mardi 24 décembre 2024

ELA

 

Déclaration intersyndicale dans l’État espagnol

Publié le  par Michel

Le 14 novembre 2024 à Barcelone, les trois confédérations nationales CIG, ELA et Intersindical (Galice, Pays Basque et Catalogne) ont adopté une déclaration commune. Ce texte s’appuie sur une analyse commune de la situation politico-sociale, jugée très préoccupante sur trois plans différents. Il s’agit d’abord de l’offensive réactionnaire et centralisatrice en cours, qui met en danger la cohésion sociale et fait reculer les droits sociaux et les services publics. Ensuite, ces confédérations rappellent l’absence d’une véritable rupture avec le franquisme, notamment en ce qui concerne l’appareil judiciaire, les forces de sécurité et une partie notable des moyens de communication. Enfin, elles dénoncent les politiques d’austérité néolibérales. Ce contexte favorise alors la montée des idées d’extrême-droite et de haine.

On notera ici un rejet commun du « dialogue social » – position qui mériterait de trouver un écho au sein du syndicalisme de lutte en France. Ces constats sont suivis de cinq engagements, que nous traduisons ci-dessous. Ils rassemblent donc trois confédrations syndicales : CIG – Confederación Intersindical Galega (syndicat majoritaire en Galice), ELA – Eusko Langileen Alkartasuna (syndicat majoritaire en Euskadi) et Intersindical-CSC – Confederació Sindical Catalana (syndicat minoritaire en Catalogne)… et nous suivrons avec attention leur mise en œuvre.

Défense des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière

Nous nous engageons à placer l’amélioration des conditions de travail au cœur de la stratégie du syndicalisme national et de classe de nos pays. Nous considérons que la défense de conditions de vie et de travail dignes est un outil clé pour lutter contre la montée du fascisme et de la haine. Ce n’est qu’ainsi, grâce à un syndicalisme qui lutte contre l’exploitation et la précarité de l’emploi, que nous pourrons garantir une société plus juste et plus démocratique. C’est pour cette raison que nous rejetons les réformes du droit du travail qui perpétuent l’exploitation, les réductions des pensions de retraite et les politiques d’austérité comme seule issue à la crise. Nous défendons une juste une répartition des richesses, des salaires dignes, la réduction du temps de travail et un système de soins public.

Droits linguistiques au travail

Nous lutterons pour que les droits linguistiques des travailleurs et des travailleuses soient respectés et promus sur leur lieu de travail. Nous voulons vivre et travailler avec les mêmes droits linguistiques que toute autre communauté linguistique ; avec la pleine reconnaissance de nos langues (le galicien, le catalan et le basque) comme langues de vie et de travail. Les droits linguistiques sont également des droits du travail et sont fondamentaux pour notre identité culturelle et nationale.

Autodétermination et cadres propres en matière de protection sociale et de travail

En tant que syndicats souverainistes, nous réaffirmons notre défense du droit à l’autodétermination de nos peuples. Les cadres politiques et juridiques imposés par l’État espagnol constituent un obstacle au développement de politiques en matière sociale et de droit du travail qui répondent à nos besoins et aspirations. Nous défendons la mise en place de nos propres cadres dans les champs du travail et de la protection sociale, ainsi que l’obtention de pleines compétences en matière de travail, d’emploi et de politiques sociales, pour adapter notre législation et notre réglementation à nos réalités.

Renforcement du syndicalisme de transformation et rejet du prétendu « dialogue social »

Nous rejetons le « dialogue social » comme instrument de domestication de la classe ouvrière, qui a servi les intérêts des élites économiques et politiques au détriment des droits du travail. Ce mécanisme est devenu un outil de légitimation des politiques néolibérales et de démobilisation des secteurs les plus combatifs. Nous défendons un syndicalisme de confrontation, engagé dans la mobilisation et la lutte, et qui n’accepte pas les limites imposées par les élites.

Unité d’action syndicale

Nous approfondirons la collaboration entre les syndicats nationaux et de classe, en respectant toujours notre indépendance organique. Nous voulons nous renforcer mutuellement pour faire face ensemble aux défis d’un contexte de crises multiples – économiques, sociales et écologiques – et avancer vers un monde socialement plus juste, où tous les peuples sont reconnus sur un pied d’égalité.