jeudi 6 septembre 2018

SYNUTRA

   SYNUTRA ou les déconvenues d'une          

        entreprise chinoise en Bretagne?

Synutra: souvent présentée comme un miracle pour l'emploi en Centre Bretagne et surtout pour les producteurs de lait bretons en mal de débouchés. Et surtout pour ceux que la fin des quotas grisaient. Produire des quantités sans se poser la question du prix du lait, des conséquences agro environnementales. Et aussi exploiter une main d'oeuvre disponible dans un secteur déshérité le centre Bretagne.

Politiquement, sale coup aussi pour le "prince du Poher" Christian Troadec, sans oublier l'inénarrable député du coin...Richard Ferrand, bien silencieux au demeurant.

               OUEST FRANCE

Synutra : une reprise partielle par Sodiaal

Usine de lait chinoise Synutra à Carhaix
Usine de lait chinoise Synutra à Carhaix | VINCENT MOUCHEL / OUEST-FRANCE ARCHIVES

Le schéma de reprise de la moitié de l’activité de l’usine de lait du chinois Synutra par la coopérative commence à se dessiner.

Les coopératives laitières Sodiaal, à Carhaix (Finistère), et Maîtres Laitiers du Cotentin (Manche), sont en graves difficultés avec le géant Synutra : plusieurs dizaines de millions d’euros d’impayés pour leur lait infantile en poudre destiné au marché chinois.
Après plusieurs semaines d’inquiétudes des éleveurs laitiers bretons et normands, la Confédération paysanne du Finistère a été reçue longuement, mercredi soir, à l’usine de Carhaix, par Christian Mazuray, président de Synutra France.

Première information positive : Vincent Pennober, porte-parole de la Conf’29, confirme que « Synutra International n’a pas l’intention de quitter le Centre Finistère ».
Selon les propos qu’il rapporte, « l’accord qui se dessine avec Sodiaal prévoit la réorientation de la production de poudre infantile de base entre les deux parties ». À l’avenir, le site de Carhaix produirait 40 000 tonnes pour Régilait et Nutribio (deux filiales de Sodiaal International) et 40 000 tonnes pour Synutra International.

Christian Mazuray confirme cette rencontre avec le syndicat, mais ne souhaite pas la commenter : il renvoie vers Sodiaal.

Damien Lacombe, de son côté, le président de l’énorme coopérative laitière Sodiaal, réserve ses explications sur le schéma industriel qui se précise ainsi entre les deux partenaires : « Nous ferons nos annonces le moment venu, la semaine prochaine, lors du Space. »
Reste que la santé économique de Synutra continue de « préoccuper » vivement la Conf’. Le syndicat a donc demandé à rencontrer à son tour les dirigeants du groupe Sodiaal, mardi prochain, 11 septembre, dans le cadre du Space, à Rennes. « Nos collègues normands feront une demande similaire du côté des Maîtres Laitiers du Cotentin. »

La coopérative des Maîtres Laitiers du Cotentin a annoncé, le 31 août, la rupture de son contrat avec Synutra, client de son usine inaugurée en 2017 à Méautis (Manche). Depuis début août, la chaîne de production de briquettes de lait à destination du marché chinois est à l’arrêt. Les salariés ont été reclassés dans les autres sites de productions du groupe, à Sottevast, Valognes et Lessay.

Le directeur s’en va

Par ailleurs, selon une annonce faite aux salariés, le directeur de l’usine de Synutra à Carhaix, Pascal Delannoy, va quitter ses fonctions dans les semaines à venir.

Ancien responsable technique chez Sodiaal à Guingamp il « souhaiterait donner une nouvelle orientation professionnelle à sa carrière », selon la direction générale du groupe chinois, dont l’usine bretonne rencontrerait des difficultés de mise au point.

La hiérarchie de l’usine carhaisienne s’en trouve bouleversée. Pendant ce temps, hier, un « sommet international synutra » avait lieu à l’espace Glenmor de Carhaix, en toute discrétion.
Des commerciaux venus de Chine ont profité du folklore breton, avec danses et musiques traditionnelles au programme des festivités.



A lire les commentaires des agriculteurs ci dessous:

Sur WEB AGRI  :  Paroles de lecteurs

Les éleveurs clairvoyants face au mirage chinois Synutra

| par | Terre-net Média
 
Les Chinois, venus sauver la filière laitière française en investissant dans des usines françaises ? « Un miroir aux alouettes » selon les lecteurs de Web-agri qui, dès le départ, n'ont pas été dupes. Ce sont encore les éleveurs « qui vont payer la note », concluent-ils avec fatalisme. L'occasion d'exprimer une nouvelle fois leurs griefs envers les coopératives.
   
