LANNUON EL PASO DEL EBRO
par la fanfare WASO.
Nouveau Parti Anticapitaliste Révolutionnaires comité Nathalie Le Mél
A l’appel de deux organisations
syndicales et des comités de défense de la santé, un rassemblement est
organisé à Guingamp samedi 23 octobre à 10h00 place du Champ Au Roy.
Dans la plus profonde opacité, l’ARS Bretagne, à l’occasion de l’expertise de la mission Rosetti prépare la destructuration de tous les hôpitaux publics du GHT 7, St Brieuc, Paimpol, Tréguier,Lannion et Guingamp. Plus particulièrement sur Guingamp, les services de la chirurgie et de la maternité seraient supprimés et l’hôpital serait transformé en hôpital dit de proximité.
En terme clair un établissement pour les vieux et les pauvres…Et des temps d’attente supplémentaires pour se faire soigner, doublés de trajets supplémentaires pour toutes et tous pour aller se faire soigner.
Le contraire des discours sur la proximité, et la protection de la planète.
L’heure est à la mobilisation des
personnels et de la population, si les élus sont si préoccupés de
l’avenir de l’hôpital qu’ils engagent le fer avec l’Etat en
démissionnant collectivement.
Dans la rue, dans la gréve défendons notre santé, l’hôpital public, engageons la riposte.
communiqué de presse du comité Nathalie Le Mel du NPA
EDITO
La police tue !
Le 18 octobre, toute la presse évoque la manifestation des AlgérienEs et la répression. La presse de droite, le Parisien libéré, l’Aurore, Paris-Jour, reprennent la version officielle : « De violentes manifestations nord-africaines emmenées par des tueurs » qui auraient tiré sur les forces de police. « C’est inoui ! Pendant trois heures 20 000 Musulmans algériens ont été les maîtres absolus des rues de Paris ». La presse de gauche, l’Humanité et Libération, reste très prudente. L’Humanité dénonce les violences, sans parler de massacre ni de crime, et précise qu’elle ne peut pas en dire plus en raison de la censure. France soir fait tout de même état de violences policières et le Figaro de « violences à froid » dans les lieux où les AlgérienEs ont été internés. Le Monde accuse les Algériens : « C’est le terrorisme musulman qui porte la responsabilité de ces drames ».
Quant à la télévision, gérée alors d’une main de fer par le pouvoir gaulliste, elle consacre deux minutes au sujet, en commençant par montrer… des vitrines brisées. On entrevoit à peine des files d’Algériens que la police fait monter dans des autobus.
Le bureau politique du PCF publie le 18 octobre une déclaration dénonçant la répression, sans en souligner l’ampleur, et appelant à « des initiatives en vue d’organiser dans l’unité la lutte de masse dans les usines et les localités afin que se réalise concrètement l’unité des travailleurs français et algériens ». Ce communiqué souligne aussi « la nécessité d’en finir avec la guerre d’Algérie » et d’« imposer une véritable négociation avec le GPRA sur la base de l’application du principe de l’autodétermination ». Mais cet appel ne contient aucune consigne précise et les organisations de base du parti n’en reçoivent pas.
La CGT Renault diffuse dès le 18 un tract nettement plus précis. Et pour cause ! De nombreux travailleurs algériens manquent sur les chaînes, mais des rescapés ont pu informer leurs camarades. « Le nombre exact de morts est pour le moment caché. […] Les policiers qui ont tiré sont ceux qui matraquent les travailleurs français quand ils font entendre leur mécontentement. » Mais la CGT n’appelle qu’à « signer dès cet après-midi des pétitions » et à organiser des délégations de protestation en direction des mairies…
Il n’y aura que des débrayages limités chez Renault et dans quelques autres entreprises de la région parisienne, comme Thomson Gennevilliers, la Saviem de Saint-Ouen. Une demi-heure seulement à Thomson Bagneux. La CGT félicitera par la suite les membres du personnel de la RATP qui auraient refusé de charger les Algériens raflés par la police, mais on ne trouve pas trace de ces refus. En revanche, aux dépôts de Choisy-le-Roy et de la Croix-Nivert, les employés ont refusé… de nettoyer les traces sanglantes qui souillaient les autobus.
