Notre comité donne la parole à une soignante
de l'hôpital public de Guingamp:
un témoignage sans concession contre la politique de santé
mise en oeuvre par les larbins du capital.
Nous avons tenu à coller au plus près du texte initial que notre camarade soignante a écrit avec son coeur , gros comme çà. Nous nous excusons juste auprès d'elle de quelques modifications pour faciliter la lecture. .
Après avoir vécu l'épidémie du covid, le manque de lit, de matériel, les masques qu'on nous arrache des mains, tout a été oublié par les décideurs de l'ars dans leurs bureaux.
On continue a supprimé des lits, il y a quelques mois, ils nous en manquaient tant.Soignant nous n'avons pas oublié nous qu'il nous a fallu choisir celui qui pouvait vivre ou mourir.Car des lits de réa, des respirateurs manquaient, on fabriquait avec des jouets de plongée pour enfants le souffle qui était sensé manquer aux personnes covidés.Aujourd'hui en supprimant la chirurgie H 24, c'est aussi des soins continus qu'on supprime, ces mêmes lits qui ont sauvé des vies sous vos applaudissements.Pendant que les personnes restaient confinés, nous mettions toutes l'énergie du désespoir, infirmières, aide soignantes, agents... pour un petit peu plus que le smic, à exposer nos vies aux covid.Qui peut comprendre ce que c'est d'arriver dans un service que l'on a quitté normal, et qu'on rejoint en siège et en guerre???Plus le droit de s'habiller avec les autres, passage par d'autres portes, des vêtements de papier pour les pestiférés avec écrit en grosses lettres : SERVICE CONTAMINE.La cinquième puissance mondiale oublie ses hôpitaux.Qui sait ce que cela fait de mettre à la fin d'un souffle, un corps dans un sac?Qui se souvient des heures passées après le travail à coudre des masques en tissu, pour pallier leur manque pour ceux de dehors?Qui se souvient des prototypes lancés sur imprimantes 3 D, des asso de Fablab, avec une feuille perforé pour seule protection, pour nous faire des lunettes au fond de garage.Et ces malades transportés sous respirateur par train pour trouver un lit de réa à l'autre bout de la France.Où sont les applaudissements aujourd'hui, où sont les fonds, les investissements ?
Pour prévenir la prochaine épidémie, la réponse est ce donc des territoires sacrifiés.
Qui se rappelle des aides soignantes qui ont lavé, nourri, rassuré, porté, tant de patients avant de faire, parfois, malgré la boule dans la gorge, les derniers soins ceux du départ?Que vivaient les confinés lorsque chaque jour notre quotidien ressemblait à un champ de bataille, qui a survécu, qui sera transféré?
Nos petits hôpitaux, ne sont pas des CHU, ni des cliniques d'avant garde, elles ont une mission (sans doute ce qui devrait être privilégié pour un service public): répondre à une demande territoriale, pas de notoriété, pas de profit, la simplicité, proche de ceux qui en on besoin.
On prend en charge les syndromes post traumatiques d'agents de police et de gendarmerie après une intervention et nous nos traumas post covid qui les a pris en charge? Nous avons du continuer à avancer, à prendre en soin. Et qui a écouté nos douleurs, nos souffrances, où sont passées nos soutiens psychologiques.
On est vite retombé dans les travers de ce qu'était l’hôpital d'avant : efficience , DMS (durée moyen de séjour), rendement, rentabilité, quantité, T2A , oublié l'éthique, l'humanité voilà que les soignants redeviennent des CHARGES après avoir été des sauveurs, des héros .
Je me raconte des histoires, je raconte des histoires pour redonner de l'espoir à tous mais je crois que j'essaie surtout de me convaincre que les contes finissent toujours bien.Entendre nos témoignages, entendre nos souffrances personne n'en a envie. Finie la pandémie, oubliées les vagues de problèmes.Qui pense encore à notre peur au quotidien d'aller aux charbons, de contaminer nos familles, nos enfants, les compagnons de nos vies.L'argent n'est pas palpable, mais la vie et la mort elle est là, je la touche tous les jours du bout des doigts.Les fonctionnaires hospitaliers ne sont plus des héros, mais des charges, des privilégiés, des réductions de moyens.Alors la prochaine vague, le prochain tsunami, sans nos soins de proximité, notre chirurgie, nos urgences à quoi va t'elle ressembler !