mardi 30 avril 2024

gael

 

Si tu veux la paix, prépare la révolution ! Si tu veux en finir avec le capitalisme et l’oppression, prépare la révolution !

Intervention de Gaël Quirante, qui conduit la liste « Pour un monde sans frontières ni patrons, urgence révolution ! » avec Selma Labib, présentée par le NPA-Révolutionnaires, à la réunion publique du vendredi 26 avril au café du Village, Paris 13e.

Oui les camarades, les amis, les collègues, je suis postier, postier licencié quand même suite à une grève de 15 mois et toujours en procédure de réintégration au niveau du Conseil d’État avec, pour le bien-être de mon employeur, la possibilité d’intervenir tous les matins dans les bureaux de poste avec notre syndicat. La première chose que je tenais à dire, c’est que cette réunion publique se situe dans un contexte particulier, juste avant la conférence nationale du secteur jeune du NPA. C’est une énorme fierté pour nous aujourd’hui, dans le cadre de cette campagne, de pouvoir revendiquer l’existence d’un secteur jeune qui intervient dans la lutte des classes, dans les universités, en soutien et en solidarité des travailleurs et des travailleuses, mais aussi qui se donne les moyens d’analyser la situation et d’essayer d’y répondre. Le secteur jeune, comme le NPA, à notre échelle mais c’est une échelle importante, est dans un processus qui fusionne des traditions du communisme révolutionnaire, qui proviennent de Lutte ouvrière, qui proviennent de la Ligue communiste révolutionnaire. Cette fusion se fait avec ce qu’il y a de plus jeune, de plus neuf dans les mobilisations depuis 2016 et la génération qui en est issue. Cette génération-là est une génération révolutionnaire. Quand je vois Raphaëlle, quand je vois Victor, quand je vois l’ensemble des camarades qui sont ici, ça nous donne effectivement beaucoup d’espoir pour continuer à écrire des pages de lutte de classe, des pages de révolution, des pages d’émancipation. La jeunesse est la flamme de la révolution. On est communiste, on est révolutionnaire. Mais notre communisme, il est internationaliste.

Travailleurs de tous les pays, solidarité Palestine !

On vient d’une tradition qui ne peut pas imaginer qu’on pourrait en finir avec le capitalisme, avec l’ordre bourgeois, avec l’ordre capitaliste, dans un seul pays, dans un seul État. Qu’on pourrait en finir avec l’exploitation et l’oppression dans une seule nation, dans un seul pays. Cet internationalisme, les camarades, ils ne vont pas le faire taire. Ils voudraient aujourd’hui qu’on se taise, qu’on ne dise pas haut et fort notre solidarité avec le peuple palestinien, notre solidarité avec un peuple qui résiste, qui se bat, qui a le droit de revendiquer son sort, son avenir, un État. Oui, nous avons raison, depuis le 7 octobre, mais bien avant, depuis 75 ans, de combattre l’État d’Israël comme étant un État colonial, un État criminel. Nous avons le droit, nous avons le devoir en tant que marxistes, en tant que révolutionnaires d’être aux côtés du peuple palestinien. S’ils veulent nous faire taire, c’est parce qu’en réalité ils savent que la cause du peuple palestinien permet à tous les travailleurs et travailleuses du monde entier de s’identifier face à l’oppression, face aux guerres capitalistes. Qu’est-ce qu’il y a derrière cette guerre coloniale ? Quand ils essayent de dire que nous sommes antisémites, alors que nous sommes anticolonialistes ? Ce qui est antisémite, c’est de laisser croire que les Juifs pourraient s’identifier avec l’État d’Israël. Et heureusement dans nos cortèges en France, en Europe et partout dans le monde, la ligne de démarcation se fait par la défense de l’humanité, la défense de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants qui sont aujourd’hui massacrés, assassinés. Nous avons le devoir et le droit de revendiquer un avenir au peuple palestinien. Nous avons le droit et le devoir de combattre la logique d’amalgames et de calomnies derrière l’accusation d’antisémitisme.

