Poutou appelle à une «riposte politique» face à un «gouvernement brutal»
POLITIQUEL’ancien candidat à la présidentielle dénonce « des replis sociaux » et « une guerre de classes » de la part du gouvernement…
20 Minutes avec AFP
Philippe Poutou, candidat à l’élection présidentielle 2017. — : CHRISTOPHE SAIDI/SIPAPhilippe Poutou, porte-parole du NPA,
a appelé lundi à une « riposte politique » face à l’exécutif qu’il a
qualifié de « gouvernement brutal » qui « se radicalise ».
« On a un gouvernement brutal qui impose des replis sociaux » et
« mène une guerre de classes », a déclaré Philippe Poutou en marge de
l’université d’été du NPA à Rives-des-Corbières (Aude), près de Port-Leucate.
Le gouvernement « veut liquider toute résistance »
« Il y a urgence pour construire une riposte politique et sociale »,
a-t-il ajouté, peu avant son meeting, estimant que le gouvernement
« veut liquider toute résistance ». « On peut construire un mouvement
social fort, c’est possible (…) le gouvernement se radicalise, nous en
face, il faut qu’on se radicalise aussi », a estimé Philippe Poutou.
« On va chercher l’unité », a ajouté le porte-parole du NPA, qui
s’est montré rasséréné par la présence de quelque 850 sympathisants à
l’université d’été de son parti, alors que l’« on sait que la rentrée va
être difficile ».
Note du comité: Philippe a raison, il faut y aller et combattre ce gouvernement du capital. Ils ont reculés sur la maternité de Guingamp, il est possible de les mettre en difficultés sur d'autres "réformes", d'ailleurs Hulot lui même a quitté le navire Macron.
INFO GUINGAMP Le comité de défense de la santé de Guingamp organise une Assemblée Générale de rentrée le vendredi 7 septembre salle des fétes de Pabu à 20h00
Article relayé par OUEST FRANCE
Comité de défense santé. Appel à la remobilisation
Dans un communiqué, le comité de défense santé du pays de
Guingamp appelle à la remobilisation à la rentrée. Une assemblée
générale est fixée le 7 septembre à Pabu, à 20 h, à la salle des fêtes.
« Toutes les personnes se sentant concernées par la réflexion autour de
l’état de notre système de santé sont invitées ». Ce sera
l’occasion pour le comité de faire un point sur les avancées de la
maternité ; de faire un bilan des actions menées ; d’écouter le
personnel de santé pour comprendre les problèmes ; et d’évoquer la
rencontre nationale des comités de défense de Luçon, les 5, 6 et
7 octobre.
Hulot n’a pas été utile pour faire avancer les causes écologistes. Au contraire !
Il
a tout validé dans la politique productiviste du gouvernement Macron, y
compris les projets auxquels il s’était opposé avant d’être ministre :
-
validation de l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure et de l’EPR
à Flamanville, prolongation des centrales vieillissantes
- plan
alimentation, plan biodiversité et plan climat indigents au regard de la
lutte contre la crise écologique, à commencer par le report de
l’interdiction du glyphosate.
- validation des grands projets inutiles et imposés (contournements routiers, triangle de Gonesse….)
Enfin,
en signant le projet d’arrêté autorisant la destruction de 300 000
alouettes des champs, à la demande des chasseurs extrémistes, Hulot
s’est décrédibilisé auprès des associations environnementalistes et des
citoyens.
La prise de guerre Nicolas Hulot, caution verte du gouvernement Macron, n’aura pas duré longtemps.
L’écologie n’est pas Macron-compatible !
Pour
mener des politiques nécessaires à la lutte contre la crise écologique
majeure (basculement climatique, déforestation, chute de la
biodiversité) nous avons besoin de rompre avec les logiques capitalistes
des profits à tout prix et à court terme.
Ce départ affaiblit
encore le gouvernement. Après l’affaire Benalla, c’est un nouveau pan de
sa communication qui s’effondre révélant plus encore sa réalité
antisociale, antidémocratique et productiviste.
Avec ou sans
Hulot, l’important c’est la capacité collective à se rassembler et à
construire des oppositions aux Grands Projets Inutiles Imposés, aux
destructions sociales, aux attaques contre les libertés.
La
victoire à Notre-Dame-des-Landes a montré que les populations en
mouvement sont forces de propositions et d’alternatives. Elles expriment
la volonté de vivre dans un autre monde débarrassé du productivisme, du
diktat de la croissance et ouvrent des pistes pour sortir du
capitalisme.
Montreuil, le 28 août 2018
Côtes-d’Armor. Des faucheurs volontaires d'OGM bloquent le dépôt Triskalia, à Glomel
Les faucheurs volontaires sont arrivés dès 6h devant la grille du dépôt | OUEST-FRANCE
À
l’aube ce matin, les faucheurs volontaires d’OGM ont bloqué l’accès au
dépôt Triskalia de Glomel (Côtes-d’Armor). Ils ont opéré une « visite
citoyenne ».
Le site seveso de Triskalia, à Glomel (Côtes-d'Armor),
a été bloqué toute la matinée, ce lundi. Le collectif des faucheurs
volontaires d’OGM a surpris en s’introduisant dès 6 h dans le bâtiment.
Visite citoyenne
L’association a souhaité « effectuer une visite citoyenne pour voir si tous les produits et pesticides sont en règles ». Certains de leurs membres ont donc pénétré dans le dépôt. Le collectif dit avoir « trouvé des éléments qui méritent d’être étudiés ».
La
centaine de faucheurs est entrée en cisaillant les barbelés de
protection. L’alarme de l’usine s’est rapidement déclenchée et le
personnel de Triskalia a accouru.
« Il y a eu des dégradations »
Sur place, les dirigeants du site ont déploré : « Un manquement cruel aux règles de sécurité » et se désolent : « Il y a eu des dégradations ».
À
la demande de la coopérative, un huissier a été mandaté pour venir
inspecter les lieux. Les gendarmes et pompiers étaient présents. Ce sont
les soldats du feu qui sont intervenus en premier dans le dépôt pour
procéder aux vérifications d’usage.
L’entreprise n’exclut pas de donner des suites à ce qu’elle qualifie d' « intrusion grave ».
Une journée de mobilisation nationale se prépare le 9 octobre
mardi 28 août 2018
Suite aux déclarations du Premier
ministre le dimanche 26 aout 2018, notamment sur les pensions de
retraite, l’Union confédérale des retraités et 8 autres organisations et
associations appellent à une grande journée nationale d’actions et de
manifestations à travers toute la France le 9 octobre.
Édouard Philippe a annoncé dans Le Journal du dimanche du 26 août un ensemble de mesures mettant à mal — comme d’habitude — le pouvoir d’achat des plus vulnérables (voir notre communiqué du 27 août 2018), dont bien sûr les retraités.
