dimanche 24 février 2019

coco

Gérard Le Meur est le président du syndicat de défense du Coco de Paimpol.
Gérard Le Meur est le président du syndicat de défense du Coco de Paimpol. (Armelle Menguy)

Le retrait, par la législation, de la protection de la semence du Coco de Paimpol, contre la mouche des semis, a posé de gros soucis aux 185 producteurs en 2018. Gérard Le Meur, président du syndicat de défense du petit haricot, fait le point.


Parlez-nous de cette protection que vous ne pouvez plus utiliser…
On s’en servait depuis 2013. À l’époque c’était une vraie petite révolution. Elle permettait de lutter contre une mouche des semis très destructrice. Mais la législation a protesté contre cette utilisation, argumentant du fait que l’agriculteur prenait des risques au moment de sa manipulation. Aujourd’hui, nous n’avons plus rien à part des microgranulés mais il faudrait en mettre 12 kg à l’hectare et encore, ce n’est pas efficace. Chez moi, j’ai arrêté d’en mettre, et, sur les 185 producteurs de Coco de Paimpol à l’UCPT, les gars sont nombreux à avoir fait ce choix. Le seul remède est d’utiliser la semence de l’année et plus celle de deux ans comme on le faisait avant.

Cette mouche vous a posé problème en 2018 ?
On estime à 15 % la perte due à la mouche en effet. Certains producteurs ont ressemé deux à trois fois. En juin 2018, nous avons eu une période orageuse ; trois mois après, à cause de la mouche, cet épisode a provoqué une chute de rendement. Imaginez un peu si nous avions deux à trois périodes comme ça sur une saison qui reste très courte, ce serait la catastrophe, car la pluie reste notre ennemi numéro 1.

Comment se porte la production ?
En 2017, nous avions battu des records avec plus de 7 000 tonnes, des chiffres non atteints depuis longtemps. Il faut dire que c’était une année exceptionnelle sur le plan de la météo. En 2018, nous sommes à 4 700 tonnes et nous sommes de toute façon très loin des 12 000 à 13 000 tonnes d’il y a trente ans.

Comment mieux valoriser le Coco de Paimpol et son Appellation d’Origine Contrôlée ?
À l’UCPT, nous faisons des essais d’écossage mais ce n’est pas encore au point. Personne ne pense à le valoriser en le cuisinant comme cela existe avec le lait en faisant des yaourts et des fromages car la saison est trop courte.
 
De plus, c’est un produit fragile, ramassé seulement à la main ; on ne peut pas le brader. Nous continuons d’être concurrencés par la Mogette de Vendée entre autres, à cause de productions très mécanisées.

Vos craintes et vos challenges pour 2019 ?
Nous aurons encore 800 ha de superficie et j’espère que les producteurs ne vont pas baisser en nombre. Notre principal souci réside aussi dans la complexité administrative à l‘embauche. Il y a trois ans, nous avions un manque de main-d’œuvre. Là c’est encore un autre problème. Toute notre énergie va désormais se concentrer sur notre capacité à maintenir des volumes suffisants pour intéresser les marchés, tout en valorisant notre production. Nous devons conserver sa place à notre petit haricot qui reste le meilleur sur le plan gustatif.

© Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/paimpol/agriculture-la-mouche-des-semis-attaque-le-coco-15-02-2019-12210324.php#j3VGegIGWDTRgxkE.99