vendredi 29 août 2025

 

Le sauvetage en Méditerranée criminalisé

« L’ennemi n’arrive pas en barque, il arrive en Mercedes »

Dans la nuit du 20 au 21 août, le navire Mediterranea, de l’ONG italienne Mediterranea Saving Humans, qui patrouillait dans les eaux internationales de la Méditerranée centrale, a recueilli à son bord dix naufragés qui venaient d’être jetés à la mer par la prétendue « garde côte libyenne » circulant à bord d’une embarcation rapide. Contactées par Mediterranea, les autorités italiennes ont décidé de lui assigner le port de Gênes comme lieu de débarquement, ce qui signifiait trois jours de navigation supplémentaires dans une mer agitée. L’ONG a tenté en vain de faire valoir que l’état de santé psychophysique des personnes recueillies nécessitait qu’elles soient débarquées au plus vite. L’équipage a finalement décidé de passer outre les ordres reçus et d’accoster au port de Trapani, en Sicile. Le gouvernement italien joue avec la vie des naufragés en décidant systématiquement, au mépris du droit maritime, de désigner comme lieu sûr de débarquement un port éloigné du lieu du naufrage.

En application du décret-loi Piantedosi, l’ONG Mediterranea est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 10 000 euros et son navire risque d’être séquestré pour une durée qui sera décidée dans les prochains jours par le préfet de Trapani. Mais Laura Marmorale, responsable de cette ONG a déclaré assumer, avec le commandant de bord, la responsabilité de ce choix : « C’est une mesure inacceptable. Le gouvernement bloque dans le port un navire qui serait prêt à repartir pour poursuivre ses opérations de sauvetage, une activité nécessaire compte tenu du bilan tragique des naufrages survenus ces dernières semaines au sud de Lampedusa. Il exerce des représailles à notre encontre parce que nous avons sauvé dix jeunes gens d’une mort certaine et les avons débarqués dans le lieu sûr le plus proche afin qu’ils puissent être soignés. »

Les gouvernements européens font tout pour rendre de plus en plus difficile l’aide et le secours aux migrants. Derrière des petits jeux politiciens, un mépris pour les vies humaines et une politique criminelle.

Thierry Flamand

 

jeudi 28 août 2025

catarina

 

Théâtre. Catarina et la beauté de tuer des fascistes, pièce de Tiago Rodrigues

« Cette famille tue des fascistes. C’est une vieille tradition que chaque membre de la famille a toujours suivie. Aujourd’hui, ils se réunissent dans une maison à la campagne, au sud du Portugal, près du village de Baleizão. L’une des plus jeunes de la famille, Catarina, va tuer son premier fasciste, kidnappé exprès à cet effet. C’est un jour de fête, de beauté et de mort. » (Tiago Rodrigues)

Mais l’héroïne doute et ses hésitations vont faire voler en éclat ce rituel maintenu depuis 70 ans. Son nom, Catarina, reprend celui d’une figure antifasciste bien connue au Portugal.

Catarina Eufémia, paysanne de 26 ans et mère de trois enfants, dans les plaines agricoles du sud de Lisbonne, s’était révoltée avec ses compagnes d’infortune devant les salaires de misère que le propriétaire terrien leur donnait. Le 19 mai 1954, elle participait à une manifestation. Le propriétaire a appelé la GNR (corps de gendarmerie qui existe toujours), et un officier a abattu Catarina à bout portant. Sa mort devint vite un symbole de résistance, propagé autour des compagnons de route du Parti communiste portugais. Après la révolution des Œillets, la statue de la « femme fasciste éternelle » est déboulonnée et remplacée par une statue de Catarina Eufémia et tous les ans un cortège fleurit sa tombe dans l’Alentejo. Des graffitis antifascistes, des chansons et des poèmes reprennent son histoire.

Et Tiago Rodrigues, un des plus grands auteurs et metteurs en scène de théâtre contemporain, écrit une pièce passionnante sur le poison de l’extrême droite, qui pose d’une manière non-manichéenne les problèmes de la lutte contre le fascisme et du terrorisme individuel. Beaucoup de questions et de discussions pour celles et ceux qui auront la chance d’assister à ce spectacle à voir absolument s’il tourne dans leur ville.

Léa Vesca

La pièce est publiée aux éditions Les Solitaires intempestifs, 2020, 112 p., 15 €

FAMINE

   GAZA PALESTINE LE GENOCIDE PAR LA FAMINE.




israel

 

En Israël, les manifestations se poursuivent

Le 26 août, plusieurs centaines de milliers de personnes ont à nouveau manifesté dans tout le pays, à l’appel du Forum des familles des otages, contre la décision de Netanyahou de conquérir la totalité de la ville de Gaza, et pour réclamer un cessez-le-feu avec le Hamas. Les organisateurs de ces manifestations déclarent agir « dans un seul but, sauver les otages et les soldats ». Certains parmi eux expriment leur refus de laisser entendre toute condamnation du génocide, sans y parvenir vraiment, car au sein de ces manifestations, en particulier à Tel Aviv, une partie des manifestants n’hésitent pas à afficher leur soutien au peuple palestinien.

