lundi 19 novembre 2018

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Contre le gouvernement et pour nos conditions de vie, organisons-nous sans nos ennemis !

Macron2.
La mobilisation des « gilets jaunes » a rassemblé près de 300 000 personnes, dans plus de 2000 rassemblements et actions. Un mouvement à la hauteur de certains de ceux que nous avons connus ces dernières années contre les attaques anti-sociales, sans atteindre par exemple le niveau des manifestations de 2016 contre la loi Travail.
La colère contre la hausse des prix des carburants est on ne peut plus légitime. Des millions de travailleurs et de travailleuses sont forcés d'utiliser leur voiture pour aller au boulot, car il n'existe pas de transports en commun, car des lignes ferroviaires ont fermé, car on les a forcés à accepter un emploi à des dizaines de kilomètres de leur domicile... L'hypocrisie du gouvernement, qui prétend agir pour le bien de l'environnement, ne trompe personne. Pour lutter réellement contre les pollueurs, il faudrait commencer par s’attaquer aux grands groupes capitalistes du pétrole comme Total, qui engrangent des millions de bénéfice.

Une colère légitime, phagocytée par nos pires ennemis.

Malheureusement, la mobilisation du 17 novembre a été l'occasion pour quelques-uns des pires réactionnaires du pays de se lâcher : insultes, agressions physiques, slogans nauséabonds ont été légion, comme à Bourg-en-Bresse où un couple homosexuel a été passé à tabac, à Saint-Quentin où une automobiliste voilée a été forcée de retirer son foulard... À Tours, une camionnette repeinte en bleu-blanc-rouge arborait le slogan : « français d’abord, migrants dehors. Force, honneur, patrie ». Tout un programme.
Rien d'étonnant, quand on connaît le parcours de certains de certains leaders auto-proclamés. Dans une vidéo vue des millions de fois, le militant de Debout la France et ex-FN Frank Buhler s'en prend aux chômeurs et aux chômeuses qu'il accuse de mieux s'en sortir que ceux et celles qui travaillent. Voilà pour le poison de la division ! Dans certaines régions comme dans le Vaucluse, ce sont des militants du Rassemblement National et d’autres groupuscules identitaires qui ont organisé les réunions de préparation du 17 novembre. Souvent, les organisations de flics les plus proches de l'extrême droit ont soutenu la mobilisation. Les mêmes qui délogent les salariés qui occupent leurs boîtes, matraquent les manifestations et harcèlent les jeunes dans les quartiers... seraient maintenant du côté des classes populaires ?

Le monde du travail doit compter sur ses propres luttes.

Des Républicains au Rassemblement national, la droite et l'extrême droite cherchent à diviser les exploités selon leurs origines, couleur de peau, religion, genre ou orientation sexuelle... Et à faire croire aux travailleurs et travailleuses de nationalité française qu'ils auraient des intérêts communs avec leurs patrons. Ces mouvements nous détournent des revendications qui permettraient de faire face à l'augmentation du coût de la vie, à commencer par l'augmentation des salaires, avec leur indexation sur la hausse des prix.
C'est par la grève, en bloquant les profits du patronat et l'économie du pays, que nous parviendrons à obtenir de réelles victoires. Seuls les travailleurs et les travailleuses ont ce moyen d'action, pas les politiciens bourgeois qui prétendent parler en nôtre nom. C'est parce que les centrales syndicales n'ont strictement rien proposé de sérieux pour contrer les mesures antisociales du gouvernement et du patronat - pas la moindre perspective de mobilisation après la journée de grève du 9 octobre dernier - que l'exaspération générale s'est exprimée au travers des gilets jaunes. Pourquoi Macron qui n’écoute que les capitalistes, qui sont ses donneurs d'ordre, entendrait-il la colère ? Mais les syndicats quant à eux doivent enfin prendre la mesure de celle-ci et appeler sans délai à une journée de grève interprofessionnelle contre la vie chère par laquelle la classe ouvrière pourrait s'exprimer indépendamment des réactionnaires et du patronat routier.

Et il est temps de regrouper les nombreux secteurs qui veulent lutter. C'est le sens d'un appel lancé par une quarantaine de syndicats ou collectifs de toute la France, comme les anciens Goodyear d'Amiens, les postiers et postières du 92 en grève depuis le 26 mars, les ouvriers de Ford Blanquefort dont l'usine est menacée de fermeture, les hospitaliers et hospitalières du Rouvray qui ont empêché la fermeture de services, des profs de ZEP, des employés de McDo, des cheminots et cheminotes réprimés après leur grève, des étudiants et étudiantes mobilisés contre la sélection à la fac... 
Tous et toutes ensemble, ils proposent de manifester le 15 décembre à Paris, de l'Élysée au MEDEF. Cette initiative sera une occasion de faire entendre, en toute indépendance, notre camp social !