La Bataille du Chili, documentaire de Patricio Guzmán en replay sur Arte
Chili 1970-1973. Ce documentaire en trois parties fut réalisé entre 1975 et 1979, à partir de prises de vues datant d’avant le coup d’État militaire au Chili. Il couvre les années 1970 à 1973, de l’effervescence populaire, notamment lors de l’élection d’Allende, jusqu’au coup d’État de Pinochet en passant par l’organisation des travailleurs pour affronter les nombreuses tentatives de déstabilisation de la droite et de l’extrême droite. Cette œuvre fleuve de trois épisodes nous plonge dans les nombreux problèmes politiques que se pose alors la classe ouvrière chilienne, pour débusquer les spéculateurs qui accaparent les denrées alimentaires et profitent de l’inflation galopante, pour organiser des cordons industriels contre l’extrême droite et les patrons, pour mettre fin à une grève de camionneurs organisée par les syndicats patronaux et soutenue par les États-Unis. Mais malgré un degré élevé de conscience de classe (le moindre paysan ou ouvrier interviewé veut mettre fin à la domination de la bourgeoisie), ces travailleurs enthousiasmés par le socialisme promis par Allende ne sont pas parvenus à pousser les potentialités immenses de la situation en débordant le cadre de l’État. L’auto-organisation est davantage vue par la majorité comme un soutien au gouvernement de gauche d’Union populaire que comme la voie à approfondir pour mettre en place un pouvoir prolétarien. Les discussions passionnantes auxquelles on assiste n’ont pas donné lieu à une remise en question du pouvoir d’Allende, prétendant instaurer le socialisme par la voie parlementaire, et donc soucieux de l’ordre bourgeois et respectueux de l’appareil d’État, notamment de l’armée. Un retour en arrière captivant et riche de leçons sur l’impasse tragique du réformisme.
Paris 1793-1794, une année révolutionnaire, exposition Musée Carnavalet-Histoire de Paris, jusqu’au 16 février 2025, entrée 13 €
Voilà une exposition dont l’intérêt réside aussi bien dans l’approche et les objets proposés que dans les réactions outrées d’un certain public – « mais c’est une exposition pour les communistes ! », a-t-on pu entendre en la visitant.
Cette exposition, c’est celle qui vient d’ouvrir au musée Carnavalet, au cœur du quartier du Marais à Paris : Paris 1793-1794, une année révolutionnaire. L’heure enfin venue pour le petit peuple de se réapproprier les beaux quartiers ? À la condition que ce petit peuple puisse s’acquitter de la modique somme de… 13 euros quand même.
Alors, pourquoi autant de polémique ? Cette exposition retrace cet an II de la République, de septembre 93 à septembre 94, communément désigné sous le nom de « Terreur ». Mais il s’agit surtout de sortir de la mystification qui entoure cette année. On y découvre alors les grands événements organisés pour célébrer la prise des Tuileries du 10 août 1792 (c’est-à-dire l’arrestation du roi qui avait jusque-là échappé à la colère populaire), lors de la fête de la Réunion du 10 août 1793, les obsèques grandioses de Marat (figure révolutionnaire majeure, assassiné à son domicile), les mesures prises dans les domaines de l’éducation, l’ouverture du musée du Louvre pour la première fois au grand public, l’élaboration d’une culture commune autour de l’unification des poids et mesures ou encore de « l’être suprême »… L’exposition ne passe pas sous silence la répression puisqu’on y découvre les certificats de civisme, les obligations vestimentaires, les prisons, les condamnations comme celle d’Olympe de Gouges, ainsi que les destructions d’objets ayant trait à la monarchie.
Alors qu’est-ce qui est à ce point insupportable pour les réactionnaires d’aujourd’hui ? Peut-être la présentation de la Constitution de 1793, et de sa Déclaration des droits, qualifiée de « la plus démocratique que la France n’ait jamais eue » avec la proclamation du droit à l’existence et donc à la subsistance. À moins que ce ne soit l’intervention vidéo de l’historien Guillaume Mazeau qui explique comment le concept de « Terreur » a été inventé après coup par ceux qui ont voulu faire reposer l’entièreté du massacre sur les épaules de Robespierre pour mieux se dédouaner sur leur propre responsabilité.
Les analyses des historiens sur cette période ne sont pas nouvelles, mais il est assez impressionnant de voir comment certains commentaires (sur le Facebook du musée Carnavalet) parlent de « négationnisme » (assimilé au communisme !) pour qualifier ce point de vue. Une réaction à la mesure du mythe élaboré juste après la mort de Robespierre et utilisé jusqu’à aujourd’hui pour disqualifier les révolutions.
Alors, non, « Paris 1793-1794, une année révolutionnaire » n’est pas une exposition « communiste ». Mais elle a le souci de rétablir une vérité historique au-delà des fantasmes… et cela suffit à déchaîner les passions… et peut-être même à nous encourager à aller la voir.
Le 18 octobre, le Premier ministre Barnier et le ministre de l’Intérieur Retailleau sont allés faire ami-ami avec deux ministres du gouvernement d’extrême droite italien à la frontière franco-italienne. En ligne de mire : les migrants, auxquels une loi en préparation promet de pourrir un peu plus la vie en France. Mais que cherche exactement le gouvernement français ?
