« Routes nationales de France » : vers la privatisation du réseau routier ?
NPA, 1er juillet 2018
Depuis la loi de
décentralisation de 2004 qui transférait la gestion de routes nationales
aux départements, et la privatisation des autoroutes en 2005, il ne
reste aujourd’hui plus que 12 000 km de routes sous la compétence de
l’État. Les infrastructures se dégradent, et on estime aujourd’hui qu’il
faudrait investir 4 milliards d’euros en dix ans pour les rénover.
C’est dans ce contexte que le
gouvernement réfléchit à la constitution d’un Établissement public
industriel et commercial (comme la SNCF…) « Routes nationales de
France » qu’il inscrirait dans sa loi d’orientation sur les
« mobilités ». L’EPIC regrouperait aussi bien les directions
interdépartementales des routes, les services maîtrise d’ouvrage des
directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du
logement (DREAL)… que les sociétés concessionnaires d’autoroutes comme
Vinci.
Casse des statuts et externalisation au programme
En lien avec CAP 2022, il
permettrait de sortir 9 000 agents du budget de l’État. Il ne serait
plus financé par l’impôt mais par des redevances payées par les
automobilistes. Ce serait la masse salariale qui servirait de variable
d’ajustement, l’EPIC devant générer 50 % de son budget de fonctionnement
sur ses fonds propres. Les recrutements se feraient hors statut et des
missions pourraient être externalisées.
Il apparaît clairement que ce
gouvernement a pour ambition de privatiser à terme ce qu’il reste du
réseau routier national. 79,1 % de la population se déplace en voiture,
parcourant en moyenne 13 000 km par an et par automobiliste. Avec la
fermeture des lignes locales de train et le recul plus général des
services publics dans les territoires, les populations n’auront pas
d’autre choix que prendre davantage encore le volant, ce qui permettra
aux grands groupes privés de se constituer des rentes comme pour les
autoroutes.
Aberration écologique
La question écologique se
pose également. En effet, le transport routier est le mode de transport
le plus polluant, sans parler de l’imperméabilisation des sols et de la
destruction des écosystèmes dues aux infrastructures. Il faut d’ailleurs
noter qu’avec ce projet, les automobilistes paieraient au total plus
que les poids lourds, alors que ces derniers polluent plus et dégradent
davantage les routes.
Là encore, on peut voir
l’hypocrisie d’un gouvernement qui se réclame de l’écologie, du
développement durable et qui sacrifie le bien commun aux intérêts des
entreprises.
Le NPA refuse cette logique
et se bat pour la construction d’un grand service public des transports.
Un service public qui permet le désenclavement des territoires, assure
la complémentarité entre les différents moyens de transport,
l’intermodalité et l’entretien des infrastructures. Cela ne peut passer
que par l’expropriation des grands groupes capitalistes, et notamment
ici des sociétés concessionnaires d’autoroutes, du BTP, du transport…
Correspondant