Après trois ans de blocage des pensions, une année 2018 sans aucune
augmentation, la hausse de la CSG, le Premier ministre annonce une
hausse des pensions de 0,3 % en 2019 et en 2020… pour un taux
d’inflation mesuré par l’Insee de 2,3 % sur les douze derniers mois !
Pour rappel, la CGT revendique que les pensions soient indexées
automatiquement sur l’évolution des salaires, pas soumises au bon
vouloir du gouvernement.
Dans son communiqué, l’Union confédérale des retraités CGT (UCR-CGT) et « 8
autres organisations syndicales ou associations appellent les retraités
à se mobiliser pour faire entendre leur voix et manifester leur
mécontentement et leur colère à l’égard du gouvernement et de son
président », dans une grande journée d’actions et de manifestations à travers toute la France, le 9 octobre prochain.
L’intersyndicale retraités des « 9 » se réunira le 7 septembre pour
apprécier la situation. Des mobilisations sont d’ores et déjà prévues
pour organiser la riposte et, le 5 octobre, des délégations venues de
tout le pays déposeront les pétitions recueillies au président du groupe
LREM.
Les retraités CGT appellent par ailleurs à se mobiliser sans attendre
sous toutes les formes appropriées, en participant notamment aux
initiatives proposées par l’intersyndicale.
Note du comité: selon nos sources une manifestation aura lieu sur Guingamp le 9 octobre.
Au fort de Briançon, "le couple Poutou" ironise sur les vacances des Macron
"Pas de piscine mais c'est plus tranquille!"
Twitter Philippe Poutou
Au fort de Briançon, "le couple Poutou" ironise sur les vacances des Macron.
POLITIQUE - Philippe Poutou
est en congés, mais pas son sens de l'humour. Le candidat du Nouveau
parti anticapitaliste aux élections présidentielles 2012 et 2017 profite
de l'été avec sa compagne au fort de Briançon (cette commune des
Hautes-Alpes est connue notamment pour ses fortifications Vauban).
L'occasion pour lui d'ironiser sur les vacances d'Emmanuel et Brigitte Macron au fort de Brégançon, dans le Var, et sur la couverture médiatique du couple présidentiel.
Pour cela, le syndicaliste a publié un selfie sur son compte Twitter,
accompagné de la légende: "le couple Poutou vu au fort de Briançon."
Une référence assez évidente à la célèbre bâtisse dans laquelle Emmanuel
Macron est actuellement en vacances avec son épouse Brigitte Macron.
Le couple Poutou vu au fort de Briançon : « c'est tout aussi joli, y a pas de piscine mais c'est beaucoup plus tranquille ! » pic.twitter.com/cB5Wmp1OHW
Et si Philippe Poutou prend le soin de préciser qu'il n'y a pas de
piscine au fort de Briançon, c'est pour mieux moquer celle construite à
la demande du couple Macron au coeur du jardin de la demeure
présidentielle pour quelque 34.000 euros. Une piscine hors-sol qui a créée une petite polémique sur le train de vie du président de la République, alors que Brigitte Macron venait tout juste de commander un nouveau service à vaisselle pour la palais de l'Élysée et que le président s'était ému du "pognon de dingue" que coûtent selon lui les aides sociales.
Visiblement peu envieux de la situation du chef de l'État, Philippe
Poutou précise: "c'est tout aussi joli (...) mais c'est beaucoup plus
tranquille!"
Nous publions le texte ci après de notre ami Christian Mahieux, qui une fois de plus fait oeuvre salutaire.... Notamment sur la question récurrente de la réunification autour d'un syndicalisme de classe.
Avec l’aimable autorisation des auteurs et de la revue Les utopiques
L’intérêt
des échecs est de pousser à en analyser les causes. Or depuis plus de
trente ans, nous sommes arc-bouté.es sur la défense des acquis ou de ce
que l’on appelle le « modèle social français » pour ne cesser d’aller de
reculs en reculs.
Si
nous ne voulons pas être conduit.es au renoncement peut-être faut-il
déconstruire ce qui est trop souvent présenté comme allant de soi pour
le mouvement ouvrier et ouvrir d’autres pistes inédites à explorer. Il
ne s’agit pas de la pierre philosophale mais d’exploration et de
tâtonnements. La normalité est notamment caractérisée par deux
dimensions proposées conjointement : des luttes qui dressent le bilan de
ce qui ne va pas et confient la réalisation des solutions à un autre
espace, déterminé de manière étanche : le politique et l’attente d’un
arbitrage de l’Etat. Outre l’aspect confiscatoire des partis vis-à-vis
du mouvement social, cela induit grandement le type d’alternatives
imaginées en mettant le corps social en extériorité vis-à-vis du
politique.
Social et politique sont dans un bateau… ou l’autonomie du mouvement ouvrier
La
culture militante dominante reste très marquée par cette répartition
des rôles : aux syndicats et aux associations la protestation et les
réclamations ; aux partis et aux élus les décisions politiques. Des
expressions sont d’ailleurs très éloquentes. On dit : « les luttes revendicatives doivent trouver un débouché politique ». Mais est-il dans la nature des choses que le syndicat ou l’association, comme dans une course de relai, passe le témoin aux politiques pour les décisions qui touchent à l’organisation de la vie en société ?
Dans
cette stratégie, l’objectif est de déléguer la prise du pouvoir d’Etat
aux partis pour que ces derniers « satisfassent les demandes des
intéressé.es » et « restituent, ensuite, le pouvoir au peuple ». On sait
ce qu’il en est. Cette conception délégataire des luttes induit un
rapport de subordination entre élu.es et citoyen.nes. Il verrouille de
fait l’accès de celles-ci et ceux-ci à l’exercice des décisions
politiques au profit des partis et des élu.es qui tendent à devenir des
professionnel.les de la politique. La transformation sociale est rendue
illusoire, dans la mesure où les intéressé.es ont un rôle marginal de
soutien à des acteurs et actrices spécialisé.es. Cette espèce de
division des taches empêche le syndicalisme d’être un syndicalisme de
transformation sociale. De ce point de vue un contresens de la lecture
de la charte d’Amiens est dommageablement partagé. Lorsque le congrès de
1906 insiste sur l’indépendance syndicale vis-à-vis des partis c’est
parce que la social-démocratie est engluée dans le parlementarisme et
c’est pour pouvoir mieux combattre « l’exploitation capitaliste » combat
explicitement cité. Notre conception de l’autonomie des mouvements est
aux antipodes de l’apolitisme, ils inscrivent le politique dans les
luttes sociales et sociétales.
