mardi 29 juillet 2025

duplomb

 

Des chefs cuisiniers contre la loi Duplomb

Alors que le nombre de signatures au bas de la pétition contre la loi Duplomb frôle maintenant le chiffre de 2 millions, les signataires viennent de recevoir l’appui public, dans Le Monde, de près de 400 professionnels de la restauration allant des chefs étoilés aux responsables de cantines responsables en passant par des bistrots et des collectifs de restaurateurs-paysans. Ils écrivent notamment : « Si nous prenons la parole aujourd’hui, c’est que nous sommes estomaqués par l’aveuglement de nos politiques et par les liens, devenus trop évidents, de ces derniers avec l’agro-industrie ». Et de poursuivre : « La loi dite ‘Duplomb’ est une insulte aux scientifiques, une insulte aux agriculteurs qui se passent des pesticides tous les jours, une insulte à la santé de tous, mais aussi une insulte à notre métier ». Et de conclure : « Aujourd’hui, nous sommes inquiets. Inquiets de l’avenir de notre alimentation qui subit de plein fouet la crise climatique et la perte de la biodiversité. Inquiets de la hausse effrayante des cancers. Inquiets de la qualité des produits que nous servons, qui ne semble que se détériorer, ces derniers contenant toujours plus de résidus de pesticides. Même l’eau que nous apportons à table, qu’elle soit minérale ou du robinet, est touchée par ce problème. Nous faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner. ». Empoisonner ? Le capitalisme s’en charge…

santé

 

La santé, oui, mais avec modération !






Dans le cadre du budget 2026, Catherine Vautrin, ministre de la Santé, a proposé un traitement de choc : retirer 5 milliards d’euros à son propre ministère. Tronçonner le budget de la Santé et achever les hôpitaux à coups de coupes budgétaires tout en accentuant la pression du patronat sur ses employés en arrêt. Tout un programme ! Rassurez-vous, c’est pour notre bien : il s’agit de nous « responsabiliser ». Nous abuserions trop de la Sécurité sociale : les temps changent, et tomber malade est devenu un loisir trop coûteux…

Plus tu tousses, plus tu payes !

Catherine Vautrin nous explique qu’« il faut arrêter avec cette idée que l’Assurance-maladie, ‘c’est gratuit, j’y ai droit’ ». Elle se félicite donc du doublement des franchises médicales (jusqu’à 100 euros par an), tout en nous rassurant : ce ne sera « que » 8 euros par mois, à régler directement au comptoir, pour bien faire ressentir le prix des soins aux consommateurs mal élevés que nous sommes.

Le gouvernement veut aussi « faciliter » la sortie des Affections Longue Durée (ALD) dès que le médecin déclare qu’on est « guéri », même après un AVC ou un cancer. Traduction : dès qu’on va un peu mieux, adieu la prise en charge à 100%. Par ailleurs, les cures thermales et certains médicaments jugés peu utiles pourraient aussi ne plus être entièrement remboursés. Autrement dit, ce sont surtout les plus modestes qui risquent de se retrouver coincés entre un traitement à poursuivre et un porte-monnaie vide.

Quand le patron devient le nouveau médecin traitant

Poursuivant dans sa chasse aux « abus », la ministre annonce que tout premier arrêt maladie sera limité à 15 jours en médecine de ville et un mois après une hospitalisation. Cerise sur le gâteau, elle évoque la possibilité que ce soient les employeurs qui paient les arrêts de 4 à 7 jours : une manière de donner carte blanche au patronat pour intensifier la pression sur les salariés malades.

Quand chaque réduction budgétaire creuse un peu plus le fossé entre ceux qui peuvent encore se soigner et ceux qui comptent leurs boîtes de médicaments, on comprend que la rigueur budgétaire n’est pas neutre : elle choisit ses cibles !

Martin Eraud

dimanche 27 juillet 2025

AFPS GUINGAMP

 

Le groupe AFPS du pays de Guingamp communique:


Un État palestinien libéré de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid israélien

Ce 24 juillet, Emmanuel Macron annonce une nouvelle fois qu’il va reconnaître l’État de Palestine. Pourquoi dans deux mois et pas maintenant, lui seul le sait. Cela fait plus de 10 ans que le Parlement français a voté dans ce sens. On est donc autorisé à dire : "enfin !"