Claude Bourdet, conseiller municipal de Paris, dirigeant du PSU, interpelle Papon en termes vigoureux tout en ménageant la police qu’il refuse d’incriminer dans son ensemble. Jacques Duclos (PCF), de son côté, s’en prendra à Roger Frey, ministre de l’Intérieur, à l’Assemblée. Tous deux dénoncent la violence de la répression, mais sans paraître mesurer son ampleur. Il sera question d’une commission d’enquête, mais celle-ci ne verra jamais le jour. Dès que certains aspects de la barbarie policière ont été évoqués, les syndicats de police sont montés au créneau, à commencer par le plus puissant, le SGP – Syndicat général de police, dirigé alors par Gérard Monate, proche de la SFIO. Les policiers exigent donc à leur habitude l’impunité totale. Monate les rassurera par ces mots au cours d’un conseil syndical : « Pour ce qui s’est passé lors de la manifestation, tout est couvert par le préfet » (Papon). De fait, aucun policier ne sera jamais inquiété par la suite.
Des voix critiques se sont fait entendre au cours de ce conseil, mais ont été largement couvertes par la majorité des syndicalistes policiers présents. Les quelques policiers indignés par le comportement de leurs collègues ont été impuissants à endiguer la barbarie. Certains ont même été menacés de mort pour avoir osé émettre des critiques. Un tract signé « des policiers républicains » sera néanmoins adressé clandestinement à la presse et à des personnalités politiques.
Les dirigeants du PCF, qui avaient notamment été alertés par quelques policiers encore adhérents du parti et des cégétistes ne disposaient semble-t-il pas d’une vue d’ensemble de la répression. Le FLN lui-même ne semble pas avoir su le nombre de victimes. Une déclaration du GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne) ne parle que de cinquante morts et d’une centaine de blessés. Quant aux militants de base du PCF et de la CGT, même ceux des entreprises où leurs collègues algériens avaient participé à la manifestation, ils n’avaient que peu d’informations.
Une dénonciation plus précise du massacre viendra un peu plus tard de petites publications comme Vérité-Liberté, les Temps modernes, Témoignages et documents, qui seront toutes systématiquement saisies. L’éditeur militant François Maspero tentera de publier une enquête de la journaliste Paulette Péju, Ratonnades à Paris. Mais celle-ci sera également saisie. Tout cela circulera tout de même clandestinement, mais en un très petit nombre d’exemplaires. Toutefois, l’hebdomadaire Témoignage Chrétien, très engagé contre la guerre d’Algérie, publiera un dossier dès le 27 octobre avec les célèbres photos prises par Elie Kagan au péril de sa vie1.
Un appel est lancé par une vingtaine de personnalités, dont Aragon, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Elsa Triolet, Marguerite Duras, André Breton, Pierre Vidal-Naquet. Marguerite Duras publie un texte particulièrement virulent dans France Observateur, dans lequel elle compare le 17 Octobre avec l’extermination du ghetto de Varsovie. Un rassemblement réunit 2 000 étudiantEs et enseignantEs dans la cour de la Sorbonne. Une manifestation boulevard Saint-Michel ne comptera que deux ou trois cents étudiantEs.
Par la suite, le souvenir du 17 Octobre devait être occulté par un autre massacre, celui du 8 février 1962, quand huit militants du PCF furent assassinés par des CRS à la station de métro Charonne, alors qu’ils manifestaient contre un attentat de l’OAS. Ce n’est que vingt ans plus tard que le massacre du 17 Octobre cessera d’être un tabou médiatique et politique, avec le succès d’un roman de Didier Daeninckx et surtout le travail de l’historien Jean-Luc Einaudi qui s’efforcera d’établir un bilan complet de cette sanglante répression2. Entretemps, un certain nombre de porteurs de valises de la guerre d’Algérie étaient devenus des proches du Parti socialiste et du président Mitterrand. Les auteurs du massacre encore en vie avaient pris leur retraite. Même si le sujet restait sensible, dissimuler ce massacre n’avait donc plus la même nécessité impérative pour les gestionnaires de l’État.
