Retraites : contre l'enfumage, préparons la mobilisation.
Comme
d’habitude, c'est à la mi-juillet que le gouvernement fait ses mauvais
coups... Il a décidé de rendre publiques les propositions du haut
commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye qui prépare
une baisse générale des pensions pour la très grande majorité des
retraitéEs.
Les
préconisations du rapport Delevoye n'ont qu'un objectif : réduire le
« coût » du droit inaliénable à bénéficier de pensions assurant des
conditions de vie à la hauteur des richesses produites, en progression
constante alors que les pensions sont en baisse régulière.
L'allongement
de l'espérance de vie et les évolutions démographiques rendraient trop
coûteux notre système de retraite par répartition.
En
réalité, l'espérance de vie en bonne santé ne progresse quasiment plus
en raison de l'aggravation des conditions de travail et de vie et des
reculs de l'âge de la retraite déjà engagés.
Quant
au financement du système de retraite, la suppression de l'ensemble des
exonérations de cotisations patronales, la réduction du chômage et
l'égalité salariale hommes-femmes l'assureraient sans problème.
Enfin,
les régimes « spéciaux » résultent le plus souvent de la prise en
compte de particularités de multiples professions, notamment en terme de
pénibilité. Les présenter comme des avantages voire des privilèges n'a
comme fonction que de préparer la liquidation de dispositions prenant en
compte, en partie, des conditions de travail particulières.
Le
rapport Delevoye est présenté à grand renfort d’enfumage et de
mensonges. Enfumage avec un prétendu maintien de l'âge légal de départ
en la retraite, de fait effacé par la mise place d'une décote pour tout
départ avant cet âge. Le « libre » choix de départ, présenté comme âge
d'équilibre, sera en réalité reporté à 64 ans dès la mise en place de la
contre-réforme avec une évolution à l'allongement de la durée du
travail d'ores et déjà prévu.
Mensonge
dans l'affirmation que le remplacement du système de répartition par le
système à points améliorera les retraites. Ce système ne permettrait
pas mieux de compenser les aléas des parcours professionnels, notamment
pour les femmes ; le niveau des pensions sera soumis à l'arbitrage, au
choix, des gouvernements au fil des politiques d'austérité et des
avantages maintenus pour les patrons ; la prise en compte de la
pénibilité continuera à être combattue par le patronat.
La
transformation du système de retraite a pour objectif de verser des
pensions a minima pour l'immense majorité et d'ouvrir un large champ de
développement pour les logiques assurantielles privées et accessibles
seulement à celles et ceux qui en auront les moyens.
Les
organisations syndicales, en particulier celles qui s'opposent à la
modification globale du système des retraites, doivent refuser toute
poursuite de semblant de discussion, aménagement, concertation.
Il
faut engager dès maintenant la construction d'un front unitaire
syndical, politique, associatif pour favoriser le développement de la
mobilisation qui seule peut faire reculer le gouvernement. Un
gouvernement qui d'ores et déjà envisage de ne présenter son projet de
loi qu'après les élections municipales de 2020. Mais c'est dès la
rentrée de septembre que la mobilisation doit commencer à se construire.