lundi 26 mai 2025

gaza

 

Seule la mobilisation pourra stopper le soutien des dirigeants impérialistes à ce génocide

Photo de Jaber Jehad Badwan. Source : wikimedia

Les images de Gaza sont chaque jour plus insoutenables. Les horreurs qu’inflige le régime de Netanyahou à une population civile désarmée relèvent du crime contre l’humanité qui vise à faire disparaître le peuple palestinien. Un « génocide en direct », dit Amnesty International, contre lequel nous, travailleurs, nous devons et nous pouvons agir !

Les larmes de crocodile n’arrêtent pas les massacres

Le Canada, la France et la Grande-Bretagne ont publié un communiqué commun pour dénoncer les « actes honteux du gouvernement Netanyahou ». Mais 40 % des importations israéliennes viennent d’Europe, dans le cadre d’un accord commercial. Le 20 mai l’Union européenne a annoncé « vérifier » si Israël respecte « toutes les dispositions de l’accord, fondées sur le respect des droits de l’homme ». Qu’y a-t-il à vérifier, lorsque chaque jour des dizaines d’enfants, de femmes et d’hommes meurent sous les bombes, ou de faim à cause du blocus imposé par l’armée israélienne ? Pendant le génocide, le commerce continue, y compris celui des armes. Les États-Unis ont annoncé fin avril la livraison de plus de 3 000 nouvelles bombes à larguer sur Gaza. La France n’est pas en reste, qui livre des composants militaires indispensables aux armements israéliens.

Honte à Macron qui continue de criminaliser le soutien à la Palestine !

Quoi qu’ils en disent, les États impérialistes continuent de soutenir Israël car, depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, il est l’un de leurs gendarmes dans cette partie du monde, prêt à intervenir contre les peuples qui se révoltent contre l’ordre capitaliste dans la région.

Voilà pourquoi Macron réprime celles et ceux qui expriment leur solidarité avec le peuple palestinien. Après la menace de dissoudre l’association Urgence Palestine qui organise les manifestations, c’est une enseignante du lycée de Sens qui est suspendue pour avoir organisé une minute de silence pour Gaza ! Honte ! Honte à ce gouvernement qui couvre les génocidaires et réprime ceux qui dénoncent ce massacre !

Pour détourner l’attention et flatter le racisme, Retailleau fait grand bruit autour d’un rapport sur le prétendu « entrisme des Frères musulmans » en France. Rapport qui pointe en réalité le déclin de ce mouvement. Mais qui parle de « l’entrisme » des soutiens aux génocidaires du gouvernement Netanyahou, depuis les plateaux de CNews jusqu’au plus haut sommet de l’État ? Contre tous les poisons racistes, contre l’antisémitisme comme l’islamophobie, contre les amalgames haineux du pouvoir, unissons nos forces pour dire qu’à Gaza, c’est toute l’humanité qu’on assassine !

Amplifions la mobilisation pour exiger la fin du soutien au génocide !

Si Macron et Starmer critiquent aujourd’hui Netanyahou en paroles, c’est parce qu’ils craignent que sa guerre contre tous les peuples de la région déstabilise les dictatures arabes complices et déclenche des révoltes populaires en Jordanie, au Liban, en Syrie ou en Égypte. C’est tout ce qu’on peut souhaiter… et nous pouvons y contribuer ici en montrant que les génocidaires et leurs complices n’agissent pas en notre nom, pas au nom des classes populaires !

En Israël même, les manifestations continuent : des centaines d’Israéliens se sont rendus sur la frontière avec Gaza pour exiger la fin des bombardements, brandissant des panneaux « Palestinian lives matter ». Aux États-Unis, la présidente de l’université de Columbia a été huée par des centaines d’étudiants criant « Free Palestine » et « Free Mahmoud », cet étudiant palestinien arrêté pour avoir manifesté en soutien à la Palestine. À la Haye, plus de 100 000 personnes ont manifesté pour exiger la rupture des relations avec Israël. Oui, c’est bien la seule chose qui permettra de mettre un terme à ce génocide : poursuivre et amplifier la mobilisation pour stopper le soutien de nos gouvernements à l’État israélien !

Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 26 mai 2025

TERRE

 

Premières secousses, par Les Soulèvements de la Terre

Premières secousses, par Les Soulèvements de la Terre
La fabrique, 2024, 280 p., 15 €

 

 

[Nous republions dans ce dossier la critique parue sur notre site le 11 juin 2024]

Formidable essai, intercalant récits de mobilisations, analyses, et perspectives militantes que le mouvement Les Soulèvements de la terre vient de faire paraître en avril dernier. Le titre, Premières secousses, témoigne à la fois de l’ambition militante et du réalisme des auteurs.

Qui sont-ils, d’où viennent-ils ?