Note:
merci à Gérard de citer Jean Luc EINAUDI pour son ouvrage "la bataille de Paris" qui lui valut un procès du vieux fascite breton Le Pen...
Depuis le 13 septembre, les ouvrières et ouvriers de Bergams à Grigny (Essonne), une entreprise de 300 salariéEs qui confectionne, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, sandwichs, salades et plats cuisinés pour Air France, Relay et Starbucks entre autres, sont en grève.
Bergams fait partie du groupe Norac, qui compte plusieurs filiales en France et dans d’autres pays européens et aux États-Unis. Avec une fortune de 260 millions d’euros, son patron, Bruno Caron, fait partie des 500 plus grosses fortunes de France.
Les salariéEs ont perdu de 300 à 800 euros de salaire par mois à la suite de l’APC (accord de performance collective) qui a été signé en septembre 2020 par les syndicats CFDT, CFTC et CGC, puis entériné par un un vote — à peine — majoritaire des salariéEs. La direction a pu imposer ces accords à la faveur de la baisse de commandes entraînées par le covid, et en agitant des menaces de licenciements, voire de fermeture de l’entreprise pendant les confinements. Elle a usé de toutes les manœuvres pour faire voter les salariéEs en faveur de l’accord, organisant par exemple des réunions par groupes de 10, d’une même origine géographique, sans les délégués syndicaux, en leur racontant ce qu’elle voulait et en exerçant son chantage.
Grâce à cet accord, elle a fait baisser les salaires et droits des salariéEs au plus bas de ce qui existait comme statut à Bergams. Cette société avait repris, il y a une dizaine d’années, plusieurs petites entreprises, en annulant par exemple l’ancienneté, en supprimant des primes de travail le dimanche et les jours fériés : certainEs salariéEs ont perdu jusqu’à 800 euros dans l’affaire et touTEs au moins 200-300 euros. « Grâce » à cet accord de compétitivité et avec l’annualisation des heures de travail, ils et elles peuvent travailler jusqu’à 42 heures par semaine, théoriquement payées à la fin de l’année. Mais la direction se débrouille pour ne pas avoir à le faire en diminuant les horaires à ce moment-là. Ce qui ne l’empêche pas d’embaucher des intérimaires et de bénéficier des aides de l’État, qui finance aussi en plus le chômage partiel grâce à l’ARME (activité réduite pour le maintien en emploi).
Les grévistes demandent l’annulation de l’APC et de l’ARME, des embauches en CDI, l’augmentation des salaires, le respect, l’arrêt des pratiques racistes.
Cela fait maintenant trois semaines que les Bergams sont en grève, à près de 100 % à la production et à la mise en emballages et sur palettes. Les quatre coins du monde sont représentés, Asie du Sud Est, Maghreb, Afrique subsaharienne, Chine… à l’image de la population de Grigny et d’une grande partie de la classe ouvrière en France ! Les piquets de grève sont assurés en permanence : la nuit et le matin très tôt assez peu nombreux, renforcés dans la journée, après l’ouverture des écoles, par les femmes qui sont plus de 70% à la production dans l’usine.
La direction, qui a intenté un référé contre les grévistes en les accusant d’empêcher les salariéEs de travailler, en a été pour ses frais. Elle n’a pas eu satisfaction mais le jugement est reporté au 22 octobre. Une petite revanche sur leur mépris et un encouragement à ne pas lâcher la grève.
À ce jugement, un médiateur a été nommé. Venu rencontrer les grévistes puis la direction, celui-ci a jeté l’éponge en fin de semaine et demande une médiation par l’inspection du travail.
