vendredi 3 janvier 2025

ISRAEL

 

Grand Israël, hégémonie régionale : Netanyahou a imposé ses vues au prix de destructions et de massacres

Gaza, décembre 2023. Source : wikipedia

Au cours des dernières semaines, l’action de l’armée israélienne s’est intensifiée sur tous les fronts.

Après avoir détruit Gaza, le régime de Netanyahou continue ce que la plupart des organisations humanitaires qualifient désormais de génocide. Dernier méfait en date : la destruction de l’hôpital Kamal-Adwan, le dernier hôpital fonctionnant encore partiellement dans le nord de Gaza. Le directeur, les médecins et une grande partie du personnel soignant ont été arrêtés, sous le prétexte éculé qu’il s’agirait de « terroristes du Hamas ». L’armée continue à affamer la population gazaouie, bloquant délibérément le passage de l’aide alimentaire. Les regards du monde étant braqués sur la Syrie, le régime israélien poursuit son œuvre macabre dans une enclave où toute une population est menacée de disparaître.

L’aviation israélienne bombarde tous azimuts

En Syrie, justement, le gouvernement israélien s’accommode fort bien de l’arrivée au pouvoir d’islamistes anciennement rattachés à Al-Qaïda. Netanyahou s’attribue même le mérite de la chute du régime de Bachar el-Assad du fait que ses troupes ont détruit au Liban une grande partie du potentiel militaire du Hezbollah, qui était un soutien actif du dictateur syrien. Mais s’accommoder de la venue au pouvoir à Damas des islamistes du HTC n’a pas empêché le régime israélien d’envoyer son aviation bombarder ce qui restait du potentiel militaire syrien après quatorze ans de guerre contre sa population.

Dans le même temps, l’aviation israélienne a intensifié ses raids au Yémen, bombardant l’aéroport international de Sanaa, la capitale aux mains des Houthis. Il s’en est fallu de quelques mètres que le directeur de l’Organisation mondiale de la santé, qui était sur place pour négocier avec les Houthis et s’apprêtait à embarquer, ne soit touché par les bombes. Un employé de l’ONU a été grièvement blessé.

Dès le début de son intervention au Liban, le régime israélien a même pris pour cible les troupes de l’ONU stationnées sur le plateau du Golan, histoire d’écarter quelques gêneurs supposés s’interposer entre les forces en présence – armée israélienne, troupes du Hezbollah –, et qui se sont vite terrées pour éviter d’avoir à jouer leur rôle.

Terroriser les populations : un des buts de guerre

Le régime israélien se contrefiche comme d’une guigne du « droit international » qu’invoquent les représentants des organisations internationales. Ces derniers s’égosillent en rappelant que s’en prendre aux civils constitue un crime de guerre. Comme si, dans toutes les guerres, les principaux visés n’étaient pas les « civils » ! C’est évident au Proche-Orient aujourd’hui, mais c’est le cas dans toutes les guerres, du tapis de bombes et des bombes atomiques de la fin de la Deuxième Guerre mondiale aux guerres actuelles.

Terroriser les populations est, dans les conflits impérialistes, un ingrédient obligatoire : il ne faudrait pas que les populations des pays dont les régimes s’effondrent envisagent de prendre elles-mêmes leur sort en main. Les grandes puissances ont délibérément laissé faire Bachar el-Assad quand le Printemps arabe a atteint la Syrie en 2011. Et l’inaction de tous les États face aux exactions des troupes de Netanyahou, y compris les États arabes voisins, s’explique par la « leçon » de fait donnée à leur propre population par les massacres israéliens.

Israël s’affirme comme principale puissance régionale

Il est vain de se demander si Netanyahou agit avec l’assentiment des puissances impérialistes, en particulier des États-Unis : elles se tiennent toutes derrière l’État d’Israël, quoi que fassent ses dirigeants, lui fournissant continument les armes nécessaires et les fonds pour les acquérir. Au-delà des visées qui semblent de plus en plus probables d’établissement d’un « Grand Israël » en rognant sur les pays voisins des zones « tampons » et de colonisation, Israël est en train de conforter sa position de première puissance régionale, c’est-à-dire de gendarme du monde impérialiste, rappelant à tous les États de la région prétendant à ce rôle qu’ils sont tout de même sous contrôle.

