lundi 31 juillet 2023

edito

 

Le vrai visage de la république de Macron

Pendant la nuit du premier au 2 juillet, la vie de Hedi, jeune travailleur sans histoires de 21 ans, a basculé à Marseille. Pendant les émeutes qui ont suivi le meurtre de Nahel à Nanterre, la répression fait rage, elle fera un mort par un tir policier, deux personnes dans le coma, cinq éborgnés, une main arrachée, des dizaines de blessés non comptabilisés de peur de représailles, 3400 arrestations, 95 % de condamnations et 600 personnes en prison. Hedi, alors qu’il ne participait pas à la révolte aura le malheur de croiser la Brigade anti-criminalité, la tristement célèbre BAC. Après avoir été blessé à la tête par un tir de LBD, sans défense et à terre, il sera tabassé par les policiers zélés de Darmanin qui se sont littéralement acharnés sur lui. Les policiers l’ont traîné dans un coin, sans jamais l’avoir interrogé, sans même un contrôle d’identité – pourtant si courants dans les cités. Après s’être déchaînés, les sbires de Macron l’ont laissé pour mort, sans prévenir les secours. On a envie de les traiter de chiens, mais les chiens ne torturent pas. Le témoignage d’Hedi, après des semaines de réanimation, une partie de son crâne absente, a été vue plus de 12 millions de fois sur les réseaux sociaux. Son courage pour témoigner de sa vie brisée met à nu la République des riches qui n’a que la violence, les mutilations et la misère à proposer.

Une société dévorée une minorité de profiteurs

Hedi aurait pu être un voisin, un collègue, un ami, un fils. Mais il vivait dans un quartier populaire et, bien que français, sa famille n’était pas « gauloise ». Pauvre et arabe, la belle aubaine pour des racistes qui n’auraient pas agi ainsi dans un quartier huppé.

Et maintenant, cette police s’indigne que les responsables risquent des sanctions pénales ! Ses syndicats d’extrême droite exigent l’impunité pour les cogneurs et les assassins, avec le soutien du directeur général de la police nationale ou encore du préfet de Paris !

Leur indécence n’a décidément aucune limite. Mais si ces policiers sont responsables, où sont les donneurs d’ordre ? Macron et Borne regardent ailleurs, Darmanin, après un silence complice, apporte son soutien aux policiers. Aucun d’entre eux n’aura eu un mot pour la victime ou la famille, voilà pour le mépris. Un mépris qui masque mal leur isolement.

Il est vrai que l’impopularité de Macron et de son équipe n’est plus à démontrer, trouver leurs supporters au travail ou dans les quartiers populaires est devenu un sport destiné à ceux qui ont du temps à perdre. Mais lui et son gouvernement font bien le travail pour leurs vrais maîtres : les riches sont plus riches, les pauvres plus nombreux, et l’exploitation des travailleurs n’a jamais autant rapporté. Ces politiciens se plaignent avec hypocrisie de la violence dans la société. Mais même si l’argent n’a – paraît-il – pas d’odeur, cette accumulation puante de richesses d’un côté et cette misère de l’autre finissent par faire monter l’exaspération. Ce sont ces inégalités croissantes qui produisent les violences, cet incendie social. Alors le mépris de classe ne suffit pas, la matraque devient indispensable pour les pyromanes sociaux que sont Macron et le patronat derrière lui, avec en prime la bonne louche de racisme pour diviser les exploités et les opprimés.

La colère froide ne suffira pas

Et tout ce petit monde politicien voudrait qu’on passe à autre chose ? Arracher un morceau de crâne pour ne pas avoir à critiquer cette société, voilà leur projet de société pour la jeunesse ? Laisser pour mort un jeune d’origine immigrée, innocent, après l’avoir massacré de coups, voilà leur justice ? Cela ne peut durer, cela ne doit pas durer. Alors, c’est vrai, le matraqueur Macron rime avec pognon, mais les travailleuses et les travailleurs sont des millions. Et sans le monde du travail, leur société, véritable fabrique à profits, ne fonctionne pas. La force de la classe ouvrière réside dans la somme de son organisation, de sa solidarité et de sa détermination. Pour imposer la protection de nos quartiers contre la violence policière, pour la défense de nos droits dans les entreprises, et pour exiger la justice pour Hedi et toutes les autres victimes.

Éditorial du NPA du 30 juillet 2023