COMMUNIQUE DU COMITE DU NPA LANNUON GWENGAMP BEAR
Plan santé de Macron-Buzyn : un projet libéral et technocratique
Suicides,
grèves de la faim, souffrance des patientEs… Autant de
conséquences d’un manque criant de moyens pour la santé. Et
pourtant, avec un l’Objectif national de dépenses d'assurance
maladie (Ondam) à 2,5%, le gouvernement refuse les créations de
postes indispensables dans les hôpitaux, les Ehpad, sans lesquelles
aucune médecine de qualité ne peut se faire. Et les fermetures de
lits et d’hôpitaux de proximité sont toujours au rendez-vous.
Dans
le plan annoncé aujourd’hui par le président lui-même, rien
n’est fait pour favoriser l’égalité des soins et lutter contre
l’explosion des dépassements d’honoraires, qui sont passés de
900 millions en 1990 à 2,5 milliards d’euros
aujourd’hui. Pour éviter que 30% de la population ne reporte les
soins, il n’y a pourtant pas d’autre solution que d’interdire
ces dépassements, et d'instaurer un tiers payant généralisé à
100%.
Alors
que les médecins de ville travaillent déjà en moyenne 56 heures
par semaine, comment penser qu’ils pourront demain assurer des
gardes dans les hôpitaux, coordonner les soins à domicile de
malades plus lourds sortis plus tôt des hôpitaux, même si tout
cela est baptisé « communauté
professionnelle de territoire de santé » ?
Et ce n’est pas l’exemple de la psychiatrie de secteur qui nous
rassurera... Alors que le service public de santé mentale était
déployé au plus près des patientEs sur tout le territoire, la
politique d’austérité et de privatisation du gouvernement l’a
détruit. Seuls les patientEs les plus riches auront la possibilité
de se faire suivre par une psychiatrie libérale de ville elle aussi
surchargée. Les restructurations dans les hôpitaux vont se
poursuivre, avec leur lot de fermetures de services, de lits, et de
suppressions de postes.
Les
déserts médicaux vont aussi se maintenir. Si les 4000 infirmières
de pratique avancée seraient bien utiles dans des centres de santé
pour faire de l’éducation thérapeutique, des réunions de
malades, de l’information sur l’alimentation, cela ne va pas
dégager plus de temps pour les médecins. Sauf à considérer que
« prendre
le poids, la température, tenir le dossier... »
sont des tâches inutiles, comme le dit Buzyn. Elle espère ainsi
« faire gagner 15 % du temps médical »,
alors qu’une consultation à 15 minutes en moyenne est déjà
un rythme infernal à tenir.
Pour
lutter contre les déserts médicaux, pas d’autre solution que de
créer sur tout le territoire un service public de santé de
proximité géré par la Sécurité sociale, où touTEs les
praticienEs de santé se retrouveraient au plus près des patientEs
pour donner des soins gratuits, organiser la formation, la
prévention, la démocratie sanitaire, et assurer la permanence des
soins pour désengorger les urgences. Répartir les médecins en
fonction des besoins, cela, Buzyn ne peut l’envisager !
Enfin,
il faut aussi en finir avec le numerus clausus qui a scandaleusement
baissé de 8000 à 4000 pour préparer la pénurie actuelle de
médecins, et créer une allocation d’études pour touTEs, ce qui
permettrait d’ouvrir la médecine aux enfants de salariéEs, de
paysanEs, de chômeurEs… La formation doit se faire dans les
hôpitaux de proximité, chez les généralistes, et pas seulement au
CHU. Et il faut surtout qu’un investissement massif dans la santé
pour touTEs donne envie, permettant aux étudiantEs de conjuguer la
technique et le temps nécessaire pour écouter les patientEs, pour
se former indépendamment des laboratoires…
Les
conséquences certaines de ce plan Macron-Buzyn, libéral et
technocratique, c’est le développement d’une médecine à deux
niveaux : de qualité, avec dépassements d’honoraires, pour
celles et ceux qui en ont les moyens et habitent les grandes villes ;
à la chaîne, parfois sans médecin et sans examen clinique, pour
celles et ceux qui sont au pied des tours, à la campagne ou dans les
déserts médicaux.
La
santé pour touTEs doit rester un droit fondamental. Nos vies valent
plus que leurs profits !
Le 21 septembre 2018
Le 21 septembre 2018