Le mouvement est issu il y a trois ans de « … jeunes groupes – notamment Extinction Rebellion et Youth For Climate – révoltés par l’urgence climatique ». Mais pas seulement. « Nous avons vécu les mouvements CPE, les luttes lycéennes et étudiantes, le combat contre la loi travail et ses cortèges débordants. Nous avons éprouvé des expériences communisantes sur les zones à défendre ou ailleurs. Nous avons fait corps avec les luttes de l’époque pour y insuffler la dose de vitalité et de combativité nécessaire à certaines victoires […] Nous avons pris parti – comme d’autres mouvements qui agitent le pays – pour l’action directe de masse. Frapper fort et frapper juste, par milliers et au grand jour. » (p. 9)

Comment définir ce mouvement qui prône « l’action directe de masse » ? Les têtes de chapitres y répondent en partie : « 1. Désarmer le béton ; 2. Démanteler le complexe agro-industriel ; 3. Reprendre les terres ; 4. Bâtir une organisation pas à pas »

Les références révolutionnaires des auteurs (venant de parcours différents) sont multiples : Marx et Engels, Rosa Luxemburg, les syndicalistes révolutionnaires, les conseillistes des années 1920, les autonomes contemporains, Gramsci… ou d’auteurs marxisants contemporains comme Andreas Malm, Mike Davis ou Eric Hobsbawm, cités au fil des pages. « Comprendre le capitalisme, c’est saisir deux phénomènes profondément imbriqués : la dépossession et l’accumulation. » (p.17)

Leur choix du moment

C’est clair, les militants des Soulèvements de la terre ne se contentent pas du combat écologique, ni de la seule dénonciation, aux côtés des paysans, du complexe agro-industriel. Mais ils assument leur choix du moment, la lutte pour la défense de la terre, laquelle « … se situe à la lisière des luttes sociales » […] Mais ajoutent-ils, «… la lutte pour la défense des terres n’est pas un prétendu “front principal”. Elle n’est pas un combat qui se situerait au dessus des autres fronts de lutte : contre l’exploitation du travail, le racisme, le patriarcat, les frontières, les violences policières… C’est simplement l’axe et le levier que nous avons choisis pour contribuer à notre mesure à la perspective d’un bouleversement radical. » (p. 20)

« La prise de la bassine ! »

Reste que la quinzaine d’articles de l’essai sont à la fois riches d’informations (dont, entre autres, l’histoire capitaliste du béton) comme en récits très vivants et réjouissants des mobilisations contre les chantiers extractivistes, autoroutiers ou contre les méga-bassines, (dont une… « prise de la bassine » !). Avec comme bilan, « plus de bassines détruites que de bassines construites » (p. 97). Avec aussi une « coordination du mouvement » qui réunit « Bassines Non Merci, la Confédération paysanne, les Soulèvements de la terre ainsi que les syndicats CGT et solidaires des Deux-Sèvres ». Le récit du 25 mars 2023 lors de la répression policière à Sainte-Soline (yeux crevés, mâchoires enfoncées, jambes criblées d’éclats…) est impressionnant. Une déflagration qui sape un temps le moral. Un temps seulement. « Tactiquement défaits », mais « plus soudés que jamais ». Le bilan de cette manifestation de masse ouvre « un immense chantier de réflexion stratégique et tactique […] à la hauteur du changement d’échelle de la lutte » (p. 107). En effet, les auteurs font systématiquement le bilan des actions, en revenant aussi sur certaines erreurs et échecs tactiques. De quoi rendre leur retour d’expérience d’autant plus convaincant.

S’ensuivent différents niveaux de réflexions : comment s’adresser aux exploitants prolétarisés, construire une force qui puisse se dresser face à la FNSEA (« cette véritable forteresse mafieuse » – p. 120) ; s’adresser également à tout le prolétariat qui fait tourner le complexe agro-industriel : « ouvriers-ères agricoles, saisonniers, opérateurs d’abattoir, caissier-ères de supermarchés, agent-es logistiques, employé-es des usines de l’agroalimentaire et de la chimie » (p. 122). Car « s’il n’y a jamais eu si peu de paysan-nes en France, il n’y a jamais eu autant de travailleurs-ses enrôlé-es par le complexe agro-industriel » (p. 123). D’autant plus que l’effondrement de la paysannerie a drastiquement entamé les possibilités de grèves longues et offensives, faute de pouvoir organiser le ravitaillement des grévistes. L’objectif est « la confluence des luttes contre le complexe agro-industriel ».

