SAUVEGARDE DU TREGOR
La
loi littoral, c'est l'intérêt général
Dans le cadre du dossier sur la construction illégale de Plestin Les Gréves, nous publions le texte de Sauvegarde du Tregor.
La maison construite illégalement en zone littorale, évidemment la vue sur le lieue de Gréves est imprenable....
Quand
des délits sont commis contre l'environnement, qui est notre bien
commun, leurs auteurs, personnes ou groupes constitués, se posent
immanquablement comme des victimes et jamais n'assument leur rôle de
coupables. C'est le cas pour les marées vertes, les pesticides, les
extractions de sable et les particuliers qui construisent en zones
non-constructibles et plus précisément au bord du littoral. Tout,
sauf assumer ses fautes. Car, c'est incontestablement une faute, par
ses modes de cultures, de favoriser les marées vertes toxiques et
d'altérer la qualité de l'eau; une faute, par des extractions de
sable, d'attenter à la biodiversité marine; une faute, par des
substances chimiques, de commettre des dommages irréparables à la
biodiversité terrestre et de menacer la santé humaine ; une
faute, par des constructions en bord de mer, de dégrader des
paysages naturels dont la beauté est reconnue par tous, y compris
par ceux qui construisent là pour cette raison.
Chaque
fois que l'environnement est agressé, c'est chacun d'entre nous que
l'on agresse. C'est chacune et chacun d'entre nous qui sommes
victimes. La défense de l'environnement est la défense de l'intérêt
général.
C'est
ce qui fait aujourd'hui, hélas ! son malheur. Les agresseurs se
font passer pour des victimes et ceux qui attaquent leurs méfaits
pour leurs bourreaux. Et ça marche trop souvent. Combien de victimes
objectives de ces délits accourent pour sauvegarder les intérêts
particuliers de ceux qui les commettent et violent ainsi l'intérêt
général ? Et par effet inverse, les mêmes dirigent leurs
reproches contre celles et ceux qui défendent cet intérêt général
dont ils sont pourtant les premiers bénéficiaires ! Quel
intérêt a un citoyen, qui ne possède aucun bien en bord de mer et
qui n'aura jamais les moyens d'en posséder un, à signer une
pétition pour sauver une maison dont les tribunaux ont ordonné la
démolition et qui a été construite en en connaissant tous
les risques ? Il se prive ainsi d'une vue sur la mer à cet endroit,
et surtout il veut priver tous les autres au seul bénéfice de ceux
qui se la réservent pour eux seuls !
C'est
pourtant, peut-être, le même citoyen ou la même citoyenne, qui
aura manifesté contre une extraction de sable au large de cette
maison, refusant de défendre les intérêts particuliers de la
société extractrice, pour préserver l'intérêt général au
travers de la sauvegarde de la biodiversité marine. Comment rendre
compte de cette incohérence ? Tout simplement, parce que, dans
le premier cas, ce citoyen ou cette citoyenne se sera identifié,
émotionnellement, complètement à tort, à la situation de ceux à
qui on ordonne légalement cette démolition. Cette émotion efface
tout le reste et en particulier tout sens critique. Les auteurs de
ces actes délictueux en jouent abondamment. Et comme, même à leurs
propres yeux, il est plus glorieux de se faire victimes expiatoires
plutôt que responsables de ses actes inconsidérés, quoi de tel que
de broder un récit où se mêlent complots contre leurs personnes et
calomnies à l'égard de celles et ceux qui ne demandent que
l'application de la loi et le respect de l'intérêt général, ici,
ailleurs, aujourd'hui, demain.
Mais
ce citoyen ou cette citoyenne n'aurait jamais été dupé sans la
faute grave de tous ceux qui ont en charge la défense de l'intérêt
général, les élus et les préfets. Plusieurs fois condamnés pour
faute par les tribunaux, ils récidivent dangereusement dans la
violation de la loi et de l'intérêt général. Qu'il s'agisse de
marées vertes, d'extractions de sable, de pesticides, de
constructions en bord de mer, ils soutiennent trop souvent les
intérêts particuliers de ceux qui les élisent. Ainsi, en échange
d'un permis de construire accordé alors qu'il le sait manifestement
illégal, un maire ménage son potentiel électoral pour être réélu,
et laisse le « sale boulot », la tâche ingrate de
défendre la loi et l'intérêt général à d'autres. Et il n'a
d'autres moyens pour masquer sa forfaiture, que de stigmatiser les
associations qui s'adressent aux tribunaux pour qu'ils suppléent par
leurs ordonnances à la faillite de son action.
Ainsi
va la politique aujourd'hui, ainsi va l'intérêt général... Comme
quoi, derrière tout un débat sur l'avenir d'une construction
illégale, se cachent des enjeux insoupçonnés qui révèlent tout
un fonctionnement de nos institutions, d'abord au service d'intérêts
privés. Faut-il s'étonner alors que la lutte contre le
réchauffement climatique marque le pas, parce qu'elle passe bien
après les complaisances à l'égard de lobbies fortement émetteurs
de gaz à effets de serres ? Et il faudra plus qu'une maison en
bois à Plestin-les-Grèves, construite illégalement en bord de mer,
pour faire baisser la température du globe. Mais comme aucune
action, si minime fut-elle, n'est à négliger dans ce combat qui
engage l'avenir de l'humanité toute entière, il eût mieux fallu
encore qu'elle ne fût jamais construite.
Yves-Marie
Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor
Contacts :
06 12 74 34 56
Note du comité:
Nous apprécions l'analyse d'Yves Marie et nous la partageons.L'Etat démolisseur patenté dans la ZAD a à sa disposition 2500 gendarmes mobiles, super entrainés, pour faire respecter la loi littorale.