samedi 13 septembre 2025

GAZA

 

Gaza City : la population prise au piège

L’armée israélienne a émis, mardi 9 septembre, un nouvel ordre d’évacuation concernant la totalité de la population de la ville de Gaza. Par des tracts largués du ciel ou des messages reçus sur leurs téléphones portables, les habitants ont reçu l’ordre de quitter la ville en se dirigeant vers le sud. Le but de l’armée est de prendre le contrôle d’une ville fantôme, complètement vidée de ses habitants. Pour les terroriser et les obliger à fuir, la semaine précédente, les bombardements se sont encore intensifiés frappant des zones d’habitation densément peuplées, détruisant tout ce qui restait encore debout et causant encore la mort de centaines de personnes, hommes, femmes et enfants. Deux tours d’habitation, situées dans le centre ont été entièrement détruites, leurs habitants, prévenus un quart d’heure avant de la frappe ont été contraints de jeter leurs matelas et quelques affaires par les fenêtres pour pouvoir les emporter avant les bombardements.

« Les portes de l’enfer ne se refermeront pas et les attaques de l’armée israélienne s’intensifieront » a promis Katz, le ministre de la Défense.

Malgré cela, selon un responsable de Médecins sans frontières, actuellement au maximum 150 000 Gazaouis, sur près d’un million, ont quitté la ville. La très grande majorité de la population est toujours présente et n’a pas l’intention ou pas la possibilité de partir. Et partir pour aller où ?

La moitié de la population de la bande de Gaza, un million de personnes, se trouve regroupée dans à peine 15 % du territoire dans des conditions de vie inhumaines et insalubres, où 90 % des installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement sont détruites et où il ne reste même plus un bout de terre pour planter une tente.

L’enfer la population de Gaza, qu’elle quitte la ville ou y reste, le vit depuis deux ans, victime de la politique criminelle du gouvernement israélien et de la complicité des dirigeants des grandes puissances.

Thierry Flamand

 

Non à la criminalisation de la solidarité avec les Palestiniens.





Le 11 septembre 2025, à Dinard, la police a perquisitionné le domicile de Daniel Levyne, directeur de publication du site internet de l’UJFP – Union juive française pour la paix. Cette action, menée à la suite d’une plainte d’une organisation sioniste, s’inscrit dans le cadre d’une circulaire du ministre de l’Intérieur, Retailleau, qui prétend combattre « l’apologie du terrorisme ». Cette politique vise à présenter comme des criminels antisémites tous ceux qui dénoncent le génocide perpétré à Gaza par l’armée israélienne sous les ordres de Netanyahou. À l’heure où les massacres continuent à Gaza et où Netanyahou tente de procéder à une épuration ethnique d’une zone qui compte plus deux millions d’habitants, nous protestons vigoureusement contre cette opération policière d’intimidation et apportons toute notre solidarité à Daniel Levyne et ses camarades.

NPA-Révolutionnaires

mardi 9 septembre 2025

GUINGAMP

 


palestine

 

Sykes et Picot sont de retour

Cet article a été écrit, et a été publié le 28 août, à l’origine pour le site de l’UJFP (Union juive française pour la paix), organisation qui se présente comme militant pour « le droit à l’autodétermination pour le peuple palestinien, y compris le droit de créer son propre État indépendant ». Le camarade auteur de l’article a souhaité qu’il soit publié également sur notre site. Nous accédons bien volontiers à sa demande.

 

 

Il y a des figures de l’histoire contemporaine qui sont plus connues que d’autres. D’Abraham Lincoln à Karl Marx, entre John Rockefeller et Jean Jaurès, d’Albert Einstein à Marie Curie, sans oublier le Mahatma (Mohandas) Gandhi ou le Che (Ernesto) Guevara, en passant par Churchill, Roosevelt et Staline, ces noms sont aujourd’hui familiers au commun des mortels. Mais qui reconnaîtrait les noms du colonel Sir Mark Sykes ou de Maître François-Georges Picot ? Inconnus du grand public, ces noms ne sont connus que de leurs victimes ainsi que de certains historiens spécialisés. Et pourtant, ils ont largement façonné la configuration actuelle des pays du Moyen-Orient. Le premier, militaire britannique, a joué un rôle diplomatique au service du gouvernement conservateur de sa Gracieuse Majesté le roi George V pendant la Grande Guerre de 14-18, tandis que le second, avocat de son état, faisait partie du corps diplomatique français pendant cette même période sous le gouvernement de centre-gauche d’Aristide Briand.