Il est vrai que des acquis ont été obtenus avec la démarche évoquée plus haut.Mais cela s’est fait au prixd’un malentendu. Jusque dans le milieu des années 70 du siècle dernier, le capitalisme indexait ses profits sur le travail et pouvait faire certaines concessions au mouvement ouvrier sous la pression des luttes. Mais on en a tiré la conclusionque le capitalisme était aménageable et quele mouvement pouvait obtenir des acquis sans remettre en cause le système et sans envisager des choix de société alternatifs. En
fait, on peut se demander si la démarche délégataire et la démarche
d’aménagement du capitalisme ne sont pas les deux faces historiques
d’une même pièce.
La mutation du capitalisme rend
illusoires aujourd’hui les compromis du type programme du Conseil
national de la résistance (CNR). Associations, organisations syndicales
et mouvements politiques sont donc obligés de choisir entre
accompagnement et transformation. Il n’y a plus guère d’espace pour un
entre deux ; chacune à leur manière le Brésil, la Grèce ou la Finlande
nous en fournissent la démonstration. Rarement l’antagonisme entre
exploité.es et exploiteur.ses n’a été si irréductible. Toute réforme,
surtout structurelle comme la Sécurité sociale professionnelle, le
salaire à vie, la pérennité et la généralisation des coopératives, etc.,
implique d’empêcherle surproduit du travail de partir dans les
poches des actionnaires et des banques et de le rendre à la société sous
forme de services publics, d’investissements utiles, de protection
sociale, de réduction du temps de travail… Pour cela, il faut maîtriser
les flux financiers et la manière de produire. La question de pouvoir
faire est au cœur de tous les enjeux. Nous avons donc un anticapitalisme
à usage immédiat à concevoir. Les luttes sociales n’ont pas pour
enjeu seulement la réponse à des besoins urgents, Elles contribuent à
une certaine redéfinition du réel : La sécu, les congés maternité,
les congés payés apparaissent aujourd’hui comme normaux à tout le monde
quelle que soit sa couleur politique. Leur création a pourtant été une
plongée vers ce qui n’existait pas, le fruit de luttes sociales, des
acquis sociaux arrachés à un patronat pour qui « ce n’était pas
possible ».
Le mouvement ouvrier n’a pas toujours suivi une conception délégataire entraînant la dissociation du social et du politique.
Il a obtenu ses grandes victoires structurelles dans les moments où il
n’a pas délégué l’action politique aux partis, aux élu.es et au patronat
et qu’il leur a disputé en actes l’exercice du pouvoir.
Nous en avons un bel exemple avec la création de la Sécurité sociale et des services publics. Quand on parle du programme du CNR, on oublie la démarche qui l’a rendu possible.
Pendant la guerre, les « élites » sont discréditées et le mouvement
populaire se substitue aux institutions qui collaborent. De fait, le
peuple prend le pouvoir et imagine une autre société. Il vise la
destruction de l’appareil d’Etat en place et s’y substitue, Il prend
aussi la place de l’armée, il fournit un travail de portée législative.
Dans ce contexte, la CGT, et même la CFTC, quand elles contribuent à
l’élaboration du programme du CNR, ne se posent pas la question de
savoir si elles font du syndicalisme ou de la politique. A ce moment-
là, la « répartition des rôles » n’existe pas. Le syndicalisme,
l’associatif, les partis et mouvements sont autant de portes d’entrée
spécifiques pour contribuer à une construction politique à l’échelle de
la société. A ce titre, la Résistance n’est pas seulement la lutte
victorieuse contre l’occupant nazi, mais un grand moment d’exercice du
pouvoir et de transformation de la société par et pour le peuple
rassemblé. Et le « retour à la normale », auquel une grande partie du
mouvement ouvrier a d’ailleurs largement contribué à l’époque, sonne la
fin des avancées.
Cette
division des taches n’existait pas non plus lors de la Première
Internationale dans laquelle se retrouvaient côte à côte et à égalité,
des syndicalistes, des associatifs et des politiques… et même une
fanfare. Mais cette dimension« autogestionnaire » a été occultée par
l’Histoire officielle et cette « omission » contribue à nous maintenir
dans l’idée que les exploité.es ne peuvent que déléguer leur pouvoir aux
spécialistes de la politique. L’écrasement de la Commune a été confondu
avec un échec qui lui aurait été intrinsèque et son héritage abandonné.
Organiser notre classe sociale
Le syndicalisme est politique.
Il rassemble celles et ceux qui décident de s’organiser ensemble sur la
seule base de l’appartenance à la même classe sociale. Ensemble, ils et
elles agissent alors pour défendre leurs revendications immédiates et
travailler à une transformation radicale de la société. Les unes
dépendent de l’autre et participent de la préfiguration de ce que doit
devenir la société.
Depuis des dizaines d’années, un grand nombre d’associations jouent un rôle considérable dans le mouvement social. Quasiment toutes se sont construites parce que le syndicalisme a abandonné des champs de lutte ou les a ignoré et, de fait, elles font « du syndicalisme » tel que défini ici :
associations de chômeurs et chômeuses, pour le droit au logement, de
défense des sans-papiers, coordination de travailleurs et travailleuses
précaires, etc. D’autres interviennent sur des sujets qui sont
pleinement dans le champ syndical : elles sont féministes, antiracistes,
écologistes, antifascistes, antisexistes, etc. Se pose aussi la
question du lien avec les travailleurs et travailleuses de la terre. Il y
a aussi les mouvements anticolonialistes, revendiquant le droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes, antimilitaristes, pacifistes, etc. Tout
cela concerne les intérêts et l’avenir de notre classe sociale et c’est
de ce point de vue qu’il faut les traiter.
Si
nous mettons en avant les mouvements sociaux, c’est parce que ce sont
eux qui organisent les luttes, l’action directe des travailleurs et des
travailleuses.
Parmi ces mouvements, le syndicalisme a une particularité essentielle :
comme dit précédemment, il rassemble sur la seule base de
l’appartenance à la même classe sociale. C’est fondamental. Un
syndicalisme de lutte bien sûr, mais aussi un syndicalisme qui ose des
ruptures avec l’existant pour mieux avancer. La question de l’unité,
voire de l’unification, est importante. Nous y revenons plus loin. Il
s’agit aussi de redéfinir les contours de l’organisation syndicale. La notion de « centrale syndicale et populaire » n’est pas sans attrait1.
Une
organisation « syndicale et populaire » qui rassemble tous ces secteurs
sur une base de classe et sans les caporaliser, doit être possible.
Il n’est évidemment pas question de fixer le cadre préalablement. Mais
il nous apparait urgent de s’orienter concrètement vers un projet de ce
type : parce qu’il nous parait répondre efficacement aux besoins de la
lutte des classes et parce que c’est un moyen de recréer de l’envie, de
l’engouement, de l’utopie. Dans la suite de ce texte, lorsque nous
parlons de « syndicalisme », de « mouvement syndical », etc., c’est à
une construction collective de ce type que nous faisons référence ; pas à
la vision restrictive correspondant à la réalité actuelle.