C’est d’ailleurs la nature du message envoyé à l’Iran, que les puissances impérialistes ne dédaignent pas d’utiliser, directement ou non, pour participer au contrôle des populations de cette cocotte-minute qu’est le Moyen-Orient – propulser le Hezbollah au Liban, pour ne prendre que cet exemple, a aussi été un moyen de garder sous contrôle les réfugiés palestiniens. Certes, les dérapages sont toujours possibles, mais il paraît peu probable qu’une véritable guerre éclate entre l’Iran et Israël. Les dirigeants iraniens ne le souhaitent pas, surtout alors qu’ils n’en ont pas fini avec la révolte d’une grande partie de la population. Mais l’Iran est un pays immense, densément peuplé, équipé : les moyens qu’il faudrait mettre en œuvre pour lui faire la guerre équivaudraient à un embrasement de toute la région, ce que ni Netanyahou ni personne ne souhaite, en tout cas jusqu’à maintenant.

La population israélienne prise en otage par les dirigeants du pays

Réalisation du « Grand Israël », consolidation de sa position de premier flic local au service de l’impérialisme, tout cela au prix de dizaines de milliers de victimes. Et des immenses dégâts que cela provoquera dans les années à venir en Israël même. En déshumanisant les Palestiniens aux yeux de la population israélienne, les dirigeants israéliens ont transformé beaucoup de jeunes sous l’uniforme – qui constituent une grande partie de la jeunesse israélienne – en ces tueurs sans états d’âme que les reportages nous décrivent. Cela se répercutera inévitablement sur la société israélienne elle-même et ceux qui, là-bas, croient avoir gagné la paix se trompent lourdement. La « paix des cimetières » n’en est jamais une.

D’abord parce que le droit du plus fort ne fait pas bon ménage avec les libertés démocratiques et la société israélienne glissera de plus en plus vers l’extrême droite. « Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre » : cette phrase de Marx reste d’une actualité brûlante.

Ensuite, parce que le fossé de sang creusé entre les Israéliens et les Palestiniens – et, plus généralement, tous les peuples de la région – attisera le désir de vengeance contre les oppresseurs. Pour que ce sentiment n’aboutisse pas à de nouvelles impasses nationalistes ou religieuses, il sera nécessaire que d’autres perspectives politiques soient proposées à la jeunesse palestinienne que celles offertes par les organisations actuelles, celles qui se placent dans le sillage du Fatah comme celles qui choisissent de suivre la voie du Hamas. Une perspective internationaliste, d’autant plus possible que la diaspora palestinienne est nombreuse et répartie dans le monde entier.

Mais il faudra aussi que les classes populaires et les travailleurs israéliens rompent avec la politique guerrière du sionisme, politique menée à son paroxysme par Netanyahou, mais qui est en réalité dans la continuité de celle menée par tous les gouvernements israéliens, même ceux qui se réclamaient de « la gauche ». Il n’est pas possible d’envisager seulement un Proche-Orient en paix avec le maintien du sionisme et ce qu’il a représenté dès le début : le bras armé des puissances impérialistes pour maintenir les peuples d’une région riche en ressources dans la sujétion.

En massacrant à Gaza, en semant la mort et la désolation dans toute la région, Netanyahou a pris en otage la population israélienne vue comme complice de ces exactions. Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est qu’en Israël même, un sursaut populaire finisse par renverser le régime pourri de Netanyahou et ses généraux sanguinaires. Mais il faudra que les travailleurs israéliens développent toute une politique en direction des populations des pays voisins, une politique réparatrice, un combat commun contre les oppresseurs pour espérer combler le fossé de sang qui a été créé en leur nom entre eux et tous les peuples de la région.

Jean-Jacques Franquier

jeudi 2 janvier 2025

VOEUX

 

LES VOEUX DE NOS AMIS DE LA COMMUNE DE PARIS 1871 COMITE TREGOR ARGOAT

mercredi 1 janvier 2025

mayotte

 

Mayotte : les idées « géniales » de François Bayrou

Lors de sa visite éclair dans l’archipel, François Bayrou a dévoilé son plan de reconstruction, baptisé « Mayotte Debout », et qui devrait s’étendre sur deux ans. On peut fortement douter d’un tel optimiste surtout qu’une des mesures phares mises en avant est que « l’État et les pouvoirs publics locaux s’accordent pour interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles ». Sauf que personne n’a jamais autorisé la construction des bidonvilles, qui sont nés de la situation catastrophique dans laquelle vit une bonne partie de la population mahoraise. Supprimez la misère et vous supprimerez ipso facto les bidonvilles. Mais c’est là une mesure qui n’est pas au programme du maire de Pau.

medef

 

            UNE DECLARATION STUPEFIANTE DE QUATRE

             ORGANISATIONS SYNDICALES DE SALARIES 

                            AVEC LE MEDEF ET LA CPME...



Dans un communiqué le MEDEF, la CPME, la CFDT, FO, la CFTC et la CGC déclarent :


« 
L’instabilité dans laquelle a basculé notre pays fait peser sur nous le

 risque d’une crise économique aux conséquences sociales

 dramatiques.