Dans un superbe mépris pour la souveraineté des peuples, ils ont signé dans le plus grand secret, le 16 mai 1916, des accords qui portent leurs noms pendant que les armées de leurs pays respectifs se battaient contre le kaiser de l’Empire allemand au cours de la Première Guerre mondiale. C’était pour partager entre les puissances coloniales les pays jusqu’alors gouvernés par l’Empire ottoman, en pleine décomposition. Ainsi, ils ont décidé – sans consulter le moins du monde les peuples concernés – qui, Britanniques ou Français, posséderaient à l’issue de la guerre les territoires occupés actuellement par la Jordanie, la Palestine, le Liban, la Syrie, l’Irak et le Koweït. Sans le moindre souci pour les Kurdes, les Arméniens, les Druzes et les nombreuses autres minorités de la région, ni même les populations majoritaires dans telle zone ou telle autre. Après tout, entre l’aristocratie britannique et la bourgeoisie française, on décide l’avenir des peuples « sous-développés » entre gens de bonne éducation qui ont eu la chance de naître dans les frontières des puissances occidentales. L’existence des accords Sykes-Picot a été révélée au monde grâce à la révolution d’Octobre en Russie. À peine une semaine après avoir pris le pouvoir à Petrograd, les bolcheviks ont levé le voile sur ces accords secrets dans un article paru dans l’Iskra, le quotidien du Parti communiste de la nouvelle Russie soviétique.

Mais les frères ennemis britanniques et français n’étaient pas à leur coup d’essai. Avant même que le prolétariat russe ait pu perturber la diplomatie feutrée de ces éternels rivaux des deux côtés de la Manche, ils se s’étaient déjà adonnés au partage de territoires qui n’étaient pas les leurs. Entre gens de bonnes mœurs, après la guerre des Boers et avant celle de 14-18, ils ont signé en 1904, à Londres, « l’Entente cordiale » (en français dans le texte). Ce document a découpé alors les frontières de deux pays aux extrémités de l’Afrique du Nord. À la Grande-Bretagne, l’Égypte – colonisée jadis par Napoléon – et à la France, le Maroc, où le roi d’Espagne avait déjà dévolu ses visées. Outre le continent africain, bientôt divisé en grande partie entre le Royaume-Uni, la France, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et le Portugal, les éternels rivaux des deux côtés de la Manche avaient également aiguisé leur appétit pour le continent américain. Après avoir mené des guerres de conquête sur les territoires d’Amérique du Nord – sans parler des îles disputées dans les Caraïbes – l’Entente cordiale a délimité les droits de pêche au large de Terre-Neuve, une colonie britannique à l’époque avant de devenir une province canadienne. Ont-ils demandé l’avis des Amérindiens, des colons anglais et les Acadiens (francophones) qui habitaient à Terre-Neuve et dans les Îles du golfe du Saint-Laurent ? Quelle idée ! Ils se sont entendus à Londres entre « gens de bonne compagnie ». Les habitants des zones concernées ont appris la nouvelle par la suite, sans avoir eu leur mot à dire.

