Justice sociale : ce n’est pas le 17 novembre que nous pourrons nous faire entendre !
Communiqué du NPA
Depuis
une semaine, circulent largement des appels à « manifester » le samedi
17 novembre, à « bloquer des routes ou des ronds-points », ou à « mettre
un gilet jaune sur son tableau de bord ». Ces appels ont été largement
relayés par les médias et les réseaux sociaux, et trouvent un écho dans
les milieux populaires.
Le
ras-le-bol que ces appels expriment est compréhensible. La hausse des
prix des carburants, notamment celui du diesel, fait effectivement
beaucoup râler dans les milieux populaires, car elle est perçue comme
une mesure de racket à l'égard de toutes celles et ceux qui n'ont
souvent pas d'autre choix que d'utiliser leur voiture pour aller
travailler ou circuler pour les besoins de la vie quotidienne. Tout cela
traduit pour partie un mécontentement social contre un pouvoir fort
justement perçu comme un « gouvernement des riches ».
Pour
autant, cette mobilisation est problématique. D’abord parce qu’avant
d’être l’expression d’un mécontentement populaire, cette mobilisation
est surtout porteuse d’une vieille revendication du patronat routier,
pour qui les profits se mesurent à l'aune des tonnes de carburant mises
dans les cuves de ses camions qu'il répand en masse sur le réseau
routier, en contradiction avec les mesures les plus élémentaires de
préservation de l’environnement. De plus, à l’origine et en soutien à
ces appels présentés comme « citoyens » et « apolitique », on retrouve
la droite extrême et l’extrême droite à la manœuvre : vidéo virale d’un
dénommé Franck Buhler, militant d’extrême droite (dont les vidéos ont
totalisées des millions de vue sur internet), soutiens immédiats de
Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, rejoint ensuite par les (très à
droite) Jeunes Républicains, relais dans la « fachosphère »…
On
ne s’y trompera donc pas. Tout comme les syndicats CGT et Solidaires,
samedi 17 novembre, nous ne mêlerons pas nos colères aux manœuvres des
patrons et aux récupérations de l’extrême droite qui n'est pas une
alliée de circonstance mais reste notre ennemie mortelle. Oui, tout
augmente sauf les salaires, et les classes populaires ont bien raison
d’avoir ras-le-bol de l'augmentation du carburant et des prix en
général, conséquence du décrochage de plus en plus important entre les
salaires (ou les pensions) et l'inflation. Oui, Il faut prendre sur les
profits des capitalistes pour augmenter nos salaires. Oui, nous avons
besoin de transports en commun gratuits. Et oui, une nouvelle
organisation sociale est nécessaire, où nous n'aurions pas à nous serrer
la ceinture pour mettre 10 litres de plus dans le réservoir de notre
véhicule pour aller bosser pour des salaires de misère…
Tout
cela, il faudrait pouvoir le dire, touTEs ensemble, dans la rue, par la
grève, en bloquant le pays. Mais nous ne pourrons pas le dire le samedi
17 novembre dans des actions ou des rassemblements prétendument
« citoyens »aux allures de foire poujadiste, dans lesquels nous nous
retrouverions au côté des ennemis les plus farouches du mouvement
ouvrier.
Montreuil, le 31 octobre 2018