samedi 21 août 2021

             ALGUES VERTES LE FEUILLETON CONTINUE MAINTENANT LOCQUIREC DANS LE TREGOR FINISTERIEN

 

 

Algues vertes à Locquirec. « L’hydrogène sulfuré, un gaz toxique également présent dans le sable » (Ouest-France)

Si les efforts commencent à payer dans l’anse de Locquirec (Finistère), ce gaz toxique issu des algues vertes en décomposition est tout de même présent en plusieurs endroits. À Pors-ar-Villiec, on le mesure notamment dans le sable, ce qui, selon Yves-Marie Le Lay, auteur d’un livre sur le sujet, peut être dangereux pour les enfants s’y aventurant.

Yves-Marie Le Lay creuse le sable, qui, à cet endroit prend une couleur noirâtre « caractéristique de la présence d’hydrogène sulfuré ». | OUEST-FRANCE
Ouest-France Delphine VAN HAUWAERT. Modifié le 19/08/2021 à 18h00 Publié le 19/08/2021 à 17h19
 
 


« Regardez, des enfants jouent pas loin, alors que dans le sable ici, il y a de l’hydrogène sulfuré. » Yves-Marie Le Lay désigne une zone à l’est de la plage de Pors-ar-Villiec, à Locquirec (Finistère), dans laquelle des algues (vertes, brunes et rouges) s’accumulent dans des mares, entre les rochers, pendant plusieurs jours à plusieurs semaines en fonction des coefficients de marées.

À l’est de la plage de Pors ar Villiec, à Locquirec, Yves-Marie Le Lay a détecté de l’hydrogène sulfuré dans des sédiments à proximité d’une zone rocheuse, où un mélange d’algues (vertes, rouges et brunes) s’amoncelle régulièrement. | OUEST-FRANCE

Le problème ne vient pas tant de ces tas d’algues que « des sédiments » à proximité. Pour le prouver, le militant écologiste allume son détecteur de sulfure d’hydrogène (H2S), visant à mesurer, en parties par million de molécules d’air (ppm), ce gaz issu de la décomposition des algues vertes.

Couleur noirâtre

Armé d’une pelle à main, Yves-Marie Le Lay creuse le sable en divers endroits de la zone. Ça sent fortement l’œuf pourri, et en effet, à 5 ou 10 cm de profondeur, le sable prend une couleur noirâtre « caractéristique de la présence d’hydrogène sulfuré ». À chaque fois, le détecteur réagit, affichant des valeurs de 12 à 200 ppm, en fonction du degré d’humidité du sable.

Un détecteur de sulfure d’hydrogène permet de mesurer la présence de ce gaz dans les sédiments. | OUEST-FRANCE

On est loin des 500 ppm à partir desquels cela devient critique pour l’homme, mais l’auteur du livre Algues vertes, un scandale d’État : nitrates et gaz toxiques, 50 ans de déni rappelle que selon l’agence régionale de santé de Martinique (où de l’hydrogène sulfuré est observé en raison d’algues brunes, les sargasses), de faibles valeurs peuvent entraîner « des gênes respiratoires, des maux de tête, irritations oculaires ou de la gorge », phénomènes pouvant être « accentués chez les personnes sensibles et vulnérables ».

Dans cette zone, 48,4 ppm sont enregistrées. | OUEST-FRANCE

Yves-Marie Le Lay l’admet, « personne ne viendra poser sa serviette ici », mais le risque, selon lui, porte plutôt sur les enfants. « En creusant des trous, ils peuvent en prendre plein le nez. »

Surtout dans le sable

Le président des associations Dour ha Douar et Sauvegarde du Trégor Goëlo-Penthièvre a écrit récemment au maire, afin d’alerter sur le fait que « l’hydrogène sulfuré n’est pas seulement présent dans les tas d’algues échouées en phase de putréfaction, mais aussi et surtout dans le sable ou la vase, là où elles se déposent régulièrement. Ce gaz toxique issu de leur décomposition séjourne alors des mois après les derniers échouages et en leur absence visible. »

Yves-Marie Le Lay creuse le sable, qui, à cet endroit, prend une couleur noirâtre « caractéristique de la présence d’hydrogène sulfuré ». | OUEST-FRANCE

Les ramassages organisés au Moulin de la rive sont donc utiles, mais « il faudrait aussi recenser toutes les autres zones à risque » et intervenir quand c’est possible. « Dans l’estuaire du Douron, c’est compliqué, mais on peut déconseiller aux personnes d’aller là-bas. » À Pors-ar-Villiec en revanche, « il suffirait d’enlever les algues dès échouage, pour éviter qu’elles ne pourrissent ».

Si « nous sommes loin d’atteindre ici les niveaux de pollution toxique de la commune d’Hillion et de ses voisines », le Locquirécois rêve « d’un suivi journalier du littoral de la commune », qui se traduirait par un signalement « des zones à risques sur place et sur le site de la mairie ». Loin d’être un frein à la fréquentation touristique selon lui, cette information, « unique en Bretagne », pousserait au contraire un public « rassuré » à fréquenter ses plages.