D’ores et déjà en France, des projets d’investissements sont gelés, les

intentions d’embauches sont révisées, les défaillances d’entreprises

de toutes tailles se multiplient au point d’atteindre un niveau inconnu

depuis longtemps. »

Signés :


François Asselin, Président de la CPME
Cyril Chabanier, Président de la CFTC
François Hommeril – Président de la Confédération française de l’Encadrement – CGC
Marylise Léon – Secrétaire générale de la CFDT
Patrick Martin, Président du Mouvement des entreprises de France
Michel Picon, Président de l’U2P
Fréderic Souillot – Secrétaire général de Force Ouvrière


A croire que le patronat ne licence pas, augmente les salaires, améliore les

conditions de travail des salariés et s’oppose au gouvernement.

Avez vous vu le MEDEF avec nous dans la rue pour la retraite à 60 ans l’an

passé?


Pour un peu tous ces signataires vont organiser des manifestations contre la

censure votée par l’Assemblée Nationale.Quelle pitrerie.


Seule satisfaction devant ce cirage de pompe du patronat le refus de la

confédération CGT de se joindre au texte. Un peu de lucidité ne nuit pas.


Le comité du NPA.R

zentrum

 

Allemagne : l’extrême droite tente de s’implanter dans le paysage syndical

Depuis quelques années, un petit syndicat d’extrême droite allemand – « Zentrum » – essaie d’ancrer les idées d’extrême droite dans les entreprises et de concurrencer les syndicats tout-puissants de la confédération centrale, le DGB1. Si les succès de « Zentrum » restent jusque-là modestes, une croissance d’un tel syndicat pourrait s’avérer dangereuse, dans le contexte d’une montée électorale de l’AfD, de la banalisation des discours d’extrême droite et de la montée des agressions racistes ou nationalistes.

De l’automobile à un syndicat intersectoriel ?

L’organisation « Zentrum Automobil » (Centre automobile) a été fondée en 2009. Techniquement, sans représentativité nationale, il ne s’agit pas d’un syndicat. Parmi les fondateurs, un salarié de la « maison mère » de Mercedes à Untertürkheim, dans le sud-ouest de l’Allemagne, où travaillent environ 25 000 salariés, Oliver Hilburger. Figure médiatique du « Zentrum » jusqu’à aujourd’hui, il est aussi ancien guitariste d’un groupe néo-nazi et intimement lié aux réseaux de l’ultra-droite allemande.

C’est d’abord uniquement sur ce site que « Zentrum » a présenté des candidats aux élections du Betriebsrat (conseil d’entreprise). En 2010, deux candidats d’extrême droite ont été élus, sur quarante-cinq élus au total, et en 2014, « Zentrum » a obtenu quatre délégués. Dans la suite de ces modestes succès, « Zentrum » a lancé une campagne nationale en collaboration avec des réseaux et médias d’extrême droite, sous le titre de « Deviens délégué du personnel »2. Par cette campagne, l’organisation est parvenue à présenter une centaine de candidats aux élections du personnel dans l’industrie automobile (pour 18 000 « postes » au total), dans sept des seize Länder, et a obtenu dix-neuf délégués. Dans son « bastion » à Untertürkheim, elle obtient 13,2 % des votes et six élus, et pour la première fois des délégués dans d’autres sites Mercedes, mais aussi chez d’autres constructeurs, dans les usines Porsche et BMW à Leipzig en Saxe.

L’activité de terrain paraît plus restreinte, mais réelle : un journal gratuit d’entreprise, Syndicat Alternatif, qui aurait atteint un tirage de 60 000 exemplaires, ainsi qu’une feuille d’entreprise sous le nom de « Boussolle », édité avec l’aide du réseau d’extrême droite « Ein Prozent ». Mais aussi, à Untertürkheim, la défense juridique et publique d’un salarié licencié pour avoir insulté un collègue d’origine turque.

Dans l’automobile, du point de vue électoral du moins, 2018 semble avoir marqué l’apogée pour « Zentrum ». En 2022, si « Zentrum Automobil » a encore progressé à Untertürkheim – 15,8 % et sept élus – le « syndicat » a stagné ou reculé sur les autres sites, et encore aux élections de cette année, pour ne garder des élus que dans trois sites Mercedes.

