samedi 12 octobre 2024

la manche

 

La Manche est un cimetière : ouvrez les frontières !


Le 5 octobre 2024, plusieurs migrants, dont un enfant de deux ans, ont perdu la vie dans la Manche lors d’une tentative de traversée vers l’Angleterre. Ce drame souligne une fois de plus la responsabilité des politiques migratoires européennes.

2024, l’année la plus meurtrière dans la traversée de la Manche

Malgré une légère baisse des tentatives de traversée, le nombre de décès continue d’augmenter, faisant de 2024 l’année déjà la plus meurtrière dans la Manche, avec 51 personnes décédées. Environ 25 000 migrants ont tenté de rejoindre le Royaume-Uni depuis le début de l’année, souvent contraints d’emprunter des routes plus dangereuses en raison du renforcement des contrôles aux frontières sur les routes terrestres comme le tunnel sous la manche depuis les années 2010.

Les mesures de répression, notamment le déploiement de 1 700 policiers et gendarmes sur le littoral, poussent les migrants à partir depuis des endroits de plus en plus éloignés, allant jusqu’à la baie de la Somme. Des témoignages révèlent l’utilisation de gaz lacrymogène et de tirs de LBD par la police des frontières, créant des situations de panique propices aux noyades. Ces actions mettent en lumière une militarisation croissante de l’État dans sa politique migratoire.

Le gouvernement amplifie la répression contre les migrants

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a réaffirmé mercredi 2 octobre son engagement à renforcer les mesures contre l’immigration illégale, tandis que, le même jour, des militants associatifs et politiques sont interpellés à Hendaye pour avoir aidé des migrants à passer en France depuis l’Espagne. « Aide à l’entrée et au séjour irrégulier en bande organisée », c’est pour ce motif que sept personnes sont convoquées au commissariat d’Hendaye pour une audition dans les locaux de la PAF (Police aux frontières). Après la criminalisation des associations d’aide aux migrants à Calais, c’est un pas de plus dans la répression générale contre tous ceux et toutes celles qui tentent de lutter contre la politique criminelle de la France et de l’Europe.

Toujours dans ses gages tendus à l’extrême droite, le gouvernement multiplie les annonces répressives sur l’immigration, comme le fait Retailleau dans les colonnes du Parisien : augmentation de la durée de séjour en CRA (centre de rétention administrative), interdiction d’accès aux CRA pour les associations d’aide aux migrants, suppression de l’AME (aide médicale de l’État), multiplication des OQTF, renforcement du nombre de policiers aux frontières… Tout est bon pour réprimer ceux et celles qui tentent de fuir la guerre ou la misère.

En Angleterre, le Parti travailliste n’est pas en reste ! Au pouvoir depuis juillet, ce parti de gauche multiplie les annonces racistes. Keir Starmer, le Premier ministre travailliste, a promis de s’attaquer à l’immigration illégale en augmentant le nombre d’expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs.

Les prolétaires n’ont pas de pays, solidarité entre les exploités !

Tous ces gouvernements développent l’idée d’un soi-disant « problème de l’immigration » pour justifier leur politique répressive contre les migrants. Mais des pays aussi riches que la France ou l’Angleterre ne sont pas menacés, ni assaillis par « toute la misère du monde », pour reprendre l’expression d’un ancien Premier ministre. Ce sont ces pays, qui, à l’égal des autres grandes puissances impérialistes de la planète, pillent, exploitent, paupérisent le monde entier et y engendrent la misère à grande échelle. Ce ne sont pas les flux migratoires qui créent le chômage ou l’appauvrissement des travailleurs des pays riches, mais bien des patrons bien de chez nous, comme ceux qui licencient à tour de bras en ce moment parmi les sous-traitants de l’industrie, comme l’usine automobile de MA France par exemple.

Le gouvernement et les patrons savent très bien qu’aucun mur, aucune frontière, aucune politique répressive, n’arrêtera complètement ceux et celles qui fuient la misère et les guerres dont les États impérialistes sont responsables partout sur la planète. L’augmentation de la répression aux frontières et la multiplication des lois racistes, comme la loi Asile et immigration de Darmanin passée l’année dernière, n’aboutissent qu’à précariser toujours plus nos frères et sœurs de classe, les maintenant dans la plus grande précarité, voire l’illégalité, et aggravant leurs conditions d’exploitation. Attiser de cette manière la concurrence entre travailleurs n’a pour seul résultat que de tirer les conditions de travail et les salaires de toutes et tous vers le bas. Face à nos exploiteurs, continuons à exprimer la plus grande solidarité entre les travailleurs et travailleuses du monde entier et à revendiquer l’ouverture des frontières et la libre circulation de toutes et tous.

Uma Daunai