jeudi 24 octobre 2019

TRISKALIA

OUEST FRANCE

Pesticides. Les ex-salariés de Triskalia gagnent aux prud’hommes

Deux anciens salariés de la coopérative avaient contesté leur licenciement, s’estimant victimes des pesticides utilisés dans l’entreprise. Le conseil des prud’hommes de Guingamp (Côtes-d’Armor) leur a donné raison.
Pascal Brigant et Claude Le Guyader, anciens salariés de Nutréa-Triskalia, sont engagés depuis de longues années dans un combat judiciaire, après avoir été exposés à des pesticides.
Pascal Brigant et Claude Le Guyader, anciens salariés de Nutréa-Triskalia, sont engagés depuis de longues années dans un combat judiciaire, après avoir été exposés à des 
C’est avec « un grand soulagement » que Claude Le Guyader et Pascal Brigant ont accueilli le délibéré du conseil des prud’hommes de Guingamp, ce jeudi. En mars, ils avaient attaqué en justice leur ancien employeur, la coopérative agro-alimentaire Nutréa-Triskalia. Celle-ci les avait licenciés pour cause réelle et sérieuse, en 2013.
Après avoir été exposés à des pesticides, ils avaient été déclarés inaptes, ayant développé une hypersensibilité aux produits chimiques. Leur avocat, Me Lafforgue, avait évoqué, lors de l’audience, « le déchargement de céréales gorgées de pesticides », en 2009, sur le site de Plouisy. Pour l’avocat, l’inaptitude de Pascal Brigant était « due à un manquement de son employeur. Il travaillait dans un bureau, près des déchargements ». Troubles oculaires, brûlures de la peau, des yeux…quatre salariés, dont Claude Le Guyader, ont été par la suite reconnus victimes de maladies professionnelles.

« Encore des vertiges »

En déclarant les deux licenciements « sans cause réelle et sérieuse », le conseil des prud’hommes a condamné Nutréa-Triskalia à payer 64 313 € d’indemnités et de dommages et intérêts à Claude Le Guyader et 44 672 € à Pascal Brigant. Ce dernier « n’attendait plus grand-chose de la justice, après tant d’années de combat. J’aurais au moins gagné ça, et avec cette reconnaissance, ma dignité ». Claude le Guyader estime qu’il « va être plus facile de se projeter sur l’avenir maintenant. Mais le préjudice ne sera jamais réparé. On a encore des vertiges, des maux de tête ».
Pour Serge Le Quéau, de l’union Solidaires de Bretagne, qui les a soutenus, les affaires judiciaires autour d’anciens salariés de Triskalia « ont fait bouger les lignes. Depuis le début de l’affaire, on voit à quel point la problématique des pesticides a émergé dans le débat public. Ces gens ont été intoxiqués, humiliés, licenciés, ruinés, mais ce combat leur a permis de retrouver de la dignité ».