Le sauvetage en Méditerranée criminalisé
- Publication le

Dans la nuit du 20 au 21 août, le navire Mediterranea, de l’ONG italienne Mediterranea Saving Humans, qui patrouillait dans les eaux internationales de la Méditerranée centrale, a recueilli à son bord dix naufragés qui venaient d’être jetés à la mer par la prétendue « garde côte libyenne » circulant à bord d’une embarcation rapide. Contactées par Mediterranea, les autorités italiennes ont décidé de lui assigner le port de Gênes comme lieu de débarquement, ce qui signifiait trois jours de navigation supplémentaires dans une mer agitée. L’ONG a tenté en vain de faire valoir que l’état de santé psychophysique des personnes recueillies nécessitait qu’elles soient débarquées au plus vite. L’équipage a finalement décidé de passer outre les ordres reçus et d’accoster au port de Trapani, en Sicile. Le gouvernement italien joue avec la vie des naufragés en décidant systématiquement, au mépris du droit maritime, de désigner comme lieu sûr de débarquement un port éloigné du lieu du naufrage.
En application du décret-loi Piantedosi, l’ONG Mediterranea est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 10 000 euros et son navire risque d’être séquestré pour une durée qui sera décidée dans les prochains jours par le préfet de Trapani. Mais Laura Marmorale, responsable de cette ONG a déclaré assumer, avec le commandant de bord, la responsabilité de ce choix : « C’est une mesure inacceptable. Le gouvernement bloque dans le port un navire qui serait prêt à repartir pour poursuivre ses opérations de sauvetage, une activité nécessaire compte tenu du bilan tragique des naufrages survenus ces dernières semaines au sud de Lampedusa. Il exerce des représailles à notre encontre parce que nous avons sauvé dix jeunes gens d’une mort certaine et les avons débarqués dans le lieu sûr le plus proche afin qu’ils puissent être soignés. »
Les gouvernements européens font tout pour rendre de plus en plus difficile l’aide et le secours aux migrants. Derrière des petits jeux politiciens, un mépris pour les vies humaines et une politique criminelle.
Thierry Flamand