Soutenons les grévistes de La Poste du 92 en gréve depuis quinze mois...
Défendre
ses droits et ceux de ses collègues n'est pas un crime !
Dimanche
16 juin, à 6 heures du matin, un syndicaliste de La Poste des
Hauts-de-Seine, Gaël Quirante, a été réveillé par la police chez
lui. Il a été emmené au commissariat et placé en garde à vue
pour plus de 24 heures. Deux autres personnes ont été interpellées
dans les mêmes conditions.
Gaël
est délégué syndical dans ce département où une grève dure
depuis près de 15 mois pour empêcher des réorganisations,
synonymes de suppressions de postes et d'augmentation de la charge de
travail.
Une
arrestation pour casser la lutte
Après
des semaines de négociations, et alors que les 150 grévistes ont
depuis plus d'un an des paies à zéro euro, un protocole de fin de
conflit était sur le point d'être signé. Mais la direction de
l'entreprise refuse toujours de garantir qu'aucune sanction ne sera
prononcée pour les militants et militantes de la grève et elle
refuse de reporter significativement les prochaines réorganisations
sur les bureaux les plus touchés par la grève. Elle a même menacé
de retirer les avancées précédemment obtenues par des grévistes.
Accepter
ces dernières conditions ne coûterait rien à cette entreprise,
dont le chiffre d'affaires est de plus de 24 millions d'euros ! Elle
préfère au contraire dépenser de l'argent pour faire durer le
conflit, en embauchant des intérimaires et en payant cher des
vigiles et des huissiers. Cette politique ne fait pas de mystère :
il s'agit de dissuader ceux et celles qui osent se battre pour leurs
droits.
C'est
dans le même sens que Gaël a été arrêté : vendredi 14 juin,
avec une centaine de grévistes et de leurs soutiens, il a participé
à une occupation du siège national de La Poste. Au lieu d'envoyer
un interlocuteur pour rouvrir les négociations, la direction a
préféré appeler la police pour déloger les militants et
militantes.
Résultat,
Gaël a donc été arrêté pour « dégradation » du matériel
postal... Alors même que sur des vidéos visibles sur les réseaux
sociaux, on voit bien que c'est la police qui a cassé une porte à
coups de bélier et de masse. L'occupation était pacifique et sans
dégradation.
Et
qui dégrade le service public postal, sinon l'entreprise qui ferme
500 bureaux par an et a supprimé 100 000 emplois en dix ans ? Qui
devrait se faire arrêter, sinon les dirigeants d'une boîte dont les
méthodes managériales poussent parfois les travailleurs et les
travailleuses au pire ?
Finalement,
après plus de 24 heures de garde à vue, les accusations ont changé
: Gaël s'est vu reprocher une « violation de domicile », alors que
la justice reconnaît pourtant que l'occupation d'un siège est un
mode d'action normal dans un conflit social. Il est finalement
ressorti sans poursuite connue à cette heure, preuve que cette garde
à vue était totalement injustifiée.
Tout
cela ne tient pas la route : il est évident qu'il s'agit d'un
prétexte pour mettre des bâtons dans les roues de la grève. C'est
pour cela qu'ont aussi été arrêtés une militante du comité de
soutien aux grévistes et un journaliste indépendant, qui avait
filmé pendant l'occupation du siège. Manifestement, non seulement
il ne fait pas bon contester le patronat, mais il ne faudrait même
pas soutenir ou montrer ceux et celles qui le font !
Une
opération contre-productive
Ces
arrestations ont provoqué une immense indignation parmi les
travailleurs et les travailleuses de La Poste et bien au-delà. Des
rassemblements ont eu lieu devant les commissariats jusqu'à la fin
des garde à vue et c'est sous les acclamations de leurs camarades
que les réprimés sont sortis.
À
la SNCF, dans la santé, dans l'Éducation, dans les manifestations
des gilets jaunes... ce sont des milliers de personnes qui font face
à la répression du patronat et du gouvernement. Il serait grand
temps que toutes et tous s'unissent pour riposter ensemble, tout
comme il est urgent que l'ensemble du monde du travail se mobilise
pour mettre fin aux attaques et défendre enfin les droits de la
grande majorité de la population.
Si
les dirigeants répriment, c'est qu'ils ont peur. À nous de leur en
donner d'autres raisons. Si nous sommes des millions mobilisés, ils
ne pourront rien contre nous !