lundi 4 décembre 2017

npa 34

NPA 34-Catalunya Infos en continu. 

Paroles de bourgeois catalan sur le désastre indépendantiste…


 Ils le disent eux-mêmes…la faute (pour partie) à Rajoy ! Il a fait monter l’indépendantisme !
 
Ce n’est pas que ce soit parole d’évangile mais les ennemis du peuple ont, hélas souvent, la lucidité qui fait parfois défaut dans notre camp… Le fait est que le professeur catalan Antón Costas, au détour d’une phrase de l’entrevue que publie aujourd’hui le site El Confidencial, parle d’or. Ancien président du cercle de l’Economie, qui, comme en France, notre Cercle des Economistes, sent en effet son idéologue patronal néolibéral, il nous dit toute la détestation que la bourgeoisie catalane éprouve envers l’indépendantisme. De quoi, au passage, prendre à revers certaines analyses mécanistes et hors sol sur la bourgeoisie « catalaniste » (1), dont on a bien vu que son intérêt…ni catalan, ni catalaniste mais capitaliste, était de mettre les voiles, loin d’une Catalogne rebelle, pour faire jonction, ou plutôt maintenir la jonction avec l’espagnolisme ultrabourgeois et anticatalaniste.
 
Mais passons, et venons-en au seul reproche que notre homme fait à Madrid dans la crise actuelle…en remontant quelques années en arrière. Lisons sa formule abrupte : quel reproche ? « La sentence du Tribunal Constitutionnel de 2010 qui annule une partie d’un Statut [celui, réactualisé, de l’Autonomie catalane] qui avait été voté par les Catalans, approuvé par le Parlement catalan et rectifié et approuvé par le Congrès des Députés [espagnol]. Ce qui n’arrive dans aucun endroit du monde c’est que, à la suite de ça, un tribunal annule le Statut »… Ce qui n’arrive dans aucun endroit du monde… Et dire qu’en France, certains pensent que la démocratie espagnole agit exemplairement dans le cas catalan ou, plus en veilleuse, comme il faut ! Mais, alors que, devant l’insistance du journaliste à lui faire préciser ce qu’il trouve peu convainquant, notre homme s’énerve, il ajoute : « Comme j’étais en train de vous le dire, l’anulation d’une partie de l’Estatut par le Tribunal Constitutionnel, à quoi s’ajoutent d’autres choses dont je vais vous parler, explique les 48% d’indépendantisme du moment. Il y a une loi en économie, le théorème de Thomas, qui explique que ce qui se perçoit comme réel a des conséquences réelles. La sentence du Tribunal Constitutionnel a créé un malaise diffus qui a rendu service à l’indépendantisme, même s’il n’avait pas voté le Statut, pour alimenter l’idée qu’il n’était pas possible de rien espérer du Gouvernement de l’Espagne. Ensuite il y a la crise [de 2008], les coupes sombres [l’austérité] et le malaise dans toute la société que l’Assemblée Nationale Catalane [ANC] utilise pour lever la bannière d’une utopie qui est l’indépendance. » Et pour finir d’enfoncer le clou de façon assez agressive vis-à-vis de celui qu’il perçoit comme son contradicteur : « Je vous ai dit que ce qui n’a lieu dans aucun Etat démocratique c’est que le Tribunal Constitutionnel intervienne après que se soit exprimée la souveraineté populaire ».  Plus clair, tu meurs !
 
Alors, bien sûr, cette vérité de la nature antidémocratique du régime de 78, n’amèneAntón Costas qu’à défendre implicitement qu’il fallait continuer à « piéger » le sentiment national catalan dans le système des Autonomies qui avait fait ses preuves pour désamorcer ce qu’il avait d’historiquement explosif. Quitte à faire les concessions qui conservaient l’essentiel, à savoir l’unité chère aux héritiers de Franco et, dans ce cadre centripète laissant de la bride à juste ce qu’il faut de dynamique centrifuge, permettre que les affaires (y compris de corruption mais, dans cette entrevue, on n’en dit mot)fonctionnent au grand bonheur des élites… convergentes, sur le mode capitaliste, du centre et de la périphérie ! Passant très vite sur l’importance de la crise de 2008 pour comprendre que les marges de manoeuvre politique s’en trouvent complètement déstabilisées, ce dont témoignera la crise indignée de 2011, notre homme développe un discours du regret : celui que le bras politique de la bourgeoisie espagnole et catalane, le PP, n’ait pas su être raisonnable et ait eu ce recours catastrophique à l’autre bras de la domination bourgeoise, le Tribunal Constitutionnel, contre le Statut catalan. 
 
Pour notre part, le regret est évidemment ailleurs, dans la rencontre manquée entre la question nationale et la question sociale pour que le peuple travailleur de la Catalogne puisse, à partir de la seconde qui porte ses revendications élémentaires, faire la jonction avec la première, vis-à-vis de laquelle il est partagé, voire a priori hostile, contrel’ennemi commun : le PP et ses alliés du PSOE et de Ciudadanos !  
 
Merci donc à Antón Costas d’avoir fait un rappel important sur l’origine de la situation que connaît actuellement la Catalogne et qui confirme bien des choses que nous défendons ici. Si ce genre de rappel n’épuise pas le sujet, il permet de le poser sur ses pieds. Pour essayer de repartir du bon (nous parlons bien de pied!).
 
(1) Par rapport à la dimension bourgeoise qui serait celle de la revendication catalaniste, nous ne résistons pas à l’idée de reproduire ces lignes du professeur sur le président de la Catalogne, qui est, rappelons-le, le plus haut dirigeant de la droite catalaniste :[Carles Puigdemont] a perdu les pédales, il a perdu les pédales. J’ai eu de bons rapports avec lui, un rapport personnel, mais le jugement que j’émets aujourd’hui est politique : il a perdu le sens de l’orientation sur le terrain où il se meut. […] Je crois que Carles Puigdemont a quelques phobies et l’une d’elles vise la bourgeoisie catalane. Il méprise les élites. Typique du populisme. »
Si on comprend bien…la droite catalane, a priori donc bourgeoise, aurait porté à sa tête un phobique antibourgeois ? Moins convainquant que le reste dont nous avons parlé mais avec toujours, dans ce cas paradoxalement, un grain de vérité :  la question nationale catalane a un rapport à la bourgeoisie autochtone (mais est-ce bien le mot ?) mais aussi au peuple travailleur complexe. Plus complexe que ce que l’on en lit par exemple chez certains marxistes ou marxologues se penchant sur la Catalogne…