Enfin, après des années de mobilisation, cette exigence du mouvement de solidarité semble devoir aboutir malgré l’opposition virulente des soutiens inconditionnels d’Israël qui refusent avec acharnement d’envisager l’existence d’un État palestinien.

Dans sa précédente annonce, Emmanuel Macron conditionnait son intention de reconnaître l’État de Palestine à la reconnaissance d’Israël par les États arabes qui ne l’ont pas encore fait.

Cette fois-ci, il entend que l’État palestinien soit démilitarisé. Ainsi le président de la France se permet de décréter que le peuple palestinien ne pourra pas assurer sa propre sécurité dans l’exercice de son droit à l’autodétermination. Pour assurer la sécurité d’Israël, un État palestinien souverain devrait être désarmé ! Mais rien n’est dit sur la sécurité et la protection du peuple palestinien que ni la France, ni l’Union européenne, ni la communauté internationale, n’ont été capables d’assurer depuis des années et plus particulièrement depuis le début du génocide en cours à Gaza.

Envisagerait-t-il la démilitarisation de l’État d’Israël pour assurer la protection de l’État de Palestine ? Pourtant ce serait un élément essentiel pour assurer la protection de tous les voisins d’Israël et la paix dans la région.

Le droit à l’autodétermination des peuples est inconditionnel et inaliénable. La reconnaissance par la France ne peut et ne doit être assortie d’aucune condition. Par contre elle doit s’accompagner des actes qui permettront que cette reconnaissance ait un véritable sens. Qu’est-ce qu’un État dont le peuple vit sous occupation militaire, subit la colonisation de sa terre et un régime d’apartheid ?

Le 18 septembre 2024, 124 États dont la France ont voté une résolution exigeant qu’Israël mette fin à l’occupation et à la colonisation du territoire palestinien avant le 18 septembre 2025, c’est à dire dans moins de deux mois. Cette résolution est assortie de nombreuses obligations pour les États permettant de faire pression sur Israël pour qu’il respecte enfin le droit international. À deux mois de l’échéance, la France n’a envisagé aucune des mesures qu’elle doit prendre pour respecter cette résolution qu’elle a pourtant votée.

Si la volonté de la France est véritablement de reconnaître un État palestinien souverain, c’est bien à la fin de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid qu’elle doit œuvrer. Elle a tous les outils pour le faire maintenant : il suffit qu’elle se conforme à cette résolution de l’ONU.

Dans le cas contraire, cette reconnaissance ne changera rien à la vie des Palestiniens. Ils n’ont que faire d’attendre que le président de la France prenne solennellement la parole à l’ONU dans deux mois. Combien de milliers d’entre eux, d’ici là, seront morts de faim ou sous les tirs des snipers, sous les bombardements ? Avec les Palestinien-nes, nous voulons voir l’aide humanitaire entrer à Gaza, les criminels de guerre traduits devant la Cour pénale internationale. Avec les Palestinien-nes, nous voulons voir la France passer aux actes et prendre des sanctions contre Israël pour montrer à Benjamin Netanyahou que l’impunité, c’est terminé et que l’occupation, la colonisation et l’apartheid doivent prendre fin, comme l’a précisé la Cour internationale de justice le 19 juillet 2024. Un État de Palestine sans que soit réaffirmé le droit au retour des réfugié-es palestinien-nes n’aurait pas de valeur aux yeux des Palestinien-nes.

C’est à ces conditions seulement que nous pourrons, avec les Palestinien-nes, nous réjouir de voir la France reconnaître un État dans lequel le peuple palestinien pourra décider de la manière dont il entend exercer son droit à l’autodétermination sans subir la tutelle de ceux qui prétendent décider de son avenir à sa place.

Le groupe AFPS pays de Guingamp

Le 26 juillet 2025

contact: afpspaysguingamp@gmail.com

REVO 39

 


LULA

 

Bras de fer Trump/Lula : qui aura la garde de Bolsonaro ?

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump multiplie les menaces et les coups de pression à l’encontre des États du monde entier à coups de hausses de droits de douane afin de réaffirmer l’hégémonie commerciale américaine. Aujourd’hui, ce sont vingt-deux pays qui sont dans le viseur du président américain, dont le Brésil, ciblé aussi pour des raisons politiques. Il accuse ses dirigeants d’une « chasse aux sorcières » contre l’ancien président d’extrême-droite, Jair Bolsonaro (à la présidence de 2019 à 2022), poursuivi pour tentative de coup d’État. Trump menace l’État brésilien d’une hausse des droits de douane de 50 % si le procès de Bolsonaro n’est pas suspendu. Depuis, réciprocité des taxes du côté brésilien et perquisition du domicile de Bolsonaro, refus de visas de magistrats brésiliens de l’autre. Jusqu’où ira le bras de fer ?

