vendredi 25 juillet 2025

caen

 

Entretien avec Maël Hector, représentant syndical de SUD Santé au CHU de Caen

 

 

(Entretien réalisé le 9 juillet 2025)

 

Le laboratoire du CHU de Caen s’est mobilisé pendant onze semaines pour s’opposer, suite à la baisse d’une prime, à une perte de la rémunération, et exiger des recrutements. Peux-tu rappeler le déroulé de ces onze semaines ?

Dès la mi-décembre, des rumeurs circulaient, et questionnée par des représentants syndicaux, la direction du CHU a fait connaître sa volonté de baisser, voire supprimer, la prime d’insalubrité des agents du laboratoire (perte de 40 euros par mois). Cette mesure a été mise en place dès le 1er janvier, mais les agents l’ont appris mi-février, voire certains sur leur fiche de paie début mars, la prime étant versée tous les deux mois.

Dès que l’information a été officielle, nous avons organisé une première heure d’information syndicale (HIS) fin février avec Sud et FO. À la demande de plusieurs collègues, l’intersyndicale a lancé un préavis de grève reconductible le 26 mars, avec un premier débrayage de deux heures le 3 avril. Nous avons ensuite maintenu un rythme d’une heure de débrayage par semaine jusqu’au 13 mai, où nous avons obtenu un rendez-vous avec la direction. Le 16 mai, la direction nous a donné un accord oral, accepté par les agents le 20 mai. Ce n’est que le 20 juin que nous avons obtenu un accord écrit, signé par la direction, qui officialise l’instauration d’une prime de participation aux recettes extérieures (prime d’intéressement, aussi appelée « B externe »).

Qu’est-ce qui, selon toi, a déclenché le mouvement de grève ?

Il y a une fatigue générale et un ras-le-bol chez les collègues, qui remontent notamment au déménagement dans notre nouveau bâtiment centralisant et mutualisant toutes les analyses biomédicales du CHU. Les agents ont fait des efforts considérables pour assurer la continuité des analyses, tout en se formant à de nouvelles machines, en déménageant les activités et en s’adaptant à une nouvelle organisation du travail. Tout cela s’est fait sans aucun geste de reconnaissance de la part de la direction, qui considère que le bâtiment neuf est un cadeau suffisant pour les agents. Deux gouttes d’eau ont fait déborder le vase : l’absorption de l’activité du laboratoire de la Côté Fleurie avec seulement un agent prévu en recrutement, alors qu’on en demandait 3,8, et la baisse de la prime d’insalubrité. Ces deux éléments ont fait l’effet d’une bombe : on nous demande de travailler plus tout en étant payé moins et avec zéro reconnaissance sur leur travail au quotidien. Plusieurs collègues sont alors venus voir les représentants syndicaux, dont moi, pour demander à se mettre en grève, ce que nous avons fait avec Sud et FO.

Comment qualifierais-tu l’attitude de la direction ?

Très méprisante, en particulier de la part de la DRH, tant dans son fonctionnement quotidien que pendant la mobilisation. On a eu droit à des remarques disant que se mobiliser ne changerait rien, qu’on dérangeait pour rien alors qu’on avait déjà des locaux neufs et qu’on devait s’en contenter. Dans sa communication, on a aussi senti une volonté claire de diviser les agents, en tentant de nous culpabiliser pour nos revendications, notamment en conditionnant les primes à l’arrêt des recrutements. Pourtant, c’est bien la direction qui décide de la politique d’emploi ! Elle a aussi été offensive envers le mouvement de grève, en interdisant aux journalistes de se joindre aux cortèges de débrayage et en demandant au service de sécurité du CHU d’encadrer notre cortège. Finalement, ça s’est retourné contre elle et cela a renforcé la détermination des collègues.

Y a-t-il eu d’autres tentatives de la direction pour diviser les grévistes ?

Lors de la réunion du 13 mai la direction s’est engagée à faire une proposition concrète sur la prime d’ici le vendredi 16 mai. La semaine du 13 mai était justement sensée être un temps fort de mobilisation, un audit du laboratoire était prévu toute la semaine et on souhaitait se rendre le plus possible visible. Cela peut expliquer un peu pourquoi la direction a décidé d’ouvrir le dialogue à ce moment-là. Le vendredi 16 mai, nous n’avions qu’un accord oral de la direction, accepté par les agents le 20 mai. Mais, même sollicitée, la direction est alors restée silencieuse pendant un long moment. Les agents étaient alors divisés sur l’attitude à mener. Certains souhaitaient laisser le bénéfice du doute et attendre sans compromettre les négociations avec des débrayages, d’autres au contraire souhaitaient remettre la pression pour aboutir à un accord. Avec Sud, nous avons soutenu ces derniers : nous étions plusieurs à nous déclarer grévistes le week-end, cela dit sans aucun impact sur les activités, puisqu’un service minimum était assuré. La direction a tenté de revenir sur ses engagements oraux en dénonçant cette reprise du mouvement et, malheureusement, cela a suffi à créer des divisions parmi les agents.

