vendredi 22 février 2019

sionisme


Nous publions la présente contribution de Jean Do Robin, avec son autorisation, il est notamment militant du comité de Lannion de l'AFPS.
Pour mémoire, il était en Palestine occupée en octobre- novembre dernier.

Dénoncer le sionisme, c’est combattre l’antisémitisme et le racisme sous toutes ses formes


Le conflit « israélo-palestinien » n’est pas un problème proche-oriental. L’occupation de la
Palestine symbolise le discrédit dont souffre le droit international. C’est donc un dossier
international. Enfin, le projet sioniste à l’origine de ce fait colonial est né à Rennes en 1899,
lorsque Theodore Herzl vint y assister au procès Dreyfus. C’est donc aussi un avatar de
"l’histoire de France".

Le conflit « israélo-palestinien » n’est pas un problème proche-oriental qui s’importerait en
Europe.
Il n’y a d’ailleurs pas de « conflit israélo-palestinien », mais une résistance légitime du peuple
palestinien à l’occupation militaire et à la colonisation de sa terre par une population
d’origine majoritairement européenne, y compris française.
De plus, l’occupation de la Palestine par cette entité coloniale est, depuis 1947, fondée sur
une violation du droit international, à commencer par la seconde convention de Genève, de
manière si constante, si répétée et si totalement impunie qu’elle symbolise à elle seule le
discrédit qui ne cesse d’entraver une mise en œuvre équitable du droit international dans le
monde entier. C’est donc bien un dossier de portée éminemment internationale.
Enfin, le projet sioniste qui est à l’origine de ce fait colonial n’est pas né à Jérusalem : il est
né ici : d’abord à Rennes en 1899, lorsque Theodore Herzl vint y assister au procès Dreyfus.
Herzl en fut tellement écœuré qu’il abandonna son combat pour que les Etats européens
reconnaissent enfin les juifs comme des citoyens à part entière... Il mit alors toute son
énergie dans le projet de création d’un foyer national où ceux-ci seraient à l’abri des
persécutions dont ils souffraient en Europe. C’est donc aussi un avatar de "l’histoire de
France".
Vint alors l’humiliant traité de Versailles imposé en 1919 par la France et ses alliés à
l’Allemagne vaincue, l’occupation de la Ruhr et la surexploitation des ouvriers allemands par
les vainqueurs. Cette humiliation et le ressentiment qu'elle généra furent le terreau du
nazisme. Les exterminations de masse, dont le massacre des juifs d’Europe, qui résultèrent
du triomphe nazi, vint conforter et donner corps au projet sioniste. Et ce d’autant plus
qu’après la libération des camps, les USA et la Grande-Bretagne s’empressèrent de renvoyer
vers les côtes de Palestine, les milliers de juifs européens qui, eux, demandaient à trouver
refuge dans un pays de culture occidentale, comme la leur.
Dès lors, et de plus en plus, l’idéal sioniste originel devint un instrument aux mains des
puissances impérialistes pour défendre leurs intérêts au Proche Orient. Une idéologie
colonialiste. Un projet colonial. Bien peu à voir avec le judaïsme et encore moins avec les
héritages culturels et linguistiques, yiddish et ladino, des juifs d’Europe, puis ceux des juifs
du Maghreb et de la riche tradition judéo-arabo-andalouse... dont l’éradication fut une des
pierres d’angle du nouvel Etat et de son projet nationaliste et raciste : la fabrication d’un
être nouveau, total et conquérant. Non pas un citoyen israélien, mais une sorte d’Hébreu
moderne complètement mythique.


