Déclaration de Philippe Poutou le soir du 1er tour
-Dimanche 23 avril 2017, mise à jour Dimanche 23 avril 2017, 22:38
Nous
tenons évidemment d’abord à remercier les électeurs et électrices qui
ont choisi de voter pour nous. Par ce vote, ils et elles ont voulu
exprimer le rejet d’un système de politiciens professionnels qui sont
souvent corrompus et qui permettent que, dans ce pays, continue, de
fait, à s’exercer le pouvoir des capitalistes et des banquiers. Ils et
elles ont voulu affirmer que le changement se fera par les mobilisations
et la rupture avec ce système.
Cette
campagne a témoigné du gouffre qui sépare de plus en plus la population
d’un système politique qui ne nous représente pas et qui,
fondamentalement, ne prend pas en compte nos conditions de vie, pire qui
les aggrave année après année... Tous ces politiciens représentent de
moins en moins d’électeurs, notamment dans les quartiers populaires.
L'élément
inédit de ce premier tour est l’absence au second tour des candidats du
PS et et des Républicains. C’est le signe d’une grande crise politique
que les deux partis qui ont gouverné le pays depuis 60 ans soient ainsi
éliminés. Mais la présence au second tour de Marine Le Pen et d’Emmanuel
Macron n’est pas une bonne nouvelle, et encore moins une rupture avec
tout ce que nous subissons depuis des décennies.
Le
FN se prétend un parti hors système qui défend les travailleurs, alors
que c’est un parti capitaliste comme les autres, qui a autant de
casseroles que les autres, qui ne se bat jamais contre les licenciements
et les projets patronaux, qui protège les riches et frappe les
exploitéEs. De plus, ce parti est un grave danger car, par le racisme,
il attise la haine contre les populations immigrées et d’origine
immigrée, et la division, visant à détourner les salariéEs de vrais
responsables du chômage et de la misère.
L’autre
candidat sera donc Emmanuel Macron, imposteur à plusieurs titres : il
n’est pas un nouveau candidat hors système mais un rejeton des banques
et de François Hollande, tout autant responsable que celui-ci de la
politique que nous avons subie depuis cinq ans. Et il nous promet
d’aggraver encore l’austérité et les inégalités.
Le
score de Le Pen et la crise politique nous montrent l’urgence de
reprendre nos affaires en main, de nous mobiliser. Bien plus encore
qu’en 2002, ces prochains jours, ce n'est pas un « front
républicain » mais une large mobilisation contre le Front national et
les politiques libérales, en particulier de la jeunesse, qui est
indispensable. Nous devons nous battre dans les entreprises et les
quartiers, sans attendre le résultat du second tour.
Dimanche
7 mai, beaucoup voudront faire barrage au FN en votant Macron. Nous
comprenons la volonté de rejeter le danger mortel pour tout progrès
social et pour l'ensemble des droits, tout particulièrement pour les
populations immigrées et d’origine immigrée, que représenterait
l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen. Mais nous voulons rappeler que ce
sont bien les politiques d'austérité et sécuritaires, en particulier
quand c'est la prétendue gauche de gouvernement qui les a portées, qui
restent la cause de la montée du FN et de ses idées nauséabondes. Macron
n’est pas un rempart contre le FN, et pour faire reculer durablement ce
péril, il n'y a pas d'autre solution que de reprendre la rue, contre
l'extrême droite, mais aussi contre toutes celles et ceux qui, comme
Macron, ont mis en place ou veulent imposer des mesures antisociales. Le
NPA et ses militants se joindront aux manifestations contre le FN.
À
toutes celles et tous ceux qui ont refusé de voter ou à qui on refuse
le droit de vote, à celles et ceux qui ont voté Mélenchon en pensant
faire un vote de rupture, à celles et ceux qui ont voté LO, nous tenons à
dire ce soir que plus que jamais, nous avons besoin d’une nouvelle
force pour nous représenter : un parti qui représente nos intérêts, un
outil pour nos luttes quotidiennes, pour en finir avec le système
capitaliste, pour porter le projet d’une société débarrassée de
l’exploitation et de toutes les oppressions.
Dans les semaines qui viennent, nous serons d’abord présents dans la rue le 1er Mai :
pour témoigner de la solidarité internationale à l’heure où la France
perpétue des interventions néocoloniales et où le boucher Assad continue
de semer la mort, mais aussi pour défendre nos libertés démocratiques
et nos droits sociaux. Au-delà, le NPA veut continuer à porter dans les
villes et les quartiers populaires, dans les entreprises, dans les
mobilisations, dans l’action quotidienne, la campagne que j’ai menée
avec mes camarades depuis plusieurs mois. Car au soir de ce premier
tour, l'avenir reste bien à la contestation de ce système, toutes et
tous ensemble.
Paris le 23/04/2017