Ainsi allait le monde sous la gouverne des grandes puissances impérialistes du début du 20e siècle. Avant d’arriver à notre époque, en 2025, beaucoup d’eau a coulé en dessous des ponts (et beaucoup de sang a coulé dans les tranchés de la Grande Guerre de 14-18). Mais après l’armistice de 1918 est survenue la Société des Nations, dont l’objectif était de régler les conflits par les négociations et non par les armes. Avec l’efficacité qu’on sait : la Seconde Guerre mondiale est passée par là. Après la « Libération » en 1945, les procès de Nuremberg ont établi la notion de crimes contre l’humanité, pour qu’ils ne surviennent plus jamais. Avant même le début de ces procès, l’année 1945 avait vu la création de l’Organisation des Nations unies, digne successeur de la Société des Nations. L’ONU a fait des progrès juridiques et politiques indéniables sur la voie d’une paix mondiale : la Déclaration universelle des droits de l’homme, les conventions de Genève, la création de l’Unesco (éducation, sciences, culture), le Bureau international du travail (droits des travailleurs), la FAO (nourriture, agriculture), l’OMS (santé), le traité sur les droits de l’enfant, l’accompagnement de pourparlers bilatéraux et multilatéraux pour le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la création des tribunaux spéciaux pour juger de nombreux crimes de guerre, dont ceux commis en ex-Yougoslavie et au Rwanda, la création du Tribunal pénal international, de la Cour internationale de justice, etc. On peut critiquer à souhait l’efficacité de l’ensemble de ces mesures. De telles critiques ont toute leur place, mais il n’empêche, la volonté y était. La diplomatie avant la canonnade, les intentions étaient bonnes. Alors qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Fondamentalement, ce qui n’a pas marché, ce sont les marchés. C’est-à-dire les marchés internationaux dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture, du commerce et la finance qui dirigent ce bas monde, pas tellement l’Assemblée générale de l’ONU et encore moins son Conseil de sécurité, paralysé par le droit de veto détenu par les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale (Grande-Bretagne, France, États-Unis, Union soviétique-Russie, Chine). La diplomatie a ses limites mais les marchés ne semblent pas avoir les leurs. Sous le capitalisme triomphant, c’est eux qui dirigent le monde. Loin des assemblées législatives, loin des regards des peuples du monde, tous sont soumis à la domination du capital privé et de ses institutions (banques, places boursières, instances patronales et conseils d’administration des entreprises multinationales). Ils ont plus d’argent et donc plus de pouvoir que la plupart des États. Lénine nous l’avait déjà dit en 1916 dans son ouvrage, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme.

Après plus d’un siècle de sang et de larmes, l’humanité est-elle plus avancée depuis la signature de l’Entente cordiale ? Pour répondre à cette question on n’a qu’à regarder ce qui s’est passé le 15 août 2025 à Anchorage. Où ça ? Anchorage, capitale de l’Alaska, État américain dans le Grand Nord et ancien territoire russe. Cet endroit improbable était le théâtre de négociations à huis clos entre Vladimir Poutine, ancien agent du KGB et nouveau tsar de Russie, et Donald Trump, ancien promoteur immobilier et nouvel apprenti dictateur désormais président de la première puissance industrielle du monde. De quoi parlaient-ils ? Officiellement de l’Ukraine, pays situé à 7 000 kilomètres de là. Mais ce n’est pas tant la géographie qui pose problème. La difficulté, c’est que pendant que les dirigeants russe et américain discutaient du devenir de l’Ukraine, cette dernière était absente. Deux puissances qui discutent des frontières d’un pays dominé, envahi par son puissant voisin, sans que le président ukrainien soit invité à la table. Comme au moment de la signature de l’Entente cordiale : deux puissances qui discutaient du devenir des peuples d’Afrique du Nord et de l’Atlantique nord sur le continent américain, sans que les peuples en question soient invités. Sans même qu’ils soient au courant. Ou bien au moment de la signature des accords Sykes-Picot : ces mêmes puissances qui discutaient du devenir des peuples du Moyen-Orient, sans que les peuples en question soient invités. Sans même qu’ils soient au courant. Plus d’un siècle de l’histoire humaine. Tout ça pour ça ?