Tu mets beaucoup en avant le collectif des grévistes, ou des agents. Toutes les décisions étaient-elles prises collectivement ?

Oui, même si c’était l’intersyndicale Sud et FO qui encadrait et représentait les agents, on a toujours veillé à faire valider les propositions en assemblée. Et on a toujours été à l’écoute des grévistes : le mouvement a débuté à la demande des collègues, tout comme les coups de pression remis les week-ends du 31/05 et du 07/06. Autant que possible, on a utilisé les HIS pour organiser des assemblées où la suite du mouvement et les revendications étaient décidées par vote. Et, quand ce n’était pas possible, on prenait un peu de temps après chaque débrayage pour échanger.

Tu as parlé de la presse, c’était important ?

Oui, cela faisait partie de notre stratégie pour obtenir gain de cause. Faire grève dans un hôpital est toujours délicat : même si, au laboratoire, on n’est pas au contact direct des patients, notre travail a un impact sur les soins. Et puis, on sait que la direction est très soucieuse de son image. On a donc choisi des débrayages d’une heure par semaine, en étant le plus visibles possible : devant le laboratoire, mais aussi dans d’autres bâtiments accueillant du public ou dans des services où d’autres collègues pouvaient être touchés par la suppression de la prime d’insalubrité. J’ai aussi été beaucoup sollicité pour des interviews, y compris à la radio et par des élus locaux.

La prime obtenue au final est une prime d’intéressement sur les activités externes, ce n’est donc pas la prime d’insalubrité qui était l’élément déclencheur du mouvement, mais tu parles quand même d’une victoire, est-ce que peux expliquer un peu cela ?

En effet, la réduction de la prime d’insalubrité n’a été que le déclencheur et nous savions depuis le départ que, légalement, ce serait difficile d’obtenir un retour en arrière. L’obtention de la prime d’intéressement pour les techniciens et aides de laboratoire était une revendication de longue date, c’était d’ailleurs la prime que l’on voulait absolument avoir avec ce mouvement. La direction a toujours refusé de la donner car elle sait très bien qu’elle est plus intéressante. Cette prime correspond à un pourcentage des recettes issues des analyses extérieures facturées par le CHU. Les demandes peuvent venir d’autres laboratoires ou centres hospitaliers, publics ou privés. Pour le moment, le taux d’intéressement est bas et ne compense que la perte de la prime d’insalubrité, mais nous espérons pouvoir négocier une augmentation dans l’avenir.

Tu n’es pas méfiant de voir une logique du privé s’installer dans un hôpital public ?

Si, bien sûr. Mais ces prestations extérieures sont déjà assurées par le CHU, et nous n’avons pas réellement notre mot à dire là-dessus – en tout cas, nous, agents de laboratoire, n’avons pas les moyens de nous y opposer. Elles constituent une source de revenus complémentaire à l’enveloppe ministérielle, qui diminue d’année en année. L’État pousse les hôpitaux à fonctionner de plus en plus comme des établissements privés. Ce que nous demandons, c’est simplement de pouvoir bénéficier d’une partie de cette richesse, puisque c’est nous qui faisons le travail.

Maintenant que le mouvement est terminé, quel bilan tires-tu de ces onze semaines de mobilisation ?