L’État d’Israël n’est pas autre chose que le gendarme des États-Unis et de toutes les puissances occidentales qui défendent leurs intérêts capitalistes, leurs intérêts de profit. À chaque fois qu’on voit un massacre, une atrocité dans le système dans lequel nous vivons, on peut le relier à cette logique du profit, à cette logique capitaliste. Et il faut la combattre. Regardez les chiffres, ils ne sont pas donnés par les marxistes, ils ne sont pas donnés par cet excellent journal qu’est Révolutionnaires, ils sont donnés par l’Unicef. C’est aujourd’hui 34 262 hommes, femmes et enfants qui ont été massacrés depuis le 7 octobre. 70 % des tués à Gaza sont des femmes et des enfants. 13 900 enfants, 9 000 femmes, 1 700 000 personnes à Gaza qui souffrent l’exode. 95 % de la population est aujourd’hui au bord de la famine et ils veulent nous faire taire ?

Face à la répression d’État, faisons bloc !

Ils n’arriveront jamais à nous faire taire et on sera toujours aux côtés de ceux et celles qui occupent les universités aux États-Unis, comme à Sciences Po. Mais qu’est-ce que ça implique ? Quelles sont nos responsabilités ? On voit le niveau de rapport de force qu’ils mettent en place. J’ai lu ce qu’a tweeté Raphaëlle aujourd’hui, par rapport à Glucksman qui se dit de gauche. Il dit en substance que Sciences Po aurait le droit de virer ceux qui occupent et qui défendent aujourd’hui l’humanité, qui défendent le droit du peuple palestinien. Et Raphaëlle répond de manière très claire : « C’est normal puisqu’il appartient au camp de la bourgeoisie, lui et l’organisation qu’il représente aujourd’hui au niveau des élections européennes. »

Ça voudrait dire quoi, prendre vraiment de manière sérieuse ce qui est en train de se passer ? Aujourd’hui l’ensemble des organisations syndicales, politiques, associatives devraient immédiatement appeler à se rassembler devant Sciences Po Paris. Pas chacun son tour. Elles devraient demander que l’ensemble des organisations syndicales et politiques impose un rapport de force. Elles devraient sur cette question-là imposer une rencontre de toutes ces organisations pour aujourd’hui refuser ce qu’est en train d’essayer de mettre en place Macron, c’est-à-dire une répression. On sera évidemment aux côtés de tous ceux et toutes celles qui sont réprimés. Mais aujourd’hui, il faut qu’on mette le rapport de force à la hauteur de là où le gouvernement le met. Parce qu’il sait qu’aujourd’hui, personne ne peut justifier ces massacres. Et ceux qui les justifient sont du côté de la réaction, du capital et de l’extrême droite. Mais, si on prend au sérieux ce qui se passe, il faut que l’on prenne chacun ces responsabilités-là. Celles de se réunir, de discuter, d’imposer un rapport de force.

Mais on le dit aussi avec force. Ce ne sont pas des meetings de l’ensemble de la gauche qui permettront de répondre à ce rapport de force. Si on veut aujourd’hui imposer un rapport de force, ça veut dire des occupations, ça veut dire poser la question de la grève, ça veut dire, comme le font des secteurs soignants et soignantes pour Gaza qui sont ici présents dans la salle, exprimer, y compris dans nos entreprises, la solidarité avec le peuple palestinien. On sera aux côtés de Mathilde Panot, présidente du groupe de la France insoumise au Parlement et on sera aux côtés de Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’UD CGT du Nord. On sera à leur côté dès mardi prochain puisque Mathilde Panot et Rima Hassan sont convoqués au tribunal à Paris dès 8 h 30. Mais il faut aussi qu’on impose ce rapport de force et nous, on le dit clairement, l’union de la gauche n’est pas notre option. Rapport de force, marcher sur la jambe de l’unité des luttes, sans aucun problème. Proposer l’union de la gauche et le programme de la Nupes, ça se fera sans nous. Pas parce qu’on n’aime pas les copains qui sont au PCF, à la France insoumise ou à la CGT, mais parce qu’on pense que leur stratégie, elle est perdante pour en finir avec le capitalisme, avec les guerres capitalistes et avec la pollution de la planète.

L’union de la gauche et le programme de la Nupes, c’est sans nous !

Ce n’est pas pour défendre la perspective révolutionnaire à tout prix, que personne ne nous fasse la leçon, on peut montrer nos feuilles de paie. On est tous les matins avec des collègues, on sait ce que ça veut dire vivre avec un salaire juste au-dessus du Smic. On sait ce que ça veut dire les idées réactionnaires y compris dans notre camp, on les combat tous les jours. On sait ce que ça veut dire aussi défendre parfois des petites réformettes dans les entreprises dans lesquelles on est ou dans les universités.