La direction, qui n’a depuis trois semaines proposé aucune rencontre aux salariéEs grévistes, exige pour entamer l’ouverture de discussion, que les salariéEs abandonnent le piquet de grève. Quelle arrogance et quel mépris, après avoir jeté ces travailleurEs dans la misère, elle voudrait leur faire laisser leurs exigences à un travail digne !
À ce jour, les salariéEs, toujours unis, refusent la reprise du travail et reçoivent la solidarité de militants de leurs syndicats et de travailleurs autour d’eux.
Ils et elles ont ouvert une caisse de grève : cotizup.com/solidarite-grevistes
GREVE CHEZ BERGAMS dans l'Essonne...
le problème c'est que BERGAMS, c'est le groupe rennais NORAC donc le patron de...DAUNAT...
VIDEO DE LA VISITE DE PHILIPPE POUTOU
L'ECHO
Les facteurs étaient rassemblés mardi 5 octobre
devant le centre postal, afin de protester contre le manque de moyens
"qui nous empêche de faire bien notre travail".
Ils étaient nombreux mardi matin 5 octobre devant le centre de la Poste à Ploumagoar. Plus d’une vingtaine de facteurs étaient présents pour un piquet de grève, afin de défendre leur métier.
« Aujourd’hui, on nous demande d’en faire toujours plus, mais avec toujours moins de moyens. Résultat, on est obligé de bâcler et de faire un travail de cochons ! Ce n’est pas correct vis-à-vis des clients. On ne peut pas continuer à travailler ainsi ! », regrettent-ils.
Les facteurs de Guingamp déplorent le manque de communication de la direction : « On fait part de nos problèmes, mais rien ne change. On nous met des tournées toujours plus longues, qui sont impossibles à tenir dans le temps défini. Résultat, on ne peut pas livrer tout le courrier de notre tournée, donc il arrive en retard. Avant, on pouvait faire des heures supplémentaires pour finir la tournée, mais la direction ne paie plus les heures supps, donc on ne le fait plus… »
Un vrai crève-cœur pour ces professionnels du courrier, qui ont leur métier dans la peau : « De ne pas pouvoir faire notre boulot correctement, ça finit par nous peser. On crée une relation avec nos clients, donc on est déçus quand on ne peut pas assurer les livraisons en temps et en heure. Cette course contre la montre permanente entraîne beaucoup de stress et casse le moral. »
Des griefs qui ne semblent malheureusement pas entendus par la direction : « Nous n’avons même pas eu de retour suite à l’article de l’Echo sur nos problèmes la semaine dernière. Ils font comme si de rien n’était ! C’est assez incroyable ! »
Les facteurs pouvaient compter mardi matin sur le soutien de certains clients de La Poste, venus les soutenir. Comme Patrice et Yveline Mulon, habitants de Ploumagoar et abonnés à l’Echo depuis de nombreuses années : « Nous tenions à venir apporter notre soutien, car on voit bien qu’ils font du mieux qu’ils peuvent. Ils sont tous adorables, mais ils n’ont pas les moyens de travailler et sont toujours débordés. Cela entraîne de gros soucis. Par exemple, nous n’avons toujours pas reçu notre Echo de la semaine dernière ! Ces facteurs et factrices méritent vraiment de meilleures conditions de travail pour pouvoir livrer correctement ! »
Le message sera-t-il entendu par la direction de La Poste ? Réponse dans les semaines à venir.
Après la CFDT, c’est la CGT qui réagit à l’annonce de la fusion des hôpitaux de Saint-Brieuc, Paimpol et Tréguier. Elle dénonce le manque de dialogue social et un risque de dégradation des conditions de travail.
Après la CFDT, c’est la CGT qui réagit au projet de fusion des hôpitaux de Saint-Brieuc, Paimpol et Tréguier. « Pour nous, il s’agira d’une fusion et non d’un regroupement, car il n’y aura qu’une seule et même entité », précise d’emblée à la CGT. Le syndicat dénonce « un manque de dialogue social depuis un an et demi qui a conduit les syndicats à ne pas siéger en instance par manque de temps pour débattre d’un sujet aussi important ». La CGT a voté contre le projet car « il va engendrer une dégradation des conditions de travai des agents (mobilité multi-sites, concentration des activités…) et une iniquité dans l’accès aux soins que subira la population via des fermetures de services ou d’activités ».
