QUE FAIRE?
Titre d'un ouvrage célèbre d'un dénommé Lénine....
Nous vous proposons la lecture du texte ci après qui émane d'un militant d'ALTERNATIVE LIBERTAIRE, il plante le décor de la situation que nous vivons et il est en parfaite résonance avec ce qu' éprouve la base syndicale et les militants politiques engagés au service de leur classe.
Sur la nouvelle journée de grève interprofessionnelle du 16 novembre
Le 16 novembre sera une nouvelle journée de grève interprofessionnelle.
Pour nombre d’entre nous ce sera la cinquième journée depuis septembre.
Alors oui, il faut à nouveau faire grève,
parce que c’est là que doit se situer le rapport de force... mais il ne s’agit pas d’évacuer les difficultés à mobiliser et les questions qui se posent au syndicalisme.
parce que c’est là que doit se situer le rapport de force... mais il ne s’agit pas d’évacuer les difficultés à mobiliser et les questions qui se posent au syndicalisme.
Que l’on soit à la CGT, à Solidaires, ou même partisan.es
de collectifs du Front social…
nous sommes nombreuses et nombreux à nous interroger : que se passe-t-il, pourquoi ça ne prend pas,
pourquoi la grève, franche et massive, ne s’impose-t-elle pas dans le paysage social de ce début de
quinquennat macronisé ? Le sentiment d’être le dos au mur ou de s’y cogner à répétition n’est agréable
pour personne, il amène son lot d’aigreur et de coup de sang. Pourtant, c’est bel et bien maintenant
qu’il faut garder la tête froide et réfléchir à nos stratégies de mobilisation. Sans évacuer les carences,
les difficultés, mais en se donnant tout de même des perspectives pour les mois à venir.
nous sommes nombreuses et nombreux à nous interroger : que se passe-t-il, pourquoi ça ne prend pas,
pourquoi la grève, franche et massive, ne s’impose-t-elle pas dans le paysage social de ce début de
quinquennat macronisé ? Le sentiment d’être le dos au mur ou de s’y cogner à répétition n’est agréable
pour personne, il amène son lot d’aigreur et de coup de sang. Pourtant, c’est bel et bien maintenant
qu’il faut garder la tête froide et réfléchir à nos stratégies de mobilisation. Sans évacuer les carences,
les difficultés, mais en se donnant tout de même des perspectives pour les mois à venir.
On peut rejeter la faute à la forme de la contestation depuis le 12
septembre, les journées de grève de
24 heures « saute-mouton », et à leurs organisatrices, les « directions syndicales » : ce serait croire que
toutes les causes de nos difficultés viendraient « d’en haut ». Pourtant, dans nos organisations
syndicales le fédéralisme n’est pas à ce point défaillant et c’est bien là que se construisent,
démocratiquement, les orientations et les stratégies. Jean-Claude Mailly en a récemment fait les frais.
24 heures « saute-mouton », et à leurs organisatrices, les « directions syndicales » : ce serait croire que
toutes les causes de nos difficultés viendraient « d’en haut ». Pourtant, dans nos organisations
syndicales le fédéralisme n’est pas à ce point défaillant et c’est bien là que se construisent,
démocratiquement, les orientations et les stratégies. Jean-Claude Mailly en a récemment fait les frais.
On peut aussi étriller le corporatisme, par exemple des syndicats de
fonctionnaires qui, avec la journée
de grève du 10 octobre, seraient venus percuter la mobilisation interprofessionnelle : mais l’enjeu
n’était pas de dénoncer, mais de prendre appui sur cette mobilisation, corporative oui, pour y faire
converger d’autres revendications. C’est ce qu’ont tenté plusieurs intersyndicales départementales,
inscrivant de fait cette journée dans la suite des 12 et 21 septembre.
de grève du 10 octobre, seraient venus percuter la mobilisation interprofessionnelle : mais l’enjeu
n’était pas de dénoncer, mais de prendre appui sur cette mobilisation, corporative oui, pour y faire
converger d’autres revendications. C’est ce qu’ont tenté plusieurs intersyndicales départementales,
inscrivant de fait cette journée dans la suite des 12 et 21 septembre.
