ASSEZ
DE NÉGOCIATIONS BIDON, SEULE
LA LUTTE PEUT LES
FAIRE
RECULER
Le
ballet des « négociations » a repris à l'Elysée, cette fois sur
la réforme de la formation professionnelle et de l'assurance
chômage. Et l'on a pu revoir la photo de famille sur le perron, avec
certains de nos représentants syndicaux à l'air ravi !
L'objectif
du gouvernement est pourtant clair : il prétend ouvrir des
négociations, puis, droit dans ses bottes, mène sa politique comme
il l'a décidé, c'est-à-dire complètement dans l'intérêt des
patrons ! Alors, la mascarade, ça suffit, il est temps de passer aux
choses sérieuses.
Gouvernement
et patronat peuvent reculer
En
agissant de la sorte, en prétendant discuter avec les organisations
syndicales sur d'autres sujets que la loi travail, le gouvernement
veut nous faire croire que les ordonnances, c'est plié et dans la
poche, et qu'il faut passer à autre chose. Ça, c'est pour la
galerie. Car côté cour, le gouvernement a déjà reculé à deux
reprises sur ses intentions de tout faire négocier entreprise par
entreprise.
Une
première fois devant la menace des routiers de bloquer le pays.
Macron a accepté, contrairement à la philosophie de sa loi travail,
que les conventions collectives fassent foi, et que les salaires,
primes, ou autre dispositions sur le travail, ne soient pas
renégociables par entreprise.
La
deuxième fois s'est effectuée en toute discrétion, jeudi 12
octobre, pour les ports et docks. Il ne sera pas non plus possible de
négocier entreprise par entreprise sur des questions cruciales pour
les salariés, et la primauté de la convention collective sur les
ordonnances travail est garantie.
Le
gouvernement ne s'exprime bien sûr pas sur ces reculades, car il ne
veut pas que cet exemple puisse être contagieux. Car c'est la preuve
qu'il est tout à fait possible de défaire ce qui a été fait, et
voté. Cela ramène à sa juste valeur les coups de menton de Macron
et des siens. Ils reculent bien vite devant la perspective d'un
affrontement direct possible avec des travailleurs. Car nul ne peut
anticiper l'entrée en lutte d'un secteur déterminé des salariés.
En tout cas, le gouvernement veut l'éviter. Preuve s'il en fallait
qu'il serait bien incapable de résister à une mobilisation massive
des travailleurs.
Préparer
la contre offensive
Nous
avons déjà manifesté à plusieurs reprises, les 12 et 21
septembre, pour protester contre les ordonnances. Puis, les
fonctionnaires ont été appelés à leur tour à la grève et sont
descendus dans la rue le 10 octobre en grand nombre. Hospitaliers,
professeurs, tout ce que compte la fonction publique était là pour
défendre les services publics et leurs conditions de rémunération
et de travail, qui ne cessent de se dégrader.
Puis,
nous sommes appelés à manifester de façon interprofessionnelle par
la CGT le jeudi 19 octobre. Une nouvelle réunion des directions
nationales des syndicats se tient le 24 octobre : quand vont donc
cesser les appels dispersés, secteur par secteur, public d'un côté,
privé de l'autre, syndicat par syndicat... ?
Il
est important que le 19 octobre soit une journée de grève et de
manifestations la plus massive possible, mais tout le monde est
conscient que cela ne suffira pas. Les premiers effets de la loi
travail ne vont pas tarder à se faire sentir, et il est certain que
des secteurs, à l'image des routiers et des dockers, vont se
mobiliser lorsqu'ils se rendront compte de ce que cette loi implique
pour leur vie. De même, la réforme de l'assurance chômage n'est
pas innocente : sous prétexte d'en faire profiter des travailleurs
indépendants, le gouvernement, sous l'impulsion des patrons, veut
attaquer les droits de tous les chômeurs, sur la durée et le
montant de l'indemnisation notamment. Nous sommes tous concernés et
c'est tous ensemble que nous ferons reculer le gouvernement. Jusqu'à
présent, c'est lui qui a imposé son calendrier.
Ce serait
maintenant à nous de le bousculer et d'imposer notre calendrier
social : avant la ratification des ordonnances par le Parlement
mi-novembre, il faut une manifestation nationale et une vraie journée
de grève interprofessionnelle pour démarrer le mouvement
d’ensemble, qui passe inévitablement par la grève reconductible.