Est-ce
que cela veut dire que pour nous, le politique n’aurait pas sa
spécificité ? Bien au contraire, cela veut dire que toute action a
besoin, pour réussir, d’impliquer comment avoir la puissance d’imposer,
d’interroger si la capacité à « instituer » c’est-à-dire à faire loi
commune plutôt que de déléguer ce rôle à des spécialistes, auxquels, une
fois élus, il ne reste qu’à obéir. Cela veut dire qu’aucune démarche ne
doit s’automutiler. Démarche syndicale, associative, politique sont
autant de portes d’accès aux pouvoirs qu’impliquent la transformation de
la société.
Le projet autogestionnaire à faire revivre
L’autogestion,
le contrôle ouvrier, l’économie des travailleurs et travailleuses pour
les travailleurs et travailleuses, ne sont pas des thèmes neufs pour le
mouvement ouvrier français.
On en trouve trace dès l’origine puisqu’au sein de l’Association
Internationale des Travailleurs, et notamment de sa section française,
le « travail coopératif » est un sujet abordé dès 1866, avec des mises
en œuvre concrètes sous forme de coopératives2.
Si les termes que nous utilisons aujourd’hui n’étaient pas ceux
d’alors, le concept était, de fait, présent à travers les pratiques, les
débats et les orientations du syndicalisme révolutionnaire du début du
siècle passé. La « charte d’Amiens », adoptée lors du congrès de la
Confédération Général du Travail en 1906, n’est certes pas un texte
sacré mais elle est emblématique de ce type de syndicalisme. Dans le
cadre de la « double besogne » du syndicalisme, outre « l’œuvre revendicative quotidienne », celui-ci a aussi une autre tâche : « il prépare l’émancipation
intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ;
il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que
le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera dans l’avenir
le groupement deproduction et de répartition, base de réorganisation sociale ».
Bien sur, il convient aujourd’hui d’intégrer des éléments, à commencer
par nombre d’expériences historiques, qui n’étaient pas connus, à
l’époque, par les rédacteurs de cette Charte. Mais il n’en reste pas
moins que « l’expropriation capitaliste » et le syndicat devenant « groupement de production et de répartition », renvoient très directement vers l’autogestion.
Organisons l’auto-organisation !
Faire
le choix de défendre et promouvoir l’auto-organisation des travailleurs
et des travailleuses n’élimine pas le rôle des organisations. Il le
transforme. Il ne s’agit plus de faire pour les travailleurs et
travailleuses mais de leur fournir les informations et les initiatives
qui favorise leur maitrise des luttes et du politique. Cela suppose
aussi d’intégrer que les intéressés ne sont pas des ignorants et
apportent aux mouvements et qu’ainsi la conduite des mouvements comme
celle de l’élaboration de solutions est largement partagée. En termes de
fonctionnement interne, cela renvoie à tous les aspects de la lutte contre la bureaucratisation (laquelle
prend des formes très diverses et ne concerne pas que les échelons
nationaux d’une organisation syndicale) : formation syndicale du maximum
de membres, informations syndicales complètes et régulières diffusées
aux travailleurs et travailleuses, processus de décision permettant aux
structures de base de s’approprier les débats, périodicité, heures et
lieux de réunions permettant une participation maximale des adhérents et
adhérentes, limitation dans le temps des dégagements complets de la
production (les permanents et permanentes), contrôle des mandats, etc.
Dans les luttes, cela passe par l’organisation d’assemblées générales décisionnaires, dans des périmètres qui permettent à chacun et chacune de s’exprimer et de décider ; ces A.G. « de base » pouvant bien entendu se coordonner à différents échelons, selon les circonstances.
Cela
entraîne de ne pas réduire la politique aux élections. Ou plus
exactement faire de ces dernières un moment d’investissement du champ
institutionnel par les actions. Dès lors, la vocation de tout type
d’organisations change. Si cela pose des questions au mouvement
syndical, cela en pose aux partis. Aujourd’hui, ils sont conçus pour
être tendus vers « la prise du pouvoir d’Etat ». concept fondé sur la
dépossession du « simple » citoyen au profit d’une élite spécialisée et
auto-proclamée. La démocratie, c’est-à-dire l’exercice complet du
pouvoir par tous les citoyens renvoie à ce que l’on désigne, faute de
mieux, l’autogestion.
« Unité », « unification », … plus que des slogans, une réalité à inventer et construire3 !
Le
processus d’unification/réunification du mouvement syndical ne se
décrètera pas au plan national pour être appliqué ensuite localement. A
l’inverse, ca ne fonctionnera pas sans coordination et impulsion
nationale. Mais de viser partout aux rassemblements les plus citoyens
possibles, c’est-à-dire les plus composites et menés sous l’égide des
participants ensemble ne peut que contribuer à modifier profondément les
termes dans lesquels l’unité syndicale se pose. Il est certain qu’une
telle démarche nécessiterait un aggiornamento stratégique dans un grand
nombre de structures syndicales du mouvement social et des structures
politiques. Il ne faut pas sous-estimer du coup ce qu’un tel projet
d’unification, mis en débat largement, créerait comme émulation parmi
des centaines, des milliers de collectifs militants. Et ce que cela
pourrait dire en termes de regain de combativité, d’inventivité dans la
lutte, d’imagination de nouvelles formes et moyens de contestation.
Du passé, avant de faire table rase, tirons les enseignements !
Le
débat sur le pouvoir, et en fait sur l’autogestion, a traversé le
mouvement ouvrier dans tous les pays et dans des périodes bien
différentes. On sait ce qu’il advint de la révolution russe de 1917 et
ce que furent les régimes autoritaires des pays dits « communistes ». Mais,
en Russie, de 1917 au début des années 20, la remise en cause du
pouvoir des conseils ouvriers (les soviets) a été contestée y
compris au sein du parti bolchevik au pouvoir. Paradoxalement, c’est en
1922 qu’est officiellement créée l’Union des Républiques Socialistes
Soviétiques, à un moment où le pouvoir qu’exerçaient directement les
travailleurs et les travailleuses dans les usines, à travers les
soviets, a été définitivement confisqué par le parti bolchévique, à
travers les institutions qui y sont inféodés (dont les syndicats). En
fait, le mouvement ouvrier du XXème siècle se constitue à partir du
traumatisme qui découle de l’écrasement de la Commune de Paris.
Contrairement à Marx, ce qui est retenu de la Commune n’est pas sa
créativité mais son échec. La question de la prise de l’Etat devient de
manière dominante le verrou de l’avenir. Les partis socialistes en
concluent l’impossibilité de toute posture subversive et sombrent dans
le parlementarisme. Les révolutionnaires se tournent vers la seule
révolution réussie : celle de 1789, – l’irruption populaire faisant
oublier le caractère de classe de la conception de la politique qui en
est issue. Point commun aux uns et aux autres : le système représentatif
incontournable, le Parti qui doit assurer la prise du pouvoir d’Etat.