La CGT réclame plus de moyens « pour offrir à la population des hôpitaux publics dignes de ce nom ».
الجزائر المستقلة
17 OCTOBRE 1961 - 17 OCTOBRE 2021
NI OUBLI NI PARDON
Le 17 octobre rappelle, chaque année, la date du massacre par la police française de 200 à 300 Algériens manifestant pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé à l’époque.
Le couvre-feu visant les AlgérienEs avait été décidé par le gouvernement et mis en œuvre par le préfet de police Maurice Papon. Un Papon dont la carrière marque une continuité, de la déportation des Juifs bordelais pendant la guerre à la répression sanglante des indépendantistes algériens. Ce 17 octobre, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestantEs furent arrêtés, emprisonnés, torturés et, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie.
Crime et mensonge d’État
Des centaines de personnes perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police. Leur nombre n’est pas exactement connu car tout a été fait pour dissimuler les faits : des vivants aussi bien que des déjà morts ont été précipités dans la Seine.
C’est le sens de l’inscription « Ici, on noie les Algériens » tracée de nuit sur le parapet d’un quai de la Seine par notre camarade Jean-Michel Mension (Alexis Violet dans la LCR), alors membre du PCF (l’inscription a été bien sûr très rapidement effacée).
La cour de la préfecture de police, le Palais des sports, un stade… avaient été transformés en lieux de torture et de meurtres. D’emblée, Papon, couvert par le gouvernement, a menti sur ce qui s’était passé en déclarant que des coups de feu avaient été tirés sur la police (alors que les manifestants étaient désarmés) qui avait riposté tuant deux Algériens et en blessant plusieurs. Pourtant, ce n’était pas la première fois que la police parisienne tirait sur des Algériens : ainsi, le 14 juillet 1953 (donc avant même le début de la guerre d’Algérie), la police avait ouvert le feu place de la Nation sur la fin de la manifestation syndicale organisée pour commémorer la Révolution française, tuant 6 Algériens (ceux-ci s’étaient regroupés en fin de cortège).
LE POHER
L’Établissement et service d’aide par le travail (ESAT) de Glomel est en grève depuis le mardi 28 septembre. La trentaine de salariés a cessé le travail pour réclamer le versement de la prime Ségur. « Nous réclamons une égalité de salaires entre les personnelles médico-sociaux, qui sont écartés de la prime Ségur, et les personnels sanitaires qui peuvent y prétendre», explique Erwan Pironnec, l’un des salariés grévistes.prime de 183 euros par mois.
L’Esat de Glomel, qui
fournit notamment du bois de chauffage, est en effet géré par
l’Association hospitalière de Bretagne (AHB), en charge également de
l’hôpital de Plouguernével. « L’AHB emploie 1.200 personnes, dont 117
n’ont pas droit à la prime Ségur, indique Stéphane Povie de la CGT. Or,
cette prime représente quand même 183 euros nets par mois. L’AHB peut
très bien compenser, puisqu’ils ont fait 1,7 million d’euros de
bénéfices en 2021. »
La trentaine de salariés du site de Glomel s’est
donc mise en grève, avec l’appui de la CGT et de la CFDT. Depuis le
lundi 4 octobre, le site est bloqué et les fournisseurs ne peuvent plus
assurer de livraisons. Plus rien ne rentre ni ne sort du site centre
breton. « Cela représente 15.000 euros de chiffre d’affaires en moins
chaque semaine, note Erwan Pironnec. On est désolé d’en arriver là, mais
c’est le seul moyen de nous faire entendre. En faisant grève, on fait
aussi des sacrifices. On est motivés et on ne lâchera rien !