Mais « Zentrum » tente cependant de se projeter dans d’autres secteurs. Ses dirigeants, présents lors des manifestations anti-vaccins lors de la crise sanitaire, ont fondé « Zentrum Santé & Social », autour de quelques figures soignantes, dont une infirmière déjà invitée par le parti d’extrême droite AfD pour témoigner au Parlement en tant qu’experte en questions hospitalières. L’organisation aurait également la volonté de se projeter dans la chimie, où le syndicat de branche IGBCE se distingue déjà par un cours très droitier, avec en ligne de mire les élections syndicales de 2026, et annoncent dans un tract la fondation de cinq nouvelles branches, dont « Hôtellerie & Restauration » et « Éducation & Enseignement ».

Dans d’autres secteurs, des organisations similaires ont pointé leur nez : dans le métro berlinois, la liste3 « Kraft durch Basis » (la puissance par la base) a obtenu deux élus aux élections syndicales de 2024. Une liste moins explicitement marquée extrême droite, mais qui compte des membres ouverts de l’AfD parmi ses militants, et dont le nom rappelle directement le programme de divertissement du régime nazi, « Kraft durch Freude ».

Phénomène virtuel ou danger réel ?

« Zentrum » trouve quelque audience sur les réseaux sociaux et médias, avec sa portée et ses limites. Un exemple : en 2018, 7000 salariés se rassemblent à Görlitz en Saxe pour protester contre la fermeture des sites de Siemens et Bombardier. Les militants « Zentrum » présents passent inaperçus, marginalisés par leur petit nombre et le service d’ordre de l’IG Metall. Mais leurs vidéos, sur le thème de la « lutte pour les usines » deviennent virales, pendant un moment. Dans les plus grandes usines, « Zentrum » se donne l’image d’un syndicat présent pour répondre aux « petits » problèmes du quotidien. Chez des sous-traitants automobiles où « Zentrum » a pu obtenir plus d’influence, c’est apparemment surtout la cogestion classique, la dénonciation des délocalisations et du capital étranger, plutôt que la défense des salariés contre le patronat.

Dans les transports et les hôpitaux de Berlin, la création de branches de « Zentrum » ou de listes proches de l’extrême droite est passée assez inaperçue sur le terrain : y compris des militants syndicaux et politiques actifs dans les secteurs concernés ne l’ont appris que par les médias.

Depuis 2022, le lien avec l’AfD est explicite – le parti a voté à son congrès l’autorisation de la double appartenance aux deux organisations, sur proposition de la figure de proue de son aile de droite dure, Björn Höcke. Le programme officiel de « Zentrum » est d’ailleurs bien loin de la représentation des salariés : il en appelle au « devoir moral de l’individu », revendique la reconnaissance de la « co-dépendance des travailleurs et du patronat » et se dresse contre « l’idée de lutte de classe qui dresse les salariés contre les patrons ». Mais dans sa propagande publique, c’est surtout la dénonciation d’une élite qui opprimerait les travailleurs, élite dont feraient partie les syndicats établis. « Zentrum » se présente comme « l’opposition contre les syndicats uniques vendus », contre « l’exportation par la mondialisation […], la cogestion comme corruption légalisée, le chantage à la réduction des salaires par des entreprises milliardaires, et le compromis pourri de bonzes syndicaux ». Un discours national-populiste qui pourrait bien trouver l’oreille d’un certain nombre de salariés, alors que des franges croissantes de la classe ouvrière – et des syndiqués – votent pour l’AfD, entre autres par dégoût de responsables politiques et syndicaux profondément empêtrés dans la cogestion du capitalisme. « Zentrum » évoque une augmentation de ses membres et dit influencer au moins une centaine d’élus, assumant au passage une certaine forme « d’entrisme », en choisissant tactiquement quand se présenter sous sa propre étiquette ou sous celle du syndicat majoritaire. Cela fait partie d’une stratégie de réorientation vers les moyennes entreprises, notamment les sous-traitants automobiles, où les candidats pour le Betriebsrat se présentent généralement sans appartenance ouverte à une liste syndicale. Le phénomène de ce syndicalisme d’extrême droite reste marginal mais il n’est donc pas exclu que son influence soit plus importante que ce que l’on discerne publiquement.

Dima Rüger, 29 décembre 2024

1  Deutscher Gewerkschaftsbund, « Union des syndicats allemands », qui regroupe l’énorme majorité des grands syndicats de branche comme l’IG Metall ou ver.di.

2  « Werde Betriebsrat », donc membre du conseil d’entreprise. C’est l’une des deux formes d’élections du personnel, en plus des « personnes de confiance » ou genre de délégués d’atelier, également élus par les salariés, plus proches des représentants de proximité, ex-représentants du personnel en France.

3  Dans l’énorme majorité des secteurs en Allemagne, il n’y qu’un seul syndicat de branche. Les oppositions syndicales se présentent généralement sous forme de listes présentées aux élections syndicales, au sein ou en dehors du syndicat.