Par ailleurs, soyons sérieux. Outre l’Ukraine, sur laquelle aucun progrès n’a été fait dans les pourparlers entre deux dictateurs (formellement élus mais assez dictatoriaux quand même), ils ont sans doute passé l’essentiel de leur temps à parler… de pétrole, de gaz naturel, de terres rares, d’or, de nickel, de cuivre et d’autres richesses minérales que contient le sous-sol de l’Alaska. Rappelons-le : c’est actuellement un État américain mais un ancien territoire russe. Tant qu’à ne pas avancer sur la guerre en Ukraine (dont Trump avait déjà dit qu’il pouvait y mettre fin en 24 heures), aussi bien parler affaires. Les « deals » si chers à Donald Trump. On aura sans doute la confirmation un jour par quelques indiscrétions, ou bien par quelques révolutions, comme celle d’Octobre qui a révélé l’existence des accords Sykes-Picot.

Regardons maintenant le nombre de génocides commis depuis la signature de l’Entente cordiale : les Héréros décimés en Namibie par les Allemands, les Arméniens par les Turcs, les Juifs et Tsiganes encore une fois par les Allemands (et leurs supplétifs), les Tibétains par les Chinois, les Ouïghours encore une fois par les Chinois, les Cambodgiens par les leurs (Khmers rouges), les Tutsis par les Hutus (tous deux Rwandais), les Bosniaques par les Serbes, les Rohingyas par les Birmans… Cette liste n’est peut-être pas exhaustive et n’inclut pas les innombrables crimes de guerre et autres crimes contre l’humanité qui ne constituent pas des génocides proprement dits au sens juridique du terme.

Les peuples kurde et palestinien ont souvent été décrits comme les éternels perdants de l’histoire contemporaine au Moyen-Orient. C’est sans doute le cas. L’actuel génocide qui se déroule devant nos yeux à Gaza, avec sa famine imposée à la population civile, émeut les peuples du monde entier, y compris une partie du peuple israélien (bien que minoritaire). Cette émotion a déjà incité l’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie à reconnaître l’État de Palestine (une entité virtuelle car sous occupation militaire). À ces précurseurs européens se sont rajoutés les intentions de reconnaître la Palestine annoncées par les chefs d’État ou de gouvernement de la France, de l’Allemagne, d’une dizaine d’autres pays européens, du Canada, de l’Australie et peut-être même de la Grande-Bretagne (ancienne puissance mandataire en Palestine). Ces pays industrialisés se sont tardivement ralliés au Sud global, où les trois quarts des nations qui siègent à l’ONU ont déjà reconnu l’État de Palestine. Si les pays industrialisés cités donnent suite à leurs annonces à l’Assemblée générale de l’ONU le 9 septembre 2025, outre Israël et les États-Unis, seulement 46 pays sur 145 ne reconnaîtront pas l’État de Palestine.

Cette avancée diplomatique pour le peuple palestinien est positive. Mais la diplomatie est une chose ; le commerce en est une autre. La plupart des pays qui reconnaissent (ou qui vont reconnaître) l’État de Palestine vendent des armes à Israël, ou vendent d’autres marchandises à Israël, ou achètent des produits israéliens, voire favorisent les échanges avec l’État hébreu par le biais des accords commerciaux tel l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. Quand les diplomates parlent, leurs gouvernements respectifs et les hommes d’affaires des pays en question continuent leurs transactions juteuses.

On revient à Lénine et à son avertissement de 1916 : ce sont les marchés qui dirigent. L’impérialisme, ce n’est pas seulement les guerres de conquête, c’est surtout l’accumulation du capital et la domination que ce dernier exerce sur les économies – et donc sur les gouvernements – des pays qui restent dans le giron capitaliste.

En attendant, nous continuons notre travail de solidarité avec le peuple palestinien, le peuple ukrainien, les Ouïghours, les Rohingyas et les autres, avec l’ensemble des populations écrasées par l’impérialisme moderne. Ainsi, notre solidarité n’est pas seulement une lutte antiraciste, elle est également une lutte anticapitaliste.