Mais d’autres manifestations, certes moins nombreuses, dénoncent la guerre d’anéantissement menée par Israël à Gaza. La plus importante a eu lieu le 23 août à Tel Aviv, organisée à l’appel du Partenariat pour la paix, de nombreuses organisations pacifistes et du Haut-Comité de suivi des citoyens arabes d’Israël, qui appelaient à une grande manifestation populaire regroupant Juifs et Arabes. La veille, la manifestation qui devait avoir lieu dans les rues de Tel Aviv a été interdite par la police, prétextant qu’elle ne pouvait pas « sécuriser tous les évènements » et seul a été autorisé un rassemblement auquel ont participé près de trois mille personnes, dont environ un tiers d’Arabes (dans une ville où ils constituent une faible partie de la population).

Des rassemblements ont lieu régulièrement aux carrefours ou à l’université, à Tel Aviv et devant les bases aériennes d’où les pilotes partent bombarder, et dans lesquelles les manifestants exposent les photos d’enfants tués à Gaza.

Thierry Flamant

mercredi 27 août 2025

GAZA

 


bayrou

 

Bayrou se fait hara-kiri, mais c’est sa politique qu’il faut faire tomber en bloquant le pays par la grève !

François Bayrou a décidé de demander un vote de confiance de l’Assemblée nationale convoquée en session extraordinaire le 8 septembre. En se plaçant sur le terrain parlementaire deux jours avant l’appel du 10 à tout bloquer, Bayrou révèle la crainte qu’un mouvement d’ampleur, une grève qui s’étendrait jusqu’à devenir générale, ne balaye tout sur son passage, partis de la gauche gouvernementale et syndicats compris.

Bayrou va sans doute tomber. Bon débarras ! Mais resteraient Macron et, surtout, le patronat qui, lui, ne « tombera » pas le 8 septembre au soir ! Car le plan de Bayrou est une déclaration de guerre aux travailleurs et aux classes populaires faite au nom du patronat et de la bourgeoisie.

Feu nourri sur les classes populaires

Sous prétexte de nous faire payer leur dette, Macron-Bayrou et, derrière eux le patronat, cherchent en fait à nous faire les poches pour financer l’augmentation de plus de 50 % du budget de l’armée depuis 2017 et, surtout, les 211 milliards d’euros annuels de subventions aux entreprises. Mais pas question pour eux de s’en prendre aux grands patrons, licencieurs, gavés d’aides de l’État. Rien qu’en 2024, les exonérations de cotisations sociales pour les salaires proches du Smic que l’État paye à leur place ont atteint 80 milliards d’euros.

Non, c’est bien aux travailleurs qu’ils veulent s’en prendre : 3 000 emplois supprimés et les salaires gelés dans la fonction publique, baisse de la durée d’indemnisation du chômage pour les travailleurs privés d’emploi, gel des pensions et suppression de l’abattement de 10 % d’impôts pour les retraités. Et, comble de l’indécence, Macron-Bayrou veulent allonger le délai de carence des arrêts-maladie à sept jours, en augmentant les franchises et en supprimant ou réduisant le remboursement de médicaments essentiels, y compris pour une partie des affections longue durée. Sans oublier la menace sur les deux jours fériés et la remise en question de la cinquième semaine de congés payés qui ont indigné tous les travailleurs.

Face à leur déclaration de guerre, pas d’autre choix que de nous battre

La date du 10 septembre s’est répandue comme l’occasion de mener une première bataille contre toutes ces attaques, avec des appels à « bloquer le pays ». Certains ont cru voir l’extrême droite à la manœuvre. Mais le RN a surtout cherché à prendre de la distance avec tout appel à la grève. D’ailleurs, ce que réclamait le RN à Bayrou pour soutenir son projet de budget était de s’en prendre aux travailleurs immigrés, de baisser la contribution française à l’Union européenne et de supprimer des dizaines d’agences de l’État, c’est-à-dire attaquer les services publics. Rien qui s’en prendrait aux riches et au patronat !

À gauche, seule La France insoumise a appelé à la mobilisation, tout en laissant aux centrales syndicales la tâche d’organiser la grève. Celles-ci ne semblent d’ailleurs pas pressées de donner aux travailleurs les moyens de se mobiliser en mettant leur poids dans la balance. Sophie Binet a pris ses distances avec l’appel du 10 septembre en s’interrogeant sur les moyens de bloquer le pays. Ce n’est pourtant pas compliqué ! Occuper la rue pour vérifier que nous sommes nombreux à vouloir battre Macron et le patronat, et construire une grève qui s’étende jusqu’à devenir générale : bloquer, c’est faire grève !

Se réunir, débattre, s’organiser pour gagner

Pour préparer la journée du 10, des assemblées générales ont été prévues dans certaines villes ou entreprises. La mobilisation est nécessaire. Nous avons besoin de discuter entre collègues pour voir jusqu’où chacun se sent prêt à aller, comment construire et étendre un vrai mouvement « qui bloque tout ».

Quel que soit le gouvernement qui sortira des derniers soubresauts parlementaires, ce sera un gouvernement de combat contre les travailleurs et il nous faudra livrer une bataille que les capitalistes espèrent gagner sans combat. Oui, il faudra tout bloquer, par la grève. Alors, avant le 10 comme après, les jours de la rentrée doivent être le point de départ de notre riposte collective.

Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 26 août 2025