Quand les recommandations du Giec et les
plans de lutte contre les marées vertes devraient faire bon ménage...
Bonne lecture.
Halte Aux Marées Vertes Sauvegarde du Trégor Baie de Douarnenez Environnement
André Ollivro, Yves-Marie Le Lay, Jean Hascoet
à
Préfecture de Région Le 11 août 2019
Madame la Préfète
3, avenue de la Préfecture
35026 Rennes Cedex 9
Madame la Préfète,
Un
rapport spécial du Giec, salué par le gouvernement, vient de tomber :
l'humanité épuise ses ressources parce qu'elle exploite trop
intensivement ses sols et ses forêts. Collectivement, non seulement nous
mettons en péril notre capacité à faire face au réchauffement
climatique, mais aussi nos conditions de vie et de subsistance. En
conséquence ce rapport appelle à adopter partout en urgence une gestion
durable des terres.
Or,
une gestion durable des terres passe nécessairement par un
rééquilibrage du cycle de l'azote et donc la suppression des excédents
de nitrates d'autant qu'ils produisent aussi du protoxyde d'azote,
puissant gaz à effet de serre. Et la Bretagne, par sa configuration
naturelle est doublement affectée par ces excédents de nitrates
puisqu'ils sont aussi la cause de la prolifération massive d'algues
vertes dont le pourrissement dégage un gaz extrêmement toxique, le
sulfure d'hydrogène.
Depuis
2010 vous coordonnez des plans de lutte contre ces excédents à travers
les Plans Algues Vertes. Sans surprise pour nous qui en avons souligné
leur inadaptation et leur manque d'ambition, force est de constater leur
échec patent démontré depuis des mois par des échouages d'algues à des
niveaux rarement atteints dans la baie de Saint-Brieuc. Depuis des mois,
malgré un ramassage coûteux et limité par la capacité de traitement,
des riverains subissent jours et nuits des odeurs pestilentielles, des
estivants risquent des accidents mortels, l'estran est transformé par
endroits en zones putrides affectant gravement la biodiversité. Ne pas
changer la philosophie même de ces plans basés sur le volontariat des
acteurs et la continuité des cultures polluantes actuelles signerait
l'abandon de nos concitoyennes et concitoyens à leur triste sort pour
les années à venir, sauf à prier le ciel pour qu'il soit plus clément,
paradoxalement moins ensoleillé au printemps comme en été et tempétueux
en hiver...
C'est
pourquoi ce dernier rapport du Giec est une opportunité nouvelle qui
s'offre à l'Etat et à la Région. Puisqu'une partie du réchauffement
climatique et la prolifération des algues vertes ont une seule et même
cause, que l'urgence commande de s'y attaquer dès maintenant, nous vous
demandons d'élaborer dès le mois de septembre de nouveaux plans de lutte
contre les excédents d'azote après consultation de tous les syndicats
professionnels, des organismes agricoles, des associations de protection
de la nature, des associations de pêche. Et comme en la matière, nous
ne prétendons pas détenir quelques vérités sur le sujet, nous vous
proposons de procéder sur ces 7,4 % de la Surface Agricole Utile
bretonne concernés par les actuels Plans Algues Vertes à des
expérimentations de nouvelles cultures qui permettront de sélectionner
les plus efficientes. Demain elles serviront de modèles à l'ensemble du
territoire. Le Giec ouvre déjà des pistes. Pour exemples,
l'agroforesterie et, déjà pratiquées localement, les cultures associées
qui mêlent des légumineuses à des céréales, permettant de réduire
l'usage d'engrais chimiques. C'est aussi l'assurance d'un usage réduit
voire nul de pesticides. Les pionniers ne manquent en Bretagne qui
pratiquent ces cultures avec succès au sein de l'agriculture biologique
et au CEDAPA. Vous disposez là d'un gisement de conseillers avisés qui
ne demandent qu'à partager leurs compétences. Ne serait-ce pas déjà
l'amorce de cette révolution agricole qu'appelle de ses vœux le Giec, en
faisant de la Bretagne la région phare de la production de protéines
végétales plutôt qu'animales comme aujourd'hui ?
Madame
la Préfète, pour cette gestion durable des terres qui s'inscrit dans la
lutte contre le réchauffement climatique, la co-présidente du Giec,
Madame Valérie Masson-Delmotte a mis « l'accent sur l'importance d'agir
dès maintenant ». Nous rajoutons, comme contre les marées vertes. C'est
maintenant... ou jamais, car agir demain deviendra inutile.
Soyez assurée Madame la Préfète, de notre considération.
André Ollivro 11, rue du stade 22120 Pommeret
Yves-Marie Le Lay 7, rue de Kermaquer 29241 Locquirec
Jean Hascoet 10, impasse des Filets Bleus 29100 Douarnenez