Devant une adversité sanguinaire, la question démocratique cède le pas à
ce qui semble être l’efficacité.
Socialisation, autogestion : une autre voie possible
Les
questions que nous devons poser sont celles de la maitrise des leviers
de l’économie, de l’utilisation des fruits des richesses produites et de
l’organisation de la production (ce qui implique celles sur son
contenu, son utilité sociale, ses implications écologiques, etc.).
La nationalisation de tel ou tel secteur, où seule la forme juridique de la propriété change en devenant étatique, ne bouleverse pas la logique du système dans son ensemble. À
certains moments, elles ont pu permettre de sauvegarder les intérêts
des salariés-es ; mais à l’expérience, on mesure que l’éloignement de de
ces derniers de la maitrise des outils facilite les processus de
privatisation. Une véritable transformation sociale du système suppose
la socialisation de l’ensemble des moyens de production et d’échange
donc la remise en cause de la propriété privée, et de l’exercice du
pouvoir par les travailleurs-ses, au sein des entreprises mais aussi
plus largement pour « l’administration de la société ». Cela implique
également un cadre national de coordination des besoins sociaux énoncés,
des ressources allouées pour les satisfaire, en tenant compte des
impératifs écologiques. L’articulation de ces orientations, à l’échelle
nationale et internationale, avec les besoins locaux, ceux des
entreprises et des branches, pose la question de l’ensemble de la
« chaîne démocratique » pour assurer des choix cohérents au profit de la
collectivité globalement.
Au-delà
des mots différents (autogestion, collectivisation, socialisation,…),
ce que pose la notion d’autogestion c’est que les classes sociales qui
produisent la richesse collective4,
aujourd’hui sans pouvoir, peuvent gérer l’économie (donc les
entreprises, les services, etc.) et plus généralement la société. Ceci
suppose l’appropriation collective directe des outils de production et
des moyens d’échanges.
Mais
nous ne sommes plus dans les années 1970 où nous étions face à un
capitalisme encore largement patrimonial, familial, avec un pouvoir de
décision unique et identifié. L’internationalisation du capital, les
centres de pouvoir opaques et insaisissables, l’interdépendance
économique à l’échelle planétaire, la domination des multinationales sur
l’ensemble des filières, des PME (petites et moyennes entreprises), et
du marché des matières premières, impliquent de redéfinir le contenu des
réponses alternatives et les stratégies syndicales et politiques. La perspective de socialisation des secteurs clés de l’économie et autogérés par les salariés.essuppose d’anticiper la chaîne de conditions économiques de production et de la repenser au-delà des murs d’une seule entreprise. En
d’autres termes, l’autogestion n’est pas concevable en l’organisant
uniquement entreprise par entreprise, sans prendre en compte les
interactions entre de nombreuses entités tout au long de la production
d’un produit ou d’un service. Cela ne veut pas dire que des espaces
d’expériences autogestionnaires sont impossibles, comme les SCOP
(sociétés coopératives et participatives, la dénomination officielle
jusqu’en 2010 était « société coopérative ouvrière de production ») en
France ou plus abouties et plus nombreuses comme en Argentine (les
entreprises « récupérées »), mais dans tous les cas ce sont dans des
secteurs et des créneaux restreints. Ces expériences sont souvent issues
de conflits sociaux importants, notamment pour sauvegarder l’outil de
travail face à des multinationales qui décident de fermer une entreprise
car considérée comme « non-rentable » : c’est notamment le cas des
Fralib/SCOP TI (à Gemenos, Bouches-du-Rhône) où après une lutte de
1336 jours, l’entreprise a redémarré en 2015 en coopérative, avec un
autre fonctionnement (hiérarchie des salaires en particulier) mais aussi
une recherche d’une autre type de production (produits locaux, bio…).
Le mode d’organisation en SCOP permet des ruptures importantes avec le
schéma dominant dans l’économie capitaliste: sur la propriété, la
hiérarchie, la répartition des tâches, etc. Dans un autre registre, mais
avec la même aspiration, le développement des AMAP (Association pour le
maintien d’une agriculture paysanne) pose les questions des circuits
courts entre paysan.nes et consommateurs.trices, de l’inutilité des
grands groupes prédateurs de la distribution mais aussi la qualité de la
nourriture produite et du soutien à une agriculture non productiviste.
Mais la plasticité avec laquelle le système capitaliste est capable
d’absorber de telles expérimentations pose la question de la mise en
cohérence au niveau de toute la société.
De
ce fait, un défi est posé au syndicalisme et à l’action politique :
celui de la conception du sujet social, acteur de cette perspective de
transformation sociale: ne sommes-nous pas arrivés au stade où les
forces sociales les plus diverses qui ne sont pas liées au capital se
retrouvent frappées par la même prédation ? Cela ne diminue en rien le
rôle des exploités, bien au contraire cela leur confère le fait que
c’est à eux de concevoir la société. La cohérence des choix économiques,
des finalités de production de biens communs, nécessite une vision
globale qui dépasse les intérêts d’une seule communauté de production ou
de service. Transformer l’ensemble des rapports sociaux suppose d’aller au-delà de la question de l’appropriation sociale des moyens de production et de développer une réflexion sur les sujets de la démocratie sociale, la citoyenneté et l’égalité pour sortir de la figure unique du producteur émancipé.
L’émancipation des travailleurs.ses sera l’œuvre des citoyen.nes eux-mêmes
La
transformation de la société, le centre de gravité du rassemblement à
construire ne sont plus d’abord dans les institutions, ni dans l’état
mais dans la recherche d’autonomie et de pouvoir par le mouvement
populaire lui-même. Dans cette construction, tous les acteurs du
mouvement social : syndicalistes, associatifs, politiques, sont amenés à
redéfinir leur positionnement par rapport aux citoyen.nes, aux
institutions et à la société ainsi que la nature des rapports des
différentes organisations entre elles : si ces derniers doivent devenir
les acteurs principaux de leur propre émancipation c’est vrai quels que
soient les parcours qui les y conduisent. Le syndicat et l’association
sont producteurs de politique au même titre que les partis. Mais ils le
font à partir de leur porte d’entrée spécifique. Le syndicalisme, le
politique, l’associatif, le culturel sont autant de chemins différents
qui convergent vers une même réalité : comment le mouvement populaire,
composite et rassemblé se transforme en lieu de pouvoir.
Cela suppose que la conception des luttes change : Elles peuvent, dans leur contenu et leur forme, montrer
que les citoyennes et les citoyens sont capables de gouverner les
entreprises et la société. Elles peuvent donc, tout à la fois,
s’attaquer plus directement aux outils d’exploitation et de domination
et porter l’imaginaire d’une autre société. Les
grandes victoires ont eu lieu lorsque le projet de société imaginé par
la classe ouvrière a réussi à devenir celui du peuple tout entier.