Trump et Bolsonaro, affinités électives

Lundi 7 juillet, Donald Trump envoie donc une lettre (personnelle !) à Lula, le président brésilien, dans laquelle il le menace d’augmenter de 50 % les droits de douane sur les produits de son pays importés aux États-Unis, qui s’ajouteraient aux taxes sectorielles préexistantes. Cette mesure s’appliquera le 1er août, en même temps que les hausses des taxes douanières de 30 % concernant les importations venant du Mexique et de l’Union européenne. Pour ce qui est du Brésil, son objectif assumé est l’annulation du procès contre Jair Bolsonaro qui risque quarante ans de prison pour tentative de coup d’État. Et cela, à un an des élections.

Après avoir été soupçonné d’une tentative d’évasion du pays, Bolsonaro a été placé sous bracelet électronique et soumis à de nombreuses interdictions, comme celle d’apparaître médiatiquement, d’accéder à ses réseaux sociaux, ou d’entrer en contact avec des ambassades – il est soupçonné de vouloir fuir le pays, pourquoi pas en utilisant celle des États-Unis. De son côté, Donald Trump est lui-même un habitué des cours de justice – il a été visé par six procès et condamné à deux reprises, et n’a jamais hésité à insulter les juges en les traitant de « corrompus » ou de « diaboliques ». Il ne pouvait donc pas laisser passer ces attaques et ces restrictions « liberticides », « antidémocratiques » contre Bolsonaro, et a menacé des magistrats de la Cour suprême brésilienne d’interdiction de visa pour les États-Unis.

Bolsonaro présente un autre avantage pour Trump. Outre leurs affinités politiques réactionnaires, Bolsonaro défend une politique économique alignée sur celle des États-Unis, contrairement à Lula qui préfère continuer le rapprochement avec la Chine, principal fournisseur du Brésil et partenaire de ce dernier au sein des BRICS+, ce qui a conduit Bolsonaro à déclarer en pleine campagne que « la Chine achète le Brésil ». Parmi ces liens, l’exportation de nouvelles technologies de la Chine au Brésil, l’ouverture d’usines comme celle de voitures électriques de BYD à Bahia, l’émergence de la Nouvelle banque de développement (NBD), dirigée par Dilma Rousseff, (ancienne présidente et proche de Lula), visant à concurrencer le FMI et la Banque mondiale, l’ouverture par le Brésil d’un bureau de conseil fiscal en Chine, etc. C’est d’ailleurs ce rapprochement, particulièrement visible au Brésil, qui a poussé Trump à annoncer des taxes douanières de 10 % supplémentaires pour tous les pays qui s’alignent sur les « politiques anti-américaines » des BRICS, lesquels en fait ne sont pas un bloc unifié, mais négocient chacun bilatéralement leurs relations économiques avec les États-Unis.

Bolsonaro, défenseur du parrain américain

Évidemment, Bolsonaro exprime sa « gratitude éternelle » au président américain qui le protège d’un « crime inexistant ». Le même genre de crime invisible dont Trump et ses soutiens se sont rendus coupables le 6 janvier 2021 en prenant d’assaut le Capitole parce qu’ils récusaient l’élection de Biden. Deux ans plus tard, le 8 janvier 2023, les soutiens de Bolsonaro envahissaient la place des Trois pouvoirs à Brasilia – qui concentre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire –, suite à sa défaite aux élections présidentielles face à Lula, imitant ainsi celui qui le « traite comme un frère ». Depuis, les bolsonaristes dénoncent la « dictature » qu’impose Lula au Brésil (tout en étant nostalgiques de la dictature militaire !).

Il paraît alors logique que deux frères se filent des coups de main. Le fils de Jair Bolsonaro, Eduardo Bolsonaro, actuellement aux États-Unis, a remercié Trump de vouloir faire du Brésil un pays à nouveau libre (« Make Brazil Free Again »). De plus, les bolsonaristes ont appelé à des manifestations (peu nombreuses à l’heure actuelle) de solidarité à l’ancien président et contre la dictature qu’imposerait Lula.

