jeudi 6 février 2025

GAZA

 

À Gaza, Trump veut amplifier la guerre

Après la déclaration tonitruante, mardi 4 février, de Donald Trump annonçant au monde entier que les États-Unis allaient « prendre le contrôle de la bande de Gaza », pour en faire la « Riviera du Moyen-Orient », une fois le territoire vidé de tous les Palestiniens, tout le monde se demande si Donald Trump est fou.

Fou de pouvoir, fou de sa personne et de sa fortune, sûrement. Mais dans la bouche du président de la plus grande puissance impérialiste au monde, ces déclarations réaffirment une politique et annoncent que les souffrances du peuple palestinien sont loin d’être finies. La trêve n’est qu’une trêve. La guerre à Gaza qui s’est déjà prolongée d’une guerre au Liban, n’est pas qu’une guerre de l’État d’Israël. Elle est appuyée par toutes les grandes puissances occidentales, États-Unis en tête, pour qui cet État d’Israël sert de gendarme contre tous les pauvres du Moyen-Orient – si riche en pétrole.

La porte-parole du gouvernement français vient de faire savoir qu’en principe « la France est opposée pleinement aux déplacements des populations ». La France a pourtant soutenu depuis le début et sans sourciller la guerre menée par Israël, lui a fourni de l’armement (même si c’est bien moins que les États-Unis et de façon plus indirecte) et a même applaudi, l’automne dernier, à l’offensive militaire d’Israël au Liban.

Aux côtés de Trump, lors de cette conférence de presse commune à Washington, Netanyahou a affiché un sourire manifestement satisfait d’avoir en Trump un ami fidèle, qui, lors de son premier mandat à la Maison-Blanche avait déjà conforté tous les projets d’expansion d’Israël : l’annexion de Jérusalem pour en faire la capitale, voire l’annexion de toute la Cisjordanie, et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan. Et Netanyahou d’apporter aussi son soutien à la politique américaine d’affaiblissement de l’Iran, en grande partie privé de ses alliés Hamas et Hezbollah. Pour l’extrémiste d’extrême droite au pouvoir en Israël, il s’agit de « finir la guerre en gagnant la guerre ». Jusqu’où ?

Pour l’heure, l’expulsion pure et simple de deux millions de Gazaouis, après une guerre qui a déjà fait près de 50 000 morts (peut-être bien davantage avec les « disparus ») semble relever d’un cauchemar fou et irréalisable. Ni les dirigeants d’Égypte ni ceux de Jordanie ne sont d’ailleurs prêts à les accueillir, de peur que ces deux millions de pauvres de plus ne déstabilisent leurs régimes dictatoriaux. Même si Trump se fait fort de les y contraindre, comme il espère en convaincre le royaume d’Arabie saoudite en lui offrant en échange une part du merveilleux marché que serait la reconstruction d’un Gaza de luxe sur les ruines du Gaza palestinien.

Les Palestiniens que l’on voit ces jours-ci remonter en convois vers le nord de la bande de Gaza, pour retourner « chez eux », n’y retrouvent que leurs immeubles en ruines. En Cisjordanie, l’armée israélienne mène depuis quinze jours une vaste opération de ratissage à Jénine, dans la ville et surtout dans son camp de réfugiés, rescapés des guerres précédentes. Ces incursions militaires et les bombardements d’infrastructures et de maisons ont déjà fait plus de 25 morts. Et les opérations d’expulsion de Palestiniens se poursuivent, avec l’appui de l’armée, menées par des colons israéliens d’extrême droite. C’est en prolongement de cette guerre-là, bien plus qu’en comptant sur un assentiment du maréchal Sissi ou du roi Abdallah, que comptent Trump et Netanyahou pour poursuivre l’épuration ethnique et l’expansion d’Israël, ainsi que son renforcement militaire comme gendarme de la région.

On ne sait pas encore quelles seront les réactions aux États-Unis même, où, pour la première fois avec pareille ampleur, on a vu depuis plus d’un an des manifestations de protestation contre la guerre à Gaza, notamment animées par des jeunes et des militants d’origine juive profondément antisionistes. Ici en France, même si le gouvernement affiche quelques réticences verbales face à la surenchère trumpiste, on voit qu’il en cautionne toutes les escalades. Toutes celles et ceux qui ne supportent pas que depuis des mois à Gaza, avec le massacre des Palestiniens, ce soit « l’humanité qu’on assassine », doivent et vont continuer à se mobiliser et à manifester par tous les moyens possibles. En solidarité avec le peuple palestinien et tous les travailleurs et peuples de la région, voire du monde, que les puissances impérialistes tentent de terroriser et décourager de se révolter en bombardant en masse à Gaza.

Olivier Belin