16 août 2025, Richard Wagman

vendredi 5 septembre 2025

cavan

 


        Une excellente publicité pour la reprise des cours de breton.




mercredi 3 septembre 2025

australie

 

Mobilisation historique en Australie en soutien à la Palestine

Ces dernières semaines, des manifestations de masse ont essaimé en Australie pour mettre fin au génocide des Palestiniens. Nous donnons la parole à Josh Lees, membre de l’organisation trotskiste Socialist Alternative qui joue un rôle moteur dans la lutte pro-palestinienne.

La mobilisation pro-palestinienne prend de l’ampleur en Australie, peux-tu nous expliquer pourquoi ?

Depuis octobre 2023, des manifestations contre le génocide perpétré par Israël à Gaza ont lieu sans discontinuer dans les grandes villes australiennes. Les plus importantes ont rassemblé environ 50 000 personnes à Melbourne et Sydney fin 2023 et début 2024. Le nombre de participants a fluctué dans les deux dernières années, mais le mouvement a réussi à maintenir des mobilisations de rue régulières toutes les deux semaines. Avec l’intensification de la politique israélienne de famine à de Gaza et le massacre quotidien de civils affamés dans les points d’« aide » gérés par les mercenaires américains de la « Gaza Humanitarian Foundation », un nouveau sentiment d’horreur et d’urgence s’est fait sentir.

Dans le même temps, la population était de plus en plus exaspérée et indignée par le soutien matériel continu du gouvernement australien à ce génocide. Le gouvernement du Parti travailliste a fait des déclarations verbales sur ses « graves préoccupations » concernant la « crise humanitaire » à Gaza, mais n’a rien fait pour sanctionner Israël ou mettre fin aux livraisons d’armes en cours. L’Australie n’est pas un grand fournisseur d’armes, mais elle produit des composants essentiels pour l’avion de combat F-35, qui ont été exportés directement vers Israël, ainsi que des blindages spéciaux en acier pour les chars israéliens.

Le mouvement a débuté le 3 août avec une manifestation massive sur le pont du port de Sydney. Peux-tu décrire l’impact de cette manifestation, ainsi que le rôle que toi et tes camarades y avez joué ?

Nous avons décidé qu’il fallait tenter quelque chose d’extraordinaire pour exploiter et mobiliser la vague de colère grandissante que nous sentions monter dans la population. Après en avoir discuté avec nos camarades de Socialist Alternative et du Palestine Action Group, nous avons donc décidé d’organiser une marche sur l’emblématique Harbour Bridge de Sydney. Seules deux marches politiques avaient déjà eu lieu sur ce pont dans l’histoire, et avec l’accord du gouvernement. Ce que nous proposions était donc sans précédent.

Le gouvernement et la police de l’État de New South Walles nous ont immédiatement traduits en justice pour empêcher la manifestation, ce qui n’a fait que contribuer à faire de la « bataille du pont » un événement national. Nous avons vu déferler une vague massive de soutien, avec des centaines de messages de soutien provenant de diverses associations et d’une douzaine de syndicats. Il s’agissait d’un pas en avant important, car la grande majorité des dirigeants syndicaux n’ont rien fait pendant les deux dernières années de génocide. Nous avons déclaré au tribunal : « Nous allons rassembler plus de 50 000 personnes pour une marche, c’est inévitable, que comptez-vous faire ? » Nous avons gagné le procès sur cette base et, au final, 300 000 personnes ont manifesté sur le pont malgré une pluie battante.

Cette immense manifestation a transformé la situation, révélé le soutien massif de la société à la cause palestinienne et donné confiance à davantage de monde pour s’organiser et se mobiliser dans tout le pays. Ainsi, trois semaines plus tard, le 24 août, nous avons assisté à la plus grande marche nationale pour la Palestine jamais organisée, qui a mobilisé environ 320 000 personnes à l’échelle nationale, dans plus de 40 villes et petites localités, dont beaucoup n’avaient jamais organisé de marche pour la Palestine auparavant.

Nos camarades de Socialist Alternative ont joué un rôle crucial dans le lancement, la promotion et la coordination de cette marche nationale.

