lundi 1 septembre 2025

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Global Sumud Flotilla — Interview de Cele Fierro, députée argentine du MST, avant son départ pour Gaza

Dimanche 31 août, plusieurs dizaines de bateaux ont quitté les ports de Barcelone et de Gênes pour rejoindre Gaza afin de briser l’embargo humanitaire d’Israël, dénoncer le génocide et la famine en cours. Le 4 septembre ils seront rejoints par d’autres bateaux partant de Tunisie et de Sicile pour former la « Global Sumud Flotilla », qui constitue la troisième tentative, après les deux précédentes en juin, menées avec les Flotilles de la liberté, Madleen et Handala. En son sein, des délégations de plus de 44 pays, dont des personnalités publiques comme l’actrice américaine Susan Sarandon, la chanteuse norvégienne Aurora ou encore la militante Greta Thunberg, déjà partie prenante du Madleen en juin. On trouve aussi des personnalités politiques de gauche comme l’eurodéputée Insoumise Emma Fourreau ou l’ancienne maire de Barcelone Ada Colau (Podemos). Également présente à bord, la militante communiste révolutionnaire, Cele Fierro, députée régionale (et actuellement candidate à Buenos Aires) du Front de gauche–Unité en Argentine, et porte-parole de la Ligue internationaliste socialiste et du Mouvement socialiste des travailleurs (MST). Elle a accepté de témoigner avant son départ.

Cele Fierro, tu prépares ce voyage depuis Barcelone. Comment en tant que militante révolutionnaire, t’inscris-tu dans cette opération humanitaire et politique, et qu’en attends-tu ?

Je tiens tout d’abord à vous remercier pour cette interview parce qu’elle va dans le sens de ce qu’on essaie de faire avec cette opération. Un des premiers objectifs consiste à propager largement toutes les actions qui peuvent nourrir les discussions et défendre la cause palestinienne, malgré la tentative permanente de l’État sioniste de nous faire taire, avec la complicité de nos gouvernements. En tant que militante communiste, révolutionnaire, socialiste et internationaliste, je pense qu’il est essentiel de saisir toutes les opportunités pour continuer à propager ce qui concerne la Palestine. Aujourd’hui c’est à mon tour d’embarquer dans un de ces bateaux pour visibiliser cette cause et c’est un rôle tout aussi important que celui de tous ceux qui se mobilisent dans chaque pays, qui collaborent à ces actions depuis différents ports. Depuis la Ligue internationale socialiste (LIS), nous appelons à participer à toutes les actions en faveur de la cause palestinienne. L’opération a pour but de briser le blocus de l’État d’Israël en acheminant une aide humanitaire, comme de la nourriture et des médicaments. Netanyahou et son gouvernement sont en train de commettre un génocide, et aimeraient en finir avec leur opération de nettoyage ethnique. Israël est un État qui aujourd’hui présente des caractéristiques fascistes. Les tentatives précédentes ont reçu une large visibilité et cela se reflète aujourd’hui, avec plus de 50 bateaux qui vont partir depuis Barcelone, avec une participation record de 28 000 inscrits, représentant plus de 44 pays.

Ton voyage militant a commencé depuis l’Argentine, où tu milites et où le sionisme a un poids très important et exerce une forte répression. Ton camarade Alejandro Bodart, dirigeant de la LIS et du MST, est accusé et jugé pour avoir dénoncé le génocide en Palestine. Qu’en est-il de la mobilisation à Buenos Aires, où vit la seconde plus forte diaspora juive du monde ?

La mobilisation est d’autant plus forte qu’elle s’affronte au gouvernement d’extrême droite de Javier Milei, qui est l’un des présidents qui appuie le plus ouvertement la politique d’Israël, ayant lui-même invité Netanyahou en Argentine. Il y a un fort rejet de la population et une volonté de dire clairement « pas en notre nom », nous ne tolérons pas qu’un génocidaire foule le sol argentin. Dans le cadre de la flottille, une nouvelle mobilisation en Argentine se prépare ce week-end, que nous espérons massive et dans la continuité des précédentes, avec une présence très importante de la communauté juive. C’est une façon de dire clairement que ce n’est pas le peuple juif, mais les entités sionistes qui mènent cette politique de persécution et tentent d’assimiler l’antisémitisme et l’antisionisme. Dans les faits, le gouvernement a voté une déclaration comme celle de l’IHRA1, ils attaquent ceux qui dénoncent l’État sioniste et défendent la Palestine en proie au génocide. Nous le vivons avec la bataille actuelle pour l’acquittement d’Alejandro Bodart, qui a été condamné pour avoir dénoncé le génocide et le rôle de l’État sioniste sur les réseaux sociaux, comme d’autres militants partout dans le monde. Et contre ces attaques, il n’y a pas de meilleur exemple que les mobilisations qui existent partout. Il faut parler de la Palestine partout, il ne doit pas y avoir un seul endroit où on n’en parle pas, où on ne se soulève pas pour la Palestine. Il faut en finir avec ce génocide et ce blocus, pour une Palestine unique, libre, démocratique et socialiste.

Quel message cherches-tu à envoyer en participant à la flottille et comment cette action peut-elle aider à amplifier la mobilisation en solidarité avec la Palestine pour mettre fin au génocide et à la colonisation ?

C’est une traversée très importante. Face à l’atrocité de l’État sioniste, il faut une réponse massive pour montrer ce qu’il fait et j’ai l’impression qu’on y arrive en partie. Et on dénoncera ses actes en se mobilisant par les mers mais aussi dans les rues. Il faut rompre le silence médiatique, partager, diffuser pour que le mot d’ordre de « Palestine libre » soit revendiqué par tout notre peuple. Ce n’est pas seulement pour les Palestiniens qui, bien évidemment, aujourd’hui sont au centre de notre combat en raison de la solution finale que cherche à mettre en place le sionisme, le nettoyage ethnique, l’expulsion des Palestiniens de leurs territoires, l’invasion de Gaza qui avance comme celle de la Cisjordanie, et ça on ne peut pas l’autoriser.

Ce qu’il faut, c’est continuer à lutter et mettre au centre la lutte pour une Palestine libre. C’est essentiel de lutter et de bâtir la solidarité et l’action internationale. Si jamais on réussit à nous intercepter, cela servira au moins à rendre visible que le responsable est bien l’État d’Israël, un État impérialiste, colonial, capitaliste bien évidemment, et ce n’est surtout pas le modèle de démocratie qu’on nous vend, mais bien un État qui mène un génocide, et je me répète, nous ne pouvons pas le laisser faire.

Propos recueillis le 29 août

1  L’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) a adopté la Déclaration de Jérusalem sur l’antisémitisme en 2016. Les contours flous de la seule définition (et non de la déclaration) sont aujourd’hui utilisés par différents gouvernements, dont le français pour intégrer à la définition d’antisémitisme l’antisionisme.