La seconde cible des bolsonaristes est Alexandre de Moraes, président du Tribunal supérieur électoral. Aux côtés de Lula, il est accusé d’être un dictateur et d’empêcher la démocratie au Brésil. C’est lui en effet qui a fait perquisitionner le domicile de l’ancien président et l’a menacé de prison ces dernières semaines. Cela lui vaut insultes et surnoms de la part de Bolsonaro et de ses soutiens : « canaille », « mensonge en personne » ou encore « dictateur communiste ». Pour autant, loin d’être communiste, Alexandre de Moraes est lui-même un homme de droite qui n’a aucun problème avec l’usage de la force. Alors adjoint à la sécurité publique de l’État de Sao Paulo, sa police, selon la chaîne TV Globo, commettait un homicide sur quatre dans la ville. Puis, en tant que ministre de la Justice, il dénonçait les mouvements de gauche tout en justifiant les violences policières, une attitude qui n’est pas étrangère à celle de Bolsonaro. Reste que Moraes défend la république tandis que Bolsonaro et ses soutiens, sont nostalgiques de l’époque de la dictature militaire. Deux politiques différentes mais qui servent les intérêts de la bourgeoisie brésilienne dans les deux cas. Ce que Lula n’oublie pas non plus.

Lula tape du poing sur la table ?

« Ce n’est pas un gringo qui va donner des ordres au président de la République. » C’est ainsi que s’est adressé Lula à des étudiants pour parler du conflit avec Trump. Et le président brésilien de signer un décret permettant l’application de la « Loi de réciprocité », laquelle, comme son nom l’indique, vise à pouvoir répondre économiquement aux attaques unilatérales de pays ou de blocs économiques. Mais, au-delà des postures, Lula, comme la bourgeoisie brésilienne qui le soutient, n’entend pas mener le bras de fer avec le président étasunien jusqu’au bout, mais bien négocier au mieux face à cette attaque de la première puissance mondiale.

Pour l’heure, quelle que soit l’issue de ce bras de fer, Trump offre un formidable coup de com’ au président brésilien de gauche, qui s’affiche dès lors comme un dirigeant fort, prêt à rassembler le peuple brésilien derrière lui. Lula grimpe dans les sondages à un an des élections. La bourgeoisie brésilienne hésite aujourd’hui sur son champion et vers quel parrain se tourner.

La hausse de popularité actuelle de Lula montre qu’une partie de la population et des classes populaires brésiliennes refusent de subir les attaques de Trump. Mais ce n’est pas Lula qui assurera la défense des travailleurs brésiliens. Lula se présente comme le sauveur des Brésiliens face à Trump (et Bolsonaro), mais cela ne l’empêche pas de continuer à vendre à des multinationales des terres pétrolifères proches de l’Amazonie, ou d’intensifier la déforestation, en augmentation de 9,1 % sur la dernière année. Il ne s’agit pas pour lui de défendre les intérêts des classes populaires brésiliennes, mais les marges des entreprises du pays et de leurs actionnaires. La seule défense sur laquelle les travailleurs peuvent compter, c’est leur propre mobilisation. Certaines organisations révolutionnaires au Brésil montrent la voie en appelant à manifester et à se mobiliser, notamment dans les entreprises les plus touchées par les taxes. La force des travailleurs réside dans leur place dans la société et dans un marché mondial dont dépendent aussi les États-Unis et qui pourrait mettre à mal les plans actuels de Trump.

François Cichaud et Ainhoa Bosc

 

 


 

 

États-Unis et Brésil : quels liens ?

La hausse de 50 % des droits de douane aura des conséquences sur l’économie brésilienne (et étasunienne) qui pourrait y perdre 10 millions de dollars. Ce sont 12 % des exportations brésiliennes qui sont destinées au commerce avec les États-Unis, représentant 1 % de leur PIB (contre 30,7 % des exportations vers la Chine). Ces taxes auraient néanmoins un impact direct sur l’industrie, notamment celle de la ville de Sao Paulo ; la part principale de la production industrielle leur est destinée.

Pour les États-Unis, certaines ressources, notamment agricoles verraient leur prix exploser comme le café, dont un tiers de celui qui est consommé provient du Brésil. Inversement, le Brésil importe de nombreux produits des États-Unis, notamment en matière d’aéronautique de pétrole et d’équipements industriels et électriques. Autrement dit, des équipements particulièrement utiles dans un contexte de hausse du militarisme et des tensions impérialistes ?

F.C. et A.B.