Au-delà,
la mondialité des enjeux, la globalisation du capitalisme pose la
question de savoir si de telles transformations sociales et politiques
qui impliquent la disparition du système capitaliste et de toute
exploitation peut subvenir dans un seul pays, sans au moins de fortes
convergences.
Où on reparle de l’hégémonie culturelle…
On
le voit, cela suppose de voir les rapports sociaux et de se voir
affranchit de l’influence idéologique du capital. Cela aborde, dans un
même mouvement, pratiques et pensées. Quand on est « demandeur
d’emploi », on se voit comme dépendant de « l’offreur » : le rapport
social de dépendance est établi comme allant de soi. Il y a une
bataille essentielle à mener, celle de l’hégémonie culturelle car nous
sommes défaits sur ce terrain depuis de nombreuses années ; peut être
faut-il prendre cela à bras le corps dans nos organisations et
reconstruire ; ce qui signifie faire une priorité de cela.
Lors
du mouvement de 2016 contre la loi Travail 1, des possibilités de
lancer une grève reconductible interprofessionnelle auraient pu exister
autour d’autres secteurs professionnels : raffineries, ports et docks,
routiers, … Mais, soit le moment de ces grèves ne correspondait pas à
une possibilité d’élargissement interprofessionnel, soit il n’y avait
aucune volonté d’élargir de la part de la majorité des animateurs et
animatrices de ces mouvements ; les deux explications pouvant par
ailleurs se cumuler. Mais d’autres questions se posent : y-a-il vraiment
besoin d’un secteur professionnel moteur ? Quel est la marge entre
cette demande de « locomotive » du mouvement et les grèves par
procuration dont on parle tant depuis 20 ans ? Qu’y a-t-il de commun à
un ouvrier métallurgiste, un enseignant et un « auto-entrepreneur » ? Ni
la revendication salariale, ni les conditions de travail, ni souvent
les revendications d’ordre culturelles…
C’est
dans le combat contre la prédation du capital et dans la quête d’une
société fondée sur la reconnaissance du rôle de chacun qu’ils peuvent se
rencontrer.
S’appuyer sur l’expérience collective, être disponibles à l’inattendu
Ne
plus se concevoir comme un simple contre-pouvoir, mais se poser comme
une force porteuse d’un projet de société face au capitalisme est une
des conditions pour inverser le rapport de forces et rendre à nouveau
possible l’avènement d’un autre monde. L’internationalisme est partie
intégrante de ce processus. Si personne ne peut prétendre avoir un
modèle clé en main d’un processus de transformation sociale, ni des
formes achevées d’une organisation sociale autogestionnaire, commencer à
se poser quelques questions fondamentales c’est tenter d’y répondre. Et
surtout, l’histoire nous enseigne que les mouvements sociaux produisent eux-mêmes les outils nouveaux dela transformation sociale. Être
attentifs aux nouvelles formes d’organisation collectives et
disponibles à l’inattendu, c’est être fidèle au combat de l’émancipation
sociale.
Christian Mahieux, Le nouveau populisme américain.
Sur le site de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité.
Guingamp : remous autour du sursis de deux ans accordé à la maternité.
Le comité défense santé du pays de Guingamp répond:
Sacrifier la maternité de Guingamp pour sauver le GHT7 ? Réponse à la tribune de deux médecins briochins .
Autrefois, on proposait de sacrifier la
mère pour sauver l’enfant, aujourd’hui on propose de sacrifier la
maternité pour sauver le GHT…
Dans un courrier publié par _Libération
le 25 juillet 2018, 2 médecins du centre hospitalier de Saint-Brieuc
plaident pour la fermeture de la maternité de Guingamp… afin de sauver
l’offre de soins sur l’ensemble du territoire ! Tout cela en prônant les
principes d’égalité et de qualité des soins…
Il nous a semblé nécessaire de répondre à ces affirmations pour le moins surprenantes.
Comment parler sérieusement d’égalité et de qualité des soins lorsque
le choix des praticiens et du lieu d’accouchement se réduit comme peau
de chagrin à mesure qu’augmentent les distances ?
Les docteurs Moquet et Garignon basent leur argumentation sur la
légitimité de la CSOS (Commission Spécialisée de l’Organisation des
Soins ). Plusieurs questions se posent néanmoins quant à la composition
de la commission (titulaires, suppléants, membres non désignés pour
certains collèges…), quant aux membres présents le jour où elle s’est
prononcée et leurs éventuels conflits d’intérêts, et surtout quant à la
présentation qui leur a été faite de l’activité de la maternité… Selon
nos informations, au vu du dossier une suspension de séance a été
demandée, ainsi qu’une confrontation… toutes deux refusées. Présentation
à charge impossibilité de porter le contradiction, dans ces conditions
on comprend aisément pourquoi les organisations syndicales ont hésité et
opté pour l’abstention… alors que par la suite elles n’ont pas failli
dans leur soutien à la maternité !
S’il existe un grave problème de recrutement en anesthésie, il concerne l’ensemble des Côtes d’Armor. Il manque à ce jour : 5,5
anesthésistes sur le CH de Saint-Brieuc, 1,1 au CH de Guingamp, et 1,6 au CH de Lannion… tous remplacés par de l’intérim médical.
Comment comprendre un discours qui privilégie les uns aux dépens des autres en osant parler d’égalité ?
Les maternités de Lannion et Saint-Brieuc ont déjà fait toutes deux
des efforts en réduisant lits et effectifs pour répondre aux exigences
budgétaires de l’autorité de tutelle.
Concernant la sécurité, puisqu’il s’agit de l’argument avancé pour la fermeture, nous nous permettons de livrer ici quelques
éléments de réflexion.
Une étude validée par la cour des comptes et menée parallèlement par
Evelyne Combier en Bourgogne et par Ravelli aux Pays-Bas est arrivée à
la conclusion qu’un temps de transport supérieur à 20 minutes augmente
le risque de mortinatalité et d’accidents de la naissance.
Sur notre territoire, nous avons constaté à plusieurs reprises le
dépassement de ce délai (Bourbriac – Saint-Brieuc en 45 min, Kerien –
Saint-Brieuc en 54 min ! Nous avons procédé à ces mesures en toute
transparence avec le concours d’élus et de citoyens engagés… et malgré
le manque de collaboration de la direction du GHT (et de Saint-Brieuc..
c’est la même) dans ces mesures : instruction avait été donnée aux
employés de l’accueil de refuser de tamponner le document officiel.
Si à court terme on peut attendre de la restructuration les fameuses
économies d’échelle qui orientent la réduction de la dépense publique,
c’est à moyen terme et à coup ( mais aussi coût ?) sûr que se mesureront
les effets délétères de ces mesures. La restructuration allongerait les
temps de trajet vers des maternités d’autant plus éloignées de notre
territoire que la vitesse sur les routes secondaires est aujourd’hui
limitée à 80 km/h. Ce risque imposé à la population et ses conséquences
en termes de prise en charge des incidents et accidents aura aussi un
coût qui doit être pris en compte dans toutes les projections. La
restructuration aurait un coût humain certain, mais elle aurait aussi un
coût financier qui devrait inquiéter les autorités de tutelle.