La réalité – et il ne sert pas à grand-chose d’en fantasmer une autre –
c’est que, même si ce n’est pas
l’atonie la plus totale, on est encore loin de l’ébullition qui fait que le rythme d’une mobilisation
n’appartient plus aux calendriers d’action mais vient se couler dans la vitalité des assemblées générales
de grévistes. Vraiment loin.
l’atonie la plus totale, on est encore loin de l’ébullition qui fait que le rythme d’une mobilisation
n’appartient plus aux calendriers d’action mais vient se couler dans la vitalité des assemblées générales
de grévistes. Vraiment loin.
Discutons de tout
On peut toutefois estimer que des initiatives fortes prises par une
intersyndicale nationale un peu plus
dynamique aideraient à donner confiance : certain.es collectifs syndicaux mettent ainsi en avant l’idée
d’appeler à deux ou trois jours de grèves consécutifs. Pourquoi pas, il faut discuter de cette idée là et il
n’y a pas de raison de ne pas la proposer à l’intérieur de nos organisations. Même si le niveau de
mobilisation réellement existant laisse songeur sur une volonté plus forte de faire trois jours de grève
d’affilée qu’un jour, difficilement, par mois. Et l’état des rapports intersyndicaux étant ce qu’il est, on
peut douter obtenir un tel appel unitaire nationalement (et rapidement). D’autres, c’est le cas du Front
social, proposent une marche sur l’Elysée le samedi 18 novembre : pour le coup la piste choisie nous
emmène un peu loin du blocage de la production et des services, mais si cette idée rencontre la volonté
de collectifs syndicaux et de salarié.es elle fera partie de ce mouvement social, tel qu’il est. La mise
en place d’une caisse de grève nationale, comme tente de le faire le syndicat Info’com-CGT, pose des
questions qu’il faut regarder sincèrement : si l’objectif est de généraliser la grève, qui va donner de
l’argent à qui ? Ne court-on pas le risque de favoriser la grève par procuration ? Il s’agirait dans ce
cas, plutôt que de faire grève, de subventionner la grève des secteurs « bloquants » (ou présenté
comme plus que les autres en tout cas)… mais ce qu’ont dit les grévistes des raffineries en 2016 c’est
qu’ils et elles avaient surtout besoin qu’il y ait de la grève le plus possible, partout. Pour autant, il ne
faut pas nier que l’aide apportée à des milliers de salarié-es par ce biais ainsi que la grande
transparence de l’opération sont éminemment appréciables.
dynamique aideraient à donner confiance : certain.es collectifs syndicaux mettent ainsi en avant l’idée
d’appeler à deux ou trois jours de grèves consécutifs. Pourquoi pas, il faut discuter de cette idée là et il
n’y a pas de raison de ne pas la proposer à l’intérieur de nos organisations. Même si le niveau de
mobilisation réellement existant laisse songeur sur une volonté plus forte de faire trois jours de grève
d’affilée qu’un jour, difficilement, par mois. Et l’état des rapports intersyndicaux étant ce qu’il est, on
peut douter obtenir un tel appel unitaire nationalement (et rapidement). D’autres, c’est le cas du Front
social, proposent une marche sur l’Elysée le samedi 18 novembre : pour le coup la piste choisie nous
emmène un peu loin du blocage de la production et des services, mais si cette idée rencontre la volonté
de collectifs syndicaux et de salarié.es elle fera partie de ce mouvement social, tel qu’il est. La mise
en place d’une caisse de grève nationale, comme tente de le faire le syndicat Info’com-CGT, pose des
questions qu’il faut regarder sincèrement : si l’objectif est de généraliser la grève, qui va donner de
l’argent à qui ? Ne court-on pas le risque de favoriser la grève par procuration ? Il s’agirait dans ce
cas, plutôt que de faire grève, de subventionner la grève des secteurs « bloquants » (ou présenté
comme plus que les autres en tout cas)… mais ce qu’ont dit les grévistes des raffineries en 2016 c’est
qu’ils et elles avaient surtout besoin qu’il y ait de la grève le plus possible, partout. Pour autant, il ne
faut pas nier que l’aide apportée à des milliers de salarié-es par ce biais ainsi que la grande
transparence de l’opération sont éminemment appréciables.
