Le Crédit Mutuel
Arkéa dans la tourmente !
Brest
et la Bretagne sont habituées au vent d'Ouest, mais celui qui
souffle sur le CMB Arkéa présage d'une tempête bancaire hors
normes.
Nous
avons interrogé un délégué de la CGT sur ce dossier qui est bien
emblématique des dérives politico-financières. Mais qui permet
aussi de mieux appréhender les pressions qui s'exercent sur les
personnels et partant sur les « sociétaires »
mutualistes dont l'opinion est quantité négligeable.
Un
dossier qui jour après jour connaît des rebondissements.Dont le
dernier en date est l'organisation par la direction générale du CM
Arkéa d'une manifestation à Paris le 5 avril avec location de 5
TGV, et journée de travail payé pour ceux qui iront battre le pavé,
même les repas seront pris en charge....
Peux tu nous décrire
les forces en présence ?
Les
trois fédérations adhérentes à CM Arkéa, CMB, CM Massif Central
et CM Sud Ouest représente 10 000 salariés en France, .
Le CM
Arkéa s'est 6 000 salariés en Bretagne avec les filiales,
Fortunéo, Suravenir etc... dont 2 000 sur Brest!
Depuis
peu la fédération du Massif Central a quitté le « front
indépendantiste ».
En
face le CM11-CIC représente 11 fédérations et constitue l'ossature
de la Confédération des Crédits Mutuels.
Depuis
la nomination d'un nouveau président, Jean Pierre Denis au CMB Arkéa
les relations entre celui ci et la Confédération et CM-11 ne font
que se dégrader. Denis est un ancien inspecteur de finances,
partenaire de JM Messier dans l'aventure VIVENDI...Un fin
connaisseur des jeux capitalistiques.
La
fédération CMB Arkéa boycotte ses obligations de contrôle de
gestion,p erd procès sur procès, elle adresse directement ses
comptes aux organismes de tutelle européen, court-circuitant la
Confédération laissant un doute sur sa solvabilité, et sur la
maîtrise des risques prudentiels.
Pourquoi cette guerre
interne ?
Denis
veut être le patron absolu après avoir manqué le poste de
président de la Confédération du CM. Il a créé un problème
qui n'existe pas et sa réponse c'est l'indépendance. Il surjoue
de la sensibilité bretonne avec des campagnes de pub , tous contre
Paris , « on veut nous empêcher de développer l'économie
bretonne ».Il fait même porter à ses troupes, une partie des
cadres, du personnel, les élus de tout bord, des patrons bretons une
espèce de bonnet...rouge !
Du point de vue de la
CGT qu'elles sont les conséquences pour les personnels ?
Les
cadres dirigeants ont créé il y a quelques années une espèce de
holding soit disant pour permettre la mobilité des cadres entre les
services, les filiales, nous n'avons aucune possibilité de contrôle
sur cette structure.
Les
pressions sont énormes au siège du CMB à Brest, et sur le réseau
bancaire proche.Les personnels en souffrent évidement tiraillés
entre leur emploi, la fidélité à l'institution, la pression
managériale.
Dans
le réseau bancaire breton la situation est un peu plus simple du
fait d'une moindre pression hiérarchique pour l’instant.
Il
faut le dire, personnels et organisations syndicales, nous avons
avalé des couleuvres depuis quelques années.Mais les déboires
judiciaires, l'absence de lisibilité du projet d'indépendance
commencent à poser problème. Les sociétaires aussi se posent des
questions notamment parce qu'il faudra abandonner une « marque
inestimable » dixit JP Denis. Car on va partir sans la marque,
et la Confédération du CM sera de fait obligée de s'implanter en
Bretagne.Il semble que les négociations avec les autorités de
tutelle révèle que le projet est juridiquement impossible au regard
du droit bancaire.
Quel est le
positionnement des organisations syndicales du CMB Arkéa ?
Nous
sommes quatre organisations représentatives par ordre, CFDT, UNSA,
SNB CGC et depuis 2016, la CGT. D'ailleurs nous n'oublions pas que la
direction nous a traîné au tribunal pour contester nos nominations
de délégués syndicaux...
Pour
l'instant l'intersyndicale tient face à la direction, et essaie
d'avoir le maximum d'information sur le dossier. Le CCE devra se
prononcer sur l'indépendance, nous verrons comment défendre au
mieux les personnels et l'outil de travail.
Nous
tractons ensemble et la CGT fait du travail de terrain sur le réseau
bancaire.
Peux tu préciser
quelle est la revendication centrale de la CGT CMB Arkéa ?
C'est
net, nous sommes pour le maintien dans la Confédération du CM, tout
en préservant l'autonomie du CMB qui n'a d'ailleurs jamais été
remise en question par la Confédération. Pour plagier le débat
politique en Bretagne on pourrait dire l'autonomie, oui,
l'indépendance, non.
Evidemment,
nous n'appellerons pas à manifester à Paris le 5 avril derrière
notre patron. Nous notons par contre que la direction a précisé que
les salaires des manifestants seront maintenus !
Une
excellente jurisprudence dans le milieu bancaire.
Correspondant
Guingamp.
Le 16
mars 2018