La dégradation globale de la périnatalité a été dénoncée à plusieurs reprises par le président du Syndicat National desGynécologues Obstétriciens (SYNGOF) suite à des fermetures de maternités
de proximité (telles que Figeac, ayant entraîné un drame humain).
Une scission se fait entre territoires ruraux et urbains, entre
pauvres et riches. La concentration des moyens humains autour des
métropoles et la constitution d’usines à bébés ne fonctionnent pas. Tout
cela se traduit par une prise en charge moins bonne pour les femmes
(références : cour des comptes 2012 ; étude HEC demandé par Mme
Schiappa).
Dans ce débat, la sécurité n’est que l’argument cachant une logique comptable, de rentabilité à court terme. En se cachantderrière cet argument sécuritaire, on met en danger la santé de tous, on
déshumanise le soin et on met à mal l’égalité de traitement des
citoyens sur l’ensemble du territoire.
Les sept saints d’est en ouest: Samson-Dol (nom biblique), Saint
Malo (ou Maclou), Brieuc-Saint Brieuc, Paternus-Vannes (gallo-romain),
Corentin-Quimper (gallo romain), Tudual-Tréguier et Paul-Saint Pol. Il
manque Rennes et Nantes.
Bretagne : ces saints que l’on ne saurait voir
Dans les Côtes-d’Armor, le village
de Carnoët accueille des statues géantes représentant les saints bretons
qui devrait en compter un millier à terme. Si la région soutient le
projet, le critique d’art Jean-Marc Huitorel, y voit une subtile
escroquerie qui confond art et idéologie, tourisme et culture.
Au printemps 2018, en Bretagne, on annonce le débarquement à Paimpol
de la statue de Saint Piran, patron de la Cornouaille britannique. Pour
cette raison sculptée outre manche, et après quelques haltes dignes des
saintes reliques, elle achèvera son périple parmi ses semblables sur le
site dit de la Vallée des saints, à Carnoët, petite commune des
Côtes-d’Armor, en lisière du Finistère.
Ce sera la centième sculpture réalisée à ce jour. Conçu il y a une
dizaine d’années par Philippe Abjean, ancien prof de philosophie, le
projet consiste à réunir sur la colline Saint-Gildas (drôle de vallée…),
à une échéance non précisée (l’éternité étant le plus fréquemment
évoquée…), le millier de saints que compterait le panthéon breton,
diversement reconnu par l’église de Rome. Philippe Abjean est un fervent
catholique, proche des missions africaines, à qui l’on doit la
restauration du Tro Breiz (comme à Pierre de Coubertin celle des Jeux
olympiques), antique pèlerinage qui reliait les sept évêchés de
Bretagne. Des chiffres récents placent
la Vallée des saints sur le podium des destina-tions touristiques les
plus fréquentées des Côtes-d’Armor.
Objectif visé : 500 000 voire un million de visiteurs par an.
L’esprit d’entreprise de Philippe Abjean ne s’arrête pas là puisqu’il
projette d’installer une Cité de la paix, reconstitution d’habi-tats
traditionnels des cinq continents, en lien avec les milieux
missionnaires, dans le nord du Morbihan. La presse régionale, comme
hypnotisée, se pâme d’admiration devant la Vallée des saints que l’on
n’hésite pas à qualifier d’«île de Pâques bretonne». Le monde économique, comme la classe politique, n’est pas en reste. Bref, une impressionnante unanimité réflexe face à quoi les rares voix discor-dantes semblent de peu de poids.
Nul doute que ce projet, si sa montée en puissance se confirme, va
bouleverser, mais dans quel sens ? le paysage physique, social et
économique d’un Centre Bretagne en déclin et qui, de ce fait, accueille
avec reconnaissance toute idée susceptible d’y créer activité et donc
emploi. Quoi de plus légitime ?
Sur la page d’accueil du site internet de l’association on lit: «Un projet fou pour l’éternité», dont l’objet est «la
sauvegarde, la découverte et la promotion de la culture populaire
bretonne liée aux saints bretons sous la forme de création artistique».
L’accès au lieu est libre et gratuit, sa rentabilité s’évaluera à
l’aune des activités et des produits dérivés. S’agissant de la
production (aménagements de l’accueil et des abords, financement des
statues, etc.), un maître mot : mécénat. Une fondation est également
créée et les pouvoirs publics, le Conseil régional par exemple,
soutiennent financièrement l’entreprise. Chaque sculpture s’estime à environ 15 000 €.
Mais si on utilise les dispositions de la loi mécénat, c’est deux
fois moins cher, ce qui fait que, par ricochet, ce sont tous les
contribuables qui payent. On peut participer aux commandes, modestement
ou très largement, selon sa volonté et ses moyens. Plus de deux mille
personnes privées se sont engagées et le fleuron de l’industrie, du
commerce et de la banque en Breta-gne ainsi que le lobby du granit,
soutiennent matériellement une idée aux prémisses et aux implications
qu’il convient de décrire. On sait le commentaire par lequel Althusser
approfondit l’articulation que Marx posa entre «base économique» et
«superstructure idéologique».
La Vallée des saints illustre parfaitement le stade suivant, marqué
par l’intime imbrication de l’idéologie et de l’économie sous la
bannière, si l’on peut dire, d’un néolibéralisme à la sauce bretonne qui
cache habilement sa véritable nature (c’est bien la caractéristique de
l’idéologie même, et du néolibéralisme en l’occurrence, que de se
dissimuler sous les habits du pragma-tisme, de l’expertise et de
l’évidence).
Le substrat conceptuel et stratégique de la Vallée des saints émane peu ou prou d’un think tank
connu sous le nom d’«Institut de Locarn», une localité voisine de
Carnoët, et dont l’idée fondatrice est que le développement économique
revêt intrinsèquement la forme de la guerre, et que dans cet agôn,
il est bon et efficace de s’armer de symboles culturels. Fi donc des
distinctions byzantines entre hardware et software. Appliquée à la
Bretagne, riche de traditions fort prisées (sa musique, ses danses et
ses costumes, ses produits locaux), cette stratégie de fusion de
l’économique et du culturel pourrait bien être payante et faire d’une
région périphéri-que l’un des nouveaux «tigres celtiques», comme on
parlait il n’y a pas si longtemps des «tigres asiatiques», et dont
l’Irlande est le symbole.
