Kanaky : quatre militants libérés mais la répression coloniale demeure
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Depuis un an, Christian Tein, Dimitri Qenegei, Guillaume Vama et Erwan Waetheane, quatre dirigeants indépendantistes kanak étaient emprisonnés en métropole, à 15 000 kilomètres de chez eux, désignés comme responsables des émeutes qui ont embrasé la Kanaky en 2024 suite à l’annonce de la volonté d’étendre le corps électoral annoncée par Macron, ce qui les aurait rendus encore plus minoritaires sur leurs propres terres, continuation de décennies d’exploitation et d’oppression coloniale. Ils étaient accusés de « complicité de tentative de meurtre sur dépositaire de l’autorité publique, vol en bande organisée avec arme, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes et délits ». Le gouvernement avait fait appel de la décision des juges d’instruction de lever leur détention préventive, mais ils ont été remis en liberté le 12 juin par la cour d’appel de Paris jugeant qu’il n’y avait « pas lieu de les maintenir en détention ».
Un emprisonnement politique
Cette détention était un emprisonnement politique ! Pour justifier cette procédure, les dirigeants politiques de l’État français n’ont pas hésité à qualifier les militants kanak de « terroristes », les accusant d’appartenir à « une organisation mafieuse qui commet pillages et meurtres ». En réalité, il s’agissait de venger les colons de la grande frousse que leur a donnée la révolte kanak, d’un moyen de faire passer sous silence les raisons de la révolte d’un peuple en accusant et en emprisonnant ses dirigeants, pendant que les forces de l’ordre étaient dédouanées de la violence inouïe avec laquelle elles ont réprimé, tout en couvrant les exactions des milices armées de colons qui ont fait plusieurs victimes parmi les Kanak – au moins onze Kanaks ont été tués en quelques semaines par les forces de police et les milices.
Une « libération » toute relative
La libération de ces militants est un soulagement pour tous leurs proches. Mais cette libération est toute conditionnelle, les indépendantistes ont interdiction d’entrer en contact avec les autres militants impliqués ainsi que de se rendre en Nouvelle-Calédonie, c’est-à-dire chez eux, là où l’État français a peur de leur action. Et surtout, entre 60 et 80 jeunes prisonniers kanak accusés d’avoir participé à une émeute dans la prison de Nouméa au moment du soulèvement de 2024 restent déportés en métropole, tandis qu’en Kanaky les milices armées de colons continuent de terroriser les populations avec le soutien des forces de l’ordre.
Travailleurs de métropole ou de Kanaky : notre ennemi c’est la bourgeoisie
Cette répression politique visant à museler toute contestation au moyen de la « justice » n’est pas un phénomène isolé, elle rentre dans un cadre où plusieurs militants élevant la voix en solidarité avec le peuple palestinien sont accusés d’apologie du terrorisme, où des syndicalistes combatifs risquent la prison pour des faits de grève, où tous ceux qui élèvent la voix sont immédiatement réprimés. La solidarité avec les militants kanak n’est pas seulement un devoir moral, c’est une nécessité absolue pour abattre la société capitaliste qui maintient des populations entières sous le joug colonial pour le profit de quelques-uns.
Il faut que cesse la répression en Kanaky ! Tous les militants et les jeunes déportés en métropole doivent être libérés et pouvoir rentrer chez eux !
Andréa Clau