jeudi 14 janvier 2021

carhaix

 

LE POHER HEBDO

Matthieu Guillemot dénonce les “menaces” du préfet du Finistère

Après la réception d’un courrier du préfet du Finistère, Matthieu Guillemot dénonce des menaces et une intimidation du préfet du Finistère, Philippe Mahé. Et envisage même de porter plainte.

Le 11 décembre dernier, Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, Philippe Mahé, préfet du Finistère, et Léa Poplin, sous-préfète de Châteaulin étaient en visite à Carhaix. Ils visitaient la mission locale, afin d’échanger avec les jeunes en formation.

À leur arrivée, ils sont interpellés par Matthieu Guillemot. « À ce moment-là, cela faisait quatre mois qu’on n’arrivait plus à se tirer de salaire, ma compagne et moi, explique le restaurateur. On continue à avancer de l’argent pour nos deux salariés, même s’ils sont au chômage partiel. J’avais donc envie d’expliquer la situation aux élus et aux représentants du gouvernement. Et notamment cette question : ont-ils perdu, eux, un seul euro depuis le début de la crise ? Ils prennent des décisions, mais c’est nous qui payons l’addition… »

Taquiné Ferrand

Il échange d’abord avec Richard Ferrand. « Je lui décris notre situation, explique Matthieu Guillemot, en le taquinant un peu. Il ne m’a pas répondu grand-chose. »

Le ton monte en revanche rapidement avec la sous-préfète de Châteaulin, sans cependant tenir de propos grossiers. « Je l’avais déjà rencontré, indique le restaurateur. J’avais trouvé ses réponses aberrantes. Cette fois-là, j’ai trouvé son attitude désinvolte. J’ai parlé fort, mais sans insulter personne. Et, surtout, je n’ai pas échangé avec le préfet Philippe Mahé. » La sous-préfète l’invite à prendre contact avec lui pour évoquer les aides gouvernementales possibles.

Missive préfectorale

Puis, début janvier, Matthieu Guillemot reçoit une lettre du préfet. La missive commence par ces mots « Vous avez attiré mon attention, dans des termes déplacés et intolérables, que je n’accepterai plus, sur la situation financière de votre entreprise de restauration… » Elle énumère ensuite la liste des mesures gouvernementales. De quoi faire réagir celui qui est aussi un militant de longue date au NPA et n’est pas forcément connu dans le Poher pour avoir sa langue dans sa poche…

« Je suis choqué ! tonne-t-il. J’aurais préféré un peu d’empathie plutôt que ces menaces ! Ai-je droit à un traitement spécial ? Le préfet cherche-t-il à diaboliser une personne qui a choisi d’exercer son droit légitime à la critique et de manifester ? Quand il m’écrit qu’il n’acceptera plus, je lui réponds : sinon quoi ? »

Surtout, le militant du NPA y voit une extension de la politique actuelle du gouvernement. « C’est lié à une politique nationale où tout se durcit, où pas une tête ne doit dépasser. On le voit avec le projet de nouvelle loi sur la sécurité publique. C’est une véritable justice de classe. Les gens modestes n’ont plus le droit que de se taire, sinon c’est le coup de bâton… » Autant dire que Matthieu Guillemot est remonté. « J’ai juste voulu dire qu’on était en difficulté. Qu’on veut juste travailler et vivre au pays. »

« Je me réserve le droit de
porter plainte contre le préfet »

Estimant que cette lettre tient « de la répression politique », Matthieu Guillemot envisage désormais de porter plainte contre le préfet du Finistère « pour abus de pouvoir, intimidation et menace ». Tout en s’interrogeant : « Un préfet dans les temps de crise actuels n’a-t-il pas autre chose à faire que d’écrire à un restaurateur et à un militant politique ? » En tout cas, pour souhaiter les vœux de bonne année, c’est raté…

 

NOTE DU COMITE: nous apportons évidemment notre soutien à Matthieu , les intimidations à son égard constituent une nouvelle démonstration des dérives autoritaires de l'appareil d'Etat.