Dans le sillage des manifestations de masse, vous avez proposé un référendum national sur les campus par l’intermédiaire des comités palestiniens. Pouvez-vous nous expliquer l’état d’avancement de la campagne et ses objectifs ?

L’année dernière, les membres de Socialist Alternative et de Students for Palestine présents sur nos campus ont mis en place des campements de solidarité avec Gaza dans une douzaine d’universités à travers le pays, ce qui a eu un impact politique important, mais n’a pas donné naissance à un grand mouvement étudiant militant pour la Palestine. Nous espérons qu’avec ce nouvel élan, nous pourrons faire quelques pas supplémentaires pour mobiliser les étudiants.

Le référendum national étudiant est un moyen pour les étudiants d’exprimer leur opposition massive au génocide et d’appeler le gouvernement australien et les universités à rompre leurs liens avec Israël, en particulier les accords de recherche que de nombreuses universités ont conclus avec des entreprises d’armement qui font affaire avec Israël.

Des assemblées générales ont également été organisées sur les campus afin de débattre et de voter des motions portant ces revendications. Ces réunions ont été couronnées de succès, attirant entre 150 et 600 personnes sur chaque campus. Nous espérons que ces efforts permettront de créer un mouvement étudiant plus important et des clubs socialistes plus importants.

Le gouvernement travailliste déclare travailler en faveur de la « reconnaissance de l’État palestinien ». Quelles sont les réactions de la population en général, en particulier au sein de la classe ouvrière ?

Le mouvement palestinien n’a pas exigé la « reconnaissance de l’État Palestinien », que nous considérons comme un geste assez insignifiant visant à nous détourner de nos véritables revendications, qui sont de sanctionner Israël et de mettre fin aux livraisons d’armes. Néanmoins, le fait que le gouvernement ait annoncé qu’il soutiendrait désormais cette « reconnaissance », alors qu’il l’avait exclue quelques semaines plus tôt, montre qu’il subit une pression importante après l’énorme marche de Sydney.

Cette annonce a déclenché une guerre verbale entre les gouvernements australien et israélien, ce qui permet à notre gouvernement travailliste de prétendre qu’il agit concrètement. Dans l’ensemble, cependant, cette diversion a échoué, comme en témoigne l’énorme mobilisation du 24 août.

Le mouvement a montré qu’il pouvait mobiliser un grand nombre de personnes, mais il présente encore de nombreuses faiblesses. Bien que Socialist Alternative ait joué un rôle organisationnel de premier plan dans bon nombre de ces moments clés, le mouvement dans son ensemble est encore loin d’avoir une approche socialiste ou une « conscience de la classe ». La mobilisation de la classe ouvrière en tant que travailleurs reste très faible, sans parler de l’absence d’action syndicale significative. Les dirigeants syndicaux restent dans leur grande majorité inertes ou hostiles à davantage d’actions, et les forces qui pourraient les défier sont encore beaucoup trop faibles. Dans la plupart des secteurs, des groupes de sympathisants de la Palestine tentent de s’organiser et de faire pression pour obtenir davantage, mais le chemin à parcourir est encore long et nous avons besoin d’une organisation socialiste beaucoup plus importante qui puisse aider à mener ces efforts.

Ces dernières semaines, nous avons également vu des sections de droite de l’establishment capitaliste tenter de riposter et de freiner notre élan, en soutenant une mobilisation raciste et fasciste anti-immigration qui vient d’avoir lieu le 31 août. Organisée explicitement en réponse à notre « Marche pour l’humanité » sur le Harbour Bridge, cette « Marche pour l’Australie » a vu 30 000 racistes d’extrême droite, souvent menés par de petits groupes de néonazis déclarés, défiler dans tout le pays et, dans certains cas, attaquer violemment des Palestiniens, des Aborigènes et des migrants. Il s’agit des plus grandes mobilisations d’extrême droite en Australie de ma vie, et d’une évolution inquiétante à laquelle nous devons essayer de faire face, à la fois en construisant des mouvements antiracistes et en construisant une alternative socialiste plus importante à ce système de guerre sans fin, de violence raciste et d’inégalité.