Mais on ne nous fera pas croire qu’on en finit avec le capitalisme sans en finir avec le patronat. Comment c’est possible ça ? Comment ça se mange ? Comment c’est possible d’en finir avec le capitalisme en maintenant l’exploitation et l’oppression ? Comment c’est possible en maintenant le patronat ? Comment c’est possible d’arrêter la pollution de la planète qui est générée de manière majoritaire par la BNP, la Société générale, Crédit agricole… On ne fait pas tout toute la liste, mais vous voyez, ce n’est quand même pas l’épicerie du coin. On leur dit « vous polluez », ils savent. Comment on s’attaque à leur pouvoir ? Ce pouvoir d’exploiter, ce pouvoir de polluer ? Quels partis sont capables, comme l’a dit Victor dans le débat des jeunes, de défendre l’expropriation des patrons ? Ceux qui ne le font pas ne peuvent pas prétendre régler le problème de la pollution. On est contre les violences policières, tout le monde est contre les violences policières. Mais certains demandent une police de proximité… Ils se disent anticapitalistes mais ont oublié que l’État c’est une bande d’hommes et de femmes armées qui défendent les intérêts de la bourgeoisie ? Qui a déjà vu une bavure sur un patron ? Les policiers quand tu es en grève, c’est en ligne contre toi. Tu peux être en grève un mois, deux mois, un jour, toujours en ligne contre toi. Quand tu occupes c’est eux qui viennent te déloger. Lorsque tu es sur ta fac et qu’un gars qui s’appelle Macron vient faire sa campagne, si tu veux protester, c’est la police qui te nasse. Et on devrait revendiquer la proximité de la police ? Mais plus ils sont éloignés de nous, mieux on se porte !

On ne veut pas des miettes mais toute la boulangerie

On pourrait continuer comme ça les exemples à l’infini. Vous le savez, je milite dans l’entreprise, je fais du syndicalisme. Quand on demande nos différences avec le programme de la Nupes, il y a toujours un point que je mets en avant. Je vous invite vraiment à lire le programme de la Nupes. Plus tu le lis, moins tuas envie de voter pour eux. Parce que cette politique-là, celle de voter pour le moindre mal, elle qui ne s’attaque pas aux intérêts du patron, elle ne s’attaque pas aux intérêts des grands groupes capitalistes. Ça ne fait que grossir l’extrême droite et les idées les plus réactionnaires. Quand j’ai commencé dans la boîte, il y avait un point qui me semblait toujours bizarre : « Il faut répartir, il faut répartir les richesses. » Souvent, il y avait une image pour que tu comprennes bien, parce que, d’après certains dirigeants syndicaux, le travailleur n’est pas forcément toujours très malin : il faut répartir le gâteau. Il nous faut une part plus importante du gâteau. Puis tu te mets à réfléchir un peu, tu te dis mais comment ça, répartir le gâteau ? Ce sont les travailleurs et les travailleuses qui mettent la farine, qui mettent les œufs, qui battent, font du chocolat, et tu dois donner une part à quelqu’un qui n’a rien fait ? Cette question même de la répartition des richesses, c’est la base même de pourquoi on est en fait anticapitaliste. On n’a rien à répartir, ils n’ont rien produit. C’est à nous de garder la propriété de ces gâteaux et d’en faire ce que nous en voulons. Alors, si aujourd’hui je suis tombé sur une mauvaise version du programme de la Nupes, et qu’en fait, quelque part, sous les lignes, comme dans les contrats d’assurance, c’est écrit, pas de problème !

Nous opposons à l’union de la gauche le pôle des révolutionnaires. Et au lendemain du 9 juin, nous serons peut-être les seuls, mais nous additionnerons les voix des camarades de Lutte ouvrière, celles du Parti des travailleurs et les nôtres.

Le 9 juin, votez NPA pour renforcer un pôle des révolutionnaires dans les luttes d’aujourd’hui et les révolutions de demain

Nous considérons que rien n’est écrit, y compris sur le terrain électoral : la gauche révolutionnaire, les militants internationalistes, communistes et révolutionnaires ne sont pas condamnés à la marginalité. Ce qu’on veut relever comme défi dans le cadre de cette campagne c’est celle d’intervenir comme l’a dit Selma dans toutes les luttes, dans toutes les bagarres. Et c’est aussi une bagarre de dire : on ne vient pas ici pour témoigner. Ça fait une différence si la gauche révolutionnaire a des députés européens, si elle fait 5 %, si elle fait 10 %. En 2002, ça paraît loin pour un certain nombre de camarades ici présents, mais lorsque la Ligue communiste révolutionnaire, Lutte ouvrière, le Parti des travailleurs de l’époque étaient aux alentours de 10 %, avec 3 millions de voix, ça avait un impact dans le rapport de force et dans le discours qui était porté par l’ensemble de la gauche institutionnelle. Et sur cette question électorale comme sur toutes les autres, on veut rompre avec la logique de la routine.