Des mesures criminelles…
Cette loi, annoncée pour 2025, étendra de trois à sept mois la durée maximale de la rétention avant expulsion. Elle pourrait aussi carrément punir le séjour irrégulier de peines de prison. Barnier cherche aussi des pays où les renvoyer, comme Meloni vient de le faire avec l’Albanie même si la justice italienne a déclaré cette déportation illégale. Il y a peu, le Royaume-Uni envisageait d’envoyer les demandeurs d’asile au Rwanda. Pour le gouvernement français, les candidats seraient l’Égypte, l’Irak, le Rwanda, le Kazakhstan… que des dictatures. La France serait prête à leur donner des centaines de millions d’euros par an pour leur sous-traiter l’enfermement des migrants.
L’Italie verse déjà de l’argent à la Tunisie et la Libye, auxquels l’Union européenne ajoute la Turquie. Dans ces trois pays, les migrants sont parqués dans de vrais camps de concentration, d’où ils ne peuvent sortir que pour se faire exploiter dans des conditions dignes de l’esclavage le plus barbare. Car ces « esclaves » ne coûtant rien à leur maître, ce dernier ne perd rien à les tuer littéralement à la tâche… Et si ça ne suffit pas, des flics ou des militaires les raflent et les larguent en plein désert, sans nourriture, ni abri, ni eau.
… et stupides
Retailleau en veut aussi à l’aide médicale d’État (AME), destinée aux personnes touchant moins de 10 000 euros par an (donc à une minorité de migrants, puisque presque tous travaillent). Elle donne accès à des soins de base. Les médecins dans leur immense majorité soulignent que cette mesure protège toute la société. Laisser sans soins une personne atteinte d’une maladie de la misère telle que la tuberculose, c’est créer les conditions d’une épidémie qui frapperait tout le monde ! Retailleau et Barnier le savent bien, mais ils s’en moquent.
Une haine de classe
Dans tous nos lieux de travail, les usines ou les chantiers du bâtiment, dans les couloirs des hôpitaux ou les cuisines des restaurants, nous sommes de toutes origines. Les machines ou les outils avec lesquels nous travaillons ne font pas de différence entre nous. Alors que les cadences deviennent partout plus dures, nous sommes obligés de nous serrer les coudes pour tenir. À l’heure où plus de 180 plans de licenciements se mettent à tomber, comme dans l’automobile en France (MA France, Valeo, Dumarey, Forvia, Bosch…) et dans toute l’Europe (Volkswagen, Ford, Stellantis…), c’est ensemble que la colère peut nous prendre.
Ce ne sont pas les migrants qui menacent nos emplois, mais les capitalistes, la plupart du temps bien français !
Le gouvernement s’apprête à tailler dans les budgets de la Sécurité sociale et des services utiles à la population (éducation, santé, etc.), pour un montant total de 60 milliards d’euros. Il met à contribution les plus riches pour deux petits milliards, mais augmente la taxe sur l’électricité de trois milliards. De quoi, là encore, nous pousser à la révolte.
Taper sur une partie d’entre nous n’est rien d’autre qu’un moyen de nous affaiblir tous. Les macronistes et la droite prétendent que c’est la montée de l’extrême droite qui les contraint à prendre ces mesures. Ils mentent. Cette politique est bien la leur. C’est celle du capital, de ces ultra-riches qui méprisent les travailleurs de toutes les nationalités, et qui désignent ceux qui sont étrangers comme boucs-émissaires, en espérant que cela nous fera oublier où sont nos vrais ennemis. À nous d’apprendre à voir clair dans leur jeu.
Nous ne sommes jamais plus forts que lorsque nous faisons bloc, ensemble !
Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 21 octobre 2024
Ces dernières semaines, des couperets sont tombés dans l’action sociale : la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) a supprimé 500 postes de CDD en septembre, l’Association des paralysés de France (APF) annonce un trou de 37 millions d’euros et le licenciement de 400 salariés, l’association de protection de l’enfance Don Bosco dans le Finistère va fermer plusieurs services et licencier. Les patrons et structures du social licencient, comme ceux du commerce et de l’industrie. C’est la lutte des travailleurs concernés qui a révélé ces scandales. Combien d’autres ?
Depuis le début du mois de septembre, boite par boite, celles et ceux qui n’en peuvent plus relèvent la tête. Pas moins de huit mobilisations ont eu lieu la semaine du 16 septembre, dont quatre rassemblements en parallèle le 19. D’où la nécessité de s’unir pour faire front.
Le 1er octobre, le collectif du travail social en lutte a regroupé des grévistes dans un même cortège : Onela, Samu social de Paris, France Travail, PJJ, mais aussi le collectif des mineurs de Belleville, le CSP75, des profs, des postiers et le collectif des sans facs de Nanterre… Ce regroupement a permis de donner confiance aux grévistes du secteur social pour voter un appel à rejoindre la grève du Samu social de Paris le 17 octobre, rendez-vous à 14 heures devant le conseil d’administration.
Les annonces de nouvelles coupes dans les budgets obligent à renforcer notre organisation et accroitre le rapport de force en notre faveur. Face à l’inertie des directions syndicales nationales, des équipes militantes font des tentatives et ont un écho favorable. Une assemblée générale de grévistes se tiendra le 17 octobre pour décider des suites.