samedi 24 mai 2025

ehpad

 

Fons-outre-Gardon (Gard) : grève à l’Ehpad Les Jasses

Le 22 mai 2025, les aides-soignantes de l’Ehpad Les Jasses à Fons-outre-Gardon (Gard) se sont mises en grève pour dénoncer la maltraitance institutionnelle et des conditions de travail intenables. Comme dans beaucoup d’autres Ehpad, les soignants subissent un quotidien insupportable : sous-effectif chronique, cadences infernales, épuisement physique et psychique, abandons de poste en cascade, et surtout, impossibilité d’assurer des soins décents aux résidents.

L’établissement, inauguré en grande pompe en 2020, n’est plus qu’un décor vide. Pas de cadre de santé, pas de psychologue, pas d’éducateur d’activités, pas d’assistante sociale, pas assez de soignants… une douche par semaine, des résidents mis en pyjama à 16 heures par manque de bras… Des soignantes aux amplitudes horaires délirantes, 7 heures 45 un jour, 12 heures le lendemain, sans aucune reconnaissance, sans respect, à bout de souffle. Trois arrêts maladie en une semaine, et, dans ces conditions, combien à venir ?

L’institution n’est pas en crise : elle fonctionne parfaitement selon les logiques du capitalisme

Le chiffre est là, implacable : 0,57 soignant par résident en moyenne dans les Ehpad français. Bien en dessous des normes européennes. Bien en dessous de la décence. C’est de la gestion comptable de la vieillesse. De la maltraitance organisée au nom de la rentabilité.

Dans la Drôme, à l’Ehpad Les Minimes de Bourg-de-Péage, une grève illimitée a éclaté au mois de mars pour les mêmes raisons : manque de personnel, matériel insuffisant, mépris total des directions, aucune revalorisation d’un travail pourtant essentiel. Comme l’avait révélé notamment l’affaire Orpea, les actes de maltraitance dans les Ehpad ne sont pas des cas isolés. Les grèves de soignantes, qui ne veulent plus être les exécutantes d’une maltraitance institutionnelle érigée en modèle de gestion, ne sont pas rares non plus, mais elles sont, elles, bien isolées.

C’est la même logique mortifère qui est à l’œuvre partout : faire plus avec moins, jusqu’à ce que tout s’effondre. Pour sortir de cette mécanique implacable, les grèves comme celles de l’Ehpad Les Jasses à Fons-outre-Gardon doivent être des points d’appui, s’amplifier, trouver des relais dans tous les secteurs du soin, du médico-social, dans le public comme dans le privé.

Nora Debs