« Synutra a eu les yeux plus gros que le ventre ! », s'exclame Roger. (©Terre-net Média) Méteil : « Pour ceux qui croyaient aux miracles, on n'est pas à Lourdes ! Il n'y a que les membres du conseil d'administration des coops pour penser que les Chinois sauveraient la filière laitière française ! Il ne faudrait pas que la Chine entraîne la ferme France dans la tourmente, elle n'a vraiment pas besoin de ça ! »
Tintin : « Ce n'est pas la première fois qu'une coopérative se plante et sème la panique sur le marché laitier. Les industriels privés, eux, se contentent d'attendre pour baisser le prix du lait et faire fortune... »

Steph72 : « La Chine a bien vu qui pigeonner. Elle a fait des alliances avec la France, trop naïve, mais pas avec l'Allemagne ni l'Irlande où le lait est moins cher. Ni avec le géant privé de Laval, plus clairvoyant. Certains économistes, qui nous vantaient le marché chinois comme un débouché porteur pour l'avenir, se sont complètement trompés. »
Jmb67 : « Les chinois sont venus en France pour faire des affaires, pas pour faire gagner de l'argent aux éleveurs ! »

Bonarien : « Où est l'eldorado chinois ? Certains directeurs de coops pensaient que la Chine allait sauver la planète lait ! Mauvaise pioche comme souvent dans ces organisations... »

L'outil49 : « Un de plus qui s'est laissé prendre dans le piège à c... Nos politiques de tout bord et tout poil nous font croire au mirage asiatique, de doux rêveurs... »

« Où est l'eldorado chinois ? »

Roger : « Synutra a eu les yeux plus gros que le ventre ! Je vais souvent en Chine. La consommation de lait y est à ses balbutiements malgré les 1,4 milliard d'habitants. C'est un produit cher, consommé par les riches. Même si le gouvernement essaie de le promouvoir, la population boit essentiellement du jus de soja au petit déjeuner. »

Débutant : « Tous ces petits Chinois en manque de lait, des c... Le plus dramatique : des droits à produire volatils ont été distribués, faisant investir des agris avides de volume et de libéralisme à outrance. Maintenant, la facture arrive. La FNSEA a validé toutes ces belles décisions où le volume sauverait les producteurs au détriment des prix. Quand le volume ne trouve plus preneur, que reste-il à faire ? Fermer boutique... »

Patrice Brachet : « Il y a presque un an, quand j'ai écrit que j'avais peur que la Chine soit un miroir aux alouettes, certains collègues se sont foutus de moi. Or, j'avais raison, j'en ai bien peur... »

The germs : « J'ai du mal a comprendre comment une coopérative peut se faire planter comme cela. Encore un "trou" dans les contrats, dont bénéficient les dirigeants de Synutra. »

Patou : « Moi, ce qui m'inquiète, c'est la façon dont va être gérée cette crise car souvent quand le bateau commence à prendre l'eau, les rats quittent le navire ! Y a-t-il un débouché pour ce lait ? Si on ne veut pas mettre en danger toute une filière, il faut l'intervention des pouvoirs publics. »

Ce sont encore les producteurs qui vont trinquer !

Bonarien : « Je viens d'apprendre que dans les plus hautes sphères de Sodiaal, on envisageait de racheter l'usine à Synutra ! Vraiment, personne ne s'en doutait ! Élise Lucet avait raison : le trésor de guerre accumulé sur le dos des producteurs doit être très important ! »

Steph72 : « On devine bien qui va payer la note : les livreurs Sodiaal mais aussi tous les autres éleveurs laitiers français. Pas sûr que les producteurs acceptent de servir encore de variable d'ajustement. Pas de hausse du prix du lait, pas de livraison à l'usine... »

Bonarien : « Sodiaal et les Maîtres Laitiers du Cotentin ont souvent demandé ou souhaité que leurs producteurs, pour la bonne image de leurs marques, soit éco-responsables Mais là les dirigeants de ces deux coops vont devoir être responsables sinon c'est la ferme laitière France qui va plonger et en cette période où la majorité des éleveurs est à cran faute de moyens, c'est très risqué, surtout à l'approche de deux salons majeurs ! »

Tintin : « De toute façon, les coopérateurs sont toujours les dindons de la farce. (...) Les Chinois sont surtout intéressés par les terres. Si on regarde ce qu'ils ont fait en Australie il y a 10 ans, on se rend compte qu'ils cherchent à planter l'usine et les éleveurs pour ensuite les "aider" en rachetant leurs fermes. Je pense qu'une partie des administrateurs ne sont pas à la hauteur pour gérer les coopératives, à commencer par le président. En raison de leur taille de plus en plus importante et de la complexité des montages financiers entre autres, les producteurs sont dépossédés de ces structures. Ils doivent reprendre véritablement les commandes, d'abord en réussissant à obtenir des informations stratégiques puis en agissant. Il faut en finir avec les conseils d'administration chapeautés par la FNSEA, cela fait 30 ans qu'on en crève !! Éleveurs laitiers, réveillez-vous et prenez les choses en main, sinon vous serez toujours les esclaves de ces gens-là ! »

Et les coopératives, les principales responsables

Steph72 : « Quel pouvoir a un conseil d'administration ? Aucun ! Il sert juste à faire croire aux producteurs qu'ils ont encore du pouvoir ! »

Titian : « Même quand les adhérents se bougent, on leur ferme vite le clapet, voire on s'en débarrasse comme chez Tereos. »

Louis : « Quand les agriculteurs comprendront-ils qu'ils ne doivent plus faire confiance aux coopératives ? Quel que soit le secteur (lait, aliment, engrais, matériel), elles ne travaillent pas pour leurs adhérents, mais pour les directeurs, présidents et administrateurs. »