On irait aux élections juste pour porter un drapeau ? On le porte, et fièrement. On irait pour faire une ou deux interventions ? On fera toutes celles qu’on peut. Mais on y est pour défendre une perspective face à l’union de la gauche derrière les débouchés institutionnels. Ils se présentent séparément aux Européennes, pour après pouvoir dire « c’est moi qui ai fait plus de voix, tout le monde derrière moi », pour refaire aux présidentielles un programme de la Nupes encore plus édulcoré. Nous on propose une alternative.

On sera sur l’unité d’action la plus large et, on réitère, dès demain. Dès demain, on pourrait le faire dans nos locaux, mais on considère que ce serait plutôt à la France insoumise ou à la CGT d’accueillir. Au passage, arrêtez ce jeu du chat et de la souris pour savoir si la CGT a le droit de faire des choses avec les partis politiques, et si les partis politiques ont le droit de faire des propositions aux directions syndicales. Il n’y a pas urgence ? Il n’y a pas l’extrême droite ? Il n’y a pas la répression ? Le gouvernement, lui, ne doute pas. Il tape Jean-Paul de la CGT dans le Nord et il tape Mathilde de la France insoumise à Paris. Il faut faire bloc, on est disponible pour ça et on marchera sur cette jambe-là.

Mais on ne va pas lâcher notre perspective parce qu’elle est fondamentale si on veut en finir avec l’exploitation, l’oppression et toutes les guerres. C’est celle de construire un pôle révolutionnaire sur le terrain de la lutte des classes, qui donne confiance. Quand on entend les camarades, les bagarres qu’ils mènent, leur présence dans les grèves, c’est incontestable. Certains se disent qu’on ne serait donc utile que dans les grèves ? Qu’on ne serait utile que sur les mobilisations comme les retraites ? On a un programme d’urgence à porter, et une stratégie à porter, et on entame la construction d’un parti. Et il faut rester humble, parce que nous, les révolutionnaires, on peut et on doit défendre des perspectives, mais c’est ce qu’on fait sur le terrain de la lutte des classes qui est déterminant.

Mais nous disons haut et fort : si tu veux la paix, prépare la révolution. Si tu veux en finir avec le capitalisme et l’oppression, prépare la révolution. Parce que pour ces objectifs-là, il faut s’attaquer au pouvoir des capitalistes. Soit en les expropriant, soit en leur mettant une telle pression qu’ils lâchent par peur de perdre le pouvoir qui est le leur. Notre pouvoir, c’est le pouvoir de ceux et celles qui produisent. Et c’est à eux et elles, en France et partout dans le monde, de décider. Ce pouvoir, il est défendu par des militantes et des militants qui se réclament d’un projet de société, l’internationalisme, la révolution et le communisme. Aujourd’hui, il n’y a rien de plus sensé que de se donner corps et âme à ce projet politique. Et ce projet de vouloir la paix et donc de préparer la révolution, de vouloir la fin de l’exploitation et des oppressions, et donc de préparer la révolution, il ne peut se faire sans construire des outils, des organisations, qui accumulent les expériences dans les entreprises, dans la jeunesse, qui font vivre les expériences riches de la révolution d’Octobre, comme de toute une série d’autres révolutions qui ont eu lieu dans le monde et encore récemment. Des organisations qui tirent toutes les leçons, tous les bilans, pour pouvoir construire et affronter les enjeux de demain dans les épisodes de la lutte des classes mais aussi les explosions révolutionnaires qui se présenteront à nous. Parce que lorsqu’on dit pression patronale, lorsqu’on dit répression de la part de l’État des capitalistes, ça veut dire aussi explosion sociale. Et dans ces situations-là, il y a besoin de militantes et de militants qui ont une stratégie commune, qui ont une organisation commune, qui sont capables de se lier sans sectarisme à tout le monde, de taper et de frapper ensemble, mais qui sont aussi capables de défendre une perspective, celle du pouvoir des travailleurs et des travailleuses, et c’est ça qu’on défendra, dans les cadres des élections européennes et dans le cadre des luttes sociales.

Gaël Quirante