Le mouvement des Gilets jaunes en 2018-19, leur faire dire : « L’une des ambitions des Soulèvements de la terre, c’est la confluence entre la rage sociale face à l’exploitation économique et aux discriminations raciales et le refus de la fin du monde […] pour reconnaître la légitimité de la colère périphérique des Gilets jaunes en 2018 et de la jeunesse des banlieues après la mort de Nahel en 2023. » (p.136). « Nous œuvrons […] à une confluence des luttes urbaines et rurales » (p. 202).

Certains chapitres reviennent sur des analyses de fond, très instructives, se démarquant entre autres vigoureusement de « l’éco-fascisme, sa “biologisation du politique” et son idéalisation réactionnaire de la nature » (p. 162-63).

Quelle organisation à construire ?

Reste, dans les dernières parties du livre, à concevoir le type d’organisation à construire « pas à pas ». Les auteurs se réfèrent aux expériences révolutionnaires passées. L’objectif : constituer des « contre-pouvoirs », puis « métamorphoser ces contre-pouvoirs en “double pouvoir”, c’est-à-dire se donner les moyens d’ébranler – voire de renverser – le pouvoir en place. » (p. 187)

« La force de notre mouvement, expliquent-ils, vient de la cohabitation en son sein d’histoires politiques distinctes » (p. 218), se démarquant autant d’un « réformisme trop sage » que de « la pure spontanéité révolutionnaire ». Ils critiquent ladite « planification écologique » qui s’en remet aux États (p. 219). « L’enjeu est de se tenir sur cette périlleuse ligne de crête… Nous naviguons entre les insuffisances de l’autonomie diffuse, les dangers du léninisme et l’étroitesse de vue du réformisme. »

En conclusion, les auteurs expliquent que le mouvement résulte d’hybridations : une « coalition » d’organisations et de collectifs préexistants ; un « mouvement » orienté vers l’action ; une « organisation » devant se doter de structures propres, durables et d’espaces de décisions réactifs. Cette organisation mise aussi sur « l’auto-organisation des luttes contre la dégénérescence bureaucratique »… tout en articulant « horizontalité et verticalité », problème difficile précisent les auteurs, qui soulignent comme d’autres avant eux « la tyrannie de l’absence de structures ». Bref, autant de questions que le mouvement ouvrier révolutionnaire s’est lui aussi posées, avec certains succès et échecs, depuis plus d’un siècle.

Un recueil d’articles à l’écriture revigorante, hautement recommandé. De quoi nourrir des discussions aussi chaudes que fraternelles entre les militants de notre NPA-Révolutionnaires, dont bon nombre sont également léninistes et trotskistes, et ceux des Soulèvements de la terre.

Huguette Chevireau et Martin Castillan

 

 

ECO

 

« L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage ! »

(Comme disait Chico Mendes, défenseur de l’Amazonie)

Face à la crise climatique, les politiciens en appellent hypocritement à la conscience et la responsabilité de chacun. Mais quelle est la part de l’ouvrier obligé de prendre sa voiture pour aller travailler, face à Bernard Arnault qui voyage en jet privé ? D’après Oxfam, la consommation des 10 % plus riches est responsable de plus de la moitié des émissions. Et, pour des millions de travailleurs, le transport, la nourriture, le chauffage sont des choix contraints. Pourtant, ce sont bien eux qui vivent à proximité des usines à risque, dans les quartiers pollués et les zones inondables.

Or, les décisions qui détruisent la planète ne se prennent ni dans les rayons de Lidl ni dans les stations essence, mais au niveau de la production, pas auprès des exploités, mais dans les conseils d’administration des grandes entreprises et les latifundia agricoles. En Amérique latine, les paysans du MST qui réclament une meilleure répartition des terres l’ont bien compris et luttent pour une agriculture débarrassée de la recherche de profit. En France, on s’oppose aux grands projets conçus par le business du béton ou de l’agro-alimentaire : l’autoroute A69 à Toulouse, les méga-bassines à Sainte-Soline, entre autres… Ces luttes, au départ souvent locales, cherchent à dépasser le simple réflexe du « pas de ça chez moi », et l’on compte déjà quelques victoires ! Avec pour objectif de construire une lutte politique qui s’attaque directement à la racine du problème : l’emprise du capital sur nos vies et sur l’environnement. Ce qui suppose d’y impliquer ceux qui subissent le plus la crise écologique : les travailleurs, agricoles comme industriels, qui sont aussi ceux qui produisent tout.

Dès lors, puisque l’écologie est incompatible avec le capitalisme, les révolutionnaires peuvent et doivent proposer des perspectives aux luttes écologiques, en être solidaires voire les diriger, d’autant qu’il s’agit d’un enjeu vital pour l’ensemble de la classe ouvrière. L’expropriation des capitalistes et la planification démocratique de l’économie par les travailleurs, éclairée par les connaissances scientifiques issues de l’écologie, sont des mesures d’urgence à la fois sociales et écologiques.

Robin Klimt