dimanche 28 novembre 2021

 L'ECHO

 

Guingamp : l'association Alchi lutte depuis 10 ans contre l'habitat indigne

Depuis 10 ans, dans les Côtes-d'Armor, l'Association de lutte contre l'habitat indigne (Alchi) vient en aide au mal-logés et fait la chasse aux marchands de sommeil.

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Jean-Luc Galonnier est le président-fondateur de l'Association de lutte contre l'habitat indigne (Alchi). Depuis dix ans, il lutte contre les logements insalubres dans les Côtes-d'Armor. ©L'écho de l'argoat
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A la tête de l’Association de lutte contre l’habitat indigne (Alchi), depuis Guingamp, Jean-Luc Galonnier fait la chasse au logement insalubre depuis dix ans dans les Côtes-d’Armor. Il a déjà mené des dizaines de combats pour venir en aide à des locataires face à des propriétaires peu scrupuleux. L’homme est tenace et défend ce qui pour lui sonne comme une évidence : un logement décent est un droit. Pour tous.

Ils vivaient dans des caves, des cabanons, des abris de jardin. Dans des appartements humides à en sentir le moisi, sans ventilation ni chauffage. En dix ans, l’Association de lutte contre l’habitat indigne est intervenue auprès de 131 mal-logés, dans les Côtes-d’Armor. « Nous avons gagné 51 procès devant les tribunaux face à des propriétaires, sans jamais en perdre un seul. Suite à nos interventions, 24 arrêtés préfectoraux ont été pris pour des logements insalubres ou impropres à l’habitation », énumère Jean-Luc Galonnier.

Le Guingampais, artisan du bâtiment de métier, a fondé Alchi il y a dix ans. Il sortait tout juste d’un conflit avec son propriétaire, estimant qu’il logeait dans un taudis. Une mauvaise expérience qu’il a souhaité mettre au profit d’autres dans la même situation.

« La plupart d’entre eux sont sans défense, livrés à eux-mêmes »

Jean-Luc Galonnier

L’association est aujourd’hui formée d’un noyau dur de cinq personnes, toutes bénévoles. Elle fonctionne sur leurs deniers propres et grâce à quelques dons qui ne vont pas chercher bien loin. « Nous avons eu zéro subvention en dix ans. Au début, nous en demandions, mais sans succès. Maintenant, nous savons que ce n’est même plus la peine de le faire… » Les services d’Alchi sont gratuits.

Jean-Luc Galonnier et son équipe traquent l’insalubrité sans relâche. « C’est une fierté d’avoir aidé tous ces locataires et de le faire encore aujourd’hui », reprend le président. « La plupart d’entre eux sont sans défense, livrés à eux-mêmes. Et quand ils connaissent leurs droits, ils sont face à des procédures très complexes. » En 10 ans, Alchi a appris à naviguer dans les méandres de l’administration. Elle est aussi assistée d’un avocat.

Ces dix dernières années, la colère de Jean-Luc Galonnier a grandi. « Dix ans après notre fondation, nous constatons amers que nous devons encore rappeler cette évidence : un logement décent est un droit, et non une lubie ni un désir de privilégié, pour les locataires », martèle-t-il. « Les propriétaires ont le devoir de louer un logement décent. Il nous faut absolument traquer et combattre ceux qui louent des taudis pour se faire du fric, sur le dos, non seulement de ceux qui sont déjà dans la panade (c’est ça où tu dors à la rue) mais aussi des contribuables. »

« Que les maires fassent appliquer la loi »

Jean-Luc Galonnier

Des contribuables ? « Dans 90 % des affaires une demande de fonds de solidarité pour le logement avait été effectuée, parfois en indiquant même que le logement était indécent. Cela veut dire que des propriétaires encaissent de l’argent public pour louer leurs taudis », dénonce Jean-Luc Galonnier.

A 62 ans, le président d’Alchi n’est pas prêt à se mettre en retrait de la chasse aux marchands de sommeil. « Nous voulons éradiquer le logement indigne, pour le bien public. On ne demande pas des châteaux, simplement des logements conformes à la loi. Nous savons bien que la grande majorité des propriétaires sont réglos, mais ce n’est par encore le cas de tous. »

Dans le viseur d’Alchi également, les politiques, les maires en premier lieu. « Tout cela n’est qu’une question de droit. Pour commencer, il faudrait que les maires fassent appliquer la loi », tonne Jean-Luc Galonnier. « Qu’ils fassent respecter le code de la construction et de l’habitat ainsi que le règlement sanitaire départemental. » Un autre combat mené par Alchi.

L’association organisait un rassemblement samedi matin 20 novembre, à Guingamp, pour dire publiquement l’importance de politiques publiques pour résorber le logement indigne et, plus généralement, les difficultés d’accès au logement. « Nous voulons aussi montrer notre exigence de voir la création d’un service d’hygiène vérifiant la qualité des logements mis à la location sur le territoire de Guingamp Paimpol Agglomération, via la mise en place d’un permis de louer. »

L’association Alchi fête cette année ses 10 ans. Elle poursuit son combat. Jean-Luc Galonnier assure : « Tant que les conditions ne seront pas réunies pour assurer un logement décent pour tous. Il n’y a plus de compromis possible ».