jeudi 29 mars 2018

 LES AVENTURES DE JEAN PIERRE DENIS, suite, mais sans doute pas la fin....

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L’affaire du Crédit mutuel Arkéa tourne à la bouffonnerie

 PAR 
 
Les autorités de tutelle des banques viennent de mettre en garde la branche bretonne du Crédit mutuel qui veut faire sécession : chacune des 331 caisses locales qui se lancerait dans l’aventure perdrait son statut mutualiste et devrait demander un agrément pour conserver son statut d’établissement de crédit.
Pour Jean-Pierre Denis, le patron du Crédit mutuel Arkéa (CMA), qui regroupe les fédérations du Crédit mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif central, c’est un très grave camouflet : alors qu’il a commencé depuis le 23 mars à organiser un vote au sein des 331 caisses de son groupe pour se séparer de la Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM), et constituer un groupe bancaire indépendant, la Banque centrale européenne (BCE), qui est désormais le gendarme des banques en Europe, et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (APCR, l’organisme de supervision qui dépend de la Banque de France) viennent de lui adresser un courrier en forme de mise en garde solennelle, en date du 22 mars 2018, c’est-à-dire la veille même de l’ouverture du scrutin.

Voici ce courrier, frappé de la mention « BCE – Confidentiel » :

Ce courrier constitue un événement majeur dans la folle aventure dans laquelle Jean-Pierre Denis a lancé Arkéa (lire ici notre enquête). Jusque-là, les autorités de tutelle des banques avaient fait comprendre qu’elles n’étaient pas favorables à ce projet d’indépendance mais sans s’y opposer frontalement. Côté français, la puissance publique avait adopté une position similaire : elle avait fait savoir qu’elle n’envisagerait pas de changer la loi mais qu’elle ne s’opposerait pas à un schéma d’indépendance s’il s’avérait qu’il était possible sans modification législative. Pendant de longues semaines, Jean-Pierre Denis a donc joué de ces ambiguïtés pour continuer sa fuite en avant, prétendant en toutes circonstances que son projet d’indépendance n’avait en aucun cas pour but de faire une galipette financière, en préparant une introduction en Bourse d’Arkéa. À de nombreuses reprises, il a prétendu au contraire que son projet était de préserver le statut mutualiste et coopératif de la banque.
Or ce nouveau courrier des autorités de tutelle des banques ruine radicalement l’argumentaire de Jean-Pierre Denis et met au jour le caractère très aventureux de son projet : aventureux pour les caisses locales concernées et pour tous les salariés qui y travaillent.Lisons ! « Sans se prononcer sur l’exactitude ou la complétude du dossier élaboré par le CMA, la BCE et l’APCR estiment nécessaire de rappeler qu’il revient au CMA, et non aux autorités de supervision, d’identifier le schéma d’organisation cible des entités du CMA qui feraient le choix de quitter le Crédit mutuel », disent pour commencer les autorités de supervision. Cette première remarque est, à elle seule, ravageuse : elle signifie en creux que Jean-Pierre Denis a commencé à faire voter les caisses locales, mais sans que celles-ci ne disposent du « schéma d’organisation » de la future banque. En clair, les caisses locales ont commencé à voter, mais à l’aveugle, sans qu’un projet soit clairement mis sur la table. Brutalement dit, il s’agit donc plutôt d’un référendum sur le nom de Jean-Pierre Denis plutôt que d’un vote véritable sur un projet dont tout le monde connaîtrait les tenants et les aboutissants.