Voici ce qu’en disait, le 17 mars 2015, Avraham Burg, ancien président de la Knesset, ancien
président de l’Agence Juive Mondiale, et soutien de la liste commune judéo-arabe des
élections israéliennes de mars 2015 :
« Le sionisme a été un mouvement national gagnant pour les juifs qui a créé une révolution
fantastique dans l’existence juive, a donné naissance à une horrible tragédie pour les
Palestiniens et a expiré en 1948. Le but du sionisme a été de transformer le peuple juif d’une
structure de diaspora en une structure souveraine. Cela n’a été qu’un échafaudage. À partir
de 1948, nous aurions dû n’être que des Israéliens, quelle que soit l’origine. Mais si ce n’est
pas suffisant et que vous avez besoin du sionisme pour définir quelque chose, cela signifie
que vous discriminez quelqu’un. Oui, aujourd’hui, en Israël, le sionisme est un outil de
discrimination ».
Et du même auteur : "Que celui qui refuse de voir et d'entendre ne s'étonne pas de découvrir
un jour qu'Israël ressemble déjà à l'Allemagne qui trompa son peuple et permit à nos
exterminateurs de faire aboutir leurs projets diaboliques. En effet, notre situation rappelle
étrangement l'Allemagne – durant la période qui va de l'humiliation de la défaite de la 1e
guerre mondiale à la conquête du pouvoir par Hitler et les nazis"(« Vaincre Hitler",
p.108). Burg qui a dit aussi que les Palestiniens d'aujourd'hui sont les juifs d'hier.
L’Etat d’Israël n’est pas ce foyer national juif espéré par Herzl et évoqué dans le projet de
l’ONU de partition de la Palestine en 1947.
C’est une entité militaro-étatique qui refuse de définir ses frontières une fois pour toutes et
qui n’a pour seule constitution qu’une compilation de lois religieuses ; un état d’apartheid
qui ne reconnaît de citoyenneté pleine et entière qu’à ceux de ses ressortissants auxquels il
attribue la « nationalité juive »... et plus encore, un Etat qui prétend désormais
unilatéralement être « l’Etat des Juifs » du monde entier, auxquels il reconnaît le droit
d’accéder à la propriété sur les terres qu’il occupe en toute illégalité... tandis qu’il refuse ce
même droit à ceux qui y habitent depuis toujours, comme leurs aïeux avant eux.
Pour autant, Israël existe désormais, selon le « principe d’effectivité » invoqué par les
instances de l’ONU elles-mêmes.
Nier l’existence d’Israël n’a donc aucun sens.
Mais invoquer la menace de « destruction » qui pèserait sur Israël et ses habitants pour
tenter de justifier la poursuite de ses exactions contre les droits fondamentaux est tout aussi
vain : aucun État, aucune puissance n’a jamais réellement mis Israël en danger, ni ne le
menace aujourd’hui : pas même l’Iran où les fulminations apocalyptiques de quelques
mollahs n’ont d’autre portée que de faire vibrer la corde nationale pour tenter d'occulter
l'urgence démocratique exprimée par la société iranienne.
En revanche, il n’existe pas, en droit international, de « droit à l’existence » d’un État, et ceci
vaut pour Israël comme pour tout autre État. La légitimité d’un État n’est pas seulement
fragile : elle est aussi relative et ne peut donc se décréter. Elle dépend totalement de la
synergie entre ses propres ressortissants et ses voisins dans le niveau de reconnaissance
qu’ils lui accordent.
C’est ainsi que l’Etat d’apartheid d’Afrique du sud a aujourd’hui disparu.


C’est ainsi que l’Etat d'apartheid d’Israël doit disparaître afin qu’Israël – ou quelque autre
nom que prendra tout ou partie de l’ancien pays de Canaan - ne soit pas plus « L’Etat des
Juifs » que l’Etat de toute autre confession religieuse, mais l’Etat de tous ses citoyens et
citoyennes.
Ce qui menace réellement Israël, c’est la fuite en avant de ses institutions : militariste,
colonialiste, et de plus en plus ségrégationniste, envers les Palestiniens bien-sûr et envers
ses « protégés » druzes aussi, mais même envers les juifs non-européens : falashas,
mizrahim et séfarades... ou pauvres, comme ces survivants de la Shoah, abandonnés à la
misère dans les immeubles décrépis des années 50 de Akkà.
Ce qui menace d'abord Israël, c’est l’implosion de sa société : celle à laquelle conduisent
inexorablement l'état de guerre permanente, la paranoïa envers l’étranger, ou « l’autre » de
manière générale, ainsi que le manque d’empathie envers les plus démunis.
Quant à l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien pour attiser les conflits
« intercommunautaires » en France, voici ce qu’en écrivait Rony Brauman - ex-président de
MSF – dans Siné Mensuel d’avril 2015 :
« Il (le CRIF), ne cesse d’affirmer le soutien inconditionnel des Juifs français à Israël tout en
faisant vibrer la corde antisémite jusqu’à l’extrême. Il a franchi un degré supplémentaire en
faisant campagne contre l’appel à la reconnaissance d’un État palestinien voté au Parlement
français. Soudainement, la reconnaissance d’un Etat Palestinien était un acte antisémite. Le
CRIF vide de son sens-même la notion d’antisémitisme en l’assimilant à une critique ou à une
attitude politique. Ces gens-là mettent les juifs en danger. »
Plus qu’une expression particulière du racisme , le sionisme est donc devenu un des
principaux pourvoyeurs de l’antisémitisme dont le CRIF a fait son fond de commerce pour
peser sur la politique proche-orientale de la France.
Dénoncer l’idéologie sioniste, c’est combattre le racisme sous toutes ses formes, à
commencer par l’antisémitisme.
Plus qu'un délit, l'antisémitisme est un crime. A ce titre, il doit être poursuivi et condamné
sans ambiguïté aucune.


L’antisionisme, lui, est une opinion et une composante du combat antiraciste : Prétendre en
faire un délit revient à mettre en cause la liberté d'expression et constituerait une étape
supplémentaire et fort significative dans la régression des droits démocratiques en France.
C’est pourquoi, n’en déplaise aux dirigeants du CRIF et à leurs affidés, Emmanuel Macron en
tête, je suis antisioniste et le revendique, tout comme mon grand-père, officier FTPF et mon
grand-oncle, combattant FTPF tombé au maquis, étaient antinazis et le revendiquaient*...
face aux sbires de Pétain... auquel Macron rendait hommage en novembre dernier.

Jean-Do ROBIN
21 février 2019


* note du comité NPA: 
Jean Do fait ici allusion aux maquis  FTP de la région de Rostrenen / Callac /St Nicolas et de Haute Cornouaille. Ce sont ces mêmes maquis qui mirent en déroute les troupes d'élite du général  nazi Ramcke commandant de la base navale de Brest.