Très positif ! D’abord, la mobilisation a permis d’annuler l’attaque de la direction, avec à la clé une prime qui nous convient mieux. Elle a aussi permis de recréer du lien et de la solidarité entre les agents du laboratoire. Ce qui est peut-être dommage, c’est qu’on n’a pas réussi à élargir le mouvement à d’autres services. On a essayé, en distribuant des tracts au self à midi, ou en débrayant dans le service de logistique par exemple, mais sans succès. Pourtant, plusieurs collègues dans d’autres services sont également impactés par la diminution de la prime d’insalubrité. Le problème, c’est qu’ils sont souvent peu nombreux à la percevoir, donc il n’y a pas eu de dynamique collective.

jeudi 24 juillet 2025

dati

 

Rachida Dati trouve la justice pas assez laxiste

Visée par une enquête pour corruption passive et trafic d’influence dans l’affaire Carlos Ghosn, la ministre de la Culture, Rachida Dati, s’en est prise violemment aux magistrats du pôle financier qui, en l’inculpant, feraient mal leur travail. En fait, victime innocente, elle serait l’objet d’une véritable persécution judiciaire. Et elle a reçu le soutien de Macron, de Darmanin, de Retailleau et d’autres membres du gouvernement. Ces gens-là, qui passent leur temps à s’en prendre au laxisme de la justice lorsqu’elle ne punit pas assez sévèrement les jeunes délinquants des banlieues, voire des manifestants pro-palestiniens et écologistes, s’offusquent lorsque l’une des leurs est prise les doigts dans le pot de confiture pour avoir empoché frauduleusement 900 000 euros. Une bande de faux culs !

mercredi 23 juillet 2025

MAREE

 

BON SEJOUR EN BRETAGNE CET ETE  MAIS EVITEZ LES MAREES VERTES.

la poste

 

Verdict de classe contre les cinq postiers du 92 — Une réponse militante immédiate : élargir la lutte

Le jeudi 10 juillet dernier, 200 personnes se sont réunies devant le tribunal de Paris pour apporter leur soutien aux cinq postières et postiers accusés de « violation de domicile » et de « violence » suite à une grève de 174 jours en 2014 contre la précarité et contre les suppressions d’emplois.

La solidarité s’exprime simultanément dans plusieurs villes

Après les plus de 600 personnes rassemblées à Paris le 12 juin lors du procès, cette nouvelle date a été marquée par des rassemblements qui se sont tenus simultanément à Paris mais aussi à Toulouse, Grenoble, Lyon, Bordeaux, Rennes et, le lendemain, à Marseille.

Justice pro-patrons

Pour Brahim, Dalila, Mohamed et Yann, déclarés coupables de « dégradation de biens d’autrui » et « violation de domicile » : 500 euros d’amende délictuelle en sursis, et 254 euros de frais de procédure pour deux d’entre eux.Pour les cinq, jugés intégralement responsables du « préjudice » subi par la cadre de La Poste qui avait porté plainte : 1 800 euros de préjudice et 8 222 euros de frais. Les postiers sont également jugés intégralement responsables du « préjudice subi par La Poste » et, à ce titre, condamnés à1 euro symbolique en réparation et à payer 1 000 euros de frais de procédure.

Un jugement sur mesure

Gaël Quirante, secrétaire départemental de Sud Poste 92 et porte-parole du NPA-R, est le seul des cinq pour lequel les faits de violences envers la cadre de La Poste ont été retenus : six mois de prison avec sursis pendant cinq ans, autrement dit une tentative de placer une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

Ces condamnations manifestent une volonté de revanche à l’égard des militants : Gaël a été licencié et Yann révoqué, mais ils continuent leur intervention dans l’entreprise, c’est ce qui dérange La Poste et l’État. D’où la condamnation, qui constitue une tentative d’avertissement à toutes celles et ceux qui se dressent face à l’exploitation.

Du tac au tac : la colère et les perspectives de lutte

À l’annonce des condamnations, la sidération s’est lue sur de nombreux visages. D’abord parce que c’est l’action syndicale et l’outil de la grève qui sont directement attaqués.
Mais aussi parce que, concernant les faits de violence, de nombreux éléments prouvant leur inexistence avaient été apportées par les cinq postiers : la diffusion des images de vidéosurveillance dans la salle d’audience avait même amené la cadre de La Poste à remettre en cause ses accusations, et montré que c’étaient les grévistes qui avaient été agressés physiquement par les vigiles… et par la cadre elle-même !

Or, le choix est non seulement de maintenir l’accusation, mais même de « charger » les peines en passant des TIG réclamés par le procureur à la prison avec sursis.

À la sidération s’est donc jointe la colère, et ce sentiment d’injustice qui prend aux tripes tant la ficelle est grosse.

Mais, là encore, ce sont les interventions de Yann et Gaël à la sortie du tribunal qui ont vite fait basculer ces sentiments du côté de l’envie de continuer, de se battre, de ne pas se laisser abattre et de comprendre que ce combat n’est pas fini, que le cadre militant qu’il a suscité est un outil précieux pour la suite. Il faut obtenir la relaxe, la réintégration de Yann et Gaël et, au-delà, mener la lutte d’ensemble pour mettre un coup d’arrêt à la direction de La Poste comme à tous les patrons et aux gouvernements à leur botte.