Toutes ces idées, ne nous feront pas sortir du dilemme dans lequel nous
sommes : si on veut reconduire
et amplifier une grève, encore faut-il qu’elle existe. Continuons, sans lâcher, de construire ces journées
de grève de 24 heures, toute « saute-mouton » soient-elles (et la prochaine, malgré tout, est celle du
16 novembre), mais comme des journées de colère, de révolte sur les lieux de travail. Utilisons-les
pour que la parole se libère au travail, que les salarié.es s’expriment. Utilisons-les pour organiser en
régions des manifestations, des actions qui sortent de l’ordinaire de la manif de centre-ville et qui
soient utiles pour le cadre de mobilisation que nous avons choisi : défilons, grévistes et sections
syndicales CGT, SUD ou FO dans les zones d’activités commerciales et industrielles, invitons à
débrayer, retrouvons le goût des blocages ponctuels, en ciblant là encore les intérêts économiques.
Ça ne remplacera pas une grève reconduite dont on a pu voir l’efficacité pour les routiers par exemple.
Mais, 1/ ça peut mettre du baume au cœur ; 2/ ça a le mérite de placer le curseur de la mobilisation là
où il doit être, appuyé sur une réalité sociale. Et sur ce plan, il y a encore fort à faire.
et amplifier une grève, encore faut-il qu’elle existe. Continuons, sans lâcher, de construire ces journées
de grève de 24 heures, toute « saute-mouton » soient-elles (et la prochaine, malgré tout, est celle du
16 novembre), mais comme des journées de colère, de révolte sur les lieux de travail. Utilisons-les
pour que la parole se libère au travail, que les salarié.es s’expriment. Utilisons-les pour organiser en
régions des manifestations, des actions qui sortent de l’ordinaire de la manif de centre-ville et qui
soient utiles pour le cadre de mobilisation que nous avons choisi : défilons, grévistes et sections
syndicales CGT, SUD ou FO dans les zones d’activités commerciales et industrielles, invitons à
débrayer, retrouvons le goût des blocages ponctuels, en ciblant là encore les intérêts économiques.
Ça ne remplacera pas une grève reconduite dont on a pu voir l’efficacité pour les routiers par exemple.
Mais, 1/ ça peut mettre du baume au cœur ; 2/ ça a le mérite de placer le curseur de la mobilisation là
où il doit être, appuyé sur une réalité sociale. Et sur ce plan, il y a encore fort à faire.
Même pas mort
Car l’une des leçons des séquences lois travail 1 et 2, c’est que le
patronat voudrait voir le syndicalisme
mort et enterré. Six pieds sous terre si possible. Son but est d’effacer cette réalité sociale qu’est la lutte
des classes, pour nous transformer en « entrepreneurs et entrepreneuses de nos propres vies », nous
faire avaler la fable du « renard libre dans le poulailler libre ». Et nous n’avons pas fini de nous battre,
car ce n’est qu’une séquence – longue, certes – d’une bataille plus large que nous livre le Thatcher
hexagonal. Face à ça, certains, comme Laurent Berger de la CFDT, voient leur salut dans leur rôle de
« partenaires sociaux »… auquel même le gouvernement ne semble pas trouver grand intérêt. Autant
chercher un boucher végétarien dans un abattoir. Jean-Luc Mélenchon quant-à-lui, voudrait profiter
des difficultés que traverse le syndicalisme pour « en finir avec la Charte d’Amiens ». La ficelle est un
peu grosse et réactive des ambitions d’hégémonie politique sur le mouvement social… qui ont déjà
suffisamment pesé, et lourdement, du temps du lien quasi-organique entre le PCF et la CGT par
exemple. Et qui surtout s’appuie sur des illusions parlementaristes et institutionnelles dont ont peut
bien se passer : ce n’est résolument pas notre terrain.