Il n’est point besoin par ailleurs d’une grande perspicacité pour se
convaincre de la teneur éminemment catholique et plus largement
chrétienne d’une entreprise qui s’inscrit dans ce vaste mouvement
d’affirmation des racines chrétiennes de l’Europe dont on sait et les
porteurs et les objectifs : culte des héros, des morts et… des saints,
reconstruction d’un passé mythifié, renouveau spirituel, revendication
identitaire face aux dangers du multiculturalisme amplifiés par les
récents phénomènes migratoires. Vieille antienne. Articulé à l’antique
irrédentisme breton, tout cela se plaît à flatter le sentiment
d’appartenance, sinon le nationalisme. Et quid de la proposition «artistique» ?
Une centaine de statues, mesurant entre trois et six mètres de
hauteur, est pour l’heure érigée sur la colline, autour d’un tumulus
certes fouillé par les services archéologiques, mais fort menacé par
l’invasion massive de ces mastodontes et dont le voisinage pourrait
receler de nouvelles et intéressantes données. Ces mêmes services
archéologiques tirent la sonnette d’alarme quant à la préservation de la
zone et se réservent la possibilité d’investigations futures. Mais à la
Vallée des saints, on préfère la plasticité des mythes et des légendes à
la rigueur de l’histoire, les approximations de l’imaginaire aux
recherches scientifiques, hélas moins complaisantes. Les statues, on l’a dit, sont en granit, en granit breton, ce point est fondamental.
Confiées à une quinzaine de tailleurs de pierre répondant à un strict
cahier des charges, elles arborent des styles divers mais que réunit
une inclination prononcée pour le «pseudo» (plutôt que pour la copie) :
pseudo-médiévales, pseudo-exotiques, pseudo-modernes. Pseudo-médié-vales
en priorité. Comme au temps des cathédrales et de l’art chrétien, comme
avant, parce qu’avant, c’était mieux. Évidemment aucun lien avec une
quelconque histoire de l’art récent, avec la moindre contemporanéité.
L’art moderne, ici, n’a jamais existé ou bien par flash de kitsch surgis
de l’inconscient des burins ; alors vous pensez bien, l’art
contemporain… Non, juste un espoir de photogénie publicitaire (l’île de
Pâques, toujours).
Et les voilà fichées en terre (pas si solidement si l’on raisonne en
termes de sécurité, comme il commence à se dire ici et là), disposées à
la va-comme-je-te-pousse, faisant manifestement davantage confiance à un
futur effet de masse qu’à la qualité du rapport d’échelle, qu’à
l’archi-tecture paysagère, qu’à l’agencement au sol. Sur ce chapitre,
force nous est de constater qu’avant c’était mieux, vraiment mieux… Et
quand on apprend que parmi les nombreux projets à sortir des cartons se
trouve celui d’une école de sculpture monumentale («la première en Europe»), on en frémit.
Mais ce n’est pas de l’art qu’on vient chercher ici, comme le montre
clairement la teneur des visites guidées, ce sont des histoires à
entendre, des légendes comme les enfants les aiment. Et par-dessus tout
du spectacle, de l’effet spécial, un décor où le granit, paradoxalement,
devient carton-pâte. On assiste alors à l’élaboration d’un kitsch qu’on
pourrait appeler de seconde génération. Le premier kitsch, celui que
décrit Clement Greenberg, avait été produit par la société industrielle
et consistait en objets de série massivement répandus et consom-més,
souvenirs de vacances, produits dérivés… On le trouvait vulgaire et on
s’en délectait. On est comme ça. Il fait toujours florès. Le second, en revanche, avance masqué et son cheval de Troie se nomme «authenticité», «artisanat», «fait main».
Il puise ses formes et ses modèles dans la banque occulte d’un passé
merveilleux : si c’est en granit, c’est forcément authentique. C’est de
ce kitsch-là que relèvent les statues de la Vallée des saints. Umberto
Eco, dès 1985, dans la Guerre du faux, avait remarquablement
analysé cette propension contemporaine, américaine le plus souvent à son
époque, chinoise plus récemment, mondiale désormais, à se fabriquer une
histoire par l’élaboration d’objets symboliques reconstitués. Ici, en Bretagne, on atteint des sommets d’illusionnisme ripoliné
On parvient à produire des faux sur place avec les matériaux locaux !
Jeff Koons apprécierait ! Et si ce ne sont pas des copies, on dirait
bien pourtant qu’il s’agit là de répliques en granit dont les originaux
seraient en cire ou en plastique. Il en faut pour tous les goûts, nous
répète-t-on à l’envi. Certes, n’était ce sentiment diffus d’une subtile
escroquerie qui consiste, sous couvert d’un soi-disant art soi-disant
populaire, à nous faire prendre les vessies pour des lanternes,
l’idéologie pour l’art, l’économie touristique pour la culture, le tout
avec la bénédiction admira-tive des diverses représentations économiques
et politiques régionales dont on peut légitime-ment se demander ce
qu’elles soutiennent et défendent vraiment dans ce type d’initiative.
Jean-Marc Huitorel, critique d’art 4 août 2018
Commentaire NPA 29: Ces saints non reconnus étaient soit des militaires
romains, des chefs civils, des guerriers bretons, des religieux
fondateurs de paroisses et des ambassadeurs auprès des rois francs,
d’origine insulaire ou locale. Hommes (et femmes) politiques, ils
méritent d’être mieux connus, mais pas comme des charlatants « faiseurs
de miracles »!
LE TELEGRAMME
Carnoët. La Vallée des Saints vilipendée dans une tribune au vitriol
. (Le Télégramme / Claude Prigent)
C’est une voix discordante, aiguisée, discutable, qui
éreinte la Vallée des Saints, à Carnoët (22). Dans le journal
Libération, le critique d’art Jean-Marc Huitorel livre une tribune
vigoureuse qui a fait réagir, comme toujours, sur les réseaux sociaux.
En Bretagne, la Vallée des Saints, à Carnoët (22),
suscite une quasi-unanimité. Tant sur des sites d’avis en ligne comme
Tripadvisor , où les visiteurs multiplient les superlatifs :
« magique », « impressionnant », « mystique » auxquels se mêlent
quelques « bofs », que dans les médias locaux - Le Télégramme compris -
et nationaux où elle est décrite comme le « paradis des sculpteurs »
ou une « île de Pâques bretonne » . À lire sur le sujet Vallée
des Saints. Offrez-vous une visite interactive ! Les
réfractaires aux consensus estimeront salutaire la lecture d’une tribune
du critique d’art réputé Jean-Marc Huitorel, parue sur le site de Libé
, ce samedi. Un sommet d’esprit critique où une kyrielle de lignes ont
la ...
Comité NPA: Nous nous joignons aux voix discordantes sur le sujet: ce serait risible si ce lieu n'éatit en train de devenir une caricature de la Bretagne et de notre culture. A quand une vallée de révolutionnaires: Nathalie Le Mell, Charles Tillon, Marcel Cachin, Joséphine Pencallet....