Les salariés de Synutra se sont réunis
hier soir à Carhaix, à l’invitation de la CGT, pour parler de leurs
conditions de travail. L’incitation à la délation et le copinage ont
notamment été évoqués.
Témoignages.
Suites aux articles de presse révélant des conditions de travail souvent déplorables chez l’entreprise de lait en poudre
Synutra,
la CGT appelait hier soir les salariés à une réunion. Une cinquantaine
de personnes se sont donc réunies dans les locaux du syndicat. Si pour
l’instant, aucune décision concernant des actions précises n’a été
prise, les salariés ont pu vider leur sac, et partager des expériences
souvent similaires d’un service à l’autre.
Avancement par copinage
« L’évolution,
ça ne marche que par copinage. Dans mon service, les chefs sont des
potes de la direction. Il n’y a que comme ça qu’on avance, jamais en
fonction des qualités personnelles, ou de son travail. Mais on ne peut
rien dire, parce qu’on a tous peur de se faire virer. Le matin, on ne
sait même pas si la porte va s’ouvrir quand on va badger », témoigne ainsi une employée.
« Ils veulent qu'on dénonce »
« Pendant
l’entretien d’embauche d’un intérimaire de mon service, la direction
lui a demandé « Si tu as un collègue qui ne fait rien, qu’est ce que tu
fais ? ». L’intérimaire a répondu qu’il le ferait gentiment remarquer à
la personne en question, mais ce n’était pas ça que la direction voulait
entendre, ce qu’ils veulent c’est qu’on dénonce », poursuit une autre.
« Entretien annuel de délation »
Une ambiance générale de suspicion qui fait dire à un autre participant que
« les entretiens annuels d’évaluation, c’est devenu les entretiens annuels de délation. »« Les
petits chefs essayent discrètement de nous faire dire des choses, par
exemple on nous demande l’air de rien « Untel il va bien ces temps-ci ?
Il bosse bien tu trouves, il ne sort pas trop souvent fumer ? »
Mis à la porte sans raison
D’anciens travailleurs de l’entreprise étaient également présents à la réunion, et ont pris la parole.
« J’ai
travaillé six mois en intérim à Synutra, puis je me suis fait mettre à
la porte du jour au lendemain. J’ai essayé de comprendre pourquoi, mais
tout le monde se défaussait, je n’ai jamais eu de réponse. Et plus tard
un ancien collègue me dit « c’est parce que ta gueule ne revenait pas à
Untel ». J’ai 55 balais et je me retrouve sans travail sans raison, je
l’ai en travers de la gorge », s’insurge l’un d’eux.
Intérimaires valables mis dehors
« On
a beaucoup de personnel valable en intérim, mais ils nous les enlèvent
du jour au lendemain, sans jamais qu’on sache pourquoi », abonde une collègue encore dans l’entreprise.
Nouvelle réunion prévue
Face
à tous ces témoignages, les membres de la CGT, salariés à Synutra ou
extérieurs à l’entreprise, ont félicité les participants pour leur
courage, et les ont incités à se syndiquer pour mieux lutter.Une
nouvelle réunion est également prévue vendredi prochain, toujours à 17 h
à la maison des syndicats, pour réunir ceux n’ayant pas pu être
présents hier soir à cause de leurs horaires de travail.