mort et enterré. Six pieds sous terre si possible. Son but est d’effacer cette réalité sociale qu’est la lutte
des classes, pour nous transformer en « entrepreneurs et entrepreneuses de nos propres vies », nous
faire avaler la fable du « renard libre dans le poulailler libre ». Et nous n’avons pas fini de nous battre,
car ce n’est qu’une séquence – longue, certes – d’une bataille plus large que nous livre le Thatcher
hexagonal. Face à ça, certains, comme Laurent Berger de la CFDT, voient leur salut dans leur rôle de
« partenaires sociaux »… auquel même le gouvernement ne semble pas trouver grand intérêt. Autant
chercher un boucher végétarien dans un abattoir. Jean-Luc Mélenchon quant-à-lui, voudrait profiter
des difficultés que traverse le syndicalisme pour « en finir avec la Charte d’Amiens ». La ficelle est un
peu grosse et réactive des ambitions d’hégémonie politique sur le mouvement social… qui ont déjà
suffisamment pesé, et lourdement, du temps du lien quasi-organique entre le PCF et la CGT par
exemple. Et qui surtout s’appuie sur des illusions parlementaristes et institutionnelles dont ont peut
bien se passer : ce n’est résolument pas notre terrain.
Entre ces deux écueils, c’est bien au contraire toute la démarche de la Charte d’Amiens qu’il faut
retrouver. Faire du syndicalisme un acteur majeur du changement de société est sans doute le défi le
plus urgent pour les années à venir, toute sa pertinence étant d’agir à partir du terrain même de la lutte
des classes. Pour ça, il nous faut exprimer haut et fort des revendications qui puissent avoir une portée
équivalente à celle des 8 heures pour la CGT de 1906 (celle de la Charte d’Amiens, tiens), qui combine
à la fois amélioration immédiate – et vue comme telle par les salarié.es – et projet de société, ici
libérant le temps de la rapacité patronale. Soutenir et faire connaître aussi les expériences
d’autogestion, comme celles des Scop-Ti ou de Vio.Me qui démontrent que les richesses sont bel et
bien produites par celles et ceux qui travaillent.
retrouver. Faire du syndicalisme un acteur majeur du changement de société est sans doute le défi le
plus urgent pour les années à venir, toute sa pertinence étant d’agir à partir du terrain même de la lutte
des classes. Pour ça, il nous faut exprimer haut et fort des revendications qui puissent avoir une portée
équivalente à celle des 8 heures pour la CGT de 1906 (celle de la Charte d’Amiens, tiens), qui combine
à la fois amélioration immédiate – et vue comme telle par les salarié.es – et projet de société, ici
libérant le temps de la rapacité patronale. Soutenir et faire connaître aussi les expériences
d’autogestion, comme celles des Scop-Ti ou de Vio.Me qui démontrent que les richesses sont bel et
bien produites par celles et ceux qui travaillent.
Et dans un mouvement parallèle il faut renforcer, continuer d’utiliser
l’outil syndical, le diversifier et
le rendre toujours plus vivant, l’adapter, pour mieux y faire face, aux conditions contemporaines
d’exploitation et d’oppression. Remettre en débat en son sein les stratégies de mobilisation. Le rendre
plus solidaire et interprofessionnel, plus attentif encore, plus acteur des résistances des travailleurs et
travailleuses ubérisé.es, des combats pour la justice et la dignité dans les quartiers populaires, de ceux
pour les droits des femmes… Les effets combinés d’un tel renforcement, tout à la fois des
organisations que des perspectives de transformation sociale, permettraient d’affirmer d’autant plus le
rôle de contre-pouvoir que le syndicalisme se doit de remplir.
https://blogs.mediapart.fr/theo-roumier/blog/061117/sur-la-nouvelle-journee-de-greve-le rendre toujours plus vivant, l’adapter, pour mieux y faire face, aux conditions contemporaines
d’exploitation et d’oppression. Remettre en débat en son sein les stratégies de mobilisation. Le rendre
plus solidaire et interprofessionnel, plus attentif encore, plus acteur des résistances des travailleurs et
travailleuses ubérisé.es, des combats pour la justice et la dignité dans les quartiers populaires, de ceux
pour les droits des femmes… Les effets combinés d’un tel renforcement, tout à la fois des
organisations que des perspectives de transformation sociale, permettraient d’affirmer d’autant plus le
rôle de contre-pouvoir que le syndicalisme se doit de remplir.
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