À Angers, à Nantes et partout ailleurs : bannir les pesticides et l’agro-industrie
Alors que le préfet
d’Angers venait de prolonger la suspension de l’utilisation du
metam-sodium en agriculture après les intoxications survenues au début
du mois en Maine-et-Loire, le gouvernement vient d’étendre cette
suspension à tout le territoire jusqu’à janvier 2019 (arrêté du 25/10).
Il désavoue ainsi la préfète de Nantes qui s’était refusée à toute
suspension de l’utilisation de ce biocide tant qu’il n’y avait pas de
victimes dans son département. Pour autant, l’utilisation du
metam-sodium étant concentrée sur septembre et octobre, la tardive
interdiction temporaire du gouvernement ne chagrinera pas trop les
requins de l’agro-industrie...
L’affaire des intoxications au metam-sodium survenue en Maine-et-Loire (voir notre article du 11 octobre)
met en avant le danger des biocides de synthèse. “Hasard” de
l’actualité, on vient d’apprendre que près d’un tiers des ruches avait
disparu l’hiver dernier en France, pour une large part à cause des
néonicotinoïdes. Le nécessaire combat contre les pesticides reste donc
d’une actualité brûlante. Ainsi faut-il soutenir les initiatives comme
l’appel-pétition “Nous voulons des coquelicots” et
les rassemblements chaque premier vendredi du mois à 18h30 (à Angers,
au Ralliement le 2 novembre). Mais, au-delà, c’est bien la question des
impasses mortelles de l’agro-industrie capitaliste qui est posée.
Ces impasses mortelles,
la préfète de Loire-Atlantique, celle-la même qui a fait donner la
troupe et les blindés contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, les avait
“assumées” sans vergogne pour le metam-sodium : “En l’absence
d’intoxications dans le département, il n’y a pas de raison de prendre
un tel arrêté [de suspension] pour la Loire-Atlantique” (Courrier de
l’Ouest du 24/10/2018). Autrement dit : “ne rien faire tant qu’il n’y a
pas de victimes !”. À moins de penser que l’organisme des Bretons
résiste mieux au metam-sodium que celui des Angevins, c’était énoncer un
anti-principe de précaution... La préfète confirmait ainsi que ce sont
bien les capitalistes qui gouvernent l’État français (en l’occurrence,
les agro-industriels de Loire-Atlantique qui produisent 90% de la mâche
française et dont les tentatives d’extension en Maine-et-Loire ont
justement conduit aux récentes intoxications) et que cet État n’est pas
au service des populations et de leur santé.
Ces impasses mortelles,
Mme Lambert, notre très angevine présidente de la FNSEA, les assume
aussi dans le Courrier de l’Ouest du 25 octobre, quoique de manière
moins brutale et même avec une certaine dose de sincérité qui révèle en
négatif comment une grande partie du monde agricole a pu se laisser
entraîner dans la spirale anti-écologique de la concurrence et du
productivisme à outrance. L’enquête préfectorale a révélé à quel point
les consignes sanitaires et administratives pour l’utilisation du
metam-sodium étaient méconnues des agriculteurs du département, ce qui a
motivé la prolongation de la suspension. Mme Lambert ne pouvait
l’ignorer au moment de l’interview et a la prudence de ne pas
“cautionner” les “manquements” (sic) des exploitants mis en cause dans
les intoxications. Mais elle se contente de limiter le problème à celui
de la mâche et à une mauvaise utilisation du metam-sodium. Relativisant
les effets positifs de la rotation des cultures (plus conforme à une
agriculture paysanne qu’à l’agro-industrie) elle continue à vanter les
mérites de la monoculture en citant l’exemple (unique !) du maïs dont
l’indice de fréquence de traitement par produits phytosanitaires serait
très bas (mais pas nul !). Elle oublie au passage que la culture du maïs
est gourmande en eau au point d’assécher les nappes phréatiques...
Surtout, elle raisonne en permanence selon des critères marchands de
rentabilité immédiate, soulignant que la mâche est en Suisse beaucoup
plus chère parce que le metam-sodium y est interdit ou que le désherbage
mécanique est bien plus coûteux que le traitement par produits
phytosanitaires. Enfin, elle ressort l’argument éculé qu’il ne faut rien
faire tant que les scientifiques ne sont pas tous d’accord sur la
nocivité d’un produit comme le glyphosate ! Elle fait mine de répondre
aux aspirations à une nourriture plus saine et à la sauvegarde de notre
environnement en proclamant “Le monde bouge, bougeons !”, mais ce
bougisme irréfléchi montre plutôt que la FNSEA est incapable de prendre
la moindre mesure “positive” sans y avoir été contrainte. L’interview
dévoile une agro-industrie capitaliste sur la défensive qui ne peut plus
agiter que le sentencieux “on ne peut pas faire autrement, il n’y a pas
d’alternative”.
Or, on peut faire
autrement. À condition de sortir l’agriculture de la logique capitaliste
et de la dépendance aux grands trusts chimiques... À condition de
développer une agriculture paysanne privilégiant des exploitations à
taille humaine et préservant au plus près les équilibres naturels... La
rotation des cultures, les circuits courts, le développement de cultures
maraîchères autour des villes sont autant de pistes à creuser pour une
agriculture efficace et saine permettant de nourrir l’humanité. Cela
n’exclut nullement, par exemple, qu’elle s’appuie sur la recherche
scientifique pour sélectionner des espèces résistantes mais toujours
dans le respect de la biodiversité, seul passeport pour un avenir
durable.
Nos vies et la nature valent plus que leurs profits !
26 octobre, par NPA 49