dimanche 25 juin 2017


« Je n'en peux plus, je craque. Je ne veux pas mettre en danger ma santé et celle de ma famille ». Christelle (*) claque la porte de sa voiture floquée « Ti Jikour, partenaire de l'Amapa ». Elle vient de terminer sa tournée matinale. La chaleur aidant, elle est au bord du malaise. « On nous en demande trop, nous sommes pressées comme des citrons ». Au programme de sa fin d'après-midi, une visite à son médecin, avec l'espoir d'être arrêtée durant quelques jours. « D'ailleurs, dans les bureaux, c'est la même chose. Certaines secrétaires ont pris des congés de maladie pour évacuer le stress qui les ronge jour après jour, poursuit Christelle. On peut vraiment parler de burn out. « Je ne tiens plus, c'est l'enfer, je vais chercher du travail ailleurs » nous confiait aussi l'une des employées, au sortir d'une période d'arrêt. Ti Jikour, alors au bord de la liquidation judiciaire, « sauvée par l'Amapa » de Bernard Bensaïd, en novembre dernier (Le Télégramme du 24 novembre 2016), se retrouve face à ses anciens démons.
« C'était l'alerte orange à l'époque, cette fois c'est l'alerte rouge » se désolait il a quelques jours le docteur Joël Le Roux, l'un des fondateurs de l'association.

Une assemblée générale extraordinaire réclamée


Les maires des 21 communes concernées sont inquiets et se sont concertés. C'est Maurice Offret, le maire de Cavan (lire ci-dessous) qui a pris l'initiative d'envoyer une lettre recommandée que nous nous sommes procurée, au patron de l'Amapa. Il y réclame la tenue d'une assemblée générale extraordinaire dans les 15 jours. Les points à éclaircir sont nombreux : « Situation financière de l'association et engagements avec les tiers, gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (...) perspectives de développement, avenir de l'association ». « Devant l'absence de réactivité et l'impossibilité de faire face à un besoin immédiat, nous nous sommes tournés vers le privé » raconte Jean-Yves (*), un Plouarétais qui a été contraint de faire face à une situation d'urgence. Et il est loin d'être le seul à établir un tel constat.  
* Prénoms changés pour respecter l'anonymat des témoins.
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© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/vieux-marche/soins-a-domicile-ti-jikour-en-burn-out-23-06-2017-11568598.php#RsejSOtuLILtmpLS.99
 
 
 
Le dossier consacré à la situation de Ti Jikour (Le Télégramme du 23 juin) a suscité bien des réactions. Notamment celle d'une infirmière libérale, Claudine (*), qui s'insurge contre les propos de la directrice, Patricia Bardet. 
« Lors de la reprise par l'Amapa, cette dame est venue nous voir. Elle a demandé aux cabinets d'accepter d'être payés à 60 jours, faute de quoi nous n'aurions plus de travail. Le chantage s'accompagnait d'une promesse de signature d'une convention. Pour faire court, le contrat ne nous a jamais été soumis, donc rien ne nous lie légalement. Le retard dans les paiements n'a pas été compensé. Nous venons de recevoir les règlements de février. Mars et avril sont encore en souffrance, on nous doit donc 83 jours au total ! Mais nous, nous payons les honoraires de nos remplaçants au comptant. Nous en avons assez de nous faire balader, nous ne sommes plus en colère, nous sommes excédées ». 
Claudine est au bord des larmes. « Dans notre cabinet, c'est 25 % de notre chiffre d'affaires, un énorme manque à gagner, que les banques ont du mal à admettre. Il faut que tout le monde sache ce qui se passe. Nous sommes et serons toujours auprès d'eux, nous ne changerons rien à nos habitudes, mais je côtoie le personnel sur le terrain, je vous l'assure, il n'en peut plus. Que l'on ne s'y trompe pas, l'ambiance est devenue insupportable dans la structure. Pourvu que nos politiques soient en mesure de voler à notre secours. 
Il y a vraiment urgence ». 
 
* Prénom modifié

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