Verdict de classe contre les cinq postiers du 92 — Une réponse militante immédiate : élargir la lutte
Le jeudi 10 juillet dernier, 200 personnes se sont réunies devant le tribunal de Paris pour apporter leur soutien aux cinq postières et postiers accusés de « violation de domicile » et de « violence » suite à une grève de 174 jours en 2014 contre la précarité et contre les suppressions d’emplois.
La solidarité s’exprime simultanément dans plusieurs villes
Après les plus de 600 personnes rassemblées à Paris le 12 juin lors du procès, cette nouvelle date a été marquée par des rassemblements qui se sont tenus simultanément à Paris mais aussi à Toulouse, Grenoble, Lyon, Bordeaux, Rennes et, le lendemain, à Marseille.
Justice pro-patrons
Pour Brahim, Dalila, Mohamed et Yann, déclarés coupables de « dégradation de biens d’autrui » et « violation de domicile » : 500 euros d’amende délictuelle en sursis, et 254 euros de frais de procédure pour deux d’entre eux.Pour les cinq, jugés intégralement responsables du « préjudice » subi par la cadre de La Poste qui avait porté plainte : 1 800 euros de préjudice et 8 222 euros de frais. Les postiers sont également jugés intégralement responsables du « préjudice subi par La Poste » et, à ce titre, condamnés à1 euro symbolique en réparation et à payer 1 000 euros de frais de procédure.
Un jugement sur mesure
Gaël Quirante, secrétaire départemental de Sud Poste 92 et porte-parole du NPA-R, est le seul des cinq pour lequel les faits de violences envers la cadre de La Poste ont été retenus : six mois de prison avec sursis pendant cinq ans, autrement dit une tentative de placer une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.
Ces condamnations manifestent une volonté de revanche à l’égard des militants : Gaël a été licencié et Yann révoqué, mais ils continuent leur intervention dans l’entreprise, c’est ce qui dérange La Poste et l’État. D’où la condamnation, qui constitue une tentative d’avertissement à toutes celles et ceux qui se dressent face à l’exploitation.
Du tac au tac : la colère et les perspectives de lutte
À l’annonce des condamnations, la sidération s’est lue sur de nombreux visages. D’abord parce que c’est l’action syndicale et l’outil de la grève qui sont directement attaqués.
Mais aussi parce que, concernant les faits de violence, de nombreux éléments prouvant leur inexistence avaient été apportées par les cinq postiers : la diffusion des images de vidéosurveillance dans la salle d’audience avait même amené la cadre de La Poste à remettre en cause ses accusations, et montré que c’étaient les grévistes qui avaient été agressés physiquement par les vigiles… et par la cadre elle-même !
Or, le choix est non seulement de maintenir l’accusation, mais même de « charger » les peines en passant des TIG réclamés par le procureur à la prison avec sursis.
À la sidération s’est donc jointe la colère, et ce sentiment d’injustice qui prend aux tripes tant la ficelle est grosse.
Mais, là encore, ce sont les interventions de Yann et Gaël à la sortie du tribunal qui ont vite fait basculer ces sentiments du côté de l’envie de continuer, de se battre, de ne pas se laisser abattre et de comprendre que ce combat n’est pas fini, que le cadre militant qu’il a suscité est un outil précieux pour la suite. Il faut obtenir la relaxe, la réintégration de Yann et Gaël et, au-delà, mener la lutte d’ensemble pour mettre un coup d’arrêt à la direction de La Poste comme à tous les patrons et aux gouvernements à leur botte.
Les postières et postiers ont fait appel : celui-ci est suspensif de toutes les peines.
Des suites militantes immédiates
Une réunion unitaire s’est tenue dès le 15 juillet. Un succès par le nombre d’organisations présentes, mais surtout par l’état d’esprit militant : la volonté de répondre à la guerre que nous déclare non seulement La Poste mais bien toute la classe dirigeante, par une riposte d’ensemble.
L’objectif est donc de travailler à élargir l’arc des forces qui soutiennent les cinq postiers. L’activité militante va continuer dans ce sens pendant l’été. L’intervention militante dans l’entreprise ne va pas être perdue de vue, bien au contraire : la combativité que les patrons essaient d’attaquer à travers les cinq va s’exprimer de manière offensive dans les services de La Poste. L’activité militante qui s’est manifestée dans les rassemblements du 10 juillet va s’amplifier, en partant de l’activité des postières et postiers eux-mêmes.
Édouard McBeyne