Les postières et postiers ont fait appel : celui-ci est suspensif de toutes les peines.

Des suites militantes immédiates

Une réunion unitaire s’est tenue dès le 15 juillet. Un succès par le nombre d’organisations présentes, mais surtout par l’état d’esprit militant : la volonté de répondre à la guerre que nous déclare non seulement La Poste mais bien toute la classe dirigeante, par une riposte d’ensemble.

L’objectif est donc de travailler à élargir l’arc des forces qui soutiennent les cinq postiers. L’activité militante va continuer dans ce sens pendant l’été. L’intervention militante dans l’entreprise ne va pas être perdue de vue, bien au contraire : la combativité que les patrons essaient d’attaquer à travers les cinq va s’exprimer de manière offensive dans les services de La Poste. L’activité militante qui s’est manifestée dans les rassemblements du 10 juillet va s’amplifier, en partant de l’activité des postières et postiers eux-mêmes.

Édouard McBeyne

samedi 19 juillet 2025

35h

 

Après les jours fériés et la cinquième semaine de congés payées… feu sur les 35 heures

Pour boucler son futur budget 2026 le gouvernement a déjà proposé de supprimer deux jours fériés et de monétiser la cinquième semaine de vacances qui serait travaillée. Mais pas de raison de s’arrêter en si bon chemin dans les attaques anti-sociales. C’est cette fois la porte-parle du gouvernement, Sophie Primas, qui vient de se lâcher. Dans un entretien sur LCI elle s’est prononcée pour la suppression des 35 heures. Elle était interrogée sur les propos tenus un peu plus tôt par le député Renaissance Mathieu Lefèvre, selon lequel « il faudra mettre fin aux 35 heures dans ce pays et laisser la liberté aux entreprises de s’organiser, en lien évidemment avec leurs salariés ». Et la dame de qualifier les 35 heures de « boulet ». Bientôt, au nom de la liberté des entreprises d’agir à leur guise, le gouvernement va proposer la suppression du salaire minimum, des CDI, voire le retour au travail des enfants. Chez ces gens là le mot « liberté » a toujours un arrière goût d’esclavage salarié.

ankou 2

 

                                EPISODE NUMERO DEUX 


          L'HOPITAL PUBLIC DANS LES COTES D’ARMOR .

                        CET ETE ON DANSE AVEC L’ANKOU *


                           *L’ANKOU est le terme qui désigne la mort en langue bretonne.



URGENCE REGULEE ET LITS FERMES, DE GUINGAMP A BEGARD, ON FAIT COMMENT QUAND ON EST MALADE ON VA VOIR DES SORCIERS?



La « régulation fermeture » des urgences sur le GHT7, groupement hospitalier des Côtes d’Armor, n’est que la partie émergée de la situation qui se dégrade dans l’hospitalisation publique et privée non lucrative.

Selon des sources syndicales de la CGT Santé, ce sont :


* trente lits qui sont fermés cet été sur l’hôpital public de Guingamp, ce chiffre pouvant être modifiés à la hausse si des arrêts de travail proviennent au sein du personnel .

* dix lits à l’hôpital psychiatrique de Bégard,


Le pays de Guingamp est depuis des années un territoire fortement impacté par la précarité et les difficultés d’accès aux soins, aggravées par la faible densité de médecine de ville ou de spécialiste.

La politique de l’ARS Bretagne qui vise à multiplier les maisons médicales n’est même pas en capacité de freiner la baisse de la démographie médicale. Tout en transférant sur le long terme aux collectivités locales le coût des infrastructures immobilières.

Toute la communication du ministère de la Santé sur les futurs investissements pour reconstruire sur site le CH de Guingamp masque la fermeture de la maternité et l’affaiblissement de l’offre de soins. D’une façon identique proclamer que la psychiatrie est une priorité nationale tout en laissant les patients suivis dans la nature est source de suicide, de souffrance et de risque sanitaire .

Alors que la période du Covid, les confinements successifs ont fragilisé notamment les enfants et les adolescents et que désormais nous allons comme disent les médias payer la facture.

Les annonces de Bayrou sur une année blanche budgétaire n’en ont que plus de violence et nous appelle à la mobilisation pour virer toute cette clique de parasites capitalistes.


Correspondant