mardi 15 avril 2025

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Coupes budgétaires dans l’associatif et le social : un choc social de grande ampleur

Alors que le gouvernement annonce un nouvel « effort » de 40 voire 50 milliards d’euros pour le budget 2026, revenons sur les effets des coupes déjà massives qui ont eu lieu depuis un an. Ce choc social, sous prétexte de lutte contre la dette de l’État, lamine des pans entiers du secteur associatif et social et aggrave la paupérisation des classes populaires, notamment les précaires et les plus fragiles.

Associations au pain sec

Le Mouvement associatif (porte-parole de la moitié des associations en France) sonne l’alarme : un tiers des associations ayant répondu à une enquête récente1 ne pourront pas remplacer les départs ou devront annuler des recrutements prévus ; 8 % envisagent de licencier. Cette saignée sociale, conséquence directe de la baisse des financements de l’État et des collectivités, dans un secteur déjà fragilisé par la crise du Covid et l’inflation, se traduira pas une baisse d’activités, même pour les associations qui reposent sur le bénévolat. Moins d’activités sportives pour les enfants, d’aide à l’insertion professionnelle, de cours de langue pour les migrants, d’activités culturelles et artistiques dans les écoles, les quartiers, etc.

Un plan social massif sur un air de tronçonneuse

Ces difficultés financières se traduiront aussi par une vague massive de suppressions d’emplois d’éducateurs, de salariés associatifs, etc. Les structures menacées sont des milliers et il est évidemment difficile de se faire une idée exacte du nombre d’emplois qui sont ou qui vont être supprimés. Rien que pour le secteur du social, les chiffres sont massifs : les employeurs du secteur social (Udes) estimaient en octobre dernier le nombre de licenciements à venir à 186 000. Une estimation sans doute basse… de la part de ceux-là mêmes qui répercutent les baisses et mettent en œuvre les licenciements…

En région Pays de la Loire, Christelle Morançais (ex-LR passée à Horizon, le parti de l’ancien Premier ministre de Macron et déjà-candidat à la présidentielle 2027 Édouard Philippe) a été parmi les premières à sortir la tronçonneuse fin 2024 en coupant 75 % du budget culturel et social, soit 100 millions d’euros. Associations culturelles, festivals, salles de spectacles, cinéma, mais aussi sports, solidarités, égalité femmes-hommes, etc. des centaines de structures et des milliers d’emplois sont menacés. Comme, l’association Mobilis, pôle régional du livre et de la lecture, qui vient d’annoncer le licenciement de la totalité de ses cinq salariés cet été. Elle devra supprimer une bonne partie de son soutien aux auteurs et de ses activités d’accompagnement à la lecture en zone rurale et en Ehpad.2

Suppression d’aides sociales et concurrence entre les pauvres

Les coupes touchent aussi directement les bénéficiaires des aides sociales, comme en Lorraine, où les secours d’aide à l’enfance (SAE) qui permettent d’assurer un minimum vital aux enfants en situation de précarité, seront réduits sur décision du département. Les familles étrangères sont même sommées de fournir des justificatifs récents de leurs démarches de régularisation… ce qui les exclut de fait, vu les délais de traitement dans les préfectures ! Ou comment, au passage, instaurer une préférence nationale qui ne dit pas son nom !

Dans le Nord, le département avait annoncé couper trois millions de financement aux associations de prévention spécialisée, ce qui aurait eu pour conséquence de supprimer 60 postes d’éducs, et de laisser des centaines de jeunes et familles sur le carreau. Mais 1 300 salariés ont manifesté début février, poussant le président du département à retirer sa mesure deux semaines plus tard.

Les coupes budgétaires ne sont pas une fatalité

Frappés par l’austérité, les salariés du social ont ainsi montré leur refus de laisser faire. En Pays de la Loire, des artistes et des salariés d’associations ont manifesté contre les coupes. Dans d’autres départements (Essonne, Doubs, Gironde, Rhône…), les salariés ont fait grève et manifesté, sans pour autant que les coupes soient annulées. Le succès des grèves et manifestations du 1er avril, qui ont réuni près de 30 000 personnes, a permis à ces mobilisations de dépasser le cadre du boîte par boîte ou département par département. Réunis en assemblée générale dans de nombreuses villes, les grévistes se sont également fixé l’objectif  de poursuivre la mobilisation avec une semaine de mobilisation prévue autour du 15 mai.

Correspondants

 

 

1  https://lemouvementassociatif.org/la-sante-financiere-des-associations-un-constat-alarmant

2  https://www.mediacites.fr/complement-denquete/nantes/2025/02/20/coupes-budgetaires-de-christelle-morancais-premiers-licenciements-dans-la-filiere-du-livre/