Les
représentants du personnel et les syndicalistes ont rencontré la
direction. « Tout le monde dit nous comprendre, mais personne ne fait
rien », remarque Nathalie Auffret de la CFDT. « On dit que notre grève
dure va mettre en péril les finances de l’AHB, estime Éric Loriot de la
CGT. Mais ils sont largement bénéficiaires et même le syndical patronal
demande à ce que les établissements compensent cette iniquité de
salaire. Il est temps que la direction ou le conseil d’administration
prennent une décision. »
Les grévistes ont également sollicité les
personnalités politiques locales, notamment le maire de Plouguernével et
référent santé pour le pays Cob, Alain Guéguen. « Là aussi, on dit
qu’on nous comprend, mais cela ne bouge pas », constate Stéphane Povie.
Entretien. Le 1er octobre est la date de l’entrée en vigueur de la contre-réforme de l’assurance chômage, qui va encore un peu plus dégrader les conditions d’indemnisation des chômeurEs. À cette occasion, nous nous sommes entretenus avec Simon, qui fut l’un des occupantEs de l’Odéon au printemps dernier lors de la mobilisation exigeant la suppression de cette contre-réforme.
Peux-tu
revenir sur les principales dispositions de la réforme de l’assurance
chômage que le gouvernement compte mettre en œuvre au 1er octobre ?
Les principales
dispositions de la réforme de l’assurance chômage doivent, selon le
gouvernement, être mises en œuvre en deux temps. Tout d’abord, au 1er octobre
c’est le mode de calcul du salaire journalier de référence (SJR) qui
doit changer. Ce changement concerne 1,15 million de chômeurs et
chômeuses qui vont voir leurs droits baisser de manière significative à
partir de cette date. Les plus impactéEs par ce changement de mode de
calcul seront celles et ceux qui, parmi les privéEs d’emploi, sont déjà
les plus précaires, notamment toutes les personnes qui ont un emploi
discontinu (saisonnierEs, travailleurs et travailleuses dans
l’événementiel, guide conférencierEs…).
Le deuxième temps se fera à partir du 1er janvier, où, là, c’est le durcissement du seuil d’accès aux indemnités qui va entrer en jeu. Avec cette mesure ce sont au moins 500 000 chômeurs et chômeuses qui vont sortir du système d’indemnisation. Ce sont aussi 50 000 cadres qui verront baisser leurs indemnisations à cause de la dégressivité mise en application au 1er janvier également.
Face aux mensonges gouvernementaux, peux-tu donner quelques éléments sur la réalité du chômage aujourd’hui ?
Depuis la rentrée,
plusieurs déclarations ont été faites par le gouvernement à travers la
voix de sa ministre du Travail, Élisabeth Borne. Tout d’abord elle nous
ressert la soupe du « chômeur/profiteur » qui vivrait mieux au chômage
qu’en travaillant, et que c’est pour ça qu’il ne cherche pas de travail.
Tout d’abord il ne faut pas oublier qu’en France, près de 6 chômeurs ou
chômeuses sur 10 ne sont pas indemnisés. Ensuite, plusieurs enquêtes
menées par les syndicats et associations de chômeurEs montrent que le
revenu mensuel moyen des indemnités se situe en dessous du seuil de
pauvreté. Quand on vit avec 500 euros ou moins par mois, il est en effet
difficile de chercher du travail. Comment consacrer une partie de son
temps à la recherche d’un emploi lorsque chaque jour est une survie ?
Ensuite, Mme Borne nous dit qu’il y a plus d’un million d’annonces d’emploi non pourvues à ce jour. Après étude, notamment par le comité de chômeurs CGT, près de 60 % des offres sur le site poleemploi.fr sont soit inexistantes, soit mensongères soit illégales. On est donc très loin des propos avancés par la ministre du Travail.
En
juin dernier, le Conseil d’État avait suspendu les règles de calcul du
montant de l’allocation chômage prévues par le gouvernement en raison
des incertitudes pesant sur la situation économique. Quelle est la
position du pouvoir aujourd’hui ?
