Surenchère raciste sur fond de remise en cause du droit du sol à Mayotte
Alors que le nombre exact de victimes du cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte le 14 décembre dernier, n’est toujours pas connu et que la population en a été réduite à reconstruire des abris de fortune, sans aucune aide de l’État français, la seule préoccupation du gouvernement Bayrou, avec l’appui du RN, est de remettre une nouvelle fois en cause le droit du sol sur l’archipel.
Ce droit avait déjà été remis en cause en 2018 par la loi Collomb, une mesure dérogatoire, s’appliquant uniquement à Mayotte : un enfant né sur l’archipel ne pouvait devenir français que s’il prouvait qu’un de ses parents était en situation régulière depuis au moins trois mois avant sa naissance. Le 6 février 2025, l’Assemblée nationale a entériné une nouvelle restriction du droit du sol : un enfant né à Mayotte pourra accéder à la nationalité française à sa majorité uniquement si ses deux parents sont présents légalement depuis trois années avant sa naissance… Autant dire qu’il s’agit d’une suppression pure et simple du droit du sol, l’immigration légale à Mayotte étant depuis de nombreuses années impossible. Sans parler de l’accès à la préfecture de Mayotte, bien souvent bloqué par des collectifs anti-immigration, pour empêcher les demandeurs de faire toute démarche de régularisation. Ces militants de collectifs « citoyens » reprennent à leur compte les idées xénophobes défendues par les élus RN, mais aussi Liot ou LR, qui affirment que tous les maux de ce 101e département, le plus pauvre de France, sont causés par l’immigration illégale depuis les autres îles des Comores. Un discours qui conforte l’impérialisme français. Il a préempté Mayotte, île comorienne, uniquement pour ses intérêts stratégiques dans le canal du Mozambique et se contrefiche de l’extrême pauvreté de ses habitants, ne réalisant aucun des investissements nécessaires pour développer ce territoire. La France a créé une frontière entre des îles peuplées par une même population et prétend maintenant empêcher toute circulation au sein de l’archipel. La précédente restriction du droit du sol en 2018 n’a eu aucun effet sur la présence de Comoriens considérés comme illégaux à Mayotte, car c’est l’extrême misère de la région qui en est la cause : si Mayotte est pauvre, avec un produit intérieur brut par habitant de 9 000 euros par an (contre 21 378 dans l’Hexagone), les autres îles des Comores le sont encore plus avec seulement 703 euros par habitant et par an.
Cette nouvelle remise en cause du droit du sol à Mayotte a été votée par des députés LR et macronistes, avec le soutien de tous les élus RN. Vote majoritaire indigne ! Marine Le Pen a aussitôt surenchéri en déclarant que l’objectif du RN était de supprimer le droit du sol sur l’ensemble du territoire français. Toute l’orientation politique du gouvernement consiste à courir derrière le RN, Bayrou déclarant qu’il y a un risque de « submersion migratoire », Darmanin lui filant le train en répétant la formule. Et tout ce beau monde de suggérer qu’il faudrait un débat sur « qu’est-ce que c’est qu’être français ». Courir derrière l’extrême droite, c’est vraiment conforter ses perspectives les plus racistes et ségrégationnistes.
Lydie Grimal