Congrès PCF – La faillite programmée du réformisme rouge !
publié dans 12 mars 2016 par JR dans Actualités, Articles du jour, PCF //Alors que partout dans le pays la parole se libère autour de la souffrance au travail vécue par des millions de salariés, que les travailleurs de Goodyear remplissent des salles des fêtes, des amphithéâtres pour populariser leur bataille et appeler à renverser la table, que la mobilisation populaire grandit pour exiger le retrait de la loi travail, bref que le pays tout entier est en ébullition nous promettant un printemps contestataire hors norme, le haut de la pyramide du Parti Communiste s’entête à être moteur d’une primaire de la gauche qui, c’est quasiment prophétique, se terminera dans le ridicule absolu.
Pierre Laurent se propose de modifier sa nature pour éventuellement être candidat (on croit rêver !) , Lienemann, Hamon, Montebourg, Autain … Des noms circulent car quoi que puisse affirmer chaque semaine le petit cénacle des réformistes rouges du PCF, la bataille rangée des ego viendra pulvériser les naïves postures de ceux qui crient au projet avant le candidat. Par essence, la présidentielle de 2017 se veut être la rencontre entre un homme ou une femme avec la nation. C’est un héritage historique de siècles de monarchie qui demeure vivace dans l’inconscient collectif de notre hexagone. Pis, en temps de crise, les citoyens veulent un chef, un leader. On peut difficilement le nier sauf à vouloir faire de la politique au pays des rires et des chants. C’est en partant de cette analyse factuelle que j’avais écrit mon billet Mélenchon, l’éléphant dans le salon de thé qui a connu un succès inattendu sur la toile. C’est d’ailleurs pour cela que la mayonnaise prend relativement bien du côté du tribun pgiste.
Comme si la démarche des primaires n’était pas suffisamment contestable et contestée pour des milliers de camarades, on annonce un grand meeting de Pierre Laurent avec … Alexis Tsipras. A croire que sous la coupole les neurones restent sur le palier de la porte. Comment peut-on encore croire qu’il est tactiquement raisonnable de continuer à soutenir Tsipras qui prépare tranquillement le retour de la droite en Grèce, qui applique des réformes dramatiques pour l’avenir de la péninsule hellénique et de ses salariés. Voilà donc le modèle. Une plate-forme regroupant tout et son contraire, bref des organisations qui ne pourront se mettre d’accord que sur un contrat politique tenant sur un posthite. Nous sommes en attente de la littérature du congrès pour mesurer la fuite en avant de cette direction qui marche à contre-courant de l’histoire. Pour dialoguer avec de nombreux camarades, la colère gronde et l’incompréhension vient remettre en cause leur adhésion au parti historique de la lutte des classes.
Ce qu’il faut impérativement en ces temps de trouble, c’est pouvoir redonner des repères de classes, des mots d’ordre de mobilisation, des pistes de travail capables de créer une alternative au modèle capitaliste. Oui le quinquennat de François Hollande est un échec sur toute la ligne ; oui il faut pouvoir réagir vivement et empêcher le pire, mais est-ce que cela passera par un cartel des gauches nouvelle génération qui ne proposera que des réformes de surface, au cœur de l’étau européen qui se veut de plus en plus asphyxiant. Ne semons pas d’illusions, un pays membre de l’Union européenne ne pourra pas mener de politique de relance même modeste. C’est tout simplement impossible (règle des 3% du PIB d’endettement autorisé, traités, BCE indépendante …). Vous irez convaincre un Jadot ou un Cohn-Bendit, ou même un Hamon, qu’il faut mettre sur la table la possibilité d’envoyer valser l’Europe …
Bref, c’est bien une faillite annoncée qui se profile si le PCF ne se réveille pas au plus vite. Les décennies de recul idéologique et d’opportunisme électoral ont mis bien des fédérations sur la paille. Combien n’ont plus de siège départemental et encore moins de permanents ? D’ailleurs personne n’ose mettre cette question sur la table. Beaucoup de camarades pourraient témoigner sur ce que j’avance. De nombreux départements sont aujourd’hui orphelins d’un PCF structuré. Et pourtant … On perpétue les mêmes logiques, les mêmes replis réformistes jusqu’à n’être plus qu’un tout petit parti, une force d’appoint local pour la social-démocratie que nous maintenons, nous les communistes, sous respirateur artificiel.
Le congrès s’annonce donc houleux et j’invite d’ores et déjà les camarades qui partagent mon diagnostic à se positionner sur un texte alternatif pour permette un minimum de débat et une saine opposition. Je réponds d’avance aux petits soldats au garde à vous: pas besoin d’attendre l’édition du texte de base commune pour savoir qu’il faudra le combattre activement. On apprend pas à un singe à faire la grimace !
https://guillaumesayon.wordpress.com/2016/03/07/la-faillite-programmee-du-reformisme-rouge/