légitime au-delà du délai légal, gardes à vue notifiées à la chaîne sur la base d'infractions pénales dévoyées, refus de contacter l'avocat désigné par les gardés à vue... Une fois encore, journalistes comme manifestantes et manifestants ont été pris pour cibles. Le pouvoir exécutif a donné à voir sa détermination à mater toute contestation.

A Lyon et à Caen, des pratiques semblables ont été relevées.

Ne nous y trompons pas : le total des interpellations mis à jour en direct sur le compte Twitter du ministre de l'Intérieur dissimule trop souvent des procédures arbitraires. Les témoignages affluent et concordent en ce sens. Le récit gouvernemental repose sur des chiffres artificiellement gonflés. Cette manipulation a déjà été employée le 1er mai 2018 ou pendant le mouvement des Gilets jaunes.

Confrontés à une opposition et une colère grandissante mises en évidence par le succès des mobilisations depuis le 21 novembre, le gouvernement et sa majorité tentent de se sortir du bourbier dans lequel ils se sont eux-mêmes enlisés. Au point d'inventer un dispositif ubuesque de « nouvelle écriture complète de l'article 24 », alors que la loi, examinée en procédure accélérée, a déjà été votée à l'Assemblée nationale. 

Les lois liberticides et sécuritaires votées depuis 2017 s'inscrivent dans un long processus de destruction des acquis de l'État de droit qui est aujourd’hui largement amplifié.

Cela fait longtemps que la France est pointée du doigt pour ses atteintes aux libertés individuelles et aux garanties fondamentales. Quel paradoxe de voir « le pays des droits de l’homme » condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme, pour ses « contrôles au faciès » ou son « traitement des violences policières » !

Le gouvernement utilise cet arsenal de lois, ses forces de l'ordre pour tenter de réduire la résistance que ses contre-réformes, ses régressions sociales dues à l'austérité et à ses politiques néo-libérales, ne manquent pas de susciter.



La conjonction de la précarisation, l'injustice sociale, les violences policières, les comportements racistes, les atteintes aux libertés deviennent insupportables pour une partie de plus en plus importante de la population. Et ceci dans un contexte de régression alarmante des droits sociaux (assurance chômage, retraites, diminution du budget de Ia sécurité sociale) alors que les plans de licenciement se multiplient et que la précarité s'aggrave, en particulier pour Ia jeunesse et pour les sans papiers. Loin de vouloir changer de politiques sociales, ce gouvernement choisit la voie de Ia répression et de Ia restriction des libertés.

Le bilan répressif d'Emmanuel Macron est déjà très lourd :

- une normalisation de l'état d'urgence dès 2017,

- une répression violente du mouvement des gilets jaunes et des contestations sociales et environnementale en général,

- la criminalisation de l’action syndicale,

- une attaque sans précédent de la liberté de manifestation des étudiants et de la recherche universitaire. Parmi les mesures controversées de cette loi adoptée ce 20 novembre, la pénalisation de l’occupation des facs qui devient un délit pénal qui pourra être puni de trois ans de prison et 45 000 euros d’amende, c’est, disons-le clairement, la fin pure et simple des contestations sur les campus et la porte ouverte à toutes les dérives autoritaires.

- une stigmatisation voire une criminalisation du culte musulman avec la dissolution d'organisations, dont le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), sans la moindre preuve que cette association ait porté atteinte à l’ordre public ni aux lois en vigueur,

- la possibilité de voir remise en cause la liberté d’association,

- les décrets du 2 décembre dérogent à loi informatique et libertés de 1978 en permettant de recueillir des données relatives aux opinions politiques, philosophiques, religieuses, syndicales et aux données de santé. Ce fichage doit permettre aux forces de l’ordre de « surveiller toute personne présentant une menace à l’ordre public – y compris évidemment les opposants politiques, les Gilets Jaunes, les écologistes, les syndicalistes, les militants associatifs … Peuvent accéder à ces données les agents des services, tout policier ou gendarme, et les procureurs, les agents pénitentiaires, les policiers municipaux, les sociétés privées de sécurité … le tout pour des finalités élargies qui dépassent largement la sécurité publique.

Comme dans tout régime totalitaire, ce fichage s’exerce non pas sur des actes mais sur des intentions. Il est écrit que cela concerne « toutes les personnes qui PEUVENT porter atteinte à la sécurité publique » ou « sont susceptibles de porter atteinte à aux institutions de la République ». Tout opposant potentiel donc.

Les dispositions contenues dans le projet de loi Sécurité sont au moins aussi inquiétantes :

- la surveillance de l’espace public par les drones est une menace explicite du respect de la vie privée

- l’armement des polices municipales 

- l’autorisation de port d’armes pour les policiers en dehors de leur service.

- étendre et optimiser l'usage des caméras-piétons portés par les policiers,

On vous laisse imaginer les conséquences d’un dérapage.

Quant au contrôle des images des journalistes, des directeurs de l’information des chaînes de télévision, des présentateurs, des producteurs, des rédacteurs en chef de magazines d’information, des sociétés de journalistes ont collectivement dit « stop » aux conventions de tournage proposées par le Ministère de l’intérieur. Dans une tribune du 28 novembre, ils s’alarment : « Les tentatives de contrôle de nos tournages par les pouvoirs publics (police, justice, administration pénitentiaire, gendarmerie notamment) n’ont jamais été aussi pressantes. En exigeant une validation de nos reportages, les pouvoirs publics veulent s’octroyer un droit à la censure. ».

La diversité des composantes unies dans le combat contre ces dérives sécuritaires : syndicats, associations, collectifs et comités de journalistes, de réalisatrices et réalisateurs, de défense des droits humains, de familles de victimes des violences policières ou simples citoyens indignés, le montre bien : ce combat dépasse de très loin l'article 24 de la proposition de loi et le monde des journalistes, dans lesquels certains voudraient l'enfermer.

Ce combat, c'est la défense de nos libertés fondamentales.

La diversité de la coordination dans la mobilisation est le symbole de la volonté collective de sortir de l’impasse liberticide dans laquelle nous nous trouvons.

Quand bien même l’article 24 de la proposition de loi Sécurité globale disparaîtrait de cette loi, le risque est grand de voir réintroduites ses dispositions dans l’article 25 de la loi sur le séparatisme présentée mercredi dernier devant le conseil des ministres. L’ensemble de ces dispositions liberticides, ainsi que celles du schéma national du maintien de l’ordre, représentent une menace pour le droit d’informer, d’être informé et manifester, et doivent disparaître.

L’adoption d’une autre logique de sécurité publique respectueuse des droits de chacune et chacun demandera un tout autre courage politique en concertation avec les forces démocratiques politiques, syndicales et associatives du pays.

Face à cette politique autoritaire et au basculement vers un État policier, le mouvement de résistance ne s’arrêtera pas tant que nous n'aurons pas obtenu une véritable sortie de la politique sécuritaire. Nous voilons pouvoir défendre et réclamer nos droits sociaux, féministes, antiracistes et environnementaux.

Le pouvoir cherche à nous décourager, mais il n'y parviendra pas !

Il appartient au président de la République, sensé être garant des libertés publiques et du contrat social, de sortir de cette logique sécuritaire et de retirer au plus vite ces projets de loi liberticides.

Ce n'est pas de lois liberticides dont notre société a besoin, ni d'un exécutif autoritaire avec ses citoyens, mais bien laxiste avec les "premiers de cordées". La démocratie et la république a besoin de normes d'autres natures, d'autres rapports pacifiés,

Nous appelons de nos vœux une société pacifiée, une démocratie renforcée....

RETRAIT, RETRAIT du projet de loi !