Aujourd’hui le
gouvernement veut faire passer cette réforme quoi qu’il arrive, sans
respecter la décision du Conseil d’État. Bien sûr, ils ont revu une
partie de leur copie suite à la décision prise par le même Conseil
d’État fin juin, du fait des recours juridiques déposés par plusieurs
organisations syndicales et associations de chômeurs et chômeuses, mais
il ne sont pas revenus sur le fond de cette réforme qui doit faire faire
à l’État plusieurs milliards d’euros d’économie sur le dos des plus
précaires, quand l’État continue les cadeaux fiscaux et les perfusions
financières aux grandes entreprises.
Les confédérations syndicales semblent vouloir de nouveau saisir le Conseil d’État. Sur quelles bases ?
Tout d’abord parce
que cette réforme est indigne et que dans la période que nous vivons
actuellement il faudrait se pencher sur une vraie politique de l’emploi
et de l’indemnisation des privéEs d’emploi plutôt que de les condamner à
encore plus de précarité. Cette réforme avait été rédigée à une période
où il semblait y avoir un mieux au niveau de l’emploi, mais la
situation économique n’a pas changé, il n’y a aucune amélioration des
chiffres du chômage. Seule un légère diminution des chômeurs et
chômeuses de catégorie A, mais qui n’est en rien significative, permet à
l’État de s’appuyer pour faire passer sa réforme « quoi qu’il en
coûte ».
En
dehors de cette bataille juridique, quelles ripostes sont en
préparation par les organisations syndicales, les organisations de
chômeurSEs ?
Il est et a
toujours été très difficile de mobiliser sur le thème de l’assurance
chômage. Tout d’abord parce qu’il est difficile de mobiliser les
chômeurs et chômeuses, et aussi parce que c’est une problématique qui a
du mal à s’ancrer dans le monde du travail. Pourtant, cela n’aura
échappé à personne, nous ne sommes plus dans une situation de plein
emploi. Aujourd’hui les carrières longues dans une seule et même
entreprise se font de plus en plus rares et de plus en plus de
travailleurs et travailleuses se retrouvent confrontés au chômage à un
moment ou un autre de leur parcours professionnel. De plus, dans la
situation actuelle, il est primordial de comprendre que de bonnes
conditions d’indemnisation chômage permettent aux personnes qui ont un
emploi de négocier de bonnes conditions de travail. En effet lorsqu’un
travailleur ou une travailleuse sait que le solidarité
interprofessionnelle va le ou la prendre en charge en cas de perte
d’emploi ou d’emploi discontinu, alors il ou elle n’accepte plus de
travailler à n’importe quel salaire et dans n’importe quelles
conditions.
Pour ce qui est de la mobilisation, nous avons vu, suite à l’occupation du Théâtre national de l’Odéon, plus de cent lieux de culture occupés au printemps pour exiger le retrait de cette réforme. Cette mobilisation a permis de soutenir les différents recours devant le Conseil d’État et a vu, au mois de juin, le report de l’application de la réforme au 1er octobre. De cette mobilisation est née un mouvement national qui s’appelle « Occupons partout ». Depuis la rentrée, un peu partout en France, les assemblées générales de ce mouvement ont eu lieu pour réfléchir aux modes d’actions à mettre en œuvre contre cette réforme. À Paris, la première AG a eu lieu à l’appel de ce mouvement et de la CGT-Spectacle le 6 septembre. Une autre a eu lieu ce lundi 27 septembre. Plusieurs autres actions sont organisées. Ce lundi, par exemple, des militantEs d’association de chômeurs (APEIS), du comité national de chômeurs CGT et d’Occupation Odéon se sont rendus à l’agence Pôle emploi de Vitry-sur-Seine pour y interpeller la ministre du Travail, qui venait y faire une opération de communication. Cette semaine, jusqu’au 1er octobre, devrait être une semaine d’animations et d’actions autour de cette réforme, et ce au niveau national.
Bien sûr le prochain grand rendez-vous que nous avons est la manifestation du 5 octobre.
Propos recueillis par Robert Pelletier.