mardi 19 juin 2018

AK 19 JUIN

OUEST FRANCE 19 JUIN

Plougonver. Mai 68 : « L’intérêt de s’opposer collectivement »

Alain Krivine est une des figures de Mai-68.
Alain Krivine est une des figures de Mai-68. | OF.
La section locale du Nouveau parti anticapitaliste a reçu, samedi 16 juin 2018, Alain Krivine. Cette figure de Mai-68 est venue parler des événements qui ont secoué la France.

« Les cinquante ans de Mai 68, ce n’est pas une commémoration, mais plutôt l’occasion de rappeler les événements aux jeunes qui ne les connaissent pas et, pour les anciens qui les ont vécus, de les revoir. » Samedi 16 juin 2018, une quarantaine de personnes se sont retrouvées au Dibar, à l’initiative de la section Lannion-Guingamp-Bégard du NPA (Nouveau parti anticapitaliste). Cette dernière avait convié Alain Krivine à venir s’exprimer. « C’est le dernier leader de 68 politiquement vivant », explique Thierry Pérennes, militant guingampais.

Une mobilisation massive mais calme

Thierry Pérennes a aussi recherché des témoins locaux des événements : il a trouvé, entre autres, deux enseignants, « dont l’un, Louis Bocquet, avait monté le comité de grève guingampais avec André Le Gallic, cheminot et militant CGT, et Le Crubier, responsable CFDT au centre hospitalier. La mairie était réquisitionnée, une cantine avait été montée au collège Prévert. À l’époque, la RN12 passait dans le centre-ville et les grévistes en avaient joué pour réquisitionner les camions d’Alexis Gourvennec pour le ravitaillement. »

Le Dibar a accueilli le rassemblement du NPA autour des 50 ans de Mai 68. | OF.
 Jusqu’en juin, la mobilisation à Guingamp est « massive, déterminée, mais calme, avec une première liaison ouvriers-paysans ». La ville compte à l’époque la plus grande unité de la coopérative ouvrière AOIP (Association ouvrière d’instruments de précision), « un modèle social, avec déjà la retraite à 60 ans et des journées enfants malades pour les mères, par exemple ».

« L’individualisme prend le pas »

Venu donner un coup de main à cette rencontre avec Alain Krivine, Jérémy Bellaiche souligne : « Fêter Mai 68, c’est rappeler les 10 millions de grévistes et l’opposition au gouvernement de l’époque. Au NPA, notre perspective reste la même : combattre un gouvernement au service des patrons. Le contexte a pu changer sur certains points, mais il y a plein de raisons de se révolter aujourd’hui : chômage, inégalités, lois racistes, précarité… »
Pour Thierry Pérennes : « Mai 68 montre tout l’intérêt à s’opposer collectivement aux politiques gouvernementales. Actuellement, on se trouve pris dans des considérations où l’individualisme prend le pas. Il y a plus de salariés que jamais, mais leur poids paraît beaucoup plus faible. S’ils se regroupaient, il serait énorme. Le résultat de 68, c’est que de l’opposition patronat-salarié, on passe à différentes luttes (nucléaire, féminisme…) qui